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Critique de nadejda


18 textes parus dans la revue littéraire russe SNOB, réunis autour de la nostalgie. 
Le rédacteur en chef de SNOB, Sergueï Nicolaëvitch nous en fait la présentation : «Le mot nostalgie est composé de deux éléments d’origine grecque, nostos, le retour au pays, et algie, la douleur.(…) La nostalgie, retour vers le passé, a inspiré les oeuvres maîtresses de Bounine, de Nabokov, de Chmeliov, dans lesquelles la mémoire a opéré un saut historique dans la splendeur de l’éternité.
Les écrivains publiés dans SNOB essaient aussi à leur manière de reprendre cette dynamique, dans la mesure où les espaces infinis de notre histoire nationale ainsi que les giga-octets inépuisables de notre mémoire permettent de réaliser cette prouesse avec une bonne part de légèreté. »

L’idée de faire figurer ces textes dans un recueil unique est venue de la journaliste, photographe et écrivain Nathalie Strube qui y publie elle-même un très beau texte autobiographique intitulé « Réchauffement ».
Elle est aussi la rédactrice d’ une postface que j’ai trouvé pleine d’humour : « Quand, dans une cuisine pleine de vaisselles sale et de verres vides, on se souvient des années passées, tout le monde s’accorde à dire que dans la Russie de Gorbatchev tout était possible.(…! Après l’époque Gorby, on voulait tous émigrer en Occident qu’on croyait ête le paradis.
(…) On s’était acheté de belles voitures puissantes, mais l’occident ne cessait de réduire la vitesse et adoptait le vélo…
Dépossédés de leurs rêves, beaucoup de ces néophytes russes sont rentrés à la maison, en fermant leurs portes blindées derrière eux. Ainsi a commencé la Nostalgie, la mélancolie du futur. » p 525
Quant à la préface elle est signée Mazarine Pingeot et mérite elle-aussi lecture.

J’ai dévoré ce recueil comme un roman dont les chapitres me faisait découvrir un aspect différent de cette Nostalgie dont chacun est imprégné, en compagnie d’ écrivains que je connaissais déjà comme Vladimir Sorokine qui choisit le boulevard de la Ringstrasse pour sentir frémir la ville de Vienne et mieux en jouir, Prilepine et ses « Compagnons de route » adeptes de sauna, fille et vodka ou Limonov qui reçoit la visite d’un demi-frère, prénommé Youri, qu’il ne connaissait pas et bien d’autres que j’ai eu le plaisir de lire pour la première fois telle la petite fille de Pasternak, Elena, qui fait revivre Peredelkino « Dans l’ordre des choses » ou Dimitri Bykov qui nous entraîne dans un conte des mille et une nuits à la mode russe « Le Prince Taviani ».
Tous ne sont pas des écrivains mais cela n’enlève rien à la qualité de leur texte.
Ainsi de Vitali Komar, qui enfant rêvait de voir Staline en chair et en os. Il le verra alors qu’il ne s’y attendait pas quand, en compagnie de son grand-père, il doit s’arrêter pour laisser passer un cortège officiel. De cette vision de Staline derrière la vitre d’une voiture noire naîtra bien plus tard l’une de ses toiles intitulée « Un jour, dans mon enfance, j’ai aperçu Staline » qui fait partie de la série intitulée « Le Sots Art nostalgique ». Ne connaissant pas l’art « Sots », j’ai été voir sur "google" et j'ai appris que, dénommé ainsi par analogie avec le Pop Art, à partir des mots art et socialisme, il est né en 1972, sous l’impulsion de deux artistes moscovites, Vitaly Komar et Alexandre Melamid. »

et Alla Demidova, « Eh, l’étoile, comment va la vie ? », actrice dans des pièces mises en scène par Iouri Lioubimov au Théâtre de la Taganka à Moscou. Elle s’aide de notes prises dans des carnets entre juin et octobre 1975 pour redonner vie aux tournées qu’elle a faite avec Volodia Vyssotski qui joue dans Hamlet et la Cerisaie. Elle se remémore les voyages en train quand existait encore « la flèche rouge ».

etc…

Tourbillon de vies et de Vie qu’offrent tous ces textes qu’il serait trop long de détailler et qui sont reliés dans ce livre très beau avec sa couverture noire, sa tranche rouge, un ruban pour signet, et la qualité de la mise en page et de l’impression. Je ne m’attendais pas à un tel écrin qui rajoute au bonheur de cette lecture.
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