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Critique de Darkcook


Après un futur extrêmement travaillé où être peint et devenir une toile humaine est une profession (Clara et la Pénombre), un hommage aux Nègres d'Agatha Christie où des scientifiques se font dépecer pour avoir profané le temps (La Théorie des cordes), Somoza nous livre un nouveau délire... Une secte de treize sorcières inspire en secret depuis la nuit des temps tous les poètes de l'Histoire, car certains de leurs vers pourront ensuite servir aux dames de formules magiques pour accomplir tous leurs desseins!! Après le roman-essai polar/SF sur la peinture et celui sur la science... Un thriller sur la poésie!!

Comme dans les deux autres romans, Somoza tire jusqu'au bout son idée folle, avec toutes les implications les plus terribles : le pouvoir de ces vers ordonne le monde dans ses moindres détails, un accident de voiture fatal ou une grande histoire d'amour peuvent être le fruit du pouvoir de la poésie prononcée à haute voix!!! "¡ Este hombre esta loco !" me direz-vous, c'est délirant, mais on finit par se prêter au jeu! Cette fantaisie permet à l'auteur de rendre hommage à un nombre considérable des plus grands poètes à travers les siècles et frontières... Tous les préférés sont là, et on en découvre parfois quelques-uns un peu obscurs!! Évidemment, Dante, Shakespeare et Milton ont la part belle, Somoza adorant placer en épigraphe les deux premiers comme mise en garde dans tous ses romans.

Tout amoureux de la littérature aura donc plaisir à retrouver ces génies illustres et leurs vers, avec lesquels l'auteur joue de façon espiègle... Certes, le propos "la poésie, c'est dangereux" peut gêner de prime abord, dans le principe, mais c'est vraiment une facétie de l'auteur, son hommage déjanté à la poésie, plutôt qu'une véritable posture anti-intellectuelle ou anti-artistique.

Comme dans La Théorie des cordes, on s'attache vraiment aux personnages principaux, que Somoza sait rendre vivants, par des scènes ordinaires et intimes. Jusqu'au bout, on aura suivi leur sort avec passion, ri grâce à Ballesteros, fantasmé grâce à Raquel, vécu la mélancolie et les chocs énormes de Rulfo. Petit bémol sur certaines parties, comme celles en Provence ou dans l'expectative du rendez-vous, que je trouve laborieuses, et étrangement écrites par moments. Heureusement, la partie "Le Réveil" porte bien son nom, donne un coup de fouet à La Dame n°13 et renoue avec l'excellence des premières parties!

L'identité de cette fameuse Dame n°13 était prévisible, mais comme souvent avec Somoza, c'est vraiment l'élaboration de son nouvel univers fantastique qui prime sur l'énigme... Par ailleurs, une autre solution nous aurait fait passer à côté d'une belle idée.

Comme dans Clara et dans Les Cordes, tout s'achève sur une fin classique de SF que je trouve pour le moins satisfaisante, après cette folle aventure. Loin de ce qu'on imaginait au début quand on avait moins d'infos, certes, mais il était difficile de trouver mieux, et elle nous emmène encore une fois jusqu'au dénouement logique du principe qui porte le roman. Mon favori demeurera tout de même La Théorie des cordes, mais on peut dire qu'avec celui-là, Somoza en tient une couche. À lire, pour les amoureux de thrillers ET de littérature. Y a un côté un peu Harry Potter, dans ces vers lancés comme des sorts omnipotents et cette mythologie séculaire cachée du commun des mortels, qui régit les choses en coulisses...
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