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Critique de BazaR


BazaR
29 novembre 2015
Héraclès est un demi-dieu, un super-héros ; il fracasse les méchants, il balaie le souk que les dieux ont laissé lors de la création du monde. On l’admire, le mec. Et pourtant, des magazines comme Closer se régaleraient de déboulonner sa statue en révélant certaines facettes de sa personnalité.

Un exemple ici : il vient de dérouiller Euphytos, roi d’Œchalie, et de raser sa ville. Il trouve Iole, la fille du roi, à son goût et l’envoie par courrier express à sa femme Déjanire en lui spécifiant de faire de la place pour sa nouvelle concubine. Sympa non ?
Déjanire passe son temps à attendre le retour de son époux toujours par monts et par vaux. Enfin il annonce son retour avec, dans ses bagages, une nouvelle femme. Elle pourrait s’énerver pas vrai ? Ben non. Elle n’en veut pas à la pauvre Iole qui n’a pas son mot à dire dans tout ça. Elle se rappelle les dernières paroles de Nessus, le centaure qui avait tenté de la violer et qu’Héraclès avait abattu d’une flèche : « si un jour Héraclès veut aller conter fleurette ailleurs, fais-lui porter ma tunique tachée de mon sang, il reviendra vers toi illico. » Elle fait parvenir la fameuse tunique à Héraclès. Mais au bout d’un moment, elle se demande si son violeur, assassiné par Héraclès, n’avait pas une idée derrière la tête. D’après vous ?
Dès qu’il s’enveloppe dans la tunique, Héraclès est immédiatement brûlé au 27ème degré. Il ne s’en relèvera pas. Quand elle l’apprend, Déjanire se suicide. Et avant de mourir, Héraclès fait jurer à son fils Hyllos d’épouser Iole – la fille à cause de qui ses parents viennent de mourir. Tout n’est pas bien qui finit pas bien.

Comme à l’accoutumée, aucune action n’est directement visible sur scène. Les personnages se font raconter les évènements par des hérauts ou des messagers. Cela donne lieu à des soliloques assez longs mais parfois à des dialogues savoureux qui utilisent des ressorts théâtraux existant visiblement de toute éternité. On se régale d’entendre Lichas, le héraut d’Héraclès dans ses petits souliers, essayer d’éluder les questions de Déjanire qui lui demande qui est cette Iole. On adore voir Héraclès pleurnicher comme une « femmelette » alors qu’il se sait mourant et comprend qu’il ne mourra pas les armes à la main. Héraclès encore, tellement occupé à vouer sa femme aux gémonies pour l’avoir tué qu’il ne laisse pas son fils Hyllos en placer une pour lui expliquer le piège de Nessus. Ce sont des ressorts de comédie qui sont appliqués dans cette tragédie.

Cette pièce est considérée comme l’une des plus anciennes de Sophocle, une « œuvre de jeunesse ». Il est vrai que je n’y ai pas retrouvé la force et la subtilité d’Antigone ou d’Œdipe-Roi, mais elle a tout de même beaucoup de plaisir à offrir à un amateur de l’Antique.

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