1984 : quelque part en Pologne, une petite fille est livrée à elle-même par ses parents maltraitants et alcooliques. Elle ne survit qu'en se réfugiant... dans la niche, avec le chien.
1995 : la petite, littéralement une enfant sauvage, est récupérée par les autorités et placée en internement psychiatrique. le médecin, en échec total face à elle, décide de faire appel à Paul, un français aux méthodes très particulières, qui sait murmurer à l'oreille des molosses enragés.
Soulier revisite ici le mythe de l'enfant sauvage, qui a déjà fait couler pas mal d'encre, que ce soit en fiction ou de façon documentée (
Le livre de la Jungle de
Kipling, Victor l'enfant sauvage de l'Aveyron.)
La construction de la nouvelle, alternant les deux époques, est intéressante et maintient en haleine, d'autant que le ton est très différent, entre le récit à la troisième personne de la vie glauquissime de la petite Polonaise qui n'est pas née avec une cuillère d'argent dans la bouche, c'est le moins qu'on puisse dire, et le récit à la première personne de Paul, cet étrange dresseur, un personnage d'une grande humanité qui emporte tout de suite l'adhésion par son empathie et sa générosité... tout en étant parfaitement incapable de parler à sa fille et à son ex-femme !
De la belle ouvrage, même si la fin est un peu facile (la destinée des véritables enfants sauvages a toujours été funeste), et même si je suis un peu resté sur ma faim concernant la fameuse phase de "dressage", finalement assez vite éludée.