Le
roman se déconstruit progressivement, subtilement, et s'achève dans une violence inouïe et inattendue. Voilà le sort que
Sorokine prédit à la civilisation. Dans ce tableau idyllique et archétypal d'un village de la Russie profonde vivant en harmonie avec la nature se glissent des éléments dissonants, des simples écailles de peinture dans l'isba des Vospennikov jusqu'à l'affrontement insensé avec le loup.
Les plus attentifs auront sans doute remarqué que le motif de la hache fait bien souvent son apparition. Objet maudit de la littérature russe...
Malgré tout, on a bien du mal à voir d'où sort cette violence sans nom, certes brutalement aveugle mais ritualisée
(la clochette, l'Eglise, etc) . L'absence de tout facteur causal rend la vision de l'auteur difficilement compréhensible. Faut-il y chercher un sens allégorique ? Ou alors doit-on comprendre que tous les philosophes et écrivains invoqués par
Sorokine seront à jamais inutiles face aux impulsions passionnelles et aux destructeurs accès de violence ? Véritablement, le souffle de la passion semble tout emporter chez
Roman : la peinture,
Schopenhauer, et jusqu'à ses réflexions métaphysiques (son monologue intérieur se raréfie au fil du texte).
C'est pas clair, et je crains que ça ne le sera jamais avec
Sorokine. Visiblement, il expose une vision apocalyptique du futur dans toute son oeuvre (dont ma connaissance reste encore assez superficielle c'est vrai), sans donner à comprendre comment et/ou pourquoi on en arrivera là, alors que c'était peut-être mon attente principale, au-delà de revisiter les classiques du XIXe siècle.
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