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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cet ultime ouvrage autobiographique de Corine Sombrun, qui vient de paraître, fait état du cheminement bi-décennal et ô combien tortueux pour promouvoir des recherches scientifiques (et laïques) sur la transe en Occident. En 2001, alors que son initiation chamanique en Mongolie débute, l'auteure reçoit d'un praticien la carte de visite d'un confrère psychiatre... En 2007, elle commence à se soumettre à une batterie d'examens neuro-cérebraux à Edmonton, au Canada, par le Pr Flor-Henry, dont les résultats ne seront publiés que dix ans plus tard : le temps qu'il aura fallu pour corriger la croyance que la transe soit un état pathologique. Durant des années, le corps médical, fort de la méthode empirique et expérimentale qui devrait pourtant être la nôtre, interdit catégoriquement à Corine la pratique de la transe, lui pose comme condition rédhibitoire le renoncement à toute consultation, même à celle implorée par un ami moribond. Néanmoins, timidement, au gré des contacts qu'elle essaie de tisser avec divers spécialistes, elle continue de se prêter au rôle de cobaye bardé d'électrodes, parvenue à s'auto-induire la transe dans l'immobilité, à genoux, et surtout sans son tambour chamanique. L'un des obstacles à obtenir des financements pour démarrer des recherches étant l'unicité de son cas, alors que dès le départ elle est animée par la conviction que la transe est un état cognitif, un potentiel atteignable par tous, en dehors de tout cadre religieux ou rituel, elle affine elle-même son protocole, notamment par la mise au point d'un « sound loop », une séquence sonore au tambour capable d'entraîner le plus grand nombre d'auditeurs dans la transe : en cela, naturellement, elle fait appel à ses compétences musicologiques ainsi qu'à son réseau de professionnels des studios d'enregistrement. Ainsi d'autres personnes commencent à expérimenter la transe grâce à sa persévérance : des scientifiques qui commencent à se persuader de son utilité pour leur propres recherches, ainsi que des artistes, notamment des élèves d'écoles des beaux-arts dont elle sert la créativité. Tout le monde en est très touché.
Ce récit, dont les chapitres scandent l'écoulement des années, se compose de la narration des péripéties des collaborations scientifiques, mais aussi de deux types d'interludes d'une énorme valeur : « La minute perceptuelle », transcription de longues citations d'auteurs et de penseurs absolument inattendus, d'Eschyle à Victor Hugo, du chamane Mitsig à Merleau-Ponty, de Deleuze à d'obscurs auteurs d'études neuroscientifiques très pointues, en passant par les compte-rendus des performances-installations de l'artiste Abraham Poincheval au Palais de Tokyo [j'ai ressemblé une bibliographie presque complète de ces références d'un intérêt prodigieux dans une liste sur Babelio] ; ainsi que « Lettre[s] à mon basilic » qui résument les hypothèses et avancements théoriques que l'auteure conçoit et réalise au fil du temps, de son propre cru et au cours de ses expériences, sans nécessairement se valoir de l'expérimentation et des publications de ses savants interlocuteurs... Et parfois, souvent, elle intercale de simples fragments de sa vie et de ses ressentis, touchants, intenses, toujours écrits dans son style si particulier, si musical.
En effet, au fur et à mesure que, faisant fi des interdictions, elle parvient à disséminer la pratique de la transe auprès d'un public de plus en plus vaste et toujours plus demandeur, l'épaisseur humaine avant même que cognitive et intellectuelle de sa démarche devient manifeste. Tout au long de ces années, en effet, Corine Sombrun a publié d'autres livres, elle a fait se rencontrer sa chamane mongole Enkhetuya avec le descendant américain de Geronimo lui permettant de renouer avec ses ancêtres asiatiques, elle a reçu et transmis les messages d'alarme des populations d'Amazonie, elle a expérimenté la transe à Verdun, dans un lieu de carnage de la Grande Guerre, elle a commencé à être sollicitée par un nombre significatif de patients atteints de cancer, et parmi les « transeurs » et « transeuses » inconnus, surtout outre-Atlantique, se révèlent les victimes de traumatismes graves et enfouis, incestes paternels et viols : en bref, se profile de manière de plus en plus claire un usage thérapeutique de la transe.
Dans ce sillage, en guise de conclusion, se dessinent aussi les traits du véritable sens transcendantal de cette méthode intemporelle de dépassement de soi et de connexion à l'univers que semble être la transe : une ouverture à la conscience le l'écosystème planétaire, un appel, par la perception, à dépasser l'hubris pascalienne d'exploitation du monde et du vivant.
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Une autobiographie qui retrace le parcours de Corine Sombrun pour trouver des scientifiques qui veulent bien faire des recherches sur ce qu'elle a vécu au pays du chamanisme. Un long parcours de près de vingt ans avec quelques embûches, mais enfin des publications scientifiques commencent à paraître.
Par respect pour des peuples qui lui ont permis de découvrir la transe, elle nomme celle-ci "transe cognitif" et non chamanisme. Un respect à l'honneur de l'auteure.
Cette transe m'interpelle pour ce qu'elle pourrait apporter à notre monde occidentale au niveau de notre santé mentale.... dans l'avenir, car nous n'y sommes pas encore.
Je termine par les dernières phrases du livre.
"Grâce à elle, j'ai découvert que vivre une transe, c'est accepter de ne plus savoir qui je suis, et si je ne sais plus qui je suis, je suis libre de devenir ce que je suis.
Grâce à elle, j'ai découvert le sens sacré. Cette racine de la spiritualité est bien là, en chacun de nous. Et ces années de recherche, enfin, se réveillent, m'éveillent, éveillent.
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Un livre étonnant et remarquable d'un écrivain-voyageur ethnomusicienne qui est devenue chamane en Mongolie après six ans de formation et qui a ensuite fait tester son fonctionnement cérébral au Canada puis à Liège dans des centres médicaux pour étudier les effets de la transe chamanique par rapport à son enregistrement de contrôle avant transe. Elle a ensuite développée la "transe cognitive" sous écoute d'une boucle sonore et créé la Fondation TranceScience. Cette "Diagonale de la joie" donne des clés pour un mieux être au quotidien et pose des questions philosophiques sur le potentiel humain et son devenir.
Lien : https://www.corinesombrun.com/
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Un voyage dans des contrées inconnues pour moi. Des portes qui ne cessent de s'ouvrir à chaque chapitre. Des morts qui rôdent, des absents, des corps malades qui retrouvent de la présence. quelques passages techniques qu on peut zapper car trop plein de jargons, j'ai surtout vibré sur ces retranscriptions personnelles de ses transes. L'écologie et notre monde dans une impasse apparaissent fortement à la fin alors que je ne m'y attendais pas. Quel super pouvoir semble être en nous !!!
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Un voyage au coeur de la transe, une immersion aussi spirituelle que scientifique.

Corine Sombrun nous offre ici son expérience de la transe sur plusieurs années (de 2006 à 2019) et surtout son parcours dans l'étude scientifique de celle-ci. Elle nous ouvre les portes de l'extraordinaire, d'un potentiel non exploré que nous possédons pourtant en chacun de nous. J'ai été subjuguée par tout ce que la transe peut nous faire vivre et par toutes ses vertus. Les récits sont incroyables et nous laissent avec une seule envie : tenter l'expérience à notre tour !

"Car si notre société a travaillé à faire de nous des êtres plus savants, les sociétés traditionnelles se sont de tout temps attachées à faire de nous des êtres plus conscients. le moment de crise que nous vivons et le mouvement global d'intérêt pour ces questions ancestrales montrent qu'il est temps de nous rassembler. le savant et le conscient, l'intellectuel et le perceptuel, enfin réunis, doivent se mettre au service de notre futur. D'un futur où Respect, Amplification cognitive, Autonomie et Joie seront le ciment d'une société enfin réconciliée avec son humanité. Libre et heureuse d'oser collaborer avec le vivant."

L'auteure sortait de plusieurs années d'initiation au chamanisme en Mongolie* lorsqu'elle a décidé de faire étudier son cerveau lors de transes. Transes qu'elle arrive désormais à auto-induire, c'est-à-dire par sa seule volonté, sans prise de substance psychoactive telle que l'Ayahuasca ni tambour. Au départ, elle fut confrontée à un scepticisme général qui engendrait des propositions de rendez-vous chez un psychiatre. Les médecins assimilaient ce qu'elle vivait à la schizophrénie, au dédoublement de personnalité. Mais ils se sont vite rendus compte qu'elle ne souffrait d'aucune pathologie et qu'elle faisait preuve de cohérence. Les mondes inconnus questionnent forcément et c'est grâce à ses nombreuses et incroyables démonstrations de transe ainsi qu'aux études de l'activité de son cerveau qu'elle a pu susciter l'intérêt des scientifiques. Dans le livre, nous retrouvons bien ces grandes étapes au fil du temps.
À ce sujet, certains paragraphes très techniques soulignent le sérieux des études réalisées mais pour la majorité des lecteurs, ils pourront être sautés par manque de compréhension.

J'ai particulièrement apprécié les retranscriptions des transes. Les capacités cognitives que les transeurs développent, l'intuition, la force, l'amélioration de douleurs et que sais-je ! sont absolument incroyables. Je suis émerveillée par ce dont nous sommes capables lorsque nous nous ouvrons au spirituel et, finalement, à nos instincts primaires. Et c'est un fait, chacun de nous détient cette capacité de passer, par la seule volonté, d'un état ordinaire de conscience à cet état modifié de conscience qu'est la transe cognitive. Fabuleux, non ?

"(…) j'ai découvert que vivre une transe, c'est accepter de ne plus savoir qui je suis, et si je ne sais plus qui je suis, je suis libre de devenir ce que je suis.
Grâce à elle, j'ai découvert le sens du sacré. Cette racine de la spiritualité est bien là, en chacun de nous. Et ces années de recherche, enfin, se réveillent, m'éveillent, éveillent.
Diagonale de la joie."

L'histoire de Corine Sombrun est tout à fait extraordinaire et je vous incite fortement à vous intéresser à ses différents ouvrages. Pour résumer, lors d'un reportage professionnel pour la BBC World Service en 2001 en Mongolie pour lequel elle enregistrait des sons lors de transes chamaniques, elle se découvre chamane, à son grand étonnement (comment ne pas l'être…). Elle entre alors en transe et se ressent loup (c'est vraiment pour résumer). Depuis, et après plusieurs années de formation aux rituels et pratiques traditionnelles de transe, elle ne cesse de collaborer avec des chercheurs et co-fonde même la TranceScience Research Institute à Paris pour la recherche scientifique sur les états de transe. Ses débuts dans le chamanisme ont même inspiré la réalisatrice Fabienne Berthaud qui en a fait un film formidable avec Cécile de France : Un monde plus grand. En bref, la vie de Corine Sombrun est une aventure extraordinaire !

Pour conclure, ce livre réussira à convaincre les plus sceptiques, étonnera le plus grand nombre et éblouira les personnes ouvertes à ces pratiques. Je fais clairement partie de cette dernière catégorie et je pourrai encore vous parler des heures de ce livre et de tout ce qu'il remue en moi, mais cette chronique serait bien trop longue… alors je vous laisse découvrir par vous-même cette merveilleuse diagonale de la joie !

*Mon initiation chez les Chamanes – Une parisienne en Mongolie paru en 2004 aux éditions Albin Michel puis en 2019 aux éditions Pocket.
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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