Nous sommes dans les années 60. le narrateur, originaire d'Égypte, part poursuivre ses études à Paris. Dans cette ville tentaculaire, il ne connaît personne et peine à trouver un logement. Il fait alors appel à un cousin éloigné, celui que l'on appelle au pays BB, Baba, Baby ou plus conformément à son état civil : Basile Batrakani. Selon la rumeur, cet homme, ayant effectué le même voyage que lui dix ans auparavant, tiendrait Paris dans la paume de sa main. Il serait celui par qui tout devient possible.
Et effectivement, quand il se tourne vers lui, et après un accueil chaleureux, BB ne tarde pas à lui trouver le logement tant espéré à un loyer défiant toute concurrence.
Heureux mais sur ses gardes, notre héros tente de se faire un peu oublier. Un tel service, ce n'est pas gratuit et un tel pouvoir ne s'obtient pas innocemment. Mais lorsque BB se rappelle à lui pour lui demander de garder l'appartement d'un ami qui possède "des objets de grande valeur", celui-ci n'ose pas refuser. Dans ce grand appartement aux nombreuses portes fermées, il s'acquitte de sa tâche intrigué par d'étranges appels téléphoniques et un curieux paquet déposé.
En parallèle, il tente de percer le mystère BB. Marionettiste aux milles ficelles ou hédoniste, amoureux des rapports humains ? Qui est cet homme de l'ombre à l'influence, semble-t-il, sans limite?
Comme sculptant dans un bloc de glaise,
Robert Solé nous révèle par strates de plus en plus précises, les contours de son personnage phare. À la fois central mais décrit par un autre, le processus rappelle celui employé par Fitzgerald pour approcher Gatsby. Comme dans cet illustre classique, il contribue à parer cet homme d'une aura de mystère et de fascination.
Si l'on peut regretter un manque de rebondissements contrairement à ce que pourrait laisser attendre les premiers chapitres, on se laisse pourtant happer par l'aspect philosophique revêtu dans ce texte. Sa manière de concevoir l'altérité et la notion de service se précise au fur et à mesure que le narrateur anonyme se rapproche de son bienfaiteur et que ce dernier, plus habitué à écouter, se laisse aller à lui parler davantage de lui.