Guirec Soudée est un jeune breton qui ne doute de rien : quand il a un rêve, rien ne l'arrête, jusqu'à ce qu'il l‘ait réalisé. Là, son rêve, c'est de faire le tour du monde sur un voilier : alors il enchaîne les petits boulots, même en Australie (sans connaître l'anglais, du moins au départ…) pour arriver à acheter … presque une épave, qu'il retape avec les moyens du bord pour finalement s'embarquer à l'aventure. « Alors pas question d'attendre une minute de plus, il y a toujours une bonne excuse pour ne pas partir ! »
Il est plutôt gonflé, le Guirec ! Sans expérience préalable de la navigation en solitaire, voilà qu'il traverse l'Atlantique, se chauffe un peu dans les Caraïbes avant de mettre le cap sur le Groënland, pour un hivernage dans son bateau. Après un hiver dans les glaces, il rejoint le Pacifique en empruntant le passage du Nord-Ouest, ce qui n'est pas une mince affaire. Puis en longeant la côte de l'Alaska et la Colombie Britannique, il arrive à San Francisco. Là, remise en état du bateau, et notre Guirec repart pour franchir le Cap Horn, et terminer son périple à Sainte-Hélène, avec au passage un salut à l'Antarctique. Et tout cela lui prend quasiment cinq ans, avec des arrêts tout au long de son périple pour entretenir le navire, mais aussi visiter le monde et partager la vie de ceux qu'il rencontre.
Le livre est présenté sous forme de journal de bord, abondamment illustré de photos et de dessins, et donc très agréable à lire. Certaines photos m'ont d'ailleurs surpris, voire fortement questionné : « Comment a-t-il fait pour se photographier de dessus, alors qu'il fait de la planche à voile au milieu des icebergs ? ». Et ce n'est que quelques dizaines de pages plus loin que j'ai eu la solution : Guirec utilisait un drone ! Il y a ainsi quelques images saisissantes de son voilier « Yvinec » progressant au milieu des glaces et vu de la verticale.
De nombreuses images aussi de Monique, la passagère embarquée au milieu de l'Atlantique, à Ténériffe, une poule rousse qui semble tout-à-fait ordinaire, mais qui ne manque pas de caractère : elle n'a aucune difficulté à s'habituer à la vie à bord d'un petit voilier, mange tranquillement ses graines et aussi du poisson cru, et ne bronche pas quand, au large de l'Antarctique, le bateau est sérieusement malmené par une vague qui le met quasiment la tête en bas. Très vite, Monique devient une équipière à part entière, et d'ailleurs dans son récit, Guirec écrit « nous », et non pas « je » !
Non seulement Guirec et Monique font preuve, tout au long du voyage et des pages de leur journal, d'un optimisme inébranlable, mais en plus ils sont sous la protection d'une très bonne étoile. Ils n'échappent pas aux tempêtes, le bateau est cogné et enserré dans les glaces, mais tout finit toujours par s'arranger, et on dirait que c'est naturel, ni Guirec ni Monique ne jouent les héros ou les super-poules… Ce livre est empreint d'une grande sérénité, et on ressent très souvent le plaisir du navigateur (presque) solitaire à contempler la nature et à savourer sans hâte les moments de plaisir.
Beaucoup d'humour également, quand Guirec met en scène les précieux oeufs pondus par Monique : ils sont souvent photographiés (il y a même un oeuf utilisé comme bougie d'anniversaire), et très sérieusement comptabilisés, chaque tronçon parcouru autour du monde étant évalué en distance (nombre de milles), en temps (nombre de jours), et nombre d'oeufs pondus. Ce qui permet d'établir que la moyenne d'oeufs pondus aux cent milles est maximale pendant l'hiver au Groenland… Les scientifiques en déduiront-ils quelque chose sur le comportement de nos amies gallinacées ?
Je referme ce livre avec le sourire aux lèvres, et je sais que de temps en temps je vais le reprendre sur son rayon de bibliothèque pour picorer, à la manière de Monique, quelques photos et quelques lignes de récit.
Merci à Babelio et aux éditions Arthaud pour ces excellents moments de lecture.
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N'ayant absolument pas le pied marin et ne suivant pas particulièrement les émissions de TV ou les réseaux qui relaient ce type d'aventures, je suis passée complètement à côté de Guirec et Monique jusqu'à la sortie de leurs ouvrages.
J'ai eu la chance de pouvoir lire et admirer celui qui est en quelque sorte un carnet de bord, un journal merveilleusement illustré de photos splendides, de belles qualités et bien agencées par une édition souple, mais qui reste très qualitative. En prime, il y a de belles cartes que l'on peut mettre sous cadre ou punaiser où bon nous semble.
Lecture très facile, nos yeux passent sans cesse du texte aux images qui nous font vivre par procuration cet aventure humaine, mais aussi gallinacée.
Franchement, je n'aurais pas aimé vivre ce que ce duo très improbable a traversé, mais j'admire leur parcours. Ils ont eu de la chance de s'en sortir sans bobo car ce voyage qui s'étire sur presque 2 ans était des plus périlleux. Ils ont fait de belles rencontres qui donne foi en l'humanité et en la force de la Nature.
Même si vous n'êtes pas attiré par les histoires de marins, de bateaux, d'océan, ce livre peut vous plaire. C'est parce que cela va au-delà.
Guirec est un jeune homme charmant, certainement un brin ours solitaire avec un caractère pas facile, mais c'est ce qui a fait sa force aussi. Il est inexpérimenté et son école va être celle de la mer. Il est courageux, pas feignant et débrouillard. Avec trois fois rien, il fait des tas de choses et vit son rêve.
Monique est une poule qui s'ennuierait à mourir dans une basse-cour classique. Elle ne manque pas de caractère et sera le moussaillon indéfectible de Guirec.
Je suis certaine qu'ils n'en resteront pas là ces deux-là !!!!
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C'est le réseau social facebook qui m'a fait connaître l'histoire de ce jeune breton, Guirec et Monique, sa poule. Dès qu'il est paru, je me suis précipité pour acheter les ouvrages relatifs à son expédition.
Je trouve qu'il nous faudrait plus de belles histoires comme la sienne : partir du pôle Nord au pôle Sud à l'aventure, en solitaire (seule Monique l'accompagne) un peu inconscient mais aussi très rêveur et plein de ressources, le jeune Guirec nous pousse à nous questionner sur notre vie quotidienne et le devenir de nos rêves passés.
Lui, en tout cas, a décidé de vivre ses rêves, sans trop se poser de questions. Et il a eu raison ! Heureusement que des gens comme lui le font pour nous montrer, parce qu'on l'oublie souvent, que notre vie est remplie de futilités !
Un super carnet de bord, avec plein de photos magnifiques. A lire et parcourir sans modération !
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L 'heure est venue de reprendre la mer.J'ai le coeur lourd.J'aurais pu rester ici encore des mois,mais la route est encore longue .Raino me donne des confitures ainsi que des conserves maison . Je salive d'avance de pouvoir goûter à ce saumon fumé qu'il fait mijoter pendant huit heures avec des épices avant de le conserver dans l'huile d'olive.Mais je lui ai promis de ne rien ouvrir avant d'être au beau milieu du Pacifique...Cette promesse sera difficile à respecter !
Mon ami m'offre aussi une pagaie en bois.Les peintures qui l'ornent symbolisent l'histoire de ses ancêtres.Elle est censée me protéger,me ramener chez moi sain et sauf,je l'accroche au-dessus de mon lit.Ce présent scelle définitivement notre amitié.
31/12 – 9 heures
Le cauchemar recommence. Nous sommes à nouveau échoués contre la côte, poussés, compressés, secoués par des tonnes de glace. Yvinec, couché par 35 nœuds de vent, tape douloureusement contre le fond. J’ai préparé toutes mes affaires pour survivre à l’extérieur dans l’éventualité où nous devrions quitter le bateau. Vêtements chauds, nourriture, réchaud, tente, torche, couteau… sont répartis dans des sacs étanches pour éviter qu’ils ne prennent l’eau ! J’ai préparé ma combinaison étanche pour l’enfiler rapidement si besoin. Grâce à elle, l’eau ne peut s’infiltrer dans mes vêtements. Elle s’enfile tout habillé. Il y a du caoutchouc au niveau des mains et du cou et des chaussons au niveau des pieds.
Dehors il fait -30°C et avec ce vent, la température ressentie est de -60°C. Mais paniquer ne servirait à rien, hormis empirer les choses… Tout ira bien. Pour le moment et tant qu’un geyser d’eau glacée n’implose pas, je reste à bord.
A l'occasion des Nuits de la lecture 2021, et pour lancer officiellement le Prix Facile à lire Bretagne à Saint-Méen-le-Grand en janvier 2021, la médiathèque avait prévu des lectures musicales en partenariat avec l'Ecole de Musique du Pays de Brocéliande.
Le contexte sanitaire a compromis l'organisation de cette présentation avec du public, mais Christèle Bichot, la responsable de la médiathèque, a pu bénéficié de l'aide précieuse de Véronique Piron pour enregistrer en vidéo des lectures, accompagnées par ses élèves mévennais de l'Ecole de Musique.
Une Nuit de la lecture 2021 inédite, que la médiathèque et l'Ecole de Musique proposent à tous de découvrir en vidéo, un grand merci !
Dans cette vidéo, le livre "La Poule qui fit le tour du monde" de Guirec Soudée (Hachette) est présenté en musique, grâce à un accompagnement par un élève de l'Ecole de musique à la guitare.
#livre #Bretagne
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