TU ES, TU ES LA, tout grand ouvert comme le jour, tu es flagrant en moi, dehors, dedans, et je veux vivre, vivre tout haut d'un seul emportement.
Mon amour, mon Amour, je ris, je vis,
je suis en plein milieu du monde, en plein milieu de toi,
en plein milieu du ciel et du soleil. Comme un trou, un
puits, une absence, et tu me combles,
heureuse de me taire,
attente,
attente de Toi, attente à ta mesure, à ta forme,
moulage de Toi, empreinte,
œuvre.
Tu m'a conçue, et mise au monde, prise et délivrée.
Je n'aurai jamais fini de dire que je t'aime,
Je ne saurai jamais le dire, mais tu m'entends,
Notre langage est clair, celui des bouches accordées,
lèvres qui chantent, celui des mains, expertes
ou ignorantes, et jusqu'aux mots de tout le monde
lorsque nous les disons,
Mien, ô très Mien....
Ses fesses sont la fraîcheur même. Je les sépare avec délicatesse comme un beau fruit et comme il m'ouvre, avec le même amour curieux de ses secrets je veux l'ouvrir.
Je l'envie de pouvoir entrer loin en moi quand je n'ai, pour le connaître, que ce qu'il veut bien mettre en moi de lui, le goût de sa langue et sa véhémence qui fuse au plus fort de la querelle.
Mais l'homme inviolable cède à peine sous ma langue et je rêve de lui faire une blessure pour connaître la couleur et le goût de son sang. Je rêve de cheminer rigide à l'intérieur de lui.
Ses fesses sont la fraîcheur même, mais ma langue est trop brève ; et son sexe est une source à naître, mais toutes mes bouches sont de qui ne me donnent pas à boire.
Il ne me désaltère pas, c'est pourquoi je le meurtrirai entre les lèvres de ma soif.
Mais il est vrai que la plus rare offrande est celle que tu mets à jour dans mes profondeurs. La permission d'être moi-même. Le loisir de vivre. Tu m'évides comme on fait d'une branche pour en façonner une flûte, et tu polis ma chair au-dedans, pour qu'elle réfléchisse le soleil. Instrument accordé, miroir éclairci... Tu me rends sensible, attentive à moi-même, gourmande de ma vie même... Vibrante, vivante... (...)
« Je t’accompagne désormais » - Comme ton ombre... (Et cela peut s'écrire encore : Je : Ta compagne... ! mon ami fûté...)
S'il te plaît...
« Baise m’encore »
Vous, mon père, ma mère, et quelques personnes encore qui ont l'âge de mes parents, me faites penser qu'il n'y a pas d'adultes - mais seulement des masques d'adultes. Découvrir la vulnérabilité de ceux qui furent dieux en ma petite enfance ou de ceux que la société efface commodément en leur substituant une étiquette - "personnage respectable" (et vous vous désolez sans doute de traîner ce titre après vous !), c'est retrouver le sens de la tendresse humaine. Et cette découverte multipliée, et toujours à refaire et toujours entreprise, est peut-être ce qui me fait heureuse. Souhaitez-moi de ne pas devenir aveugle, monde clos à autrui !
Genoux ouverts je veille.
Je dis ton nom de temps en temps pour en voir l'effet.
Ton nom d'homme nu, ton nom d'homme que j'aime.
Si je ferme les yeux, j'y vois la nuit. Une étoile proche me gouverne.
Je suis sûre de ce désir.
Demain je te dirais seulement que j'ai mis longtemps à m'endormir.