J'ignorais que l'auteur de
l'Archipel du Goulag avait écrit des poèmes. Et quels poèmes ! Ce petit ouvrage m'enchante et m'émeut. Il ne parle pas uniquement de la Russie mais s'adresse à tous avec simplicité et sincérité.
Soljenitsyne passe d'une brève description lyrique à une réflexion bien sentie, bien vivante et très libre. Et le poème tout entier est comme enluminé d'un profond mysticisme.
le clocher de Kaliazine qui donne son titre symbolique au recueil fait référence à un édifice bien réel. Il survécut à la submersion partielle de la ville, située au bord de la Volga, lors de la construction d'un grand barrage au début des années quarante. Ce clocher servit temporairement de phare pour les navires.
Le recueil comprend deux séries de courts poèmes en prose écrits à trente ans d'intervalle.
Les dix-sept premiers ont été écrits entre 1958 à 1960, à une époque où
Soljénitsyne explorait à bicyclette la Russie centrale. Ils diffusent une fraîcheur printanière, l'ivresse de la liberté retrouvée et en même temps l'amertume devant les scandaleuses destructions naturelles et patrimoniales. On peut aussi trouver ces poèmes, traduits par
Lucile Nivat , dans l'ouvrage «
Zacharie L'Escarcelle ».
Ensuite
Soljénitsyne est contraint de s'exiler. Loin du contact de sa terre natale, il ne parvient plus à écrire de poèmes.
Avec le retour au pays natal,
Soljénitsyne écrit les onze textes suivants, de 1996 à 1998. Ils sont publiés pour la première fois en 2004, quelques années à peine avant sa mort (2008) . Ils sont traduits par
Nikita Struve. Ces miniatures sont également mélancoliques mais plus apaisées. Elles témoignent de sa sérénité à l'approche de la mort.