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EAN : 9782823602722
110 pages
Editions de l'Olivier (01/10/2015)
3.34/5   16 notes
Résumé :
"Olia, puis-je vous demander un service ? Et seulement à vous. -Ca dépend duquel. Bourmistrov agrippa la table, comme s'il s'apprêtait à l'arracher du sol. -Pouvez-vous manger pour moi ? Ici. Maintenant. -Comment ça, pour vous ? -Je veux dire, en sorte que je puisse vous regarder. Simplement vous regarder". Bourmistrov propose à Olia de réitérer ce rituel - la regarder manger - chaque premier lundi du mois, contre une forte rétribution. Leurs rencontres ont lieu dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans un wagon du train Simféropol-Moscou, se conclut un étrange marché.

Boris Ilyitch Boumistrov sort d'un camp de rééducation. Cet individu à l'aspect répugnant, inquiétant, prie Olia, rencontrée dans le train, de l'autoriser, une fois par mois, à assister à l'un de ses repas, spectacle qui lui procure un plaisir orgasmique. Elle percevra pour cela une importante rétribution. Décontenancée par cette surprenante proposition, la jeune fille l'accepte pourtant, essentiellement motivée par le gain qu'elle en retirera.

Ainsi s'instaure un singulier rituel entre ces deux inconnus. Leur rendez-vous mensuel est comme une parenthèse hermétique au reste de leurs existences : c'est dans le plus grand secret qu'Olia se soumet à ce cérémonial régulier, dont les modalités évoluent peu à peu. Arrive un moment où l'assiette que lui sert Boris dans les appartements successifs -de plus en plus luxueux- où il l'emmène, est vide. La jeune fille doit alors feindre de manger, pendant que son spectateur entre dans des transes de plus en plus intenses.

Pendant ce temps, les années passent...

"Soupe de cheval" est un texte court (il s'agit d'ailleurs d'une nouvelle, rééditée hors de son recueil par les Editions Olivier), une sorte de fable légèrement glauque, qui procure un sentiment d'écoeurement et de malaise. le jeu pervers auquel se livrent Olia et Boris instaure une forme de dépendance d'autant plus malsaine qu'elle est a priori incompréhensible.

La volonté de l'auteur, avec ce conte subtilement cruel, devient, au fil des évolutions du récit, évidente. le lecteur comprend qu'il convient d'y voir une parabole des mutations qui, en l'espace de deux décennies, ont transformé la Russie, un mal en chassant un autre. le récit débute avant la fin de l'ère soviétique, pour s'achever dans une Russie contemporaine gangrenée par la mafia. Au rationnement, à la rigueur, aux privations qui focalisent les fantasmes sur le prosaïsme d'une assiette pleine, succèdent le cynisme et l'iniquité d'une économie de marché où la jouissance ultime réside dans le fait même de posséder, devenu l'échelle de mesure d'un pouvoir exercé en toute impunité, et non plus le moyen de satisfaire des besoins vitaux.

La démonstration pourrait sembler un peu grossière, mais on se laisse facilement prendre à l'atmosphère étrangement malsaine du récit, suffisamment intrigué pour guetter avec impatience le dénouement de cette confrontation atypique. le style de l'auteur est également très plaisant, j'ai entre autres apprécié sa façon de transcrire les pensées de ses personnages comme s'ils les exprimaient à voix haute, et sa capacité, en quelques phrases, à les doter d'une certaine densité.

Malheureusement, la fin, obscure et d'une violence subite, m'a profondément déçue. Je ne l'ai pas vraiment comprise, et l'ai trouvée décalée vis-à-vis du reste de l'intrigue.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
C’était agréable de contempler les profilés d’acier. Ils la rassérénèrent. Ils la rassérénaient. Ils s’écoulaient, s’écoulaient, s’écoulaient. Ils étaient froids, ils étaient lourds. Ils ne se pressaient nulle part. Ils s’étiraient de façon parallèle, convenable, graduelle. Comme des traces imprimées par des skis sur la neige, laissées par des gens bons et braves, des gens très honnêtes et fiables, courageux et attentifs, des gens qui savent rire comme il convient, qui connaissent de nombreuses, de très nombreuses histoires héroïques et justes, qui connaissent de nombreuses formules de physique et de chimie, qui connaissent de nombreuses, de très nombreuses belles chansons accompagnées à la guitare, des chansons sur des géologues et des alpinistes, sur des sommets de montagnes sublimes et imprenables, recouverts de neige, d’une neige blanche, d’une neige étincelante, d’une neige qui ne fond jamais, d’une neige froide, d’une neige bienveillante, d’une neige éternelle.
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Il faut se donner à fond, ma jolie, il faut que ça avance et ne pas se prélasser dans les silences ! Ton son est beau, mais il manque de chair. Il manque de chair, ma petite chérie. Tu t’endors dans les silences. Avance, avance, voyons, ne te ménage pas ! Mieux vaut en faire trop que pas assez.
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Ces gens se sont conduits comme des sauvages, et le mot est faible ! Il a suffi de ne pas fermer à clef la barrière pour qu’ils volent et emportent tout ce qui leur tombait sous la main. Il avait laissé un hamac, ils ont découpé le hamac ; il avait laissé du linge, ils ont emporté le linge ; il avait laissé une pelle, ils ont piqué la pelle ; il avait laissé un tonneau…
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Les bruyantes années de la perestroïka filèrent en un rien de temps ; arrivèrent les impitoyables et tempétueuses années 90.
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C’est parfois salutaire de dégobiller. Ça lisse les rides.
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Videos de Vladimir Sorokine (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vladimir Sorokine
Dimanche 16 mai 2010 Rencontre avec le romancier russe Vladimir Sorokine, Anne Coldefy-Faucard et Luba Jurgenson : « L'espace dans l'oeuvre de Sorokine », dans le cadre du banquet de printemps 2010 intitulé "L'Espace russe".

Vladimir Sorokine est connu dans les milieux non-conformistes depuis la fin des années soixante-dix. Il est né en 1955, et devient un écrivain russe majeur après l'effondrement de l'Union soviétique. Ses romans, nouvelles, récits et pièces de théâtre sont de véritables événements, suscitant louanges, critiques acerbes, contestations, indignation. Écrit dans les années 1985-1989, Roman est un des chefs-d'oeuvre de l'auteur. Il est publié en 2010 en français chez Verdier, en même temps que La Voie de Bro (Éd. de l'Olivier).
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