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Ce livre est avant tout un témoignage, un récit contre l'oubli, un livre pour que vous ayez une pensée pour ces millions de personnes, souvent anonymes, disparues, avalées par le Goulag.

L'auteur nous explique pourquoi et surtout comment un pays en est arrivé, à partir d'une idéologie, à déporter, exterminer ses propres compatriotes.


Pour cela, il va nous raconter les arrestations, évoquer les grands procès puis parfois à titre personnel, les prisons ( comme la célèbre Loubianka ), les transferts puis les camps de transit tout en nous précisant que toutes ces étapes étaient un " paradis " par rapport à ce qui les attendait dans les camps du grand nord.

On ne peut pas résumer un livre comme celui ci, il faut le lire pour avoir un début d'explication sur ce que fut cet archipel du Goulag.

Nous avons à l'heure actuelle beaucoup d'informations sur le Goulag mais la parution en Occident de cet ouvrage fut un choc voir un traumatisme chez ceux qui croyaient encore dans la grande URSS et j'imagine que certains mirent en doute ces témoignages plus effroyables les uns que les autres.

Un ouvrage indispensable pour tous ceux que cette période de l'histoire intéresse, une lecture-hommage à ces hommes disparus et oubliés.
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Écrit dans la clandestinité en une vingtaine d'années à partir de sa propre expérience d'emprisonnement et de témoignages d'anciens détenus, ce livre a eu, à partir de sa publication en 1973, un impact déterminant dans les milieux intellectuels de gauche qui refusaient toujours de condamner les dérives infernales du stalinisme.
Ayant miraculeusement survécu au Goulag, Soljenitsyne prend la voie en son nom, mais aussi en celui des compagnons d'infortune qui n'ont pas pu s'en tirer, par devoir de mémoire envers les morts et pour éviter au plus grand nombre possible d'innocents de connaître un pareil péril.
On y trouve une dénonciation en règle d'un système qui partait du doux rêve d'un paradis égalitaire pour aboutir en cauchemar kafkaïen, l'exposition minutieuse des mécanismes staliniens qui ont fini par paver un enfer à partir des bonnes intentions humanistes de Marx et de Lénine.
Toute la rationalité anti-humaine du système est exposée minutieusement, implacablement : l'appareil de délation, le mécanisme de tortures, l'injustice des condamnations politiques, les conditions ignobles d'emprisonnement, tout y passe.
Le résultat donne un livre fascinant, très lourd à lire, mais difficile à quitter, qui me semble propre à briser même les plus profonds sommeils idéalistes.
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Me voilà parvenue à la moitié de ce voyage phénoménal à destination de l'Archipel du Goulag.
Un voyage historique, argumenté, détaillé, décortiqué de façon moléculaire, un voyage douloureux, au cours duquel s'amoncellent les faits, témoignages véridiques sur les conditions des arrestations, vies stoppées d'un coup en plein élan, des procès où règne ... l'injustice, où l'on jure de ne dire que ... la non-vérité qu'on nous a (a) sommés d'avouer, les condamnations, déportations, humiliations, déshumanisations, désespérations ... et non, car, malgré tout ces "...tions" qui visent l'annihilation de l'individu, Alexandre Soljénitsyne nous montre que l'espoir, bien qu'interdit, restait vivant, soutenu par un instinct de (sur)vie extraordinaire ; son souffle littéraire, plein d'ironie, d'humour noir parfois, sa colère que l'on sent au-travers de ses centaines de pages compilées, ces faits, qu'il entasse, l'un après l'autre, rendant hommage à chacun, chacune, à tous ceux qu'il a pu croisés dans ses pérégrinations goulaguiennes, d'un camp, d'une prison à l'autre, à tous ceux dont il a entendu parler seulement, à tous ceux qui ont osé lui confier leur témoignage, et à tous les autres, les dizaines, centaines de milliers d'autres, restés indéfiniment anonymes, disparus, c'est une accumulation de vie, la victoire des survivants réclamant justice et reconnaissance, au moins dans l'esprit des générations suivantes, à défaut d'un remboursement symbolique pour vie détruite indûment.
Soljénitsyne réussit l'exploit de n'être jamais ennuyeux, de secouer les consciences, de nous montrer la réalité crue sans misérabilisme ni voyeurisme. La définition même d'un ouvrage littéraire et historique.
Vite, je composte mon billet pour la deuxième partie de ce voyage, le coeur déjà lourd des faits à venir (bien que passés), les yeux ouverts sur L Histoire qui va défiler, macabre dans sa robe rouge et noire, le corps secoué par les soubresauts et autres cahots vécus par ces courageux soviétiques sacrifiés au nom de quoi au juste, on se le demande encore ...
Un ouvrage à lire, encore plus à l'heure actuelle, où les machines politiques semblent dérailler dans certains pays...
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Cet ouvrage est a la fois un recit de vies de prisonniers,un recit politique quant a l'etablissement et l'organisation des prisons et goulags en Russie
En lisant,j'avais l'impression que l'auteur nous racontait les tortures,les conditions de vie,les souffrances physiques et psychologiques avec un tel detachement et un cynisme bien tranche.J'ai eu l'impression qu'il avait reussi a se detacher de cette douloureuse vie,a avoir pris assez de recul pour pouvoir raconter et critiquer le gouvernement stalinien
Ce livre est aussi un rappel aux souvenirs de tous ces etres emprisonnes,executes pour.....rien ou des pensees divergentes
Il me faudra un certain temps avant de lire le second tome car il me faut penser a autre chose que toutes ces douleurs racontees,enumerees
A lire pour savoir que ca existe
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Sans préliminaire, Soljénitsyne nous transporte par-delà le Dniepr et la Néva, pour nous révéler comment on intègre l'Archipel, avant de nous faire comprendre ce qu'il est vraiment, son organisation, son développement métastasique, sa finalité.

Nous assistons alors tétanisé, à l'arbitraire des arrestations, à l'infamie des procès iniques, à l'invraisemblance des condamnations, à la cruauté des premières incarcérations, à la torture et à l'humiliation ordinaires, à l'horreur effroyable des convois vers les camps de transit avant de rejoindre les îlots du goulag.
Puis, pour ceux qui auront survécu au voyage, commencera alors une vie de "zek", de sous-homme, d'esclave absolu, soumis à un régime de travail inhumain, dans des mines, des exploitations forestières et des marécages sans fin, pour construire canaux, chemins de fer, routes, aux confins du cercle polaire, dans l'immensité glacée de la Sibérie ou dans les steppes désertiques d'Asie centrale.

Tout est avéré par des centaines de témoignages, aux informations soigneusement recoupées par Soljénitsyne qui souvent, s'adresse à nous pour mieux nous faire replonger au coeur du plus grand système concentrationnaire de tous les temps.
Par sa compassion et son humanité, nous souffrons avec l'auteur, avec les victimes, qui bien souvent ne comprennent pas la raison de leur déportation, de leur destin tragique implacable. D'autant que dans nombre de camps, en plus du régime cruel imposé, il faudra également composer avec les malfrats de toute espèce (et il faut croire que la Russie en regorgeait), déportés eux aussi mais avec un statut spécial, privilégié, car considérés comme les victimes de l'ancienne société bourgeoise, faisant régner la dure loi du plus fort, survivant sur le dos des "zeks" ordinaires, des dos pourtant déjà largement éprouvés.

Dans un style toujours puissant et un souci scientifique du détail, où l'humour n'est pas absent, nous devenons alors les témoins de cette déportation de masse, où des dizaines de millions d'indigènes viendront, au final, alimenter l'Archipel, et dont une grande majorité mourront sous le coup de l'épuisement, de la faim, du froid, des maladies, de la torture, des exécutions sommaires.

Cela nous rappelle bien-sûr une autre page tragique du XXème siècle, à ceci près que l'Archipel, bien qu'encore relativement peu étendu, fonctionnait déjà à plein régime dès le début des années 30...... Et Soljénitsyne, qui a purgé huit années de camp, est catégorique: il s'agit bien "d'extermination par le travail", un concept, là encore, mis au point bien avant la Shoah.....
En outre, si le pire des atrocités s'est déroulé sous Staline, l'auteur nous fait remarquer, preuves à l'appui, que l'Archipel avait commencé à émerger du permafrost sous Lénine.... et qu'il n'a véritablement pris fin qu'avec la chute de l'Empire soviétique.

Face à cette oeuvre monumentale, aux risques énormes encourus par l'auteur, nous ne pouvons que nous incliner. Lire cette effroyable fresque historique demande une certaine dose d'abnégation, une volonté sans faille de connaître, comprendre et d'accepter la réalité des faits.

Enfin, par son existence même, "l'Archipel du Goulag" est malgré tout une source d'espoir, car il constitue la preuve éclatante que l'intelligence et l'acharnement d'un seul homme peuvent avoir raison d'un des systèmes les plus totalitaires que l'humanité ait connu.
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Un livre qui est rentré dans l'histoire et qui marque la fin d'une époque. Cet ouvrage est la preuve accablante de l'échec de la révolution prolétarienne. Soljenitsyne dévoile la dérive totalitaire inouïe qui s'est emparée de l'URSS communiste: au nom des idéaux marxiste-léniniste, un système implacable d'arrestations, de jugements arbitraires, d'enfermement, d'exécutions et de destructions des individus et des familles a passé au tamis l'ensemble des peuples de l'Est. Les idéaux égalitaires et fraternels du communisme ont accouché d'une logique de contrôle de la société absurde et destructrice. On comprend très bien pourquoi Soljenitsyne a été tant promu et sollicité par les médias ou éditeurs occidentaux, la diffusion de ce livre a représenté une offensive sans précédent contre les russes, la guerre idéologique était gagné par l'Ouest grâce à Soljenitsyne. on imagine le choc pour tous les intellectuels de gauche comme Aragon à la lecture de l'Archipel.
L'ouvrage fourmille d'anecdotes et d'exemples, peut être trop... La répétition d'anecdotes quasi-similaires rend le texte lourd et j'avoue avoir pris quelques diagonales de temps en temps. C'est dommage car ça rend le livre difficile d'accès. Par contre, Soljenitsyne nous livre quelques réflexions ou analyses truculentes.
Je fais une petite pause et je me lance dans le tome 2...
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Critique d'Yves Mamou:

L'Archipel du goulag, d'Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), qui paraît en France et en Allemagne en 1974, marque un tournant. Pas tant pour les Russes et toutes les minorités terrorisées et maltraitées par l'appareil policier soviétique que pour les Français. Cet "essai d'investigation littéraire" a dessillé les yeux à l'Ouest sur l'univers de la déportation en Union soviétique et jeté le doute sur les valeurs qui sous-tendent le mot "socialisme". La prise de conscience a d'ailleurs été mondiale. Car le manuscrit sera publié ensuite aux États-Unis et dans le reste du monde.

L'ampleur de la documentation, les qualités littéraires de l'auteur en font un ouvrage à part. Mais l'information qu'il apporte n'a en fait rien d'une révélation. L'Archipel n'est que le dernier avatar d'une longue lignée de documents et ouvrages critiques sur un système pénitentiaire où moururent plusieurs dizaines de millions de personnes. Dès 1919, les ouvrages d'Etienne Buisson (Les Bolchéviki, éd. Fischbacher) et de Charles Dumas (La Vérité sur les Bolchéviki, éd. Franco-Slave) dissipent le brouillard sur un univers profondément despotique. Par la suite, des kyrielles d'autres livres seront édités, certains sous la plume d'écrivains célèbres comme Panait Istrati ou André Gide, d'autres sous la plume d'authentiques socialistes ouvriers comme Kléber Leguay (Un mineur chez les Russes, 1938, éd. Pierre Tisné). J'ai choisi la liberté, de Victor Kravchenko provoque en 1947 une intense polémique intellectuelle, politique et juridique. D'autres comme le Zéro et l'infini, d'Arthur Koestler, auraient pu jouer le rôle déclencheur. Mais, jusqu'à 1974, le sentiment général tient pour acquis que quelques inévitables bavures ne sauraient remettre en cause les réalisations positives du communisme.

L'Archipel du goulag d'Alexandre Soljenitsyne cristallise donc un virage mental et politique. Contrairement à ce qui arrive à Victor Kravchenko vingt-huit ans plus tôt, personne ne met en doute le sérieux de la documentation de l'écrivain. Le Figaro, le Monde, L'Express et Le Nouvel Observateur accordent une place importante aux récits, souvenirs et lettres des 227 détenus et anciens détenus qui ont aidé Soljenitsyne à bâtir cette description chorale de l'"industrie pénitentiaire" soviétique. le mot "goulag" se répand dans le vocabulaire quotidien et devient synonyme de violence et d'arbitraire.

Alors que l'ouvrage est en cours de traduction aux éditions du Seuil et que seule une édition en russe est commercialisée à l'Ouest par YMCA Press, l'appareil idéologique soviétique se déchaîne. Soljenitsyne n'est pas traité de faussaire ni d'agent de la CIA comme le fut Kravchenko. La propagande soviétique ne s'en prend pas non plus à l'oeuvre ni aux témoignages. Habilement, elle tente de décrédibiliser la personne. Comme le note Jacques Amalric, correspondant du Monde à Moscou, La Pravda attaque grossièrement le train de vie prétendument luxueux de l'auteur et surtout l'accuse d'une extrême bienveillance envers le général Vlassov, général soviétique passé du côté de la machine de guerre nazie.

La traduction française n'est pas prête quand L'Humanité, sous la signature de Serge Leyrac, accompagne la réaction soviétique et dessine le triptyque classique de toute tentative de décrédibilisation : le livre n'apporte rien qui ne soit déjà connu - Nikita Khrouchtchev et son rapport devant le XXe congrès auraient dit l'essentiel des atteintes staliniennes à la légalité soviétique ; son auteur est un traitre comme le général Vlassov, dont il justifie le ralliement à Hitler ; par conséquent, tout ce qu'il dit est faux. Claude Durand, éditeur au Seuil, se dépêche de faire traduire le chapitre litigieux. Bernard Feron explique dans le Monde que Soljenitsyne tente simplement de comprendre comment un authentique patriote comme Vlassov a pu se résoudre à "trahir" et se rallier à Hitler. La polémique s'éteint.

L'Archipel du goulag va en fait contribuer à désolidariser le monde politique de sa base idéologique et culturelle. Car le livre est publié au tout début de l'Union de la gauche. Cette alliance électorale entre le Parti socialiste (PS), le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et le Parti communiste français (PCF) a été signée en 1972 sur la base du Programme commun. le PCF encore puissant sur le plan électoral bloque tout débat au sein du PS. Avec L'Archipel du Goulag, "l'affaire n'est pas celle des seuls communistes, car c'est le socialisme tout court que l'on essaie d'atteindre", peut-on lire dans L'Humanité. Une stratégie payante, puisque François Mitterrand ose dire : "Je suis persuadé que le plus important n'est pas ce que dit Soljenitsyne, mais qu'il puisse le dire. Et si ce qu'il dit nuit au communisme, le fait qu'il puisse le dire le sert bien davantage." Une assertion extravagante quand on sait que le manuscrit de Soljenitsyne est passé à l'Ouest par des voies clandestines et qu'en raison du contenu l'auteur risquait sa vie ou sa liberté.

Au-delà de ces contorsions, la brèche culturelle et sociétale ne se refermera plus. le mouvement des "nouveaux philosophes" poursuit à sa manière le débat. La Cuisinière et le Mangeur d'homme (Seuil, 1975) ou Les Maîtres penseurs (Grasset, 1977), d'André Glucksmann, La Barbarie à visage humain, de Bernard-Henri Lévy (Grasset, 1977), sont des best-sellers qui bousculent le glacis des mentalités. Les droits de l'homme donnent naissance aux French doctors, le déclin irrémédiable du Parti communiste commence et la politique cède la place à l'humanitaire. Que reste-t-il en 2008 d'un ouvrage vendu à plus d'un million deux cent mille exemplaires ? "Un document historique, mais surtout une oeuvre littéraire incontestable", affirme Claude Durand aujourd'hui.
Lien : http://www.fabula.org/actual..
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Ce livre a fait l'effet d'une bombe lorsqu'il est sorti. Très très dérangeant pour certains. Il y a pourtant des choses qui doivent être dites et les hommes qui ont le courage de le faire méritent notre respect.
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Glavnoïé OUpravlénié LAGuéreï, Главное управление лагерей en version originale.

Cette organisation administrative des camps est apparue en juillet 1934, ne cessant de croître sous le régime de Staline.

L'auteur nous amène dans les méandres de cette administration concentrationnaire aux fonctionnements aussi meurtriers que précis.

Des noms se feront tristement célèbres, tels que Solovski, Frenkel, Beria, Perm, Magadan, Elgen, SLON, kilomètre 101, et bien d'autres encore ….

Parcours à suivre dans sa continuité d'une politique de mort et d'extermination pure et simple d'un peuple ne désirant que des jours heureux; comme les autres.

Tout simplement.
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Soljénitsyne nous immerge au coeur des goulags avec cet essai qui ne se lit pas vraiment comme un roman, plutôt comme une sorte de témoignage sur un ton qui prête parfois à sourire, parfois ironique ou sarcastique. Il regroupe les dires de l'auteur et de plus de 220 autres détenus qui ont traversé cet enfer et nous explique le cheminement du prisonnier, depuis son arrestation qui s'apparente plutôt à un enlèvement jusqu'à son arrivée à l'archipel en passant par le transport et le camp de transit.
Le zek, une fois son transport achevé qui lui a donné une idée de ce qui l'attendait, patiente dans un camp d'attente, et s'acclimate avant son arrivée définitive, pour que celle-ci soit moins brutale, Pourtant, à lire cet ouvrage, la brutalité n'arrive pas crescendo, elle s'affiche dès que le déporté pose un pied dans le stolypin.
L'auteur décrit les interrogatoires, les tortures souvent plus psychologiques que physiques, ce afin d'éviter que le monde entier ne puisse constater le mauvais traitement infligé aux déportés et parce qu'elles sont bien pires que les sévices corporels. A travers différents exemples de procès et le défilé des quelques détenus que l'on nourrit copieusement, lave et habille pour les présenter au monde entier avant de les jeter à nouveau en enfer et de les affamer, Soljénitsyne nous montre l'absurdité des jugements et de la représentation, réelle mascarade, ni plus ni moins.

La seconde partie du 1er tome décrit la société qui s'organise dans ces camps de travail forcé, avec ses rituels, les transferts entre cellules, la nourriture, le moyen de survivre. Malgré la déshumanisation que l'état souhaite instaurer, les témoignages montrent que les déportés parviennent à communiquer et à reconstituer le plan des bâtiments, les cellules luxueuses et celles à redouter. Une société se constitue et s'organise tant bien que mal, avec ces castes et ses codes, ses dominés, ses dominants. Certains diront même qu'ils n'y étaient pas si mal.
Cette lecture poignante montre combien l'être humain semble avoir une capacité à la résilience, il s'adapte, parvient à parler de tout et de rien, sauf de nourriture, sujet trop tabou qui terrasse les estomacs. Ce, alors qu'il vit dans une cellule avec un tel nombre de prisonniers qu'il est contraint de se tenir dans la même position que les autres, presque emboité.

Certains chapitres sont plus difficiles à lire, notamment celui concernant les tortures ou les conditions de transfert des déportés. le passage sur les procès est bien trop long à mon goût, on comprend vite que tout est truqué et défini avant même le début de l'audience, l'auteur à mon sens, a voulu montrer l'esprit retors des accusateurs et il est vrai que certains arguments exotiques m'ont laissée stupéfaite.
Cet essai est une mine d'informations, avec cette écriture russe assez caractéristique qui traîne parfois en longueur mais il faut s'accrocher lors de certains passages et cela en vaut la peine.
Si vous êtes intéressé par le sujet et plus pressé, « une journée d'Ivan Denissovitch » est un condensé des presque 1500 pages que constituent les 3 tomes de L'ARCHIPEL DU GOULAG, en version romancée et en moins de 300 pages.
Pour ma part, je vais poursuivre la lecture avec le tome 2.
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