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EAN : 978B07DM8N1P3
(07/06/2018)
4.43/5   14 notes
Résumé :
Une nouvelle de 19 500 mots.

1943, la bataille de l'Atlantique fait rage. Les U-Boote allemands sèment la terreur parmi les convois des Alliés. Dans l'U-123, commandé d'une main de fer par l'officier Kühne, les jeunes soldats ignorent qu'ils sont en train de couver le Mal... et quelque chose d'autre.

Un huis-clos anxiogène, pour lecteurs avertis.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dès que j'ai vu que l'ami Soulier se frottait à la seconde guerre mondiale, j'ai su que je ne traînerais pas à le lire : je le savais plus qu'à l'aise sur le thriller/polar/noir, j'étais curieux de le voir à l'oeuvre dans un de mes genres de prédilection, l'historique. Aussi, je confesse que le gredin a doublé pas mal de monde dans ma pile à lire, mais après tout ce n'est qu'une novella, donc ça n'a pas retardé grand-chose… et qui plus est, une novella torchée en un temps record, puisque ça se lit sans faim.
Pas grand-chose à redire encore une fois sur ce coup-là sans entrer dans le jeu du chipotage, ce à quoi je me refuse par principe. Pas grand-chose à dire tout court, non plus, car le problème quand on chronique une novella, c'est qu'on a vite fait de la divulgâcher.
Mais tout de même : quel style fleuri et imagé (on le savait déjà) et quel sens de l'ambiance (oui, on le savait déjà aussi, désolé). Un huis-clos où le côté oppressant et l'effroyable promiscuité d'un sous-marin sont admirablement rendus. On sent au passage que le gaillard s'est solidement documenté, assez pour nous absorber encore plus dans cette ambiance authentique de mort humide et de cercueil de ferraille, sans jamais tomber dans le piège du cours d'hydrodynamique ou de balistique sous-marine.
Concernant la description des délicieux symptômes dont souffrent ces aimables sous-mariniers, tout comme le simple fait de parler de poux peut vous faire vous gratter la tête, vous risquez en lisant ces lignes de commencer à vous excorier avant même d'avoir été piqués par ces saloperies de moustiques.
Les personnages, eux-aussi, sont terriblement crédibles. Que ce soit le narrateur et sa culpabilité, Kuhne et sa foi inébranlable en Dieu et en le Führer (la contradiction passe comme une lettre à la poste), les abrutis de bidasses décérébrés ou le malheureux bouc-émissaire, grand classique de la littérature maritime, qui est ici parfaitement exploité.
Pas de gonzesse ici, à part pour en rêver. Ça sent la mâle testostérone, le cambouis, la sueur et la crasse. La connerie, aussi ! On termine donc sur une bonne dose de misanthropie, qui m'a un peu rappelé cette phrase de Christophe Colomb : « l'enfer et le paradis sont terrestres. Nous les emmenons avec nous partout où nous allons. »
J'ai eu une impression d'inachevé, à la fin. J'ai d'abord cru que j'avais été déçu par la chute que j'attendais plus spectaculaire pour faire honneur à un tel texte. Mais avec 24 heures de recul, je pense que c'était en fait la seule fin possible. Non, inutile de continuer à chercher : je n'ai décidément rien à reprocher à ce texte.
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Je suis sonnée, groggy mais pas abasourdie: je savais que la dernière nouvelle de Fred Soulier, Galeries me bousculerait.
Pire ( ou mieux ) que cela, j'ai une boule dans la gorge et une autre me plombe l'estomac.
Oui, je sais, c'est une fiction, oui, je sais, je suis une éponge, mais les confidences de ce petit vieux sont si palpables, ses confessions si douloureuses, sans épanchements exacerbés, que le poids de sa conscience m'a pesée comme une chape de plomb. Il a partagé sa geôle, mais il en a pris pour perpette, le bougre.
Le récit vous happe dès les premières lignes, c'est ce qu'il faut dans une nouvelle de moins de 20000 mots. Sur le ton de la confidence, un petit vieux témoigne dans une lettre posthume à l'attention de ses enfants, d'un drame vécu 70 ans auparavant, alors qu'il était jeune sous-marinier dans la Kriegsmarine.
La tension est de suite prégnante, le stress anxiogène mais je devine déjà une fin tragique.
Encore une fois dans les nouvelles de Fred Soulier, le lieu, une bête humaine abyssale, sert de décor, de toile de fond, pour décrire l'ambiguïté, la complexité de l'âme des hommes au travers 48 soldats détenus à plus de 200 mètres de profondeur.
Asservissement, libre-arbitre, culpabilité, rédemption, autant de sujets qui vont bousculer votre conscience.
Les hommes trouvent toujours une échappatoire pour justifier leur crime...
Je finirai par sa plume qui m'a semblé encore plus effarante ( pas dans le sens de qui provoque de la stupeur, hein, mais qui atteint un degré extrême ). le sens du rythme, les métaphores, souvent amenées par des expressions ou mots inusités, sont de véritables torpilles dans le récit, les fulgurances atteignent systématiquement leur cible. On ressent aussi tout le boulot de recherche qu'il y a eu en amont. Un vrai vaisseau de guerre ce Soulier, il est bon, punaise ! Quel esthétisme !
Si je dois chipoter, juste quelques répétions qui auraient pu être évitées en début de récit, ainsi que "quelques métaphores parfois redondantes, en tout cas, c'est ce qui m'a semblé, peut-être parce que j'ai lu le texte d'une seule traite.
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Des durs gonflés de testostérone dans une grosse machine d'acier se cognent aux petites bêtes : celle qui grouille sous la peau et sape l'endurance et celle qui trotte dans la tête et travaille la conscience. le talent de Soulier dans Galeries n'a pas besoin de fioritures pour s'exprimer. Un sous-marin, quelques personnages confinés à l'intérieur avec leurs certitudes. Malgré leur éducation, leur savoir-vivre et leur intelligence si faibles soient-ils mais qui leur permettent de vivre ensemble, leurs codes et leur subordination, ils finissent par franchir leurs limites et nous conduisent, en témoins impuissants, à pressentir les nôtres.

Voilà ce que j'aime retrouver la plupart du temps dans mes lectures et chez cet auteur en particulier : au-delà du simple divertissement et du réveil de quelques émotions, elles doivent m'obliger à m'interroger, à peser les jugements que je porte et connaître mes seuils de tolérance. Il est si facile de juger les actes surprenants et répugnants qui nous font dégoûter du genre humain et qui nous font dire « comment peut-on en arriver là ? ». Il est si facile de se convaincre que dans n'importe quelles situations, nous ferions le bon choix et serions le plus juste. C'est là tout l'art de cet auteur d'assoir le lecteur dans l'inconfortable question « Alors, et vous, qui seriez-vous ? ».
Nous nous comparons à ses victimes responsables et à ses coupables justiciers, en nous perdant dans la multitude de choix et de décisions qu'il leur offre et qui les condamnent et nous condamnent aussi par effet de miroir. L'auteur s'interroge (?), nous interroge sur ce que nous sommes car, comme nous, ses personnages sont si complexes, si influençables et finalement si fragiles. Il les place dans des situations et des circonstances souvent extrêmes, il explore tout le panel de sentiments et d'émotions qui les traversent, qu'ils pensent savoir réprouver ou dont ils n'ont même pas conscience mais dont l'expression si longtemps retenue, explose et conduit à des actes irréversibles et monstrueux. Soulier nous montre le pire de nous-mêmes et nous impose l'indulgence parce que nous ne savons pas vraiment ce dont nous sommes capables, bien en sécurité dans le confort ouaté de nos vies.

Il ne faudrait pas croire qu'il n'y a pas de finesse dans ce monde de brutes, elle se trouve dans l'écriture de l'auteur, dans son choix de mots sortis de derrière les fagots, utilisés de-ci, de-là, choisis, justes mais sans prétention. Une qualité d'écriture que l'on retrouve aussi dans le soin qu'il prend à affecter un langage particulier à chacun de ses personnages, qui correspond à leurs personnalités, très loin des clichés qui s'arrêteraient aux fonctions et aux origines ethniques ou sociales. On peut toujours mettre un bémol sur un avis très positif, trouver un détail qui viendrait flouter la belle image mais ce serait vraiment chercher la petite bête !
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Le confinement et une hygiène déplorable poussent 47 hommes dans un U-boot pendant la 2e guerre mondiale à s'en prendre à l'un d'entre eux qui devient alors le souffre-douleur de l'équipage.
Un récit de huis-clos fort sur la subordination, la culpabilité, la rédemption et le proverbial « l'homme est un loup pour l'homme » qui va de pair avec une agressivité instinctive et de la violence.
Ce n'est pourtant pas tant l'intrigue que l'écriture incomparable de l'auteur (émaillé de métaphores bien trouvés et de mots plutôt inusités) qui m'a scotchée à cette nouvelle de 60 pages.
Un texte d'une grande intensité.
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Récit noir et grattant… ha ha elle va pas bien la fille! Oui je confirme, mais bon, lisez le et on en reparle. N'ayant pas lu le résumé je me lance dans Galeries les yeux fermés, je sais par avance que je vais trouver un texte d'une belle qualité. Ce que je ne savais pas c'est que j'allais me retrouver dans un sous-marin avec une quarantaine d'hommes. Donc pour ne rien révéler juste quelques mots, promiscuité, oppression, guerre, un zeste d'humour noir et voilà une nouvelle tout à fait excellente comme tout ce que j'ai déjà lu de l'auteur. Bon je ne peux rien dire sur la couverture (une fois encore) bleue encore qu'elle aurait pu être verte foncée, mais ça ce sont mes histoires de couleur, rien à voir avec l'intérieur du livre. Je vous pose un petit extrait.
J'en suis aujourd'hui à la onzième nouvelle du même auteur et il m'en reste quelques-unes dans ma liseuse.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Hier soir, je vous ai réunis tous les trois autour de ma table. Vous étiez aussi graves et solennels que vous le serez, j'imagine, lors de ma crémation. Vous n'osiez pas toucher à ce petit verre de calvados que je vous avais servi. Pour vous, le calvados, c'est synonyme de grande décision, de nouvelle importante. Et qu'est-ce qu'un vieillard de quatre-vingt-neuf ans peut avoir d'autre à annoncer à ses enfants que sa mort prochaine ? À mon âge, je n'avais certainement pas l'intention de me remarier ou de partir faire le tour du monde !
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Nous infusions donc dans notre crasse et des émotions viriles. Nous régressions un peu plus chaque jour, notre vocabulaire se délitait, nos manières s'avilissaient. Jetez quarante-huit hommes dans un ventre de ferraille, laissez-les bouillir dans cette marmite de tôle rivetée, et vous en ferez bien vite des bêtes... moins que des bêtes... soumises à leurs instincts les plus bas. Je ne nous cherche pas d'excuses. Je tente de comprendre depuis soixante-dix ans comment nous avons pu chuter au dernier stade de la dégueulasserie.
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Pour quelle raison des jeunes gens pleins de vie acceptaient-ils d'aller eux-mêmes à l'abattoir ? Fierté imbécile ? Honneur ? Nationalisme ? Simple indolence de caractère ? Mais si tous les p'tit gars du monde refusaient d'aller à la guerre, il n'y en aurait plus de guerre ! On laisserait les puissants se cogner et se tirer dessus si tel est leur bon plaisir ! Mais c'est si facile de sacrifier une dizaine de milliers d'hommes pour prendre une colline, un fort, un bout de terre. Ça ne demande qu'à se pencher sur des cartes, déplacer des punaises et faire de la comptabilité.
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car oui, pour la plupart des gens, et bien que personne ne l'avoue en société, chier est presque aussi agréable que manger, mais c'est une jouissance d'ordre sexuel, bien trop courte, et que l'on ressent bien avant de conserver ses premiers souvenirs. Du prolétaire à l'aristocrate, du butor à l'artiste maniéré, les hommes sont tous des sodomites en puissance.
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Nous infusions donc dans notre crasse et des émotions viriles. Nous régressions un peu plus chaque jour, notre vocabulaire se délitait, nos manières s'avilissaient. Jetez quarante-huit hommes dans un ventre de ferraille, laissez-les bouillir dans cette marmite de tôle rivetée, et vous en ferez bien vite des bêtes... moins que des bêtes...
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