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Critique de livrevie


Si l'on devait matérialiser la vie, un long fil serait une image assez juste. Il serait ponctué de noeuds, plus ou moins serrés, plus ou moins rapprochés symbolisant les obstacles que l'on a rencontrés. le fil de la vie de Lucie serait jalonné de montagnes de noeuds. Une mère difficile, l'envie de plaire, et puis VDA. Ce serait le plus gros, celui à cause duquel le fil pourrait se rompre.

Le roman d'Isabelle Sorrente commence comme tous les romans. On pourrait même imaginer un début à la « Il était une fois ». Il était une fois deux enfants, séparées par quelques années, qui se lièrent d'amitié. L'une avait la beauté d'un elfe et des cheveux de lumière, l'autre l'intelligence d'un ange. Ce pourrait être un bon début. Mais comme dans toutes les histoires de ce genre, il y a un méchant. Un très grand méchant. VDA.
Parce que finalement, si les contes ont un fond de vérité, il en va de même pour cette histoire. Ces noeuds qui peuvent rompre le fil, tout le monde peut les rencontrer.

Mina et Lucie sont amies d'enfance. Lucie a tout pour être heureuse, en apparence. Les apparences sont essentielles, elles empêchent de voir ce qui est fêlé. Et la vie de Lucie est fêlée. Derrière sa chevelure éclatante se cache une faille profonde : cette envie démesurée de plaire. Plaire à sa mère qui ne la pense pas assez intelligente, plaire à ses camarades qui la regardent bizarrement.
Mina, quant à elle, a l'intelligence, mais elle a du mal à trouver sa place. Elles se rencontrent, une amitié naît. Mais le fleuve de la vie est sinueux et les sépare.

Les années passent, elles se construisent, dans la distance. Des retrouvailles et rien n'a changé. Ou plutôt tout a changé. L'éclat de Lucie s'est terni, sa chevelure s'est éclaircie. Elle est mariée désormais à un homme à qui tout réussit. Vincent-Dominique Arnaud. VDA. Il est fou amoureux d'elle. du moins, tant qu'elle reste sous son joug. VDA est un méchant de la pire espèce, c'est un manipulateur, passé maître dans l'art de la violence psychologique.

C'est une histoire effrayante que nous livre l'auteure.

Ce récit dense se construit progressivement, lentement, comme la vie. de longues pages s'égrainent sans dialogues, et quand ces derniers arrivent, ils n'apportent pas la libération désirée. Les mots ne peuvent pas libérer, ils sont oppressants, comme ce fil de la vie qui s'enroule autour du cou de Lucie et qui serre, qui serre...

On a beau se protéger derrière la cuirasse de la fiction, se dire que cela ne nous arriverait jamais, on sait très bien que l'on se ment. Parfois, nos routes croisent celle de la mauvaise personne, et en sortir indemne est impossible. La seule issue est s'en sortir tout court.

L'écriture de l'auteure m'a fascinée. Cette distance prise avec les faits grâce à Mina à travers laquelle nous vivons le récit n'a pas empêché la répulsion envers VDA d'éclater. L'exaspération vis-à-vis de la Lucie des premières pages a fait place à une compassion qui m'a étreint le coeur. Cette lente descente aux enfers, presque méthodique m'a fait serrer les poings. L'horreur n'arrive pas d'un coup, elle se prépare.

Isabelle Sorente nous livre un roman d'une force incroyable, un roman marquant, de ceux dont on se souvient encore des années durant. Ces pages poussent à la réflexion. On peut tous être des victimes, et démêler les noeuds du fil de la vie s'avère être une tâche bien plus ardue qu'il n'y paraît.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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