![]() |
Les dirigeants communistes ne manquaient d'imagination pour réprimer leurs propres citoyens. Toutefois, comme certains le croient, les fameux goulags n'étaient pas toujours la seule solution. Comme dans l'enfer de Dante, le système pénitentiaire russe comportait quelques cercles, et parfois certains ne s'arrêtaient qu'au premier. Surtout ceux qui, malgré leurs opinions divergentes ou leurs faux pas (ou simplement la malchance d'une dénonciation mensongère), avaient une expertise à offrir à l'empire. C'est ce qu'Alexandre Soljenitsyne essaie de faire connaitre, plongeant dans des souvenirs surement douloureux, en racontant son histoire et celle de centaines, voire de milliers, autres compatriotes ou ressortissants de pays satellites voisins. Et c'est toute une histoire ! Avec ses 978 pages (dans l'édition Robert Laffont), ce pavé peut en intimider plus d'un. Mais pas moi ! Alors je m'y suis lancé. Dès le début, Innokenti Volodine, un conseiller d'État de deuxième classe, prend le risque de contacter une ambassade « ennemie » d'un complot. le chapitre se termine sur cette conversation téléphonique terminée trop tôt lorsque la ligne fut coupée Voilà, j'étais happé ! Toutefois, ce Volodine disparaît aussitôt. Dans les chapitres qui suivent, je ne retrouve plus aucun repère, je suis confronté à des nouveaux personnages, Reutman, Nerjine, Roubine, Vereniov, Iakonov, etc. Qui sont-ils ? Des malchanceux qui ont atterri dans le premier cercle pénitentiaire : la charachka. Que de destins et de vies gâchées ! On apprendra peu à peu leur histoire (comment ils en sont arrivés là) et leur quotidien dans ces laboratoires russes ultra secrets. Après tout, pourquoi gaspiller le talent (scientifiques et techniciens émérites) dans des travaux physiques en Sibérie quand on peut lui trouver une utilité ? N'empêche, les têtes fortes, qu'elles se tiennent tranquille, sinon elles sont refoulées aux cercles suivants. D'ailleurs, certains du groupe finiront par rejoindre le goulag. Tout cela, j'aurais dû m'en douter. Comme dans d'autres de ses romans (par exemple, L'archipel du goulag et La pavillon des cancéreux), Soljenitsyne ne s'intéresse pas qu'au sort d'un seul individu, il s'attaque à décrire, à dénoncer une situation érigée en un système (malheureusement) efficace. Et c'est tout à son honneur. Évidemment, la charachka, même si ce n'était pas aussi terrible que le goulag, ça restait tout de même un centre de détention. Au-delà des longueus heures de travail monotone et silencieux, il y avait les abus et harcèlements des militaires chargés de les surveiller mais également la situation pénible des proches des prisonniers, tout autant suspects, bien souvent victimes d'ostracisme et de discrimination. Cette monotonie que les personnages vivent, le lecteur la ressentira aussi. Impossible de passer à côté. Soljenitsyne a livré un témoignange très complet de la situaiton. Donc, ceux qui recherchent les péripéties et les émotions fortes, passez votre tour. Toutefois, si vous êtes fascinés par l'histoire et le régime communiste tout particulièrement, vous serez servi. + Lire la suite |