![]() |
Quand on travaille pour des hommes, on en met un coup ; quand c'est pour des cons, on fait semblant. |
![]() |
Quand on travaille pour des hommes, on en met un coup ; quand c'est pour des cons, on fait semblant. |
![]() |
— Pour sûr, fit Choukhov : le soleil est d'aplomb. — Si le soleil est d'aplomb, fit le commandant, il n'est pas midi, mais une heure. Ça épata Choukhov : — Pourquoi ? Tous les vieux te le diront : c'est à l'heure de midi que le soleil est à son plus haut. — Oui, fit le commandant, c'était vrai de leur temps. Mais, depuis, il y a eu un décret : le soleil, maintenant, atteint sa hauteur maximum à une heure. — Pas possible ? De qui qu'il est ce décret ? — Du pouvoir soviétique. |
![]() |
Pour le réfectoire, le commandant du camp avait encore fait une autre loi bien sévère : comme quoi les brigades devaient y aller chacune en colonne par deux, et comme quoi, encore, une fois arrivées devant le réfectoire, sans monter les marches, elles devaient se reformer en colonne par cinq et attendre de pied ferme, d'ici que le préposé les laisse entrer.
|
![]() |
À cause qu'il ne fait pas chaud dans le réfectoire, la plupart mangent le bonnet sur la tête, mais posément, en cherchant, sous les feuilles de chou noir, la bouillie de petits poissons pourrissants dont on recrache les arêtes sur la table. Lorsque ça fait un gros tas et que la brigade suivante va s'attabler, on les balaie d'un revers de sa main, et elles s'en vont craquer sous les bottes. Mais on ne crache jamais les arêtes directement sur le plancher : c'est malpoli. |
![]() |
Faire son lit, ici, c'est pas compliqué : on détache la couverture gris crasse bordée sous la paillasse, on s'allonge à même la paillasse (les draps, Choukhov n'a pas dormi dedans depuis - mais oui! - depuis 1941 qu'il est parti de la maison : même qu'il trouve drôle, à présent, que les femmes se donnent, en lessives, tant de tintouin pour une chose qui sert à rien), on met sous sa tête l'oreiller (garni, lui, en copeaux), on s'enfile les jambes dans la veste, on déploie le caban par-dessus la couverture...
|
![]() |
Mais est-ce qu'on la lui rendra, la liberté? Est-ce qu'on ne va point, pour diantre sait quoi, lui flanquer dessus encore dix ans de rallonge?...
|
![]() |
- Tous les vieux te le diront : c'est à l'heure de midi que le soleil est à son plus haut. - Oui, dit le commandant, c'était vrai de leur temps. Mais, depuis, il y a eu un décret : le soleil, maintenant, atteint sa hauteur maximum à une heure. - Pas possible ? Il est de qui ce décret ? - Du pouvoir soviétique. Le commandant repartit avec le bard. Choukhov, d'ailleurs ne voulait pas le disputer. Tout de même ! Est-ce que le soleil aussi obéirait à leurs décrets ? |
![]() |
Choukhov, lui, cherchait dans le fond de sa mémoire ce qu'il n'avait pas réussi à faire, le matin, au camp, et il se rappela : l'infirmerie! Le drôle, c'est qu'en travaillant, il l'avait complètement oubliée, l'infirmerie. A présent, c'est juste l'heure de la visite. Il aurait encore le temps. A condition de ne pas dîner. Et puis, on dirait que les courbatures ont passé. Est-ce que seulement le thermomètre lui trouvera de la fièvre? Inutile de perdre sa peine. Choukhov a réchappé sans docteurs. Heureusement, vu qu'avec les docteurs qu'on a, c'est le paletot de sapin garanti. Son rêve, maintenant, ça n'est plus l'infirmerie, mais comment rabioter à dîner. |
![]() |
Ca parait dur de commencer une journée de travail par un froid pareil. Mais il n'y a que le début qui compte. Le tout, c'est de l'enjamber.
|
![]() |
Ce qu' il pense, à présent, c' est qu' il en réchappera . IL en réchappera, et tout ça, si Dieu aide, aura une fin . |
Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?