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EAN : 978B07L8DH7MR
55 pages
(09/12/2018)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Une nouvelle de 17 500 mots.

L'apocalypse qu'on nous a maintes fois prédit ne viendra peut-être pas d'où on l'attend. Une fable mordante sur la société de surconsommation, garantie sans placement de produit.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Encore une excellente nouvelle que nous offre Frédéric Soulier, avec son Jingle Apocalypse.
Si le personnage principal fait penser à Beigbeder, pour le côté publicitaire insupportable et arrogant, c'est plutôt à Chuck Palahniuk que mes souvenirs étaient tournées. Plus sur le fond que sur la forme. Je me suis rappelée dans un premier temps, ce roman Berceuse, avec sa comptine mortelle. Mais également aux évocations de cette société de consommation qui nous tue à petits feux et le nihilisme comme riposte au monde nouveau : tout détruire pour mieux recommencer mais sans les marques. le monde du consumérisme est déjà en soi un grand pas vers l'Apocalypse, secondé par une publicité à outrance, (nous ressentons un peu tous au fond de nous, que notre façon de vivre est étrangère à notre nature et que nous aimerions bien faire un reset. Nous sommes la seule espèce qui paye pour vivre sur Terre. Ceci dit, si les animaux ne payent pas le droit de vivre sur la planète, ils sont victimes de l'appropriation des territoires...). Et comme le consumérisme et la publicité vont de paire dans cette église satanique, il ne lui manquait juste que le Jingle Apocalypse pour aller plus vite.
C'est grinçant, bordé d'humour noir et très soigné.
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On a tous une ritournelle qui peut nous tourner très longtemps dans la tête. Personnellement, j'en ai deux qui me reviennent régulièrement depuis l'enfance. de là à provoquer la fin du monde, il y a une marge, et d'ailleurs l'auteur élude très rapidement la réaction en chaîne qui a mené à une guerre mondiale totale, mais peu importe que ce ne soit pas vraisemblable, l'intérêt du texte réside ailleurs, bien sûr. En l'occurrence, dans la dénonciation de la pub et du capitalisme à tout crin, du bling bling et de l'avoir plutôt que de l'être.
Dans cette fable, nous avons affaire à Julien Rocheclair, personnage cabossé (mais qui le cache bien), alexithymique (c'est-à-dire aux sentiments anesthésiés), insupportable golden boy sans morale qui n'hésite pas à accabler sa mère sur son lit de mort. Bien malgré lui, il provoque l'apocalypse, et pourtant ! Soulier réussit presque à nous le rendre sympathique, au moins par moments.
Comme souvent dans les oeuvres de Soulier, d'une manière ou d'une autre, les personnages ont eu une enfance de merde et ils ont une revanche à prendre. C'est le cas ici de Julien le "fils de pub", comme du clochard William... Saurin.
Au final, ce pamphlet sanglant sur le consumérisme est pour moi l'une des meilleures nouvelles de Soulier.
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Commencer une nouvelle de cet auteur est toujours pour moi une grande aventure, je ne sais jamais où je vais mettre les pieds, enfin les yeux en l'occurrence. Récit noir ou non, émotion ou pas, rire ou larme, lanceur d'alerte, réalité anticipée… Sachant que je ne lis pas les résumés c'est la surprise à chaque fois.
Ici, il nous fait l'inventaire de notre surconsommation, des produits de grandes marques que chacun reconnaitra sûrement et utilise ou non. J'avoue ne pas être fan des marques mais je consomme c'est certain et trop sûrement aussi. C'est là, dans cette nouvelle qui doit nous choquer, nous faire rebondir, sinon le but ne serait pas atteint, que le personnage de Jules nous arrive dans sa jolie voiture, avec ses jolies chaussures, sa jolie montre, enfin ce qu'il se fait de mieux… Ce personnage hautain et sans empathie qui se fera prendre à son propre jeu… mais… à vous d'aller jeter un oeil à cette histoire. Et moi je dis, pourquoi pas !
Au début :
- "Nous sommes une trentaine d'hommes, de femmes et d'enfants entassés dans cette cave humide. Je ne connais aucun d'entre eux."
Une écriture toujours directe, sans fioriture, il n'y en n'a pas besoin. Un style qui percute et doit nous faire réfléchir. Après plusieurs lectures de nouvelles de cet auteur, pour moi il n'a plus rien à prouver c'est un plaisir à chaque fois. Voilà un peu plus d'une cinquantaine de pages que je recommande vivement.
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Anticipation pétillante

A chaque lecture, un nouvel univers est passé au crible au travers de l'écriture de l'auteur.
Ici, une belle anticipation des excès du consumérisme à l'échelle mondiale.
Un début de réflexion posé sur un fond de "j'achète donc je suis" qui mène à la fin la plus sombre qui puisse être, le chaos idiocratique via la lobotomisation de masse.
Comme toujours, un style fluide, des digressions, courtes ici mais toujours plaisantes et instructives, et cette maîtrise d'un vocabulaire recherché, justifié et parfaitement cadré.
Le bémol est marqué pour une projection bien trop fulgurante à mon goût du début de la fin. Édulcorée, elle aurait mérité quelques pages de plus. Ou est-ce l'effet addictif li la...
Enfin, toujours un réel plaisir de parcourir les ouvrages de Frédéric Soulier, doué pour ancrer au dernier plan un effet miroir sociétal.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ils roulent par terre, se battent à poings fermés, se mordent tels des chiens. Ils ne se battent même pas pour une femme, leur honneur, de l'argent, un quignon de pain. Ils se battent parce que ça leur vient de loin. Les autres s'écartent et forment un cercle autour des combattants, mais ils ne s'arrêtent pas pour autant de siffloter, pas plus que les belligérants la bouche pleine de la chair de leur adversaire, et moi-même, bien que je me bouche les oreilles, je ne peux pas m'en empêcher, ma bouche et mon larynx forment les syllabes maudites, cette lèpre acoustique qui nous a conduits là et qui fait :
Li-la-Li-la-lou... Li-la-Li-la-louuu !...
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Vous trouvez, vous, qu'on aide les miséreux ? les coupa une autre femme. Les migrants (elle a insisté sur le mot, elle l'a presque vomi), oui, on les loge dans des hôtels luxueux aux frais de la princesse, ils payent pas les frais de santé, mais les Français, on les laisse crever sous les ponts, vous trouvez ça normal ? »
Elle avait dit ça en plaquant son foulard Burberry® sur son nez.
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Si j'ai des remords ? Si je me sens coupable de ce qui est arrivé ? Le tremblement de terre, l'ouragan, la peste bubonique ont-ils des remords ? L'astéroïde qui a signé l'extinction des dinosaures s'est-il senti coupable ? C'est arrivé, voilà. Shit happens, comme disaient les Américains. Et c'est peut-être mieux comme ça.
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— Je sais très exactement de quelle façon je suis censé réagir... Je devrais être effondré, pleurer toutes les chaudes larmes de mon corps, mais je n'y parviens pas. Ça fait des années que je m'imagine tout un tas de maladies comme la tienne, maman, mais il y en a une dont je suis réellement atteint : l'alexithymie. C'est une sorte... d'anorexie des émotions. J'ai l'impression d'être une île, maman, isolée du continent (...) Et ça, ma très chère maman, c'est de ta faute, je te le dis sans rancune aucune – parce que même ça, je suis pas capable d'en éprouver. Tu m'as refusé tout ce qu'un parent devrait offrir à son enfant. Quelqu'un qui ne peut pas offrir trois repas par jour à son gamin, des Kinder, des baskets Adidas Stan Smith, du Nutella, un iPhone, un séjour à Disneyland Paris, du vrai Coca-Cola, une Playstation 2, du parfum de créateur, un scooter MBK... quelqu'un qui n'a pas les ressources financières pour fournir ces produits de première nécessité à sa progéniture ne devrait pas avoir le droit de se reproduire. Quelqu'un qui n'est pas capable de chauffer sa maison à plus de dix-neuf degrés l'hiver ne devrait pas avoir le droit de se reproduire. Voilà ce que je pense. Je suis pour l'instauration d'un permis de reproduction.
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Cette vision s'évanouit aussi vite qu'elle s'était imposée. J'étais incapable d'aimer et d'être aimé, il ne fallait pas me bercer d'illusions. Ce serait pour une autre vie...
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