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Décès de Philippe Sollers ce 5 mai 2023
Cet homme m'a toujours fasciné, et par fasciné j'entends cette drôle d'impression que l'on ressent dans la confusion de nos sentiments.
J'ai ressortie de ma bibliothèque son meilleur ouvrage, à mes yeux du moins, qu'est le « Dictionnaire amoureux de Venise ». A partir de ce livre j'ai regardé Sollers sous un autre angle, celui d'un humain qui savait regarder non seulement l'art et la beauté, mais aussi les humains qui l'entourent. Oui, dans cet ouvrage il y est arrivé et souvent bien mieux que dans ses romans. Habitants, touristes ou chrétiens venus se recueillir, tous ont été remarqués, admis et parfois même admirés.
Son immersion dans la ville il en a fait un cocktail culturel, certes incomplet du fait de la limite imposée par cette collection des dictionnaires amoureux chez Plon, mais qui m'aura suffisamment replongée dans l'art, dans l'architecture et dans l'histoire de cette ville pour que je m'achète, dans la foulée, plusieurs livres sur Venise.
Il balaie, sans donner l'impression de survoler, des sujets, des personnages et des lieux féériques.
Cette ville a pourtant, durant une longue période, profondément souffert de désamour. Fin XVIIe siècle ce fichu Bonaparte la vend aux autrichiens (une de ces histoires comme on en a beaucoup vu au travers d'autres dictateurs et d'autres villes sacrifiées).
Le XIXe siècle a ensuite était bien triste pour elle puisque tout était fait pour que Venise ne soit plus que vestiges, ruines et même symbole de la Mort.
A partir de 1900 tout a basculé. Des artistes, et pas des moindres (Monet, Manet ...) l'ont non seulement réhabilitée mais ils ont réussi à la remettre en lumière au travers de la musique, de la peinture, de l'écriture et de l'architecture.
Sollers nous reparle de son histoire et de son aura au travers des yeux de Monteverdi, Vivaldi, Wagner, Titien, Tintoret, Véronèse, Casanova, Aragon, Hemingway, Montaigne, Nietzsche mais aussi Rousseau, Shakespeare, Stendhal.
Il visite à sa manière la Mostra, la Giudecca, la Fenice, la Place Saint Marc, l'Arsenal, le Canal, le Guetto, les églises, les lions ou encore le carnaval. Il arrive à nous prouver à quel degré cette ville éclaire le présent par son indéniablement riche passé.
Philippe Sollers idolâtre cette ville et c'est cela qui rend l'oeuvre comme l'auteur, admirables.
Bref, la contagion a fonctionné pour moi.
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De qui, de quoi risque-t-on de tomber amoureux? de Venise, de Sollers, des deux? L'un est continuellement présent en filigrane et se promène entre les bras de l'autre qui semble si bien fusionner avec cet amant hors du temps (XVIIIè-XXIè, parmi les siècles, à travers siècles...). Venise, telle une coquette incomprise et insoumise se love sensuelle contre le torse de son protecteur. Il nous l'offre, elle se dérobe. Il nous la dévoile, elle nous échappe. Il l'aime, elle reste pudique... Nous sommes pris dans cet élan d'amour et voulons à tout prix la rejoindre et la découvrir comme il nous la fait apercevoir. Se détourner du tourisme de masse, du pseudo-carnaval médiatique, partir à sa conquête en s'oubliant, ne se déplacer d'un chez nous à Elle, que gonflés des beautés qu'il nous a décrites, les mots sonnant à nos oreilles (Proust, Morand, Casanova,etc...), les couleurs et les perspectives noyant nos yeux (Le Titien, Bellini,Giorgione, Manet! etc...) et au bout de nos doigts fébriles tenter de toucher... Venise, un monde dans le monde : "Venise est un trésor flottant, c'est entendu, mais il y a mille trésors dans ce trésor..." Relire Proust, Hemingway, Stendhal... Ecouter et réécouter Vivaldi, Vivaldi et l'incomparable Cecilia Bartoli... S'asseoir, rester sans bouger, assis sur un banc place San Agnese ou accoudé à la rambarde d'une fenêtre face à la Douane de mer. S'imprégner. Voilà ce qu'a réussi Philippe Sollers, nous imprégner de "son" histoire vénitienne et nous faire frissonner. C'est son livre en tête que je parcourrai Venise et que la Rencontre entre elle et moi, peut-être, aura lieu.

"Je ne veux rien voir autrement que par hasard". Friedrich Nietzsche

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J'ai aimé ce livre pour son côté forcément partial, pour ses belles photos, et pour ce souvenir que j'ai de Venise. La collection est de toute façon superbe. Et ceci malgré l'agacement que me procure parfois l'auteur toujours si sûr de lui...
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Ce livre est une somme d'informations et de culture... Emporté à Venise, je m'en suis régalée, revivant l'histoire sur les lieux décrits par Philippe Sollers. L'écriture est pourtant très personnelle et la passion de l'auteur pour la ville surgit à chaque page. Je n'aime pas spécialement cet auteur pour ses écrits antérieurs, mais sur Venise, il est incontournable !
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étant en Erasmus à Venise, ce livre est un petit bijou. c'est un parfait mélange entre un guide voyage et un roman, on découvre Venise à travers les yeux d'un « amoureux ». j'ai beaucoup aimé me balader dans la ville le livre dans mon sac.
néanmoins, le ton parfois condescendant de l'auteur m'a un peu déconcerté.

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Qui mieux que Philippe Sollers pour nous faire partager Sa Venise dans ce dictionnaire amoureux

Lui qui nous dit : "du bon usage de Venise : choisir son quartier, son pont, son ponton, son quai, son jardin, ne plus bouger, lire ou écrire" Et bien partons avec lui lire ce Dictionnaire Amoureux

Et il aura écrit sur Venise et à Venise, et dès le prologue le ton est donné :

"Je me revois, à l'automne 1963, arrivant pour la première fois, de nuit, à Venise.
Je viens de Florence, me voici tout à coup sur la place Saint Marc.
La prévision de la scène est étonnante : debout, sous les arcades, regardant la basilique à peine éclairée, je laisse tomber mon sac de voyage, ou plutôt il me tombe de la main droite, tant je suis pétrifié et pris.
J'entends encore le bruit sourd qu'il fait sur les dalles.
Je sais, d'emblée, que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert, là, devant moi.
J'ai ressenti une émotion du même genre, mais moins forte, en pénétrant, à Pékin, dans la Cité interdite et, surtout, en allant aux environs visiter le temple du Ciel au toit bleu.
C'est un mouvement bref de tout le corps violemment rejeté en arrière; comme s'il venait de mourir sur place et, en vérité, de rentrer chez soi. Être dehors est peut être une illusion permanente : il n'y aurait que du dedans et nous nous acharnerions à ne pas le savoir.
La nuit (il était très tard, il n'y avait personne ni sur la place ni dans les ruelles) favorisait ce choc semblable à celui qu'on ressent dans l'épaule en tirant un coup de fusil. Détonation silencieuse, vide, plein, vide : évidence intime"
Tel un syndrome De Stendhal....

On comprend mieux cet amour qu'il voue à la Sérénissime et qu'il sait si bien nous transmettre, prenant le relais d'autre écrivains illustres, qui perpétuent a mon sens, le plus beau texte sur Venise, a savoir

L'éloge de Venise, de Luigi Crotto Cieco d'Hadria, prononcé pour la consécration du doge sérénissime de Venise Luigi Mocenigo, le 23 août 1570.

« Voici la ville qui, à tous, inspire la stupeur. Et j'ajouterai que toutes les vertus en Italie dispersées en fuyant la fureur des barbares ici se rassemblèrent, et, ayant reçu du ciel le privilège des alcyons, firent, sur ces eaux, de cette cité, leur nid. Et je conclurai ainsi : qui ne la loue est indigne de sa langue, qui ne la contemple est indigne de la lumière, qui ne l'admire est indigne de l'esprit, qui ne l'honore est indigne de l'honneur. Qui ne l'a vue ne croit point ce qu'on lui en dit et qui la voit croit à peine ce qu'il voit. Qui entend sa gloire n'a de cesse de la voir, et qui la voit n'a de cesse de la revoir. Qui la voit une fois s'en énamoure pour la vie et ne la quitte jamais plus, ou s'il la quitte c'est pour bientôt la retrouver, et s'il ne la retrouve il se désole de ne point la revoir. de ce désir d'y retourner qui pèse sur tous ceux qui la quittèrent elle prit le nom de Venetia, comme pour dire à ceux qui la quittent, dans une douce prière : Veni etiam, reviens encore. »

Un texte qui exprime si bien ce qu'est Venise et qui donne envie d'y venir et d'y revenir que ce soit en vrai ou au travers de textes ou d'ouvrages et ce Dictionnaire Amoureux y contribue...
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Passionnée par Venise, j'ai été un peu déçue par cet ouvrage dont j'attendais peut-être trop. Articles choisis dans une thématique très -trop- resserrée, répétitions fréquentes, bref, ce n'est pas le reflet de "ma" Venise. Dommage.
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C'était il y a plus de douze ans déjà mon second voyage en famille à Venise ...en 2010 exactement . Il semble que depuis , Venise , ait beaucoup changé mais comment Venise peut-elle changer en dehors des dégradations que l'homme lui inflige ? Nous avions loué un appartement dans le quartier Dorsoduro , je m'en souviens très bien et le propriétaire nous avait mis à disposition sa bibliothèque ( sublime cadeau ...) et un peu usé , un peu jauni .. (et c'est le plus bel honneur qu'on puisse faire à un ouvrage ...) le dictionnaire amoureux de Venise écrit par Philippe Sollers. Je cherche Dorsoduro à d'et il me redirige à Z comme Zattere et là je lis ceci : "Comme les troncs descendent par flottage ( zattera ) charriés par le courant du Piave depuis la forêt du Cadore jusqu'à Venise , le long quai a été nommé "Zattere" Il va de la pointe de la Douane jusqu'à la gare maritime. Un voyageur un peu expérimenté sait que c'est le plus bel endroit de l'Univers."
Merci Mr Sollers pour cette sublime découverte de Venise . Pour tous les amoureux de Venise ce dictionnaire remarquablement illustré par ailleurs par les trés beaux dessins d'Alain Bouldouyre est selon moi incontournable .Vous aurez la chance de visiter Venise en compagnie d'un des esprits les plus brillants du siècle passé .... Bonne lecture à toutes et tous et à trés vite ...
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