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sur 177 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lauren Bastide, dans sa postface, écrit : "Car personne n'a jamais vraiment su comment aborder le texte de Solanas."
Et c'est comme çà que je me sens après avoir refermé cet ouvrage, prise entre un premier degré revanchard et extrême, limite malaisant, et un second degré rigolard, tout aussi malaisant par les idées pas si ridicules que çà qui émergent du texte, prises au milieu de présentations caricaturales. Parce qu'aujourd'hui, quelle femme ne se reconnaitrait pas dans au moins une face de la domination masculine que Valérie Solinas présente dans son manifeste. du coup, on peut en arriver à se poser la question de la légitimité de l'éradication des hommes. C'est presque une blague. Presque... parce que dans la société du #metoo, on peut légitimement s'interroger.
En parallèle, Valérie Solanas remet en cause le capitalisme, rêvant d'une société sans argent et automatisée qui répondrait à tous les besoins de ses membres et en feraient des êtres égaux.
La postface de Lauren Bastide raconte Valérie Solinas et sa vie et replace dans un contexte actuel ce pamphlet féministe un brin extrême, mais intéressant à lire, ne serait-ce que pour mettre à jour notre part revancharde, envers les hommes et la société et réfléchir sur notre place vis-à-vis de tout çà.
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C'est parce que Virginie Despentes en fait une référence que je me suis intéressée à "Scum Manifesto" le texte le plus radical de l'histoire du féminisme, le Scum étant une "Association pour tailler les hommes en pièces" comme l'indique le sous-titre. Alors rien que pour ça il faut lire le cri de colère de Valerie Solanas, à ne pas prendre au premier degré même si elle l'a écrit avec une grande sincérité en 1967. Il faut dire qu'aux États-Unis l'époque est marquée par la pensée révolutionnaire, entre la lutte des Noirs pour les droits civiques et la guerre du Vietnam et que l'autrice est une femme qui a été abusée par les hommes toute sa vie, depuis sa petite enfance.

Ce pamphlet doit s'entendre comme la haine du patriarcat et des mâles dominants plutôt que des hommes individuellement. D'ailleurs, Valerie Solanas avait des potes y compris transgenres dans la vraie vie.
Elle met donc les pieds dans le plat en déclarant qu'il faut bousiller le système patriarcal fondé sur l'argent, la domination et le travail, avec les filles Scum.
Elle y met de la violence y compris contre "les filles à son papa" comme elle appelle les femmes soumises (en opposition aux femmes Scum) ou contre le Grand art en référence à Andy Warhol qu'elle ne cite pas mais qui la suffisamment méprisée pour qu'elle le blesse gravement en lui tirant dessus en 1968 quand elle fréquente la Factory à New-York.

Voilà un livre qui met mal à l'aise parce qu'il appelle très clairement à l'éradication des hommes (ce qui est impensable bien sûr sauf pour Valerie Solanas) mais cela prend peu de place dans le manifeste finalement. C'est la critique de la société de l'époque qui est centrale d'autant plus qu'elle est persuadée de la supériorité de la femme, l'homme étant une femme manquée. Si cela peut sembler caricatural puisque radical, il y a aussi un côté visionnaire dans ce livre : elle évoque par exemple l'automation généralisée ou la binarité de genre. Et puis, il faut compter de belles phrases comme "Les femmes savent indistinctement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour."
Ce qui est certain c'est que personne n'a écrit un texte comme ça avant.


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Vu la date et le contexte sociétal de la publication de ce livre, la violence des propos s'explique. Choc de générations, volonté de libération du carcan masculin, la nécessité d'une révolution contre la société patriarcale est une évidence pour l'époque.
Le livre est cru, méchant, sans concession, sans recul, totalement fermé à toute contradiction, c'est une harangue qui sort des tripes ! Elle ne vise pas que les hommes, mais aussi le capitalisme, la domination par le pouvoir et l'argent.
Même si ils sont souvent dépassées par la violence des solutions, les propos sonnent juste et L'auteure balaye les études et les propositions de réforme qui pourraient faire évoluer la situation : la situation est irrattrapable, éliminons l'homme !
Le style résonne comme si l'auteure criait à une tribune devant une assemblée mi-médusée mi-hystérique.
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J'étais curieuse de découvrir ce manifeste depuis le temps que j'en entendais parler, principalement suite à la sortie de cette nouvelle édition, dans les podcasts féministes que j'écoute. C'est ainsi que j'en ai découvert l'existence et un bout de l'histoire de Valerie Solanas, qu'on réduit souvent à sa tentative d'assassinat d'Andy Warhol. Comme le précise Lauren Bastide, la journaliste derrière le podcast La Poudre, dans la postface, elle était aussi « une travailleuse du sexe queer, pauvre et psychotique », à la pensée révolutionnaire.

Le manifeste en lui-même ne mâche pas ses mots et promeut peu ou prou l'extermination des hommes, présentés comme inférieurs aux femmes. Si j'ai ri pour certains passages, ce n'était pas du tout parce que je ne prenais pas au sérieux les propos de Valerie Solanas et que je l'interprétais comme des exagérations comiques – comme l'édition française précédente était souvent perçue – mais bel et bien parce que la violence des propos était inattendue.

Bien sûr, elle ne fait pas dans la dentelle ni la nuance, d'ailleurs il ressort de son manifeste une essentialisation indéniable qui donne un caractère propre et définitif aux femmes, et séparément aux hommes (même si son essentialisme n'a pas le même sens que celui d'autres personnes à l'époque qui enfermaient les femmes dans la sphère domestique et les hommes dans la sphère publique). J'ai trouvé cet extrait représentatif dans le sens où il montre que Valerie Solanas avait tout de même quelques notions de la réalité sociologique de ce qu'elle avançait. Ce qui ne signifie pas que tout ce qu'elle dit est juste – très loin de là.

Bien entendu, je ne suis pas d'accord avec une grande partie de son propos, qu'il s'agisse de placer l'espèce humaine au dessus des autres animaux, ou de placer les femmes comme essentiellement supérieures. Il n'empêche que ce manifeste était intéressant à lire pour l'histoire qu'il a eu, et l'impact qu'il a pu avoir dans le féminisme.

La postface de Lauren Bastide est également très intéressante puisqu'elle resitue le livre dans son contexte de publication des années soixante, mais aussi dans notre société contemporaine où des voix de femmes s'élèvent, encore et toujours, pour protester contre la domination des hommes.

Je ne suis pas convaincue en revanche que des milliers de femmes ou personnes perçues comme telles envisagent de suivre ce manifeste qui reste tout de même très daté et un peu absurde parfois.

Si vous vous intéressez à l'histoire du féminisme et êtes curieux et curieuses de découvrir ce manifeste, c'est une lecture très rapide dans un tout petit format, et il est même trouvable sur le Web gratuitement en version anglaise.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Je suis passée du rire aux larmes...
De la colère à l'euphorie...
De l'espoir au désespoir...

Il est vrai que le côté extrémisme peut faire frémir, mais sous les couches d'exagération et de limites à ne pas franchir (on ne va quand même pas buter tous les hommes, hein...), on y retrouve pas mal de vérités sur les relations homme-femme, le patriarcat, le mariage, la paternité, le sexe...

Un petit manifeste à lire pour en tirer quelques tirades bien senties et pourquoi pas faire passer quelques messages...
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Il est impossible de rester de marbre face à ce texte très court mais très cru, brutal, violent, qui prône la misandrie et la révolution. Il reste cependant important de lire les textes qui ont fait bougé les lignes, comme celui a pu le faire au niveau international pour la lutte féministe. Mais, je pense qu'une mise en perspective de ce texte concernant son autrice et son histoire est primordiale pour le cerner correctement.

Plusieurs émotions m'ont traversée à la lecture de ce manifeste. En premier lieu, l'ébahissement. Je savais ce que l'essai me réservait, mais lire un récit aussi extrême dans ses propos m'a étonnée à l'extrême. Valerie Solanas déverse toute sa haine des hommes dans ce manifeste, et dépeint ses idéaux révolutionnaires et féministes. Pour ma part, c'est un féminisme que je ne partage pas du tout, mais j'ai tout de même trouvé un écho à certaines phrases, notamment celles concernant la manière dont le patriarcat a modifié le mode de pensée des femmes au fil des siècles.

L'essai est très court, mais chaque phrase est un uppercut contre le patriarcat. Valerie Solonas prône la violence, le meurtre et la révolution pour y mettre fin. Oui oui… Elle n'épargne personne dans ce manifeste, surtout pas les femmes trop naïves pour croire que quelques avancées changeront la situation. C'est en cela que ce texte peut faire écho; rappelons qu'il est arrivée en France en 1971, soit il y a 50 ans, et que personne ne peut affirmer que la société est égalitaire aujourd'hui…

Lire ce manifeste en son état ne serait pas aussi intéressant sans la postface de Lauren Bastide, qui remet en perspective le propos de Valerie Solanas en présentant la vie de cette dernière, et la manière dont elle s'est érigée en figure politique féministe de par ses actes et sa violence. Dans une période où chaque combat semble gagner en violence et en extrémisme, il est intéressant de replonger dans ce manifeste qui a su faire bouger les lignes.
Lien : https://matoutepetiteculture..
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Scum Manifesto, c'est un court texte, un pamphlet féministe écrit en 1967.
C'est ce que vous pourriez crier après avoir subit les remarques sexistes d'un boss misogyne, les blagues de cul lourdingues de vos collègues mâles à la machine à café, un énième frotteur dans le métro, et toutes les injonctions sexistes de la société. Bref, une journée lambda pour beaucoup de femmes.

"Le mâle est un accident biologique; le gène Y (mâle) n'est qu'un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d'autres termes, l'homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital."

L'homme, cause de tous les maux, en prend clairement pour son grade. C'est tellement poussé à l'excès, que j'en ai ri, ce qui est visiblement la réaction première à la lecture de ce texte. Valerie Solanas, connue également pour avoir tiré sur Andy Warhol, est mégalomane et veut mener une révolution pour détruire le système actuel, notamment l'existence de l'argent, qui selon elle, elle l'une des principales causes de la non-liberté des femmes.
C'est extrême, mais certaines idées provoquent la réflexion. Que gagnerait-on sans les hommes ?

"Mettons-nous d'accord sur un point : éliminer les hommes règlerait nos problèmes. À peu près tous. "

Dans sa postface, Lauren Bastide remet ce manifeste dans son contexte et nous explique sa perception par les féministes au moment de sa sortie.
Cette postface justement est brillante, elle retrace le parcours de Valerie Solanas, et tente d'expliquer pourquoi : pourquoi ce texte, pourquoi ce parcours, pourquoi elle a tiré.

Ce court ouvrage est un texte intéressant à lire, tant, par l'actualité, on peut de plus en plus le comprendre, l'envisager. Un récit, comme un passage obligé dans un apprentissage du féminisme.
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Après avoir rigolé sur le culot (parfois l'énormité) des idées et des propos, il y a quand même de l'humour aussi dans ce manifeste, on se dit ... finalement est-ce que ce n'est pas un point de vue à prendre sérieusement en considération, un vécu aussi ? Sur ce sujet, la postface de Lauren Bastide dans la nouvelle édition des 1001 nuits apporte un véritable éclairage.
C'est un livre court, divertissant, dérangeant et qui peut finalement véritablement ouvrir les horizons.
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Tout d'abord ça veut dire quoi le titre ? En anglais, scum c'est le rebus, la lie, le déchet. Mais S.C.U.M. c'est aussi Society for Cutting Up Men, ce qui veut dire : société pour émasculer les hommes.
Ce court essai est un manifeste misandre, corrosif, violent, rageur, drôle, rebelle, démesuré. Sa langue crue nous concocte parfois des descriptions hilarantes, comme celle des hippies, ou de l'obsession pour le sexe qu'elle décrit minutieusement chez les hommes. Les citations que je mets en slide seront éclairantes !!
L'autrice oppose les filles à papa qui perpétuent le patriarcat, et les SCUM, des femmes libérées du joug des hommes, dominatrices, rebelles, indépendantes. Solanas, féministe radicale et travailleuse du sexe, fait partie des deuxièmes.
Elle professe que les hommes veulent devenir des femmes, ils envient leur sexe et leur faculté à porter un enfant... renversant ainsi les théories freudiennes avec malice.
Valérie Solanas présente la famille et le couple comme lieu de l'installation de la supériorité des hommes, aux conséquences émotionnelles le plus souvent négatives pour leur entourage.
Les SCUM veulent baiser le système, arrêter de travailler, prendre le contrôle politique, mettre fin aux formes de gouvernements actuels. C'est ainsi que ce manifeste féministe porte un projet politique anticapitaliste, une forme d'utopie où la virilité et la destruction du monde seraient éradiquées.
C'est un appel à la guerre civile, à un soulèvement des femmes contre les hommes, qui peuvent s'entourer d'auxiliaires masculins gagnés à leur cause. La violence est au coeur de cette révolution.
Elle rêve d'une société entièrement automatisée, pour le bien collectif, avec le moins d'effort de travail possible, une atmosphère de fête... comme Marcuse, de l'école de Francfort, l'attendait. Elle imagine la disparition de l'argent qui ne sert plus à rien ; une reproduction de l'humanité en laboratoire, hors de la sphère du sexe (dont les femmes SCUM, l'ayant bien pratiqué, s'en seront désintéressé).
Ce pamphlet publié en 1968 eut un succès de scandale, de courte durée. La même année, Valérie Solanas tira sur Andy Warhol. Son texte est une déclaration de guerre, un voeu d'extermination et un cri de haine à la gente masculine, d'une misandrie parfois grotesque; mais c'est aussi une analyse des rapports sociaux de sexe pleine de colère et de lucidité.
C'est politique, impertinent, c'est indécent, injuste parfois, mais aussi grossier et jouissif. Autoédité tout d'abord, ce texte a gagné ses lettres de noblesse avec une publication aux éditions 1001 Nuits en 2021, avec une postface de Lauren Bastide.
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Souvent traité comme un livre drôle, il s'agit en réalité de l'un des plus grands cris du coeur que j'ai eu l'occasion de lire. Pamphlet militant pour la simple éradication des hommes, responsables de toute la merde sur Terre, il est difficile d'avoir un avis bien défini sur un texte comme scum, tellement ces 80 pages m'ont fait ressentir des émotions différentes.
Scum manifesto possède un nombre incalculable de niveau de lecture, chacun plus intéressants les uns que les autres. Il ne s'agit pas d'être d'accord ou en désaccord avec le précepte de base, mais bien de ressentir le tsunami d'émotions que Valérie Solanas nous jette à la figure.
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