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Critique de Seraphita


Martine Sonnet raconte l'histoire de son père, depuis ses débuts professionnels, dans sa campagne normande où il travaillait en tant qu'artisan charron-forgeron-tonnelier, jusqu'à son accession à la classe ouvrière, à l'usine Renault de Billancourt, où il a été engagé comme ouvrier à l'atelier 62 : « Forges et traitement », réputé le plus dur de la Régie par ses cadences infernales, l'atmosphère suffocante et toxique, l'environnement bruyant, en somme la pénibilité extrême du travail par ailleurs peu reconnue. L'auteur dresse le portrait du travailleur, à travers de multiples tableaux (embauche, métiers, portrait, aptitude à l'emploi, tombeau des forgerons, feuille de paye, vêtements de travail, degrés Celsius, vestiaires, douches et savon, cadences, accidents, décibels, débrayages, pièces forgées, fin des forges, …), et le portrait du père de famille et de sa famille en petites touches (maison au bord de la route, couturière, dimanche, cité, parisiens des taillis, distribution des prix, …).

Un récit ethnographique, à mon avis, davantage qu'un roman ou récit littéraire, au style haché (les phrases sont incomplètes, ce qui demande au lecteur une attention extrême), mais captivant : le lecteur suit l'épopée de ce père de famille et travailleur courageux au travers de courts chapitres étayés de références à des documents historiques (l'auteur présente une bibliographie en fin d'ouvrage). On reconnaît l'empreinte d'une historienne dans ce témoignage (Martine Sonnet, née en 1955, est ingénieure de recherche en histoire au CNRS). Son écriture laisse transparaître à la fois une grande sensibilité et un réalisme rendu par les références documentaires.
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