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EAN : 9782955216552
100 pages
NEGATIVE (15/10/2021)
4.02/5   22 notes
Résumé :
Aglaïa est grande. Aglaïa est grosse. Elle domine son mari qui va tenter de rétablir l’ordre qu’il croit naturel. Un haut fonctionnaire petit de corps et d’esprit dont l’obsession, réduire sa femme à sa mesure, finira par causer la perte.

Avec cette nouvelle à l’humour grinçant, l’écrivain russe Fiodor Sologoub explore les coulisses de l’humanité, ses bassesses et sa cupidité.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Surprises, étonnements et donc bonheur !
Ce joli livre-objet édité chez "Tendance négative"
renferme une drôle d'histoire.
Il commence par la page 52 et va décroissant.
Elle, est grande, grosse et fière de l'être
Lui, est haut fonctionnaire mais, tout petit.
Raillé par ses collègues, il décide de changer
l'image de son couple si moqué et controversé.
Nous pénétrons doucement dans l'absurdie
où s'entrechoquent les règlements
liberticides russes en tous genres
et le pouvoir des potions magiques....
Maldonne ! Et c'est monsieur qui rétrécit !
Alors, le format de la police
et la dimension des pages diminuent avec lui..
C'est un régal d'inventivité !
il faut presque une loupe pour déchiffrer
les caractères se rapportant à monsieur.
Ceux, concernant madame
ont la taille majestueuse
des ZU des tableaux d'ophtalmologistes.
Le profit capitaliste pourrait bien
être la morale de cette histoire ...
Mais un coup.de vent et...


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Parfois, rarement toutefois, la forme d'un livre épouse son fond à la perfection, avec une recherche de l'esthétique tendant à l'exercice de voltige. C'est précisément le cas ici avec cette nouvelle de Fiodor SOLOGOUB (1863-1927) où le format du livre rend un hommage visuel courageux et ambitieux.

Explication : cette nouvelle de quelques dizaines de pages met en scène un fonctionnaire russe sans envergure, Saranine, petit homme chétif et maigre, époux d'Aglaïa, grande femme forte voire grosse qui lui fait physiquement de l'ombre. Saranine le vit mal et rencontre un arménien dont le pouvoir est de posséder une potion ayant le don de faire rapetisser les êtres. Il va tester cette mixture sur Aglaïa.

Seulement voilà, au moment d'ingurgiter le liquide dilué dans un verre d'eau, Aglaïa échange les récipients et c'est Saranine qui vide le verre renfermant la potion. Il commence à rapetisser, toujours un peu plus…

Si SOLOGOUB propose ici une nouvelle fortement empreinte de fantastique, dans la droite lignée de certains formats équivalents de GOGOL (je pense au « Nez », au « Manteau », au « Portrait » notamment), c'est pourtant une allégorie, le texte étant une charge contre la cupidité de l'élévation sociale, l'antisémitisme (par le personnage de l'arménien), dénonce le carriérisme (SOLOGOUB avait une dent contre le fonctionnariat). C'est un rire nerveux qui se déclenche dans le lectorat devant certaines scènes burlesques ou grotesques, tellement il est évident que le fond du discours est virulent et dénonciateur, pointant du doigt une frange privilégiée et pourtant prétendument apathique de la société.

« Entre deux réverbères, il subissait une singulière transformation. Dans l'obscurité, il grandissait, et plus il s'éloignait de la lumière, plus sa silhouette devenait gigantesque. Parfois, Saranine avait l'impression que la pointe de son couvre-chef montait plus haut que les maisons, dans le ciel nébuleux. En se rapprochant de la clarté, il rétrécissait, jusqu'à retrouver ses dimensions d'origine et son allure de marchand oriental ». Satire sociétale poussée à son paroxysme, « Un petit homme » est de ces textes brefs qui apportent une force originale grandissant la diversité de la littérature. La traduction signée Christine ZEYTOUNIAN-BELOÜS est un exemple dans son genre.

Maintenant, place à l'objet. Première originalité : la pagination est à rebours, le texte commence à la page 53 pour se terminer dans une minuscule page 2. Car en même temps que Saranine rapetisse, les pages rétrécissent. Et dès qu'il s'agit d'orienter le cadre sur Saranine, la taille de caractères elle aussi s'étiole, devenant minuscule et à peine lisible, alors que celle-ci devient énorme lorsqu'elle évoque l'imposante Aglaïa ou la fait parler. Farce tragique, « Un petit homme » est, dans ce format, magnifié par l'inventive mise en page. Il apparaît que ce texte n'avait été qu'une fois disponible en France, dans le recueil de nouvelles « La lumière et les ombres » aux éditions Noir sur Blanc en 2002. le voilà seul pour la première fois, grâce aux inventives éditions Tendance négative, et croyez-moi c'est un grand texte de littérature russe, il en a toute l'atmosphère requise.

La postface, dressant une palpitante mais courte biographie de SOLOGOUB, est quant à elle paginée en négatif (de – 1 à – 10). Elle nous apprend que cet auteur a connu un destin similaire à celui de grands noms de la littérature russe des XIXe et XXe siècles. de son vrai nom TETERNIKOV, Fiodor SOLOGOUB devient célèbre en Russie grâce à des récits pessimistes mettant en scène de petits fonctionnaires inutiles dont l'ambition est impulsée par le pouvoir de Nicolas II. Soutenant la révolution russe de 1905, il devient pourtant rapidement un farouche adversaire de celle de 1917. Censuré, empêché d'écrire à sa guise, il demande en 1919, en compagnie de sa femme, l'exil au gouvernement. Sans nouvelle pendant deux ans, il reçoit cependant une réponse positive. Sa femme se suicide… deux jours avant leur départ effectif. Fou de douleur, SOLOGOUB reste en Russie qui devient l'U.R.S.S. Méprisé, oublié, il s'y éteint en 1927. Son oeuvre la plus célèbre reste le roman « Un démon de petit envergure » (également connu sous le titre « le démon mesquin ») qu'il mit dix ans à écrire, entre 1892 et 1902.

Cette éblouissante version de « Un petit homme » est due aux éditions Tendance Négative qui poussent toujours plus loin l'originalité et font que l'on ne lit pas leurs publications de la même façon que toute autre. Elles restituent de manière à la fois ludique et troublante un texte ici oublié. Grand tour de force pour un objet resplendissant que l'on peut offrir tout en se faisant plaisir pour la beauté de la chose. Bravo et merci !

https://deslivresrances.blogspot.com/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Encore un petit livre des éditions Tendance Négative, qui aime à mettre en scène ses textes et qui trouve avec ce choix un terrain de jeu parfait. Ici, un homme de petite taille se sent humilié par la taille impressionnante de sa femme. Voulant remédier à la situation, comme on pouvait s'y attendre, il ne fait que l'empirer.
Voici donc une belle satire du culte de l'apparence et du qu'en-dira-t-on, à laquelle s'ajoute une belle pique lancée à la course au profit. Ce n'est pas un livre optimiste, aucun des protagonistes n'est véritablement sympathique, mais c'est une petite nouvelle qui se lit avec plaisir, et la mise en page originale des éditions Tendance Négative, dont c'est la deuxième création que je lis, rend la lecture ludique, sans masquer le côté grinçant du texte.
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C'est à la fois un conte fantastique et une satire sociale. L' écrivain critique l'administration et la bourgeoisie russe. Il dénonce l'attraction du pouvoir, celui qui révèle la petitesse de l' homme. le héros, un fonctionnaire au « complexe de Napoléon » à l'origine bien malveillant, devient au long de cette courte histoire presque attachant. N'ayant jamais lu de littérature russe jusqu'à présent, je n'oublierai pas ce livre à la mise en page originale. J'ai particulièrement apprécié la note de l'éditeur qui permet notamment de comprendre pourquoi le colporteur médiéval prend ici les traits d' un marchand arménien.
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Vous aimez les fables ? L'humour décapant au 10 000 ème degré ? Très courte, lue en moins d'une heure, cette fable caustique raconte le désir de Saranine, un fonctionnaire russe, de faire rétrécir sa femme dont la taille lui porte ombrage. Pour ce faire, il utilise une potion et se retrouve l'arroseur arrosé puisque c'est lui qui la boit par accident et rapetisse à vue d'oeil. D'homme puissant qui veut tout dominer, il se retrouve relégué au rang d'objet.

Je ne connaissais absolument pas Fiodor Sologoub, surnommé le Schopenhauer russe ! Ce poète dramaturge use de multiples métaphores et images pour exprimer son pessimisme du début de XXe siècle. Il exploite de nombreux préjugés de cette époque jusqu'à leur paroxysme avec un talent de conteur digne des mille et une nuits. L'humour grinçant qui se dégage ainsi que le format du livre à variable géométrique avec les pages et polices de différentes tailles dans un ordre décroissant ajoutent à l'expérience de lecture et au délice de cette découverte !
Lien : https://alinebouquine.fr/un-..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et c'est nous qui sommes supposés être soumis à la cruelle loi du capital, intrigants au service du seul profit ?
Quand comprendront-ils qu'ils ne sont pas les victimes, mais les responsables de leur propre sort ? Comme les autres, plutôt que de se changer lui, il a voulu tordre la réalité, la compresser, pour qu'elle cadre avec l'étroitesse de sa vision. Écraser l'autre pour se grandir, c'est le plus sûr moyen de perdre tout sens des proportions... Alors j'ai vendu.
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- Il faut réprimer vos instincts! Mettant à profit votre petite taille, vous pouvez facilement vous glisser sous les jupes des dames. Cela ne saurait être toléré.
- Je n'ai jamais fait une chose pareille, glapit Saranine.
Le directeur ne l'écoutait pas. Il poursuivit :
- J'ai même entendu dire que vous faisiez cela par solidarité avec les Japonais. Cependant, il y a des bornes à tout !
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Les larmes impuissantes et le désespoir de Saranine, que représentent-ils donc pour
Strigal & Cie. ?
Ils ont payé. Ils sont dans leur droit.
Sous la loi cruelle du capital, notre conseiller de cour et chevalier de Sainte-Anne occupe une position qui correspond parfaitement à ses dimensions et nullement à son orgueil.
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C’ était une étrange silhouette qui semblait surgir du Moyen Âge. Un grand caftan oriental noué d’ une large ceinture. Un haut bonnet pointu bordé de noir. Une barbe teinte au safran, longue et étroite. Des dents blanches étincelantes. Des yeux noirs ardents. Des babouches aux pieds.
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Sous la loi cruelle du capital, notre conseiller de cour et chevalier de Sainte-Anne occupe une position qui correspond parfaitement à ses dimensions et nullement à son orgueil. Un liliputien vêtu à la dernière mode court dans la vitrine du magasin […].
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