C'est un livre pétillant, l'écrivain mêle sa biographie personnelle et une analyse de notre époque; il nous livre en particulier une longue observation du fonctionnement de la France-
Ce n'est pas une critique de la France, ( dit-il P 26) et plus loin il dit qu'il fait le procès de la France.
D'innombrables sujets sont analysés et comparés dans un aller et retour entre la France et les Etats-Unis : Sciences Po , l'ENA , et la formation de la France d'en Haut, Peyrefitte, l'enseignement comparé de l'économie en France et aux Etats-Unis, idem pour la biologie, les procédures comparées de l'acquisition de la nationalité française et américaine, Raymond Barre, Sartre, la tolérance à l'égard du port du voile en France et aux Etats-Unis, De Gaulle, Juppé, l'académie, une analyse critique de la réalité ( p 213 ) Mme Badinter, la monarchie républicaine, ...les nombreux sujets traités dans cet ouvrage, et les prises de position de l'auteur peuvent être une base de réflexion personnelle. Ouvrez une page au hasard, et un extrait peut être relevé comme citation, tellement chaque page est intéressante.
Commenter  J’apprécie         10
Mes concessions à l'économie ayant des limites, dès 1970 , j'ai cessé d'enseigner l' "économie soviétique "bien qu'elle figurât au programme officiel de Sciences Po , considérant que cette économie n'existait pas réellement. Seul de mon espèce, j'enseignai la théorie monétaire de Milton Friedman en un temps où la doctrine de l'Etat attribuait la hausse des prix aux commerçants et non pas aux dépenses publiques excessives. Il est aujourd'hui admis que les Etats, et pas les commerçants, provoquent l'inflation, une mise en cause qui est restée taboue jusque dans les années 1980, puisque les enseignants de Sciences Po , gérant l'Etat, étaient par essence infaillibles; de surcroit, la théorie monétaire était perçue comme américaine.
Les Américains donnent plus qu'ils ne votent, les donataires sont deux fois plus nombreux que les électeurs, comme si la citoyenneté s'exprimait par le don plus volontiers que dans les urnes. Ceux qui ont eu énormément de chance- les super-riches restituent en argent et ceux qui en ont eu moins restituent en temps libre, pour aménager un jardin public, entretenir le voisinage, se faire guide de musée, assister des enfants en difficulté....
Pour tout ministre, se retrouver dans un palais d'Ancien Régime, plutôt que dans un immeuble de bureaux contemporain, comme en Scandinavie o en Allemagne, ou dans une maison bourgeoise comme à Londres, influence nécessairement le comportement. La mémoire des lieux, les dorures, le protocole transforment le député le plus modeste en prince du sang. L'Etat français devrait déménager.
Nous croyons être d'un lieu, nous sommes d'une époque.
Le voyage est à l'essayiste ce que l'imagination est au romancier.
Dans "Mon dictionnaire du Bullshit", Guy Sorman développe sa propre pensée, loin de vouloir imposer une vérité contrairement aux idées reçues. Une invitation à la contradiction. Les différentes entrées de ce dictionnaire, aussi variées que "Sainte Greta", "Reagan Ronal", "fin de l'histoire" ou "Post-libéralisme" sont autant de fils du parcours personnel de l'auteur qu'il traite d'un point de vue théorique mais également personnel.
"Mon dictionnaire du Bullshit" est un livre à l'image de son auteur : impertinent. Guy Sorman a pour habitude de renouveler sa pensée sans tomber dans la polémique. À travers son parcours à "L'Express" ou encore aux côtés des hommes politiques comme Jacques Chirac ou Alain Juppé, Guy Sorman est passé d'un discours libéral à un post-libéralisme défendant le Revenu Minimum Universel. Une façon de défendre la véritable pensée, à l'inverse des idées reçues qui mènent à une pensée unique.
+ Lire la suite