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Soljenitsyne : Oeuvres complètes tome 4 sur 6
EAN : 9782020021180
446 pages
Seuil (01/06/1974)
4.29/5   160 notes
Résumé :
Immense fresque du système concentrationnaire en U.R.S.S. de 1918 à 1956, " L'Archipel du Goulag " (ce dernier mot est le sigle de l'Administration générale des camps d'internement) fut terminé par Soljénitsyne en 1968. " Le cœur serré, je me suis abstenu, des années durant, de publier ce livre alors qu'il était déjà prêt : le devoir envers les vivants pesait plus lourd que le devoir envers les morts. Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'Etat s'est empa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est avant tout un témoignage, un récit contre l'oubli, un livre pour que vous ayez une pensée pour ces millions de personnes, souvent anonymes, disparues, avalées par le Goulag.

L'auteur nous explique pourquoi et surtout comment un pays en est arrivé, à partir d'une idéologie, à déporter, exterminer ses propres compatriotes.


Pour cela, il va nous raconter les arrestations, évoquer les grands procès puis parfois à titre personnel, les prisons ( comme la célèbre Loubianka ), les transferts puis les camps de transit tout en nous précisant que toutes ces étapes étaient un " paradis " par rapport à ce qui les attendait dans les camps du grand nord.

On ne peut pas résumer un livre comme celui ci, il faut le lire pour avoir un début d'explication sur ce que fut cet archipel du Goulag.

Nous avons à l'heure actuelle beaucoup d'informations sur le Goulag mais la parution en Occident de cet ouvrage fut un choc voir un traumatisme chez ceux qui croyaient encore dans la grande URSS et j'imagine que certains mirent en doute ces témoignages plus effroyables les uns que les autres.

Un ouvrage indispensable pour tous ceux que cette période de l'histoire intéresse, une lecture-hommage à ces hommes disparus et oubliés.
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Écrit dans la clandestinité en une vingtaine d'années à partir de sa propre expérience d'emprisonnement et de témoignages d'anciens détenus, ce livre a eu, à partir de sa publication en 1973, un impact déterminant dans les milieux intellectuels de gauche qui refusaient toujours de condamner les dérives infernales du stalinisme.
Ayant miraculeusement survécu au Goulag, Soljenitsyne prend la voie en son nom, mais aussi en celui des compagnons d'infortune qui n'ont pas pu s'en tirer, par devoir de mémoire envers les morts et pour éviter au plus grand nombre possible d'innocents de connaître un pareil péril.
On y trouve une dénonciation en règle d'un système qui partait du doux rêve d'un paradis égalitaire pour aboutir en cauchemar kafkaïen, l'exposition minutieuse des mécanismes staliniens qui ont fini par paver un enfer à partir des bonnes intentions humanistes de Marx et de Lénine.
Toute la rationalité anti-humaine du système est exposée minutieusement, implacablement : l'appareil de délation, le mécanisme de tortures, l'injustice des condamnations politiques, les conditions ignobles d'emprisonnement, tout y passe.
Le résultat donne un livre fascinant, très lourd à lire, mais difficile à quitter, qui me semble propre à briser même les plus profonds sommeils idéalistes.
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Me voilà parvenue à la moitié de ce voyage phénoménal à destination de l'Archipel du Goulag.
Un voyage historique, argumenté, détaillé, décortiqué de façon moléculaire, un voyage douloureux, au cours duquel s'amoncellent les faits, témoignages véridiques sur les conditions des arrestations, vies stoppées d'un coup en plein élan, des procès où règne ... l'injustice, où l'on jure de ne dire que ... la non-vérité qu'on nous a (a) sommés d'avouer, les condamnations, déportations, humiliations, déshumanisations, désespérations ... et non, car, malgré tout ces "...tions" qui visent l'annihilation de l'individu, Alexandre Soljénitsyne nous montre que l'espoir, bien qu'interdit, restait vivant, soutenu par un instinct de (sur)vie extraordinaire ; son souffle littéraire, plein d'ironie, d'humour noir parfois, sa colère que l'on sent au-travers de ses centaines de pages compilées, ces faits, qu'il entasse, l'un après l'autre, rendant hommage à chacun, chacune, à tous ceux qu'il a pu croisés dans ses pérégrinations goulaguiennes, d'un camp, d'une prison à l'autre, à tous ceux dont il a entendu parler seulement, à tous ceux qui ont osé lui confier leur témoignage, et à tous les autres, les dizaines, centaines de milliers d'autres, restés indéfiniment anonymes, disparus, c'est une accumulation de vie, la victoire des survivants réclamant justice et reconnaissance, au moins dans l'esprit des générations suivantes, à défaut d'un remboursement symbolique pour vie détruite indûment.
Soljénitsyne réussit l'exploit de n'être jamais ennuyeux, de secouer les consciences, de nous montrer la réalité crue sans misérabilisme ni voyeurisme. La définition même d'un ouvrage littéraire et historique.
Vite, je composte mon billet pour la deuxième partie de ce voyage, le coeur déjà lourd des faits à venir (bien que passés), les yeux ouverts sur L Histoire qui va défiler, macabre dans sa robe rouge et noire, le corps secoué par les soubresauts et autres cahots vécus par ces courageux soviétiques sacrifiés au nom de quoi au juste, on se le demande encore ...
Un ouvrage à lire, encore plus à l'heure actuelle, où les machines politiques semblent dérailler dans certains pays...
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(Premier des trois volumes sur l'Histoire de « L'Archipel du Goulag »).

Je ne ferais l'affront à personne de présenter ce célèbre « Goulagien », ce « crevard », ce « zek », qu'est Alexandre Soljénitsyne (1918-2008), ce survivant du Goulag (système concentrationnaire Soviétique). Il s'agit donc ici du chef-d'oeuvre-témoignage d'Alexandre Soljénitsyne, à travers 227 témoignages de Zeks (prisonniers), et du sien, puisqu'il fut lui-même enfermé 11 ans en prisons et en camps de concentration du Goulag en U.R.S.S.. Dans son ouvrage, Alexandre Soljénitsyne utilise souvent le ton de l'ironie, de l'humour et de la moquerie envers les bourreaux, afin de rendre son récit extrêmement concret et « vivant » (je sais… le terme est particulièrement mal adapté à ce terrible contexte !).
Ce fabuleux auteur a consacré le restant de son existence, après sa sortie du Goulag, à léguer à l'Humanité, un ensemble immense d'oeuvres inestimables destinées à préserver : la Mémoire des Millions de victimes, nôtre Mémoire Universelle, et l'espoir, qu'un jour enfin, le Communisme prenne toute la place qui lui revient, officiellement, au Panthéon de l'horreur des systèmes…, Totalitaires ; trônant ainsi sur le podium, à côté du Nazisme et du Fascisme. D'ailleurs, dans cet ignominieux « concours » peu importe la place qu'ils occupent tous les trois ; je les déclare « vainqueurs » à égalité ! En effet, ces millions de victimes, sauvagement torturées, déshumanisées et/ou exécutées et « détruites », ELLES, n'ont pas vu de différence !
Mais l'être humain se laissant plus facilement guidé par son sectarisme Idéologique que par la réalité Historique, aujourd'hui, et je le crains, pour longtemps encore, l'Humanité n'a pas encore laissé accéder le Totalitarisme Communiste à l'une de ces trois marches lui revenant pourtant de plein droit. Pour pouvoir informer massivement les populations et offrir aux nouveaux esprits, la possibilité de découvrir la chronologie et le déploiement des Totalitarismes au cours du 20ème siècle, cette démarche devra nécessairement commencer par la mise à jour des manuels scolaires d'Histoire destinés à l'Éducation Nationale. Comme c'est le cas depuis des décennies pour les Totalitarismes Fascisto-Nazis.
« L'Archipel du Goulag » publié en 1974 est le plus célèbre témoignage sur le Goulag, mais suite à l'effondrement de l'U.R.S.S. en 1991, de nombreux autres témoignages de survivants écrits durant toute la période Soviétique, ont enfin fait ou refait surface, dans le monde entier. (L'éventuel lecteur trouvera une liste non-exhaustive de certaines de ces oeuvres, à la fin de ce commentaire…).
Bref, Alexandre Soljénitsyne nous décrit donc la monstruosité du Totalitarisme Bolchevique (Communiste) Soviétique, depuis sa création, suite au coup d'État : le 25 Octobre (ou suivant le calendrier Grégorien : le 7 novembre 1917) à Petrograd par la troïka infernale composée de : Lénine, Trotski et Staline, et jusqu'à la mort de Staline en 1953.

En effet, dès Octobre 1917, les Terroristes de masse Bolcheviques (Communistes) s'activèrent à mettre en place le régime Totalitaire Communiste, sous la férule de : Lénine et Trotski aidés dans leur ignoble besogne par : Staline, Dzerjinski (le chef de l'effroyable Police Politique, la Tcheka, fondée dès décembre 1917), Boukharine, Zinoviev, Kamenev, etc..
Immédiatement donc les « ennemis du peuples » furent : raflés (souvent de nuit), interrogés, torturés afin d'extirper de faux aveux de la part des victimes, puis déportés en camps de concentration, ou sommairement fusillés. Dans le cadre de cette Terreur généralisée, voici comment se déroulaient la plupart du temps, ces arrestations arbitraires (pages 20 et 24) :
« Et il est certain que l'arrestation de nuit, telle que je viens de la décrire, jouit chez nous d'une grande faveur, car elle présente d'importants avantages. Dès le premier coup frappé à la porte, tous les habitants de l'appartement ont le coeur serré d'effroi. La victime est arrachée à la tiédeur du lit, en proie encore à l'impuissance du demi-sommeil, sa raison est trouble. Lors d'une arrestation de nuit, les agents de la Sécurité ont la supériorité physique : ils arrivent à plusieurs, armés, contre un homme seul qui n'a pas encore fini de boutonner son pantalon ; et pendant le temps que vont durer les préparatifs et la perquisition, la foule des partisans éventuels de la victime ne risque pas de s'attrouper devant l'entrée de la maison. Ajoutez que la progressivité sans hâte des descentes de police dans un appartement, puis dans un autre, demain dans un troisième et dans un quatrième, donne la possibilité d'utiliser au mieux des effectifs et de jeter en prison un nombre de citadins plusieurs fois supérieur au volume desdits effectifs.
Autre avantage, enfin, des arrestations nocturnes : ni les maisons voisines, ni les rues de la ville ne voient combien de personnes ont été emmenées en une nuit. Terreur des voisins les plus proches, les arrestations de ce type ne sont pas un évènement pour ceux qui vivent plus loin. On dirait qu'il ne s'est rien passé. C'est le même ruban d'asphalte qui voit la nuit la navette des fourgons cellulaires et, le jour, les défilés de la jeune classe, avec drapeaux, fleurs et chansons d'un optimisme sans nuage.
(…) Il n'est pas donné à tout le monde de comprendre aussi bien les choses que Vania Lévitski, qui disait à l'âge de quatorze ans : « Tout honnête homme doit se retrouver en prison. Actuellement, papa y est. Quand je serai grand, on m'y mettra aussi. » (À vingt-trois ans, il y était). La majorité s'engourdit dans le mirage de l'espoir. Puisque vous êtes innocent, quelle raison peuvent-ils avoir de vous cueillir ? C'est une erreur ! On vous entraîne déjà par le collet que vous êtes encore à essayer de conjurer le sort : « C'est une erreur ! Les choses tirées au clair, on me libérera ! » Que les autres soient arrêtés en masse, c'est tout aussi absurde, mais enfin chaque cas individuel reste enveloppé de ténèbres : « Celui-là, peut-être bien tout de même que… ? » Tandis que vous, là, c'est sûr, vous êtes innocent ! Vous en êtes encore à considérer les Organes comme une institution fonctionnant selon la logique des hommes : les choses tirées au clair, on me libérera. »
Lénine, lui-même, n'a jamais caché être un adepte de la Dictature (du prolétariat) et de la Terreur de masse (décret sur la Terreur Rouge Bolchevique du 5 septembre 1918), à l'instar de la Grande Terreur Jacobine de 1792-1794, lors de la Révolution Française, entre autres exemples (pages 35, 306 et 307) :
« Bien que, dans le but d'instaurer un : « ordre rigoureusement révolutionnaire », V.I. Lénine ait exigé à la fin de 1917 que l'on : « écrasât impitoyablement les tentatives des ivrognes, des voyous, des élèves-officiers contre-révolutionnaires, des soldats de Kornilov, et cetera, pour semer l'anarchie » (note n°2 : Lénine, Polnoïé sobranié sotchinéniï [Oeuvres complètes], 5e éd., t. 35, p. 66.), ce qui semblait indiquer que, pour lui, le principal danger guettant la révolution d'Octobre provenait des ivrognes, les contre-révolutionnaires étant relégués au second rang, – le même Lénine fixa également des objectifs plus larges. Dans l'article Comment organiser l'émulation (7 et 10 janvier 1918), il proclama que le but commun et unique de l'heure était de : « nettoyer la terre russe de tous les insectes nuisibles » (note n°3 : Ibid., p. 204). Et, par le terme d'insectes, il entendait non seulement tous les éléments socialement étrangers au prolétariat, mais aussi : « les ouvriers qui tirent au flanc », par exemple les typographes des imprimeries du parti à Petrograd. (Voilà ce que fait l'éloignement dans le temps. Aujourd'hui, nous avons peine à comprendre comment il a pu se faire que ces ouvriers, à peine devenus dictateurs, aient aussitôt incliné à tirer au flanc dans un travail qu'ils faisaient pour eux-mêmes.) Et encore : « … dans quel quartier des grandes villes, dans quelle fabrique, dans quel village (…) n'y a-t-il pas (…) des saboteurs qui se qualifient d'intellectuels ? (note n°4 : Ibid., p. 204). Certes, les formes de nettoyage prévues par Lénine dans cet article étaient variées : ici, jeter en prison, là, mettre à curer les fosses d'aisance, ailleurs, : « une fois purgée une peine de cachot, délivrer un passeport jaune (avant la révolution – délivré aux prostituées ; ici, document décidé à marquer d'infamie) », ailleurs encore, fusiller comme parasite. Il y avait aussi, au choix, la prison : « ou bien les travaux forcés les plus durs » (note n°5 : Ibid., p. 203). Mais tout en envisageant et en suggérant les directions principales du châtiment, Vladimir Ilitch proposait que la découverte des meilleurs méthodes de nettoyage fît l'objet d'une compétition au sein des « communes et collectivités ».
(…) « Camarade Kourski ! À mon avis, il faut l'application de la peine de mort (commuable en bannissement) […] à tous les genres d'activités des menchéviks, des SR, etc. ; il faut trouver une formulation qui mette ces agissements en liaison avec la bourgeoisie internationale » (souligné par Lénine) (note n°7 : Lénine, Oeuvres, 5e éd., t. 45, p. 189.).
Étendre l'application de la peine de mort ! Est-il si difficile de comprendre ?
(Y en eut-il beaucoup à être bannis ?) La Terreur est un instrument de persuasion (note n°8 : Ibid, t. 39, p. 404-405), c'est clair, semble-t-il !
(…) « Camarade Kourski ! En complément de notre entretien, je vous envoie une ébauche de paragraphe supplémentaire pour le Code pénal… L'idée fondamentale est claire, je l'espère, malgré tous les défauts du brouillon : poser ouvertement un principe qui, reflétant la réalité politique (et dépassant un juridisme étroit), fonde l'essence et la justification de la terreur, sa nécessité, ses limites.
« La justice ne doit pas éliminer la terreur ; le promettre serait se tromper soi-même ou tromper les autres ; elle doit lui donner une assise et une légitimation sur le plan des principes, clairement, sans fausseté et sans fard. La formulation doit être la plus large possible, car c'est seulement le sens du droit révolutionnaire et la conscience révolutionnaire qui fixeront les conditions d'une application pratique plus ou moins large.
Avec mon salut communiste,
Lénine » (note n°9 : Ibid., t. 45, p. 190.). »
La méthode généralement et largement utilisée pour exécuter les « ennemis de classe » consistait à les abattre comme des chiens, d'une balle dans la nuque, ou autrement dit dans le jargon Soviétique de : « neuf grammes dans la nuque ». « Technique » d'exécution reprise plus tard, à une aussi grande échelle, par les bataillons d'Einsatzgruppen Nazis !
Une autre méthode monstrueuse d'extermination fut copiée sur la Terreur Jacobine de Robespierre, par les Bolcheviques, celle consistant à couler des barges pour noyer les victimes (pages 39 et 373 et 374) :
« Ainsi, à partir de l'été 1920 – la guerre civile n'est pas encore tout à fait ni partout terminée, mais elle l'est dans la région du Don -, depuis cette dernière région, depuis Rostov et Novotcherkassk, on expédie à Arkhanguelsk une grande quantité d'officiers, puis on les charge dans des barges en direction des îles Solovki (plusieurs de ces barges seront coulées dans la mer Blanche, procédé utilisé également en mer Caspienne) : doit-on mettre encore cela au compte de la guerre civile, ou bien faut-il l'imputer au début de la période de construction pacifique ? Et si, la même année, une femme enceinte est fusillée à Novotcherkassk pour avoir caché son mari officier, dans quelle rubrique la faire figurer ? »
(…) Au reste, ces exécutions individuelles que précédait ou non un jugement et qui, additionnées, ont fini par faire des milliers, n'étaient même peut-être pas le plus grave dans cette ère de mises à mort, inaugurée en 1918 et qui devait griser et glacer tout à la fois la Russie.
Je trouve plus effrayante encore la pratique en honneur chez les belligérants, puis chez les vainqueurs, de couler des barges entières chargées de centaines d'hommes qu'on ne prenait la peine ni de compter, ni de recenser, dont on ne faisait même pas l'appel : officiers, en particulier, et autres otages noyés dans le golfe de Finlande, dans les mers Blanche, Noire, Caspienne, ainsi que dans le lac Baïkal. Cette mode ne concerne pas notre étude strictement juridique, mais l'histoire des MOeURS : c'est la source de tout ce qui nous est arrivé par la suite. Au long des siècles, depuis le premier prince Rurik, avons-nous connu une accumulation de cruautés et de meurtres comme celle dont les bolchéviks ont accompagné la guerre civile et par laquelle ils l'ont terminée ? »
La paranoïa Étatique était si profondément ancrée que, pour se débarrasser massivement des « ennemis du peuple », toujours sous la période Lénino-Trotskiste (Novembre 1917-fin 1923), l'État-Parti unique Totalitaire Communiste ouvrit les premiers camps de concentration de l'ère Soviétique (confer entre autres, les ouvrages de Anne Applebaum : « Goulag: Une histoire » et de Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov : « Aux origines du Goulag, Récits des îles Solovki : L'île de l'enfer suivi de Les camps de la mort en URSS »), (pages 40, 41 et 48 et 395) :
« Mais dans les villages du gouvernement de Tambov, la majeure partie des prélèvements humains eut lieu au mois de juin 1921. La région fut parsemée de camps de concentration destinés aux familles des paysans qui participaient à l'insurrection. En plein champ, on délimita par des poteaux et des barbelés des aires où l'on tint parquées pendant trois semaines toutes les familles dont un membre était soupçonné de faire partie des insurgés. Si celui-ci ne se présentait pas dans les trois semaines pour racheter sa famille au prix de sa personne, tous les siens étaient envoyés en exil (note n°13 : Toukhatchevski, « Borda s kontrrévolioutsionnymi vosstaniami » [la Lutte contre les insurrections contre-révolutionnaires], in revue Voïna i révolioutsia [Guerre et révolution], 1926, n°7-8).
Encore plus tôt, en mars 1921, avaient été envoyés sur les îles de l'Archipel, via le bastion Troubetskoï de la forteresse Saint-Pierre-et-Saint-Paul, les matelots insurgés de Kronstadt, déduction faite des fusillés.
(…) le volume de la fournée Voïkov était encore limitée : par les dimensions du Slon, le Camp à Destination spéciale des Solovki. Mais c'était L Archipel du Goulag qui commençait ainsi sa croissance maligne, et bientôt il allait envoyer des métastases dans tout le pays.
(…) L'idée qui fit créer les Solovki était précisément celle-ci : voici un bon endroit, complètement isolé du monde extérieur la moitié de l'année. de là les cris ne s'entendront jamais : vous pourrez vous immoler à loisir ! En 1923, on y transféra les détenus socialistes de Pertominsk (presqu'île d'Onéga), pour les répartir entre trois ermitages isolés. »
En lisant cet ouvrage fondamental pour notre MEMOIRE universelle, on se rend compte que : aucun mot, ni aucune phrase ne peuvent décrire l'incommensurable et l'insoutenable degré de tortures psychologiques et physiques endurés, par ces MILLIONS de civils innocents, exterminés sous le Totalitarisme Communiste
De même que des MILLIONS de citoyens (sur plusieurs générations) ont été humiliés et persécutés toute leur vie et/ou déportés en camps de concentration.

Vient alors à l'esprit cette terrible question : Comment en ce début de 21ème siècle est-il possible que des individus, des partis politiques Français : le Parti Communiste Français (P.C.F.), le Nouveau Parti Anticapitaliste (N.P.A.), Lutte Ouvrière (L.O.), etc., et des régimes politiques dans le monde : Chine, Cuba, Vietnam, Corée du Nord, etc., se revendiquent toujours de l'Idéologie Communiste (ou Troisième Internationale) ?
D'ailleurs, le P.C.F. porte toujours son nom d'origine, depuis sa formation en 1920 au Congrès de Tours. En effet, le P.C.F. fut constitué dans le cadre de l'Internationale Communiste (Komintern), fondée par Lénine et Trotski en 1919, et en adhérant aux « 21 conditions » de cette Internationale Communiste.
Le P.C.F. et ces Partis ouvertement d'extrême gauche, c'est-à-dire d'obédience Communiste : L.O, le N.P.A., voire le Parti de Gauche qui, par l'intermédiaire de son représentant : Jean-Luc Mélenchon, a représenté l'alliance avec le P.C.F. dans le cadre du Front de Gauche, lors des élections Présidentielles de 2012, peuvent exprimer librement leur Idéologie haineuse et Totalitaire au sein de la Société Française !
Ce qui nous paraît évident et fondamental envers le Nazisme : sa monstruosité donc son illégalité, ne l'est curieusement plus vis-à-vis du Communisme. Contraste saisissant : nous sommes dans l'incompréhensible et inacceptable situation où le traitement Sociétal, par la République Française, de ces deux Totalitarismes, relève du deux poids deux mesures. L'existence d'êtres humains massacrés aurait-elle un degré d'importance différent en fonction de l'Idéologie Totalitaire mise en oeuvre ?

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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Sans préliminaire, Soljénitsyne nous transporte par-delà le Dniepr et la Néva, pour nous révéler comment on intègre l'Archipel, avant de nous faire comprendre ce qu'il est vraiment, son organisation, son développement métastasique, sa finalité.

Nous assistons alors tétanisé, à l'arbitraire des arrestations, à l'infamie des procès iniques, à l'invraisemblance des condamnations, à la cruauté des premières incarcérations, à la torture et à l'humiliation ordinaires, à l'horreur effroyable des convois vers les camps de transit avant de rejoindre les îlots du goulag.
Puis, pour ceux qui auront survécu au voyage, commencera alors une vie de "zek", de sous-homme, d'esclave absolu, soumis à un régime de travail inhumain, dans des mines, des exploitations forestières et des marécages sans fin, pour construire canaux, chemins de fer, routes, aux confins du cercle polaire, dans l'immensité glacée de la Sibérie ou dans les steppes désertiques d'Asie centrale.

Tout est avéré par des centaines de témoignages, aux informations soigneusement recoupées par Soljénitsyne qui souvent, s'adresse à nous pour mieux nous faire replonger au coeur du plus grand système concentrationnaire de tous les temps.
Par sa compassion et son humanité, nous souffrons avec l'auteur, avec les victimes, qui bien souvent ne comprennent pas la raison de leur déportation, de leur destin tragique implacable. D'autant que dans nombre de camps, en plus du régime cruel imposé, il faudra également composer avec les malfrats de toute espèce (et il faut croire que la Russie en regorgeait), déportés eux aussi mais avec un statut spécial, privilégié, car considérés comme les victimes de l'ancienne société bourgeoise, faisant régner la dure loi du plus fort, survivant sur le dos des "zeks" ordinaires, des dos pourtant déjà largement éprouvés.

Dans un style toujours puissant et un souci scientifique du détail, où l'humour n'est pas absent, nous devenons alors les témoins de cette déportation de masse, où des dizaines de millions d'indigènes viendront, au final, alimenter l'Archipel, et dont une grande majorité mourront sous le coup de l'épuisement, de la faim, du froid, des maladies, de la torture, des exécutions sommaires.

Cela nous rappelle bien-sûr une autre page tragique du XXème siècle, à ceci près que l'Archipel, bien qu'encore relativement peu étendu, fonctionnait déjà à plein régime dès le début des années 30...... Et Soljénitsyne, qui a purgé huit années de camp, est catégorique: il s'agit bien "d'extermination par le travail", un concept, là encore, mis au point bien avant la Shoah.....
En outre, si le pire des atrocités s'est déroulé sous Staline, l'auteur nous fait remarquer, preuves à l'appui, que l'Archipel avait commencé à émerger du permafrost sous Lénine.... et qu'il n'a véritablement pris fin qu'avec la chute de l'Empire soviétique.

Face à cette oeuvre monumentale, aux risques énormes encourus par l'auteur, nous ne pouvons que nous incliner. Lire cette effroyable fresque historique demande une certaine dose d'abnégation, une volonté sans faille de connaître, comprendre et d'accepter la réalité des faits.

Enfin, par son existence même, "l'Archipel du Goulag" est malgré tout une source d'espoir, car il constitue la preuve éclatante que l'intelligence et l'acharnement d'un seul homme peuvent avoir raison d'un des systèmes les plus totalitaires que l'humanité ait connu.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Ces carnets représentaient ma prétention à devenir écrivain. Je ne croyais pas en la puissance de notre étonnante mémoire et, tout le long des années de guerre, je m'étais efforcé de noter tout ce que je voyais (ce n'eut été là qu'un demi-mal) et tout ce que j'entendais de la bouche des gens.
(...)
... je sentis venir la fin de l'instruction ; jusqu'à ce jour du quatrième mois où tous les blocs-notes de mon « Journal de guerre » furent balancés dans la gueule du poêle de la Loubianka ;
(...)
... je tournai mes regards, ... vers le tumulus de manuscrits qui s'amoncelaient jusqu'au beau milieu du cabinet d'instruction, ils n'avaient pas encore été triés. Les manuscrits s'étalaient dans des cahiers, liés ou non, ou tout simplement de feuilles volantes, pour former le tumulus funéraire de l'esprit humain enseveli. Ce tumulus dépassait de sa hauteur conique le bureau du commissaire, me cachant presque ce dernier, et je fus saisi d'une compassion fraternelle pour le travail de cet inconnu qui venait d'être arrêté la nuit dernière et dont l'appartement perquisitionné avait livré toute cette récolte, déversé le lendemain matin sur le parquet du cabinet de torture... quelle vie singulière avait été amenée ici cette nuit pour être martyrisée, déchirée, puis brûlée ?
Oh! qu'il en a péri, dans ce bâtiment, de desseins et de travaux! Toute une civilisation engloutie. Oh! suie, suie des cheminées de la Loubianka ! Le plus vexant est que nos descendants, tiendront notre génération pour plus bête, plus incapable, plus muette qu'elle ne fut ! ...

1061 - [p. 106/7]
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Alors que mon duel avec le commissaire-instructeur durait depuis quatre jours et quatre nuits, le gardien attendit que je me fusse couché, au signal du couvre-feu, dans mon box éclairé d'une lumière électrique aveuglante, et se mit à déverrouiller ma porte. J'entendais tout, mais tant qu'il n'avait pas dit : " Debout ! À l'interrogatoire ! ", je voulais encore rester trois centièmes de seconde la tête sur l'oreiller et m'imaginer que je dormais. Cependant, il dévia de la phrase rituelle et dit : " Debout ! Pliez votre literie ! "
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Le médecin de la prison est le meilleur auxiliaire du commissaire instructeur et du bourreau.
Lorsque le détenu passé à tabac revient à lui; il entend la voix du médecin : " On peut continuer, son pouls est normal."
Après 5 jours passés dans un cachot glacial, le médecin examine votre corps dévêtu et transi et dit : " On peut continuer".
On vous a battu à mort et il signe l'acte de décès : cirrhose du foie, infarctus.
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[P]our réussir à charger de nuit avec autant de précision un millier d’hommes dans des wagons, il faut que dès la veille au matin, à la prison, on ait commencé à les extraire de leurs cellules et à les préparer pour le transfèrement, il faut que l’escorte, la journée durant, les ait longuement, sévèrement réceptionnés dans la prison et, une fois réceptionnés, les ait tenus de longues heures non plus dans des cellules, mais dans la cour, par terre, pour qu’on ne les confonde pas avec les locataires de la prison. Ainsi, pour les prisonniers, le changement nocturne n’est-il que la conclusion, soulageante d’une longue journée d’usure.
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C'est cette soumission au destin, ce renoncement absolu à toute velléité d'organiser sa propre vie, cette reconnaissance du fait qu'il est impossible de rien prédire, ni le meilleur ni le pire, mais qu'il est aisé, en revanche, de faire un faux pas dont on se repentira toute sa vie, c'est tout cela qui fait que le détenu se libère d'une certaine part de ses chaines, retrouve le calme et même acquiert une sorte de grandeur.
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Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

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