Ce roman m'a été offert pour Noël et la très belle couverture représentant une sirène nageant au milieu de chaînes m'a enthousiasmée. En survolant les commentaires sur Babelio, j'ai vu la phrase de PostTenebrasLire disant de ne surtout pas lire la quatrième de couverture. Dommage, je l'ai vu trop tard !
A mon tour de vous dire de ne surtout pas lire le résumé qui même très court donne trop de renseignements sur le contenu du roman. Laissez-vous emporter par le texte de
Rivers Solomon et vous découvrirez comment le peuple des sirènes a vu le jour.
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Terriblement immersif. Dès les premières lignes, l'auteure nous emmène au fin fond de l'océan, dans
les abysses, créant une atmosphère de ténèbres, de froideur et d'oppression. Là vivent les Wajinrus, le peuple des sirènes.
De leur passé, ils n'ont aucun souvenir. Seule, l'historienne est détentrice de l'Histoire de son peuple. Héritant des souvenances de ses ancêtres, cette sirène est essentielle à la survie de son peuple.
« Il me semble inconcevable qu'un peuple choisisse délibérément de se priver de son histoire par peur de souffrir. La douleur donne de l'énergie, elle nous illumine. C'est le fondement même de l'existence. La faim nous fait manger, la fatigue nous fait dormir. La douleur nous fait crier vengeance. »
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Yetu est une historienne, elle a été choisie pour être le réceptacle vivant de la mémoire de son peuple. Elle recueille ainsi tous les souvenirs d'hier et d'aujourd'hui pour libérer son peuple d'un passé traumatisant, trop lourd à supporter.
Toutes ces voix, ces milliers de morts, toutes ces histoires, merveilleuses comme insoutenables, encombrent son esprit. Trop tourmentée, trop sensible, trop révoltée, elle ne supporte plus ces souvenirs douloureux qui prennent possession de son esprit, la désoriente, l'isole des autres.
Quel est ce passé si lourd à porter ? N'est-il pas une trop grande torture pour un seul être ? Trop de douleurs ne peuvent-elles pas être partagées ?
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Une fois par an, l'historienne confie
L Histoire des Wajinrus à son peuple. Un soulagement de seulement trois jours. Après elle devra à nouveau endosser ce fardeau si lourd à porter.
Son envie de vivre, d'être libre, va-t-elle lui faire commettre l'irréparable ? Je vous laisse découvrir le secret des origines des Wajinrus et le destin que se choisit Yetu.
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Ce roman est plus complexe et plus profond qu'il n'y paraît à première vue. La construction, mélangeant passé et présent, permet d'entrelacer plusieurs thématiques : celle de l'oubli, de la mémoire, du poids des souvenirs douloureux, de l'importance de son histoire, de la quête d'identité, de la difficile transmission d'un passé traumatisant aux générations suivantes.
Il est aussi question d'écologie, de respect de l'océan.
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A la fois poétique et plein de rage,
Rivers Solomon déploie un talent évident à nous décrire cet univers abyssal et à nous interroger sur notre héritage et l'impact sur nos vies. Un roman intrigant, original, et agréable à lire, même s'il me manque un petit brin de quelque chose d'indéfinissable, l'envie d'en savoir plus sur ce peuple, l'envie d'aller plus loin dans ces questionnements.
Ce roman fantastique peut séduire un plus large public par ces messages et ces thématiques contemporaines. Ne vous laissez pas désarmer par le fait que cette histoire résonne du chant des sirènes.
Un auteur à découvrir pour vous faire votre propre idée.