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EAN : 9782708708655
128 pages
Editions Présence Africaine (23/12/2013)
3/5   1 notes
Résumé :
Partant de ce fait que la philosophie africaine connaît aujourd hui un important développement et fait l objet de nombreuses publications, l auteur examine le champ de questions et l espace de débat que constitue l activité philosophique en Afrique pour présenter ici à la fois un « précis » de cette activité et un exposé de ses propres réflexions sur les thèmes les plus importants autour desquels elle s organise . L on peut considérer en effet, constate-t-il, que po... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A une éthnologie [celle de Lucien Lévy-Bruhl] si impatiamment soucieuse de fabriquer de l'altérité, du radicalement autre, Bergson aura administré une leçon de logique et de simple bon sens fondée sur le principe humaniste que rien de ce que fait un autre homme ne m'est étranger, et qu'elle vérifie en retour. C'est la même leçon qu'articulent, en des termes comparables, les "Remarques" que "Le Rameau d'or" de Frazer inspire à Ludwig Wittgenstein et qu'il note à partir de 1930.
Jacques Bouveresse déclare fort justement à propos de Wittgenstein que "d'une certaine manière et à condition de bien comprendre quel était son objectif véritable, on peut dire qu'il ne s'est jamais préoccupé d'autre chose que d'anthropologie". Citant le paragraphe 206 des "Recherches philosophique" où celui-ci rappelle que "le mode de comportement humain commun est le système de référence à l'aide duquel nous interprétons un langage qui nous est étranger", J. Bouveresse écrit que "faire abstraction de ce système de référence minimal, ce serait traiter quelqu'un que nous considérons abstraitement comme un homme, comme s'il n'avait rien d'humain" et évoque à ce propos la remarque, de bon sens à nouveau, que fait le logicien W.V. Quine à propos du prélogisme prétendu de la "mentalité primitive". Considérant ce qu'il admet être sans doute une "caricature" ou une "simplification à outrance" de la thèse lévy-bruhlienne, ce dernier écrit;

"[...] supposons qu'on affirme que ces indigènes acceptent comme vraie une certaine proposition barbare (heathen) de la forme 'q ka bu q' dont la traduction en français [l'original dit 'évidement 'en anglais": SBD] a la forme 'p et non p'. Il faut alors se demander ce qu'il en est de la qualité de la traduction et quelle méthode le lexicographe à bien pu employer? Si l'on doit chercher une bonne raison de réfuter l'adoption par le lexicographe de "et" et "non" comme traduisant "ka" et "bu", l'acception par les indigènes que 'q ka bu q' en serait certainement une de poids. Nous sommes ramenés au constat que la thèse qu'il existe des peuples prélogiques n'a aucun sens; le prélogisme est une caractéristique qu'ont créée de mauvais traducteurs."
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Les dictatures qui se sont installées un peu partout sur le continent après les indépendances avaient cru pouvoir trouver légitimation dans une raison d’État doublée d'une "raison de culture". La raison d’État était, on l'a dit, que la construction nationale commandait qu'un seul parti dirigé par un chef concentrât entre ses mains tous les pouvoirs, d'une part pour éviter que les revendications identitaires ne finissent par défaire le fragile tissu social, et de l'autre pour engager le pays dans la voie d'un développement en vue duquel toutes les énergies, déclarait-on, devaient être canalisées dans une seule direction. La raison de culture déclarait que la tradition africaine, inventée bien sûr, voulait que toujours l'individu fût au service de la communauté, représentée évidemment par le Père [de la nation].
Le paradoxe était qu'une telle raison de culture pouvait trouver à s'appuyer sur les thèses de philosophes et autres intellectuels africains répétant que "nous [i.e. les Africains] mettons moins l'accent sur l'individu et davantage sur la collectivité; nous ne permettons pas que l'individu puisse avoir des exigences qui auraient préséance sur celles de la société. Nous posons l'harmonie, non la divergence des intérêts, la compétition ou le conflit: nous avons tendance à penser à nos obligations envers d'autre membres de notre société plutôt qu'aux demandes que nous lui adressons". Claude Aké, l'auteur de ces lignes, oppose ainsi un contexte et une manière de voir africains à ce qu'il considère un "idée occidentale des droits humains" dont il déclare "qu'elle présuppose une société atomisée et individualiste, une société du conflit endémique. Elle présuppose une société de personnes conscientes de leur séparation ainsi que de leur intérêts particuliers et qui tiennent à leur réalisation. Le droit légal est une demande que l'individu peut adresser aux autres membres de la société, et c'est en même temps une obligation qu'a la société de satisfaire cette demande."
Claude Aké soupçonne que si l'Afrique commence à s'intéresser aux droits humains (au moment où il écrit) c'est que "le capitalisme autoritaire régnant [sur le continent] est alors sous pression pour devenir plus libéral et ainsi créer des conditions plus favorables à l'efficacité capitaliste".
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Vidéo de Souleymane Bachir Diagne
La dixième édition des "Rencontres Recherche et Création" organisées par l'Agence nationale de la recherche, dont Philosophie magazine est partenaire, s'est tenue les 10 et 11 juillet dans le cadre du Festival d'Avignon.
Durant deux jours, des chercheuses et des chercheurs de différentes disciplines sont intervenus pour présenter en une quinzaine de minutes leurs travaux, et ils ont dialogué avec les artistes programmés au Festival autour du thème retenu cette année : "La fabrique des sociétés".
Parmi eux, deux philosophes ont répondu face à la caméra aux questions de Cédric Enjalbert, rédacteur en chef adjoint de Philosophie magazine qui a pris part à ces rencontres. Il s'agit de Souleymane Bachir Diagne et de Kate Kirkpatrick.
Professeur de philosophie à Columbia University, à New York, Souleymane Bachir Diagne est un spécialiste des question de traduction et d'interculturalité. Contre les égoïsmes qui fracturent nos sociétés à l'heure où nos destins sont liés, il propose d'apprendre à agir en tant qu'espèce humaine et défend ce qu'il appelle une "politique de l'humanité". Retrouvez son entretien en vidéo.
Et pour voir la vidéo de Kate Kirkpatrick, c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=JenrxcqnD6o
Journaliste : Cédric Enjalbert Réalisation : Sébastien Cotterot Montage : Ariane Nicolas
Retrouvez toutes les vidéos des Rencontres Recherche et Création, et les ouvrages des éditions précédentes en libre accès sur : https://www.recherche-creation-avignon.fr
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