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3,65

sur 57 notes
Je suis un peu embarrassé pour émettre un avis.
La Slovaquie , coté morose : Corruption , meurtre, kidnapping, prostitution, racisme. Tous pourris ou presque du chef de l'état au SDF rom.
Le livre commence avec l'assassinat d'un juge que l'on va retrouver impliqué dans les flash back qui vont suivre .
Dans ces flash back, une jeune slovaque est enlevée par Mammouth et Vassil qui , une fois qu'ils se seront payés assez de bon temps , vont la remettre au réseau de prostitution albanais , moins regardant sur l'age des filles que la filière tchèque. Car la gamine n'a que 17 ans et c'est le début des emmerdes...

Quel bordel ce livre. Chapitre après chapitre, on répertorie tous les protagonistes , du journaliste à la procureure en passant par les mafieux , les flics, les services secrets, avocats...

Si bien que la multitude de personnages m' a perdu , alors que le style est brillant, l'histoire palpitante et l'humour noir bien maitrisé. Alors peut être est ce de ma faute , de ne pas m'être assez investi dans l'histoire pour finalement me demander tous les chapitres "Mais de qui parle -t-on ?". Cela nuit bien entendu à l'ensemble.
Il n'empêche que ce livre n'est pas à jeter loin de là. le coté policier, novateur , est à lui seul source d'intérêt.
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Avec ce titre, l'auteur montre, s'il en était besoin qu'en matière de capitalisme, de mafia et de corruption, les élèves de l'Europe Centrale et Orientale, après avoir subi le joug de l'ex URSS, ont dépassé le maître incontestable en la matière, à savoir les USA, même si ceux-ci ont eu un sursuat de fierté jalouse avec l'avènement de Donald - The Lame Duck- Trump.
La 4ème de couverture, comme c'est devenu maintenant une détestable habitude dévoile le sujet et annihile quelque peu l'intérêt du lecteur affamé.
Cela dit, il y a loin de la coupe aux lèvres. Fiction réaliste inspiré des enquètes de l'auteur du temps où il était journaliste, le récit montre comment l'Union Européenne a magistralement raté l'intégration de pays qui dès la chute du Mur de Berlin, leur sortie du rideau de fer ont choisi le modèle rude et inhumain des USA plutôt que le modéle social démocrate ouest européen.
A quoi sert la loi si elle est bafouée sans limite par ceux dont elle est censée limiter les dérives et les excès ?
En dépit de la proximité géographique de l'Ouest, c'est à une double influence que se sont soumis les nouveaux pays européens.
L'ex URSS y a maintenu une présence clandestine armée et les USA ont pu y vendre leurs valeurs à base de Mac Donald et de Coca Cola.
Il serait vain de vouloir résumer l'intrigue de ce roman hallucinant. Retenons simplement l'inextricable situation dans laquelle les personnages sont enfermés et de laquelle ils ne peuvent s'affranchir partiellement que par la négociation avec ceux-la même dont ils veulent se débarasser.
Ambiance :
"Et vous voudriez quoi ? Des aveux ? Vous allez me coffrer ? Vous m'avez déjà laissé une fois dans la merde. Vous allez encore protéger les salopards ? Parce que la loi le demande ? C'est ça que vous voulez ?"

"Et maintenant il va falloir qu'elle lui explique qu'elle n'a pas le pouvoir de l'autoriser à suivre la dernière piste possible dans son affaire."

"La jeune refuse de comprendre que la loi et la justice sont deux choses différentes."

"Je voudrais écrire sur les jeunes filles qui disparaissent par chez vous.
Et vous voulez vraiment écrire la-dessus ? Il y a bien d'autres sujets."

Le récit se termine sur une note réaliste, désespérée et cruelle qui fait froid dans le dos.
A lire absolument !


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Il est difficile d'avoir un avis univoque sur ce livre. Je n'ai pas aimé ma lecture, mais je trouve ce livre important. Je vais essayer d'expliquer cela…

L'organisation, d'abord. On fait des allers-retours dans le temps, entre « Dans l'Est, autrefois » (milieu des années 90) et « Dans l'Est, à présent » (de nos jours, donc). Et, dans chaque partie, les paragraphes sont nommés selon leur personnage principal, mais tels qu'ils ne sont jamais nommés réellement : dans le texte et les dialogues, nous avons leurs noms et leurs surnoms (assez nombreux et pas toujours reconnaissables, ce qui donne parfois un certain flou), mais, dans les titres de chapitre, c'est uniquement leur rôle : « le procédurier », « le Général », « le tueur », « la victime », « le père », « le journaliste », « le passeur », « la procureure », « le mafieux », « le rabatteur », « le passeur », « le juge »… Et, puis, tout d'un coup, « le canari qui a bouffé le chat »…

Certaines scènes m'ont parues en décalage, je ne comprenais plus qui faisait quoi et pourquoi. Forcément, cela n'aide pas à suivre le fil… Donc, du strict point de vue de l'histoire, j'ai eu du mal à me raccrocher à une trame claire.

Pourtant, j'aurais envie que chacun de nous lise ce livre. Parce qu'il nous dit, je crois, des choses importantes sur notre vie, sur notre société. Nous qui trouvons – ou qui nous laissons dire – que notre société est hyper violente, nous vivons sur un nuage. Et il n'y a pas besoin de faire 15 000 kilomètres, ou de changer de galaxie, pour trouver tellement pire… Non, à 1500 kilomètres de chez nous, à 15 heures de route, donc, il existe des sociétés auxquelles nous ne survivrions pas !

De la même façon, ce livre illustre de façon terrifiante l'idée selon laquelle si les animaux tuent, ce n'est jamais par plaisir, alors qu'il se trouve toujours quelqu'un, parmi les hommes, pour torturer, violer, avilir, pour le simple motif qu'il peut le faire. Et on peut toujours trouver pire : plus violent, plus dégradant, plus sale, plus monstrueux. L'imagination humaine n'a aucune limite.

L'arnaque aux allocations, qui nous est présentée, apparait du coup presque gentillette, et ce qui nous semble révoltant n'est pas que des roms viennent de Slovaquie jusqu'en Belgique, par exemple, par taxis entiers pour toucher des allocations, mais plutôt que ce trafic soit organisé par des réseaux mafieux qui en récupèrent finalement l'essentiel… Et la pauvreté est telle qu'il n'est pas possible de condamner ceux qui trafiquent, pratiquent la contrebande, volent pour survivre. Mais, ce faisant, ils participent de tout un système qui ne vit plus que de cela.

C'est noir, c'est glauque, c'est désespérant. Il n'y a donc rien à sauver de l'espèce humaine ? Parce que personne n'est vraiment tout blanc, dans cette histoire. Pour s'en sortir, il faut se blinder, quitte à en écraser de moins forts que vous.

Je n'ai pas envie de recommander ce livre. Mais je le crois pourtant important. Rien à faire, je reste dans cet entre-deux…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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L'auteur a trempé sa plume dans le vitriol car ce n'est pas le portrait idyllique et enchanteur qu'il nous livre de la Slovaquie, mais plutôt un portrait d'un pays gangrené par la corruption, les mafias, les passeurs…

Un pays qui a vu arriver le capitalisme comme une diarrhée fulgurante, un pays où tout pue encore l'ancien régime de l'URSS.

Anybref, si vous pensiez lire le guide du Routard pour trouver les endroits à visiter, passez votre chemin, fuyez pauvres fous ! C'est le genre de roman qui ne vous donnera pas envie d'y mettre les pieds.

Trafics de migrants, de femmes, prostitution, ces entreprises ne connaissent pas la crise. Tout se vend, tout s'achète, la vie humaine a un prix, les organes aussi et on en ressort avec une envie de vomir tant c'est abject. le réalisme a un prix et la vérité n'est pas belle à voir. Ici, elle est sans maquillage.

Si l'Office du Tourisme slovaque ne dit pas merci à ce roman, les politiciens de là-bas lui garderont un chien de leur chienne.. Les flics aussi, sans aucun doute. Pareil pour les services secrets…

Quand à la Justice, ça fait belle lurette qu'elle est partie en vacances sans prévenir le personnel et elle n'est pas prête de revenir.

Cette pauvre Veronika n'a vraiment aucune chance que justice lui soit rendue après le viol ignoble dont elle fut la victime puisque la justice et la police sont tous les deux sous la coupe des services secrets et que ça repue l'ex-URSS à plein nez, mâtinée de relents de la Russie.

Non, il n'est pas facile de vivre en Slovaquie, l'auteur en sait quelque chose et il ne nous parle pas de son pays en bien. J'ai déjà lu des romans noirs très noirs, mais ici, c'est plus noir que noir et cherchez pas la lueur d'espoir.

Pas de pathos, pourtant… Nous sommes dans des sujets affreux (viols, enlèvements de mineures,…) mais jamais l'auteur ne nous la joue « je fais pleurer dans les chaumières ». le ton est froid, chirurgical, sans émotions à vous faire chialer. On aimera ou pas, il ne m'a pas rebuté.

La chose qui m'a le plus dérangé (au départ) et qui a fait que j'ai failli abandonner la lecture, c'est le côté kaléidoscopique du roman, pour ne pas dire foutraque, bordélique !

On a déjà une pléthore de personnages, désignés selon leurs rôles (le père, la victime, la journaliste, le boss, le nettoyeur, le procédurier,…) ce qui rend les choses assez compliquées à suivre, au début et on ajoute à cela un roman divisé entre passé et présent (Dans l'Est, à présent ; Dans l'Est, autrefois).

J'ai ramé au départ, j'ai failli abandonner, mais je me suis accrochée car je sentais que ce qui se trouvait dans les pages était du concentré de roman noir et je ne me suis pas trompée. C'est tellement concentré que l'on en ressort lessivé, anéanti, dégoutté du monde et le final ne nous laisse même entrevoir une lueur d'espoir.

Un roman noir très sombre, trop sombre, mais qui décrit avec réalisme un pays et une société gangrenée par les corruptions à tous les étages et où les truands peuvent s'en sortir à coup de billets verts tandis que les flics ne peuvent pas vivre décemment sans tremper leur quignon de pain sec dans cette soupe de corruption.

Un roman très noir, une fiction débridée, le tout se déroulant dans un pays miné par les affaires, une corruption institutionnalisée et des détournements de fonds qui feraient passer certaines grandes affaires de nos pays pour des anecdotes marrantes.

Un roman qui met en scène un pays qui a dû faire face à l'effondrement du communisme (et l'éclatement de la Tchécoslovaquie) et qui s'est retrouvé avec une espèce de démocratie à la mord-moi le noeud, avec un libéralisme débridé que les gens n'avaient pas connu, le tout dirigé par des élites sans foi ni loi, guidés uniquement par l'appât du gain et le profit facile.

Árpád Soltész a rassemblé dans son roman plusieurs faits divers sordides, les a mixé ensemble pour nous montrer l'envers du décor de la Slovaquie, nous permettant de regarder sous les jupes des institutions d'État telles la justice, la police et les services secrets, tous infiltrés par les gangs ou autres mafias. Croyez-moi, c'est pas beau à voir.

Un roman noir déjanté qui file la nausée tant tout est sombre, sans espoir (ou si peu), tant tout est corrompu et où ceux qui ne veulent pas manger de ce pain-là sont mis à l'écart sur une voie de garage.

PS : Journaliste d'investigation, Árpád Soltész, dirige une agence journalistique portant le nom d'un de ses confrères, abattu dans la périphérie de Bratislava après avoir enquêté sur des affaires de corruptions et de fraudes fiscales.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Nika fait de l'auto-stop quand elle se fait embarquer par deux ordures qui, après avoir passé un peu de « bon temps » avec elle, comptent la livrer à un réseau de proxénètes. Elle s'échappe et porte plainte. Grave erreur !
Je ne connais rien à la Slovaquie.
Est-ce pour cela que j'ai eu du mal à suivre ce récit ?
Du haut en bas de la société slovaque, tout le monde est pourri.
Est-ce ça qui m'a un peu perdue dans les méandres de ce roman noir ? Comment s'y retrouver quand il n'y a aucune moralité ? Les mafieux. Bon, on sait ce qui les motive, de quelles actions ils sont capables. Mais quand les responsables politiques, les juges, les flics, les membres des services secrets, tous, tous sont des ordures. Tous ne pensent qu'à prendre du fric, qu'à détourner de l'oseille, qu'à se servir, à faire pression, à menacer… Même ceux qui aident ont une moralité discutable.
Est-ce le style qui m'a égaré ? Non, c'est bien écrit, bien traduit. C'est sec, dur et rythmé.
Je crois que c'est la structure qui m'a embarrassée au point que par moment je ne savais plus de qui on parlait. L'auteur fait le va et vient entre deux périodes, celle des évènements résumés plus haut et « un aujourd'hui ». C'est assez clair. Chaque chapitre est titré de la fonction du principal protagoniste. Là aussi, ça devrait aller. Et pourtant… A l'intérieur des chapitres, l'auteur passe d'un personnage à l'autre, sans transition, sans saut de lignes, d'un moment à un autre… Je ne compte plus les fois où j'ai dû revenir en arrière pour suivre, juste suivre.
C'est bête, il aurait suffi de pas grand-chose pour aider le lecteur à s'y retrouver d'autant que les personnages sont nombreux, liés les uns aux autres par tout un tas de magouilles évoquées par allusion…
C'est pourtant un bon roman qui met en lumière les dysfonctionnements de la Slovaquie certes mais aussi de ses voisins, de l'Europe. J'ai découvert une petite partie des arnaques aux subventions : les migrations pendulaires de taxis qui emmènent des villages entiers de Roms en Belgique pour toucher les allocs puis les ramènent mois après mois, les Roms ne récupérant que des clopinettes dans cette histoire, l'argent étant aussitôt redistribué plutôt en haut qu'en bas de la société. Trafic d'êtres humains, de clops…
J'ai découvert le plus grand ghetto de Roms d'Europe : Lunik IX. Jetez un oeil sur le net. Une horreur ! Quelques immeubles surpeuplés, dégradés, sales. 99% de chômage. Alcool, drogues, violences.
Je pense quand même lire l'autre roman d'Arpad Soltesz « le bal des porcs », tout un programme.


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Côté pile, il y a l'image d'Epinal d'une Slovaquie qui se délite à la suite de la chute du Mur de Berlin. Les Hongrois, les Russes, les Tchèques, les Slovaques, les Roms... tous veulent une part du gâteau. Les mafias bien muselées par les services spéciaux. Les juges arrosés. Les avocats véreux. le trafic de tout ce qui peut se vendre et se consommer. Des cigarettes à la chatte.

Côté face, il y a quelques flics brutaux, idéalistes, et opiniâtres.

Entre les deux. Nika. Veronika. Jeune fille de 17 ans enlevée et violée par tous les trous par Mammouth et le Major. Mammouth en croque de toutes parts. le Major doit son nom au grade qu'il occupe dans une organisation mafieuse en cheville avec les Russes. Ils inondent l'Europe de migrants, en les passant par la zone verte... la forêt qui sert de frontière entre la Slovaquie et l'Ukraine.

C'est démoralisant au possible. Sombre, glauque, dépourvu d'optimisme. Teinté de cynisme (personnellement, j'aime les polars noir de noir, et j'ai été servi, même si c'est moins intéressant que Faulkner). Mais c'est brillantissime dans sa construction.

On débute par un attentat contre un juge. On apprendra le pédigrée du juge en long et en large, vu que le livre est à 99% un flashback relatant l'enquête contre Mammouth pour le viol de Veronika. Et de fil en aiguille, on découvre une constellation de crimes, de compromissions, de corruptions qui gangrènent la société du pauvre SDF au plus haut niveau de l'Etat. Tout le monde en croque.

Le trait de génie d'Arpad Soltesz est d'intituler chaque "chapitre" par un nom commun lié au protagoniste principal dudit chapitre. Par exemple, "victime", "procureure", "procédurier", etc. Bien sûr, on connaît les noms et prénoms de ces personnes, mais il est clair que si ce n'étaient pas ces personnes, c'en serait d'autres. Il y a un côté structurel, systémique à cette construction du crime. Tout est bâti sur les pots-de-vin, sur les chantages, les influences. Un juge influençable, cela se remplace. Un avocat que l'on achète, cela se retrouve. Un passeur, il y en a 13 à la douzaine. C'est surtout cela qu'Arpad Soltesz nous dit (à mon avis). le système est pourri jusqu'à la moelle. Et même si la fin apporte une certaine "moralité", l'auteur ne nous laisse que peu d'illusion sur la capacité du système à se modifier...

De la bien belle ouvrage à réserver aux amateurs, les autres risquent de jeter l'éponge assez rapidement, tant l'univers de Soltesz est dépourvu de lumière.

Merci à Babelio Masse Critique d'octobre 2020 et aux éditions Point pour ce beau moment de lecture. J'apprécie vraiment ce genre de polars.
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Service de presse

« Une partie de cette histoire s'est vraiment produite, mais d'une autre manière. Les personnages sont fictifs.
Si vous vous êtes tout de même reconnu dans l'un d'eux, soyez raisonnable et ne l'avouez pas.
Les gens n'ont pas à savoir quel salopard vous êtes. »

Avec un tel avant-propos, on comprend d'entrée de jeu que Il Etait Une Fois Dans L'Est, premier roman noir slovaque traduit en français par l'audacieuse maison d'éditions Agullo, ne va pas s'aventurer sur le terrain du polar ethno pour nous décliner une série de clichés folkloriques d'un pays méconnu, perdu dans les confins de l'Europe centrale. Journaliste d'investigation, son auteur, Árpád Soltész, dirige une agence journalistique portant le nom d'un de ses confrères, abattu dans la périphérie de Bratislava après avoir enquêté sur des affaires de corruptions et de fraudes fiscales. Ainsi, dans le contexte d'un pays miné par les affaires, où l'effondrement du communisme a fait place à une espèce de pseudo démocratie au libéralisme sans foi ni loi avec une corruption institutionnalisée et des détournements de fonds endémiques alimentant les rouages d'un état dévoyé, Árpád Soltész signe une fiction débridée autour d'un terrible fait divers qui nous permet d'entrevoir toutes les arcanes des institutions étatiques noyautées par les mafias et autres organisations occultes.

A Košice, dans l'est de la Slovaquie, il ne fait pas bon pour une jeune fille d'être larguée sur le bord de la route par son petit ami. Alors qu'elle fait du stop pour rentrer chez elle, Veronika, à peine âgée de 17 ans, va l'apprendre à ses dépends en se faisant enlever par deux truands qui, après l'avoir violée sauvagement, prévoient de la céder à un souteneur albanais qui l'emploiera dans un sordide bordel du Kosovo. Mais pleine de ressources, la jeune fille parvient à échapper à ses tortionnaires en espérant trouver la protection de la police locale chez qui elle va déposer plainte. Pourtant les choses ne se déroulent pas comme la victime et sa famille l'escomptaient puisque les truands bénéficient d'un réseau de protection composé de membres des services secrets, de juges, de procureurs et même de hauts fonctionnaires de police qui vont s'efforcer de se débarrasser de ce témoin gênant. Il reste pourtant quelques individus intègres comme Miko et Valent le Barge, deux flics violents ne craignant absolument personne tout comme Schlesinger, un journaliste valeureux qui n'hésite pas à dénoncer les accointements entre officines étatiques et groupuscules mafieux. Tous vont s'employer à protéger la jeune fille planquée dans un palace désert, situé à la frontière de l'Ukraine et tenu par le mystérieux Robo possédant quelques compétences meurtrières. Entourée de ce staff étrange, Véronika a la certitude de vouloir bien plus que la justice. Elle souhaite désormais se venger de ses bourreaux et de tous ceux qui ont tenté de les protéger.

La tonalité de l'avant-propos vous donne également une idée de l'ironie mordante qui imprègne l'ensemble d'un texte sans concession, doté d'une terrible énergie qui va sonner le lecteur au rythme d'une intrigue échevelée, presque foutraque qui va se révéler pourtant d'une incroyable maîtrise. Mais il va tout de même falloir s'accrocher pour suivre cette imposante galerie de personnages évoluant dans un univers où les valeurs morales sont quasiment inexistantes tout en se demandant à quels instants la réalité rejoint la fiction. Son auteur répondrait probablement : Tout le temps. D'ailleurs on se doute bien, par exemple, que le personnage du journaliste Pali Schlesinger nous renvoie au vécu d'Árpád Soltész ou de son collègue assassiné, Jan Kuciak. Véritable exutoire, Il Etait Une Fois dans L'Est n'est donc pas qu'une simple compilation des scandales qui ont émaillé le pays sur l'espace d'une décennie qui a suivi l'effondrement du bloc soviétique car Árpád Soltész parvient, avec une virtuosité confondante, à mettre en scène, autour du viol d'une jeune fille de 17 ans, un cinglant concentré de noirceur où l'on distingue les accointances entre le crime organisé et les multiples institutions d'un état complètement corrompu dont les services secrets deviennent la terrible incarnation de dérives meurtrières. Ce sont la contrebande et les trafics de migrants transitant entre l'Ukraine et l'Autriche, les détournements de fonds européens destinés à la communauté tsigane, les magouilles financières et immobilières avec les instances politiques que l'auteur dépeint au gré des points de vue de toute une panoplie de salopards dénués de tout scrupule.

En se focalisant sur l'effroyable destinée de Véronika, cette jeune femme issue de la communauté tsigane, Árpád Soltész se dispense de toute forme d'emphase en lien avec une victimisation larmoyante pour se concentrer sur l'aspect social d'une population discriminée qui n'attend plus rien d'un état de droit inexistant. Ainsi, dans un tel contexte, c'est l'occasion pour l'auteur de décrire ces mécanismes hallucinants d'une fausse immigration de Roms vers les pays de l'Ouest afin de toucher quelques subsides mensuels permettant d'alimenter les caisses de chefs mafieux qui ont intégré les règles, ou plutôt l'absence de règles, d'une société capitaliste complètement effrénée où la corruption, les meurtres et les détournements en tout genre deviennent un véritable art de vivre. Violentée, traquée, on suit donc le parcours de cette fille à la beauté décomplexée qui va d'ailleurs en faire une arme lui permettant de se retourner contre ses ravisseurs avec l'aide d'un entourage à la probité douteuse à l'instar de Miko et Valent le Barge, ces deux flics borderline qui se dispensent de suivre les directives d'une institution policière dévoyée pour instaurer leurs propres lois leur permettant ainsi de survivre dans un univers régis par des politiciens et des magistrats à la solde de clans mafieux et autres truands en tout genre. D'une extrême noirceur et dépourvu de toute forme d'espoir, comme en atteste un épilogue sordide démontrant l'immuable sort des victimes, Il Etait Une Fois Dans L'Est prête parfois à rire (un rire jaune, il faut bien le concéder) au gré d'échanges savoureux, épicés d'idiomes percutants, entre des protagonistes complètement déjantés insufflant une espèce de dynamisme à la fois insensé et hallucinant de réalisme pour nourrir un récit effrayant qui prend l'allure d'un réquisitoire désespéré.

Véritable brûlot politique à l'encontre d'un état sans foi ni loi, Árpád Soltész nous livre, avec Il Etait Une Fois Dans L'Est, un véritable western où les règlements de compte sauvages deviennent les seuls actes valables pour lutter contre une corruption institutionnalisée que l'on ne saurait enrayer que par la force. En attendant, il ne reste plus qu'à compter le nombre de victimes sacrifiées sur l'autel du profit. Un roman noir effrayant à nul autre pareil.



Árpád Soltész : Il Etait Une Fois Dans L'Est. Editions Agullo Noir 2019. Traduit du slovaque par Barbora Faure.

A lire en écoutant : Sex On Fire de King Of Leon. Album : Only By the Night. 2008 RCA Records.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Du noir, brutal et sec, sans concession pour la société slovaque gangrenée par une corruption généralisée. Virevoltant dans une violence partagée par tous les personnages, Il était une fois dans l'Est ou le récit d'un ratage dégueulasse puis d'une revanche comme ultime rebondissement. Arpád Soltész joue de son intrigue emmêlée, de ses très brusques changements de points de vue et de personnage en virtuose. On se laisse happer par la très grande noirceur de cette histoire de trafic d'être humain.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Toujours prêtes à se lancer à l'assaut de nouveaux territoires, et en particulier en Europe de l'Est, les éditions Agullo publient leur premier roman slovaque avec Il était une fois dans l'Est. Plus proche de Sergio Leone que du conte de fée, le livre d'Arpád Soltész offre une vision particulièrement âpre de son pays dans les années qui suivent l'effondrement du bloc communiste et les guerres qui, plus au sud, ravagent les Balkans.

Cette histoire commence avec l'enlèvement de Veronika, belle jeune fille, par deux malfrats. Les deux hommes envisagent de la revendre à un proxénète avant de s'apercevoir qu'elle n'a que 17 ans. Ils décident alors de profiter d'elle en attendant de pouvoir la céder à un kosovar qui sera moins regardant sur son âge et l'enverra dans un bordel des Balkans. Violentée, droguée, Veronika n'en arrive pas moins à échapper à ses ravisseurs. Mais après qu'elle a porté plainte, les policiers chargés de l'enquête ont tôt fait de s'apercevoir que les deux hommes qui ont enlevé Veronika bénéficient de solides protections. Aidés par un journaliste, Pavol Schlesinger, ils vont néanmoins tenter de les faire tomber ou, à tout le moins, d'aider la jeune fille à se venger.

« Une partie de cette histoire s'est vraiment produite, mais d'une autre manière. Les personnages sont fictifs.
Si vous vous êtes tout de même reconnu dans l'un d'eux, soyez raisonnable et ne l'avouez pas.
Les gens n'ont pas à savoir quel salopard vous êtes. »

L'avertissement qui ouvre ainsi Il était une fois dans l'Est est on ne peut plus clair : il n'y a pas grand monde à sauver parmi la profusion de personnages qui se croisent tout au long de ces presque 400 pages. Car à travers l'histoire de Veronika, Arpád Soltész fait le portrait d'une société dont la mutation tient moins du développement harmonieux que de la métastatisation. L'ère post-communiste telle que la décrit Solstész, est en effet d'abord celle du capitalisme le plus sauvage, un peu à l'image de ce que décrivait pour la Hongrie Julian Rubinstein dans La ballade du voleur au whisky, mais en plus violent encore. Sorte de pivot entre l'Est – Ukraine, Hongrie – et l'Ouest avec sa frontière autrichienne, la Slovaquie est en effet un lieu de passage privilégié pour un des trafics les plus lucratifs, celui des êtres humains. Il y a la traite, bien entendu, qu'illustre parfaitement l'histoire de Veronika, mais aussi le passage de clandestins d'Europe de l'Est ou du Moyen-Orient et l'organisation de filières de fausse immigration de Roms chargés d'aller tous les mois dans certains pays d'Europe de l'Ouest pour toucher une allocation qu'ils ramènent après et dont une partie alimente les réseaux mafieux.

Ces réseaux mafieux, ces gangs, Solstész les dépeint avec une certaine jubilation. le premier n'est autre que l'armée et les services secrets, viennent ensuite les vrais mafieux, ukrainiens, russes, albanais, mais aussi la police et la justice. Autant dire que le citoyen pris dans un mauvais engrenage, à l'image de Veronika, est plutôt mal parti. Quant aux petites mains du trafic, comme ce contrebandier de cigarettes qui apparaît régulièrement pour se faire dépouiller, leurs rêves de grandeur se heurtent à la dure réalité : personne ici n'est censé dépasser sa condition, les dominants comme les dominés seront toujours les mêmes.

Toute une galerie de personnages hauts en couleurs mais aussi tristement réalistes viennent illustrer ces différents aspects. On les suit à travers les chapitres qui leurs sont consacrés et qui permettent par ailleurs de multiplier les points de vue sur l'histoire qui se déroule : Veronika, donc, mais aussi ses parents et sa soeur, Schlesinger, les policiers, les membres des services secrets, les mafieux, les juges et procureurs, les avocats, les Roms… prêtent tour à tour leur et leur regard à cette histoire d'apparence simple et dont on s'aperçoit qu'elle est en fait une énorme pelote de fils emmêlés. Chacun ici a une raison d'agir et si certains foncent tout droit, d'autres peuvent poursuivre plusieurs objectifs, parfois contradictoires. Ce sont des coups de billard à trois ou quatre bandes qui se mettent en place et il est bien difficile parfois de savoir qui sont les bons et qui sont les méchants… ou plutôt s'il y a vraiment des bons.

Bref, avec Il était une fois dans l'Est, les éditions Agullo nous plongent dans une histoire aussi trépidante que complexe (on vous déconseille de poser le livre en cours de lecture pour le reprendre trois jours plus tard, ça risque d'être compliqué) et, surtout, fidèles à leur ligne éditoriale, elles nous donnent à voir et à comprendre le monde dans lequel on vit.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Impression un peu bizarre. Déjà, j'ai mis plus d'un mois à le lire, ce qui, pour un "simple" polar de 400 pages environ, est particulièrement long. Si je parlais le slovaque couramment et si j'avais le temps, deux conditions pas prêtes d'être remplies, j'irais bien jeter un oeil à la version initiale pour voir si elle se présente de la même façon. Il y a quelques écarts dans la chronologie, sans doute volontaires, mais à peine matérialisés dans le texte, au moins dans ce format poche. du coup, mais c'est sans doute de ma faut, je me suis senti souvent perdu, dans le temps, et avec des personnages nombreux, très nombreux, souvent glauques, très glauques.

Après, il n'en reste pas moins que c'est un roman qui reste intéressant, malgré ce caractère glauque, et pas drôle du tout. On cherche, vainement, tout au long du bouquin, des personnages sympathiques. Même un suffirait !

Pourtant, l'auteur, que j'ai eu la chance de rencontrer au salon Polar du Sud, entre deux confinements, a l'air d'être un gentil garçon, normal, quoique un peu trop chevelu à mon goût, mais c'est juste parce que j'aimerais en avoir autant.

L'histoire, en elle-même, est très simple, une jeune fille enlevée et violée dans la Slovaquie toute jeune, au milieu de la pègre et de la police corrompue. Et ça dure pendant 400 pages.

Un bouquin à ne pas jeter toutefois. Je pourrais même me laisser tenter par lire le deuxième ouvrage du même auteur, je verrai plus tard.
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