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EAN : 9791091178327
135 pages
éditions Quart Monde (01/01/2015)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Sur une gigantesque décharge au Guatemala, des hommes, des femmes, des enfants travaillent, vivent et meurent. En vingt-huit nouvelles dignes des plus grandes plumes de la littérature hispanique et latino-américaine, l’auteur nous livre le puissant récit d’une humanité luttant avec acharnement pour sa dignité.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans les cicatrices de la ville, un beau titre, qui a piqué ma curiosité et m'a poussée à demander ce livre lors de la dernière masse critique de Babelio. Les cicatrices de la ville, ce sont, comme l'explique l'auteur dans la première nouvelle, les entailles qui traversent la capitale du Guatemala, marques des éruptions et autres mouvements de terrain qui scandent l'histoire de cette ville. Les cicatrices de la ville, ce sont aussi bien sûr les mille visages, mille fois trop nombreux, de l'extrême pauvreté, ou plutôt de l'extrême dénuement dans lequel vit une partie de la population.
ATD Quart Monde, puisque ce sont eux qui publient ces nouvelles écrites par un de leur volontaires permanents, qui a passé cinq ans au Guatemala, y mène des projets visant non pas à réduire cette pauvreté mais plutôt à la réhumaniser, ou, pour être plus juste pour révéler l'humanité qui y est tapie.
Ce livre n'est donc pas un projet littéraire, et l'on pourrait, à cette aune-là, lui trouver beaucoup de défauts, notamment un certain sens de l'ellipse qui fait comme un écran entre le lecteur confortablement assis dans son fauteuil et la réalité tellement nue des situations décrites. Je mettrais cela sur le compte d'une certaine pudeur de l'auteur, mais elle ne m'a pas parue adaptée au sujet du livre ni à son ambition.
Malgré ces réserves, j'ai trouvé ce livre intéressant. A toujours vouloir soulever le voile tendu par la pudeur de l'écriture, on finit par voir à travers, et deviner ce qui se trouve au-delà ne rend pas cela plus facile à imaginer qu'une description directe. Mais dans chaque nouvelle, qu'elle se finisse bien ou non, Jaime Solo trouve toujours la dignité, l'humanité, et c'est tout le sens de son livre, de son combat, et de celui d'ATD Quart Monde en général.
Les personnages de ces nouvelles ont existé et existent, c'est ce qui sert le coeur, parce que le sentiment d'impuissance est grand. Ils ne liront probablement jamais ces lignes, parce qu'ils ne savent pas lire, parce qu'ils sont morts, parce qu'ils sont partis vers d'autres cieux, parce qu'ils n'y penseront même pas. Et les cicatrices de la ville ne sont plus seulement celles des colères de la Terre, ce sont les cicatrices de notre modernité qui jonche le sol de nos détritus et qui laisse sur le bas côte de la route des laissés-pour-compte qui portent en eux et sur eux les cicatrices d'un monde qui ne marche pas droit.
Merci aux éditions ATD Quart Monde pour cette lecture qui met mal à l'aise malgré la douceur et la bienveillance de l'auteur, une lecture qui secoue un peu, et ce n'est pas une mauvaise chose.
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Merci à Babelio et à la maison d'édition pour l'envoi de ce livre. Belle découverte même si cette lecture n'est pas arrivée au bon moment.
Beaucoup de surprises au fur et à mesure des pages. Je connais mal cette partie du monde. Je ne pensais pas que des gens pouvaient vivre dans de telles conditions.
De quoi nous remettre en question, nous faire réfléchir sur notre mode de vie et nos petits tracas de la vie quotidienne.
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Merci aux Editions Quart Monde et à Babelio de m'avoir permis de recevoir Dans les cicatrices de la ville.
Comment faire un retour sur une lecture aussi prenante, aussi puissante ? Comment retranscrire toutes les émotions qui m'ont submergées lors de la lecture de ces courtes nouvelles ? Je voudrais juste me contenter d'écrire : lisez ce recueil, lisez-le s'il-vous plaît.
Ce n'est pas le témoignage d'un homme, de Jaime Solo, c'est celui des personnes qu'il a croisées : Jaime Solo est un narrateur des plus discrets, il s'efface devant les hommes et les femmes dont il retranscrit les paroles, rapporte les gestes, les cris, le quotidien. Il s'efface devant ces trajectoires pliées, tordues par la pauvreté, l'extrême dénuement.
Avoir une maison à soi : un concept bien différent derrière des mots aussi banals, pour "moi" ici et "eux" là-bas. Quatre mur et une petite pièce sont un "enfin chez soi", un havre tranquille où s'entasser à huit est un luxe. J'ai touché du doigt, à l'abri dans mon canapé, des vies que je ne peux qu'imaginer. J'ai lu Dans les cicatrices de la ville par petits bouts. J'en ressortais à chaque fois comme on sort d'une longue immersion : en manque d'oxygène et trempée ; asphyxiée par la puanteur de la décharge et des plaies infectées, détrempée par les pluies diluviennes, la boue, les larmes.
Le dénuement. le travail de collecte dans la décharge, tout le commerce qui existe autour de cette récupération. Les maladies, les accidents, les deuils. La solidarité si vivace parce qu'indispensable. La solitude qui est une condamnation à mort. Les enfants, partout. Que l'on tente d'extraire de la décharge par l'éducation. Que parfois l'on sauve par l'adoption : on se déchire en les envoyant loin, leur rêvant une vie belle, meilleure que celle que l'on pourrait leur offrir.
La dignité. La pudeur.
Bravo à Michel Bibard, le traducteur : je suis certaine que la puissance des mots de Jaime Solo est passée grâce à lui.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Avant le silence. De ce grand silence qu'ont laissé vos cris. Une petite vieille est passée. C'est la seule qui ait trouvé assez de courage pour vous répondre. Tous les autres, nous sommes restés comme ça, effrayés, sous le poids de tand de mots empoisonnés de douleur. Impuissants devant la souffrance qui ne se tait pas. La vieille vous a pris la main et vous a dit : "Pourquoi vous n'arrêtez pas de boire ma petite. Non, vous vous trompez. Cet endroit n'était pas à vous. Il n'était pas non plus au défunt. Cet endroit n'est à personne d'entre nous. Parce que nous, les personnes, tous nous sommes ici, dans ce monde, de passage. Nous sommes des passagers. Et quand nous partons, de tout ça nous n'emportons rien."
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- Qu'est-ce qu'il vous faut pour accepter de retourner à l'hôpital ?
- Ne pas être aussi seul."
C'est comme ça que nous avons fait connaissance. Son histoire est celle de tant de petits garçons et de petites filles rendus orphelins par la violence ou par la pauvreté ou par les deux. Des orphelins livrés au monde trop tôt pour faire et gagner leur vie. Dans son cas, comme pour tant d'autres, cela ne veut pas dire ne pas avoir de famille. Mais que la vie, avec sa lame sèche et aiguisée, coupent tous les fils qui peuvent encore les unir dans leur histoire. orphelins par la solitude.
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J'ai réussi à me délivrer de vos questions. Et je suis parti. Parce que je ne supportais pas de voir le vide que les camions ont laissé dans les regards et dans la mémoire. Je suis parti en me disant qu'en réalité avec les gens ivres, on ne parle jamais, on ne fait qu'écouter.
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Des brins qui vous reliaient les uns aux autres, au petit bonheur, pour qu'aucun ne tombe, tout seul, dans l'abîme de sa solitude. Leur fraternité s'étire tant qu'elle peut, partant d'ici ou là, pour se porter vers celui qui n'espère plus rien, celui qui n'a que sa vie à offrir, sa pauvre vie. Et l'amour qui nous rattache. L'amour qui naît sauvage comme une fleur dans un sol cimenté, dans l'espace de toutes les solitudes.
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Nous parvient la rumeur de l'eau qui court bordée de verdure. Les enfants qui plongent, tout nu. Je pense à l'eau, aux maisons, et comme tout cela est extraordinaire. Je regarde les géraniums et les plantes médicinales, le chénopode, la sauge. Et si c'était ça, une maison ? Un endroit à construire avec ceux que l'on aime.
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