Ce livre part du postulat que la mondialisation économique n'irait pas contre le maintien de civilisations et de pensées diverses et cherche à le prouver par des exemples pris un peu partout sur le globe.
Commenter  J’apprécie         30
Paradoxe contemporain : les frontières n'ont jamais été plus faciles à franchir et, dans le même temps, jamais aussi nombreuses. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le monde entier nous est accessible. L'effondrement de l'Union soviétique a balayé les derniers interdits, le coin le plus reculé n'est jamais qu'à vingt-quatre heures d'avion de Paris ; nous sommes entrés dans un « village global » où tout frémissement local est immédiatement perceptible partout, quoique à des degrés variables. Ne convient-il pas, pour un observateur des affaires publiques – un publiciste, ainsi qu'on l'appelait au XIXe siècle –, de se faire mondiologue, c'est-à-dire d'y aller voir?
À six ans, je franchis ma première frontière. Il ne s'agissait que de prendre le train pour la Belgique, mais quelle aventure c'était en 1950 ! Le tout-Sartrouville m'en semblait informé, je regardais mes camarades de banlieue avec un air de supériorité. L'idée reçue sur la Belgique d'alors en faisait un pays fort propre, par contraste avec notre cité où nous n'avions pas encore découvert les commodités du tout-à-l'égout. La propreté belge, m'expliqua mon instituteur qui ne s'y était jamais rendu, s'exprimait dans le geste de fortes Flamandes lavant les trottoirs à grande eau; la scène se révéla exacte, mais l'eût été autant si nous avions visité les Flandres françaises.
Les lunettes que je propose au lecteur de partager seront en forme de paradigme contemporain. Celui-ci tendra à ramener les tensions du monde à une course entre deux tendances contradictoires : l'individualisation des êtres et le repli communautaire des groupes. La première tendance s'inscrit dans un mouvement plus large que l'on appelle mondialisation ; la seconde concourt au renouveau de ce que l'on appelle tribalisme.
Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
Blaise Pascal
Dans "Mon dictionnaire du Bullshit", Guy Sorman développe sa propre pensée, loin de vouloir imposer une vérité contrairement aux idées reçues. Une invitation à la contradiction. Les différentes entrées de ce dictionnaire, aussi variées que "Sainte Greta", "Reagan Ronal", "fin de l'histoire" ou "Post-libéralisme" sont autant de fils du parcours personnel de l'auteur qu'il traite d'un point de vue théorique mais également personnel.
"Mon dictionnaire du Bullshit" est un livre à l'image de son auteur : impertinent. Guy Sorman a pour habitude de renouveler sa pensée sans tomber dans la polémique. À travers son parcours à "L'Express" ou encore aux côtés des hommes politiques comme Jacques Chirac ou Alain Juppé, Guy Sorman est passé d'un discours libéral à un post-libéralisme défendant le Revenu Minimum Universel. Une façon de défendre la véritable pensée, à l'inverse des idées reçues qui mènent à une pensée unique.
+ Lire la suite