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Lucile Nivat (Traducteur)Nikita Struve (Traducteur)
EAN : 9782757810163
69 pages
Points (25/09/2008)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Quatrième de couverture :
Le clocher de Kaliazine
Études et Miniatures

«Le pommier, les herbes qui l'entourent, tout embaume après la pluie et aucun mot ne peut exprimer cette odeur sucrée qui imprègne l'air.»

Les «Arts Déco» habillent les Nobel - édition spéciale - tirage limité. Cette édition a été réalisée avec le concours de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD). Retrouvez les coulisses du projet e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ignorais que l'auteur de l'Archipel du Goulag avait écrit des poèmes. Et quels poèmes ! Ce petit ouvrage m'enchante et m'émeut. Il ne parle pas uniquement de la Russie mais s'adresse à tous avec simplicité et sincérité.
Soljenitsyne passe d'une brève description lyrique à une réflexion bien sentie, bien vivante et très libre. Et le poème tout entier est comme enluminé d'un profond mysticisme. le clocher de Kaliazine qui donne son titre symbolique au recueil fait référence à un édifice bien réel. Il survécut à la submersion partielle de la ville, située au bord de la Volga, lors de la construction d'un grand barrage au début des années quarante. Ce clocher servit temporairement de phare pour les navires.

Le recueil comprend deux séries de courts poèmes en prose écrits à trente ans d'intervalle.
Les dix-sept premiers ont été écrits entre 1958 à 1960, à une époque où Soljénitsyne explorait à bicyclette la Russie centrale. Ils diffusent une fraîcheur printanière, l'ivresse de la liberté retrouvée et en même temps l'amertume devant les scandaleuses destructions naturelles et patrimoniales. On peut aussi trouver ces poèmes, traduits par Lucile Nivat , dans l'ouvrage « Zacharie L'Escarcelle ».

Ensuite Soljénitsyne est contraint de s'exiler. Loin du contact de sa terre natale, il ne parvient plus à écrire de poèmes.

Avec le retour au pays natal, Soljénitsyne écrit les onze textes suivants, de 1996 à 1998. Ils sont publiés pour la première fois en 2004, quelques années à peine avant sa mort (2008) . Ils sont traduits par Nikita Struve. Ces miniatures sont également mélancoliques mais plus apaisées. Elles témoignent de sa sérénité à l'approche de la mort.
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Suite à ma lecture du livre sur la Russie d'Irina Volkova, j'ai cherché des infos sur le fameux clocher immergé de Kaliazine. C'est ainsi que je suis tombée sur ce petit recueil d'Alexandre Soljenitsyne.

Il s'agit de 28 textes publiés entre 1958 et 1998. Ils sont très courts mais ils en disent beaucoup sur l'espoir, les petits bonheurs du quotidien et autres moments d'éternité comme j'aime les appeler.

Je n'ai pas vraiment satisfait ma curiosité sur Kaliazine mais j'ai trouvé ce recueil excellent.




Challenge littérature slave orientale
Lien : https://www.babelio.com/grou..
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Wouaw ! L'un de coups de coeurs littéraires de cette année 2020 ! J'avoue que je ne lis pas beaucoup la littérature russe et les rares oeuvres que j'ai lu sont de la science-fiction mais ce livre est une belle découverte !
C'est un ouvrage composé de très courts chapitres dans lequel le prix Nobel de littérature 1970 nous pousse à réfléchir sur le monde, la vie, la mort, l'amour, l'amitié, la guerre, l'humanité et son histoire ainsi que sur pleins de sujets philosophiques et parfois des questions existentielles. Franchement, c'est vraiment une excellente lecture que je recommande à toutes et à tous.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Prière pour les défunts
C'est un legs d'une haute sagesse qui nous a été transmis par des hommes d'une sainte vie.
Dans notre jeunesse enjouée, entourés de nos proches, de nos parents, de nos amis, comment comprendre ce dessein ? Mais, avec les années qui passent...
Les parents sont partis, nos contemporains aussi. Où s'en sont-ils allés ?
Cela semble impénétrable, le comprendre ne nous sera pas accordé. Pourtant, avec une clarté comme par avance donnée, la lumière se fait : non, ils n'ont pas disparu.
Mais nous ne saurons rien de plus tant que nous serons en vie. La prière pour leurs âmes projette, de nous vers eux, d'eux vers nous,  une arche immatérielle d'une portée universelle et d'une proximité sans obstacle. Les voici tout près, à les toucher! Irreconnaissables, mais, comme devant, si familiers ! La distance des années n'est plus, ceux qui étaient plus âgés que nous, les voici désormais plus jeunes.
Quand nous nous concentrons, nous sentons leurs réponses, leurs hésitations, leurs avertissements. En retour, nous leur envoyons un peu de notre chaleur terrestre – qui sait, nous aussi nous pouvons les aider tant soit peu.
Et puis, n'est-ce pas la promesse de la rencontre ?
(Dernier texte)
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Nous, nous ne mourrons pas !

Par-dessus tout nous redoutons maintenant les morts et la mort.
S'il y a une mort dans une famille, nous nous retenons d'écrire, d'y aller : nous ne savons que dire d'elle, de la mort... Mentionner le cimetière comme quelque chose de sérieux passe même pour honteux. Personne, à son travail, n'ira dire : "Je ne peux pas participer au dimanche ouvrier, je dois aller voir les miens au cimetière." Aller voir qui ne réclame pas à manger ? Voyons, ce n'est pas sérieux.
Transférer un mort d'une ville à l'autre ? C'est une lubie, et personne ne vous fournira de fourgon. On ne défile même plus dans les rues avec un orchestre, maintenant, en portant le cercueil : quand il s'agit d'un simple quidam, on le transporte rapidement en camion.
Naguère, dans nos cimetières, on déambulait les dimanches parmi les tombes, on chantait haut et clair en balançant des encensoirs parfumés. Dans les cœurs descendait la sérénité, la blessure de la mort inévitable ne les oppressait plus douloureusement. Les défunts semblaient nous sourire à demi de dessous leur petit tertre vert: "Ce n'est rien!...ce n'est rien!..."
Tandis qu'aujourd'hui, si le cimetière subsiste, il est invariablement muni de l'écriteau suivant : "Propriétaires des tombes, vous êtes priés de nettoyer les ordures de l'an dernier sous peine d'amende!" Mais la plupart du temps on y passe le rouleau, on les nivelle avec des bulldozers pour en faire des stades, des parcs de la culture.
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"Que de labeur pour l'agriculteur : garder les semences jusqu'au temps voulu, semer au moment propice, amener les bons plants à donner des fruits. Mais les mauvaises herbes mènent leur sarabande avec un entrain sauvage, non seulement sans soin ni surveillance, mais à l'encontre de tout soin, par dérision (...).
Pourquoi les bonnes plantes ont-elles toujours moins de force ?"
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Moyens de locomotion

N'avions-nous pas le cheval, son dos cambré, le claquement de ses sabots, sa crinière déployée, son œil étincelant et intelligent ? N'avions-nous pas le chameau, cygne à la double bosse, vieux sage au pas lent, le rictus de la connaissance sur ses grandes lèvres rondes ? Et le bourricot que j'allais oublier, sa détermination patiente, ses vivantes et caressantes oreilles ...
Or, qu'avons-nous élu ? ... La chose que voici, la plus hideuse des créations terrestres, pattes rapides en caoutchouc, yeux morts, en verre, mufle à ailettes, obtus, caisse de fer en forme de bosse que ni l'ivresse de la steppe, ni les odeurs des herbes, ni l'amour pour la pouliche, ni l'affection du maître ne feront hennir. Cette chose grince de toute sa ferraille et crache à qui mieux mieux sa puante fumée violette.
Et alors ? ... Qui se ressemble s'assemble.
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AU CRÉPUSCULE, 1999.
Je me souviens bien de la coutume, très répandue chez nous dans le Sud, de prendre le frais au crépuscule. Héritée des années antérieures à la Révolution, peut-être fut-elle encore renforcée par les austères et dangereuses années de la Guerre civile.
Mais cette habitude remonte à des temps plus anciens encore. Y était-on enclin à cause de la douceur persistant durant de longs mois du crépuscule méridional ? Beaucoup aussi avaient pris le pli de ne jamais se hâter d’allumer la lampe. Ayant achevé les travaux, ayant même pour certains rentré les bêtes à la lumière du jour, ils n’étaient pas pour autant pressés d’aller se coucher. Ils sortaient s’asseoir sur les banquettes aménagées le long des murs, sur les bancs des rues ou des cours, ou bien s’installaient tout simplement dans une chambre devant les fenêtres ouvertes, sans lumière pour ne pas attirer les insectes. Ils s’asseyaient sans bruit, un premier, un autre, un troisième, comme plongés dans leurs pensées. Et gardaient longuement le silence.
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Histoire de la conception, du parcours...jusqu'en France en 1968 du livre . Nombreux témoignages de personnalités en France et aussi en URSS.
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