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EAN : 9782810702480
231 pages
Presses universitaires du Midi (28/03/2013)
3.75/5   4 notes
Résumé :
THEATRE

Penser contre... Voilà le point de départ d’Esteve Soler pour cette trilogie qui nous donne à voir les paradoxes de l’amour, la déshumanisation du progrès ainsi que la perversion du mot démocratie, ce mot dont nos sociétés occidentales usent et abusent. Ce jeune auteur catalan (1976), un Alfred Jarry de notre époque, enfile l’une après l’autre des pièces surréalistes, burlesques, ou de « Grand Guignol »... où l’humour – acide − et la far... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un titre qui ne manque pas d'interpeller, qui amènerait des protestations, sinon un refus, ou tout au moins une discussion si l'on n'allait pas voir, sans traîner, curieux que nous sommes, ce qui se cache derrière le lever de rideau de cette série de "saynètes" articulées en trois chapitres.
"Contre le progrès, contre l'amour et contre la démocratie" est la déclinaison de vingt et une raisons d'aller au théâtre, de le lire, et de s'indigner.
Esteve Soler est un jeune auteur catalan. Il est audacieux et talentueux.
Je le remercie de m'avoir offert cet atypique morceau de théâtre qui a été traduit par les étudiants de master 1 du CETIM de l'université de Toulouse-le-Mirail.
L'idée de juxtaposer, l'un en face de l'autre, la version originale espagnole et la version française, confère déjà à ce recueil la qualité de bel outil linguistique.

Mais de cette trilogie théâtrale, qu'en est-il ?

Sonnant comme une première accusation,"Contre le progrès" contient 7 petites pièces burlesques :
le rideau se lève dans une salle à manger où un couple entre deux âges mange tout en regardant la télévision et soudain c'est, le cynisme aidant, l'égoïsme forcené dans lequel nous vivons qui apparaît et sera mis en accusation tout au long des différentes scènes.
Un homme se fait renverser par le tramway, un fille arrive et l'observe....
Un de ces deux hommes, chefs d'entreprise, a fondé une nouvelle religion...
Un homme trouve, dans sa salle à manger, une pomme géante...
Une institutrice lit, dans sa classe, un conte qui n'est autre que le petit chaperon rouge à un groupe d'enfants...
Au buffet d'une gare, un couple vit les derniers moments de leur union sous contrat...
Un homme à tête de phoque frappe avec un bâton un enfant ensanglanté et tente de justifier son geste...

Et l'auteur de récidiver "Contre l'amour", dans un réquisitoire de 7 nouvelles autres petites pièces burlesques :
Pour obtenir la main de la princesse, un paysan devra apporter à cette dernière le coeur de sa mère...
Un jeune couple arrive à l'hôtel mais au moment d'entrer dans la chambre, la femme se casse en mille morceaux...
A la terrasse d'un café, une des deux amies en train de discuter est nerveuse, son ex a disparu et semble avoir investi l'intérieur de son corps...
Deux jeunes ont la ferme intention de s'envoyer en l'air, pourtant il n'a pas pensé à emmener des pilules d'amour...
Sur une planète lointaine, deux astronautes, un homme et une femme sont seuls...
Un homme et une femme, d'une quarantaine d'années, sont plongés jusqu'au cou dans une substance visqueuse et répugnante. Ils discutent....
Un homme est assis sur une chaise. Ayant travaillé dans le porno, il se laisse aller à faire quelques confidences....

Et pour conclure, "Contre la démocratie", l'auteur prend à témoin 7 petites pièces de "Grand-Guignol" :
Un couple est emprisonné dans deux cocons, confectionnés par deux araignées géantes. Ils ne peuvent se regarder mais devisent ensemble...
La ville est dévastée. Deux hommes l'observent de la baie vitrée d'un bureau futuriste...
A deux heures du matin, un homme frappe à la porte de ses voisins. Il se demande quel chiffre il y a après le 6...
Dans un parc sale et abandonné, un homme en costume cravate entre avec un lance pierre...
Une nuit, des parents réveillent, soudain, leur enfant...
Farah, une femme portant la burqua, entre en scène. Son voisin, José, traduit ses paroles. Elle croit en la démocratie...
Dans un bar ténébreux, la jeune serveuse refuse de servir Dick, un homme qui ressemble étonnamment à Richard Cheney, le vice président des USA...

Lorsque le rideau se referme sur les dernières pages de ce recueil de Théâtre, l'on est partagé entre l'étonnement, la réflexion et l'indignation.
L'auteur, en dramaturge efficace, ne recule pas devant la provocation, ne craint pas de choquer mais place finalement son lecteur face au questionnement qu'il a décidé de lui soumettre.
Le propos, s'il est extrêmement intelligent, est parfois cruel. Mais il guide inéluctablement vers une profonde remise en question de nos valeurs occidentales.
Dans sa forme, on peut juste, peut-être, faire deux petits reproches à cette trilogie : le format parfois trop court des "saynètes" pour leur laisser le temps de trouver un développement adéquat et le parti pris de l'auteur de dépersonnaliser son théâtre en ne donnant presque jamais de noms à ses personnages.
Sinon durant cette lecture, j'ai été intrigué, absorbé, j'ai détesté quelques personnages, à certains moments l'auteur, j'ai adoré, je n'y ai pas cru, j'ai manqué l'heure du boulot et finalement refermé le livre avec beaucoup de regrets...avant de le relire une deuxième fois.
C'est en tout cas, un livre qui fait la preuve, s'il en était nécessaire, que le Théâtre est vivant et que notre regard devra se tourner maintenant vers l'Espagne.
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Petite appréhension en recevant ce livre : je n'ai pas souvent l'habitude de lire du théâtre.Presses universitaires ajoutaient une pression supplémentaire mais au final c'est une bonne surprise.

Les personnages sont déshumanisés au possible pas de prénom utilisé, (Fille/Garçon, Mari/Femme, etc) voire carrément anonymes (Ami 1/Ami 2, X/Y et z arrive plus tard dans la pièce). Les décors sont surréalistes dans Contre le progrès (une pomme géante dans un salon) ou post apocalyptique dans contre la démocratie : des araignées géantes apparaissent et les villes sont complètement détruites. Les 3 thèmes sont divisés en 7 scènes indépendantes les unes des autres. La 7e scène est toujours un monologue qui est comme un résumé des idées développées dans les 6 autres.

Dans Contre le progrès, la mort est très présente, elle arrive toujours à cause de l'égocentrisme et de l'indifférence de ses personnages. J'ai une préférence pour la première scène. J'y ai vu une référence à Ring. Cette foi-ci, c'est un enfant du tiers-monde qui sort de la télé. L'horreur n'est pas la même mais elle y est pourtant bien présente. La seule préoccupation des personnages est d'appeler un technicien pour réparer la télé et aucun dialogue n'est échangé avec l'enfant.

J'étais nettement moins réceptive aux 7 scènes de Contre l'amour. C'est un sujet dont on parle souvent et de fait moins original que les autres. Il est ici forcément cruel, à durée déterminée, artificiel ou existe par la négation. Dans la 6e scène, toutes les phrases commencent par je n'aime pas… « Je n'aime pas t'aimer ».

Contre la démocratie est une suite logique. Puisque les gens sont égoïstes et que l'amour est mort, il n'y a pas de raison pour le fanatisme religieux ne grandisse pas et que la violence gratuite et le meurtre ne soient pas choses communes.

Je remercie Babelio et Masse Critique pour m'avoir fait changé pour un temps mes habitudes de lecture. J'ai passé un bon moment de lecture bien que les dialogues soient souvent teintés d'humour noir, de cynisme et de cruauté. J'ai sélectionné quelques citations pour le démontrer.
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C'est une lecture des plus rafraîchissante. On pourrait être tenté de penser qu'il n'y a plus grand chose de provocant à user de la provocation en littérature. Pourtant, quand la provocation n'est pas l'objet recherché, ni même un mode stylistique, c'est à dire finalement quand la provocation n'est pas conséquences des idées de l'auteur mais bien des prédispositions morales du lecteur, alors la provocation est belle parce qu'elle est innocente. Aussi, on peut être provocant et élégant, dans une espèce de frivolité réjouissante comme c'est le cas dans ces pièces.
Avec l'auteur on tutoie la mort, on la défie, on s'attaque à des monuments prétendument intouchables : progrès, amour, démocratie.
Les valeurs élémentaires qui fondent notre société sont primordiales et ne sont que peu questionnées. L'auteur s'attaque à ce paradoxe, nous rappelant que ce qui semble acquis à la majorité mérite toutefois le débat. Et comment mieux provoquer le débat qu'en titillant nos certitudes ?
Alors tout y passe, la mort comme évoquée précédemment, la religion, la famille, le couple, le plaisir, les bébés mêmes ! Tout mérite une caricature provocante et salvatrice. Chaque scénette est comme une balle dont la course, imperturbable, finit inéluctablement avec fracas.

Lisez Contre le progrès, Contre l'amour, Contre la démocratie , vous serez alors convaincu que les plus belles choses sur lesquelles nous fondons notre existence ne peuvent nous accomplir pleinement que si l'on ose les traverser de part en part, les déranger et les retourner pour espérer les connaître.
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Th
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aller contre l'évidence, remettre en question le progrès, l'amour et la démocratie, ces trois valeurs qui sont souvent considérées comme bonnes pour l'homme occidental...voilà le point de départ d'Esteve Soler, jeune auteur catalan (1976), pour la trilogie "Contra el progrés" (2007), "Contra l'amor" (2009), et "Contra la democràcia" (2010), qui nous donne à voir les paradoxes de l'amour, la déshumanisation du concept de progrès ainsi que l'abus et la perversion du mot démocratie.
Esteve Soler enfile, l'un après l'autre, des "contes" - comme lui-même appelle les vingt et une saynètes - où l'humour acide et la farce mettent en relief la cruauté, la faiblesse des personnages....
(extrait de "Contra el progrès, Contra l'amor et Contra la democràcia d'Esteve Soler : vingt et une raisons d'aller au théâtre et de s'indigner", introduction signée Fabrice Corrons et apposée en ouverture du volume paru aux éditions "Presses Universitaires du Mirail" en 2013)
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Ami 1 _ Çà va peut-être te paraître, je ne sais pas... exotique, mais depuis que je suis arrive dans l'entreprise, j'ai à l'idée d'offrir des sacrifices humains à un Dieu...
Ami 2 _ Et çà fait longtemps que tu y penses ?
Ami 1 _ Tu serais surpris... Tu donnes une prime de Noel aux employés et... je ne sais pas... çà n'a pas l'air de les motiver... Çà leur parait tellement normal... C'est comme si çà ne leur faisait même pas plaisir...
Ami 2 _ En revanche...
Ami 1 _ Bien sur ! Si tu envoies au sacrifice devant tout le monde la personne qui travaille le moins... 1) tu te débarrasses d'un mauvais employé et 2) la motivation des autres...
Ami 2 _ s'améliore.
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Blessé _ Appelez une ambulance. Il faut m'amener à l’hôpital.
Fille s'approche. Longue pause.
Blessé _ Il faut m'amener...
Fille _ Ne vous inquiétez pas, ce que vous avez est grave.
Blessé la regarde sans comprendre.
Blessé _ Il faut...
Fille _ Je veux dire que c'est vraiment grave. Inutile de vous inquiéter.
Fille se rapproche un peu plus et tente de le réconforter en lui tapotant l'épaule.
Blessé _ Qu'est-ce que vous voulez dire par " inutile de m’inquiéter ?"
Fille _ Que vous n'en sortirez jamais vivant.
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Au début, quand je leur ai dit que j'étais l'envoyé de Dieu, ils ont été un peu choqués. comme ça d'entrée, c'est difficile à accepter, mais maintenant certains d'entre d'eux pensent qu'avoir un directeur avec une connexion divine pourrait être rentable.
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