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Citations sur Le voyageur des bois d'en haut (19)

Malgré tout ce que nous avions appris sur les ravages causés par la crue centennale à Lyon, une idée nous obsédait ma mère et moi. Puisque aucun vivant ne lui avait fermé les yeux, mon père n'était peut-être pas mort. Cette pensée, que nous n'exprimions jamais, nous causait beaucoup de souffrance. Elle nous empêchait de recoudre notre peine et de l'ensevelir.
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«  Je suis arrivé brusquement en lisière de la forêt de mélèzes .
Ou plutôt l’écran des arbres s’est soudain déchiré sur des vallonnements d’herbes rêches et de versants arides, bornés à l’horizon par des sommets enneigés .
Non loin, une route serpentait à flanc de montagne . » …..
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Pendant des mois, ma mère s'est opposée à mon départ. Et puis le printemps, tout de pluie et de gel mêlés, a ruiné nos semailles. C'est la misère qui l'a fait céder.
Elle qui, si souvent, avait répété aux voisins : " Jean n'ira pas travailler à Lyon. Je ne me le laisserai pas voler comme Pierre."
Ma mère pense que la mort est une voleuse.
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J'ai encore quelque chose à lui dire et ça ne peut être que ce premier soir. Sous ce ciel de nuit d'été qui nous prépare à la grande séparation. En fait, ma décision est prise depuis longtemps. Et ce que j'ai entrevu de la vie aux Bois d'en Haut et de ce qui m'attend sur les chantiers parisiens de l'entreprise Bussière m'a conforté dans l'idée que je n'ai plus ma place ici. Tout à coup, mon pays d'enfance me tient en disgrâce. Quelque chose s'est brisé. Peut-être le mensonge de mon père a-t-il tout empoisonné ici.
- Je vais repartir, maman….
...Nous restons silencieux au milieu des étoiles. Respirant d'un même souffle, pris dans le même silence.
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Cinq soirs par semaine, Camille reste travailler à la cantine. Il s'est acheté du papier, un crayon, une règle et une gomme. Dupuit lui a prêté une équerre et sa boîte à compas. Malgré la fatigue, la difficulté des leçons, la faiblesse de ses connaissances, Camille ne se décourage pas. Il accède à cette forme de sérénité que procure le bonheur, peu à peu, de comprendre.
Tard dans la nuit, lorsque les lignes se brouillent devant ses yeux, lorsqu'il est incapable de se souvenir de la dernière phrase lue, lorsque les figures géométriques ou les chiffres se mettent à danser, alors il souffle sur la flamme de la lampe. Il reste un moment immobile dans l'obscurité, attendant que son esprit recouvre un peu de calme.
Et puis il sort dans le grand silence de la nuit.
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Camille sent alors des doigts se glisser dans sa main.
Il ne les chasse pas.
Il les recueille.
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On n'abandonne pas sa femme et son fils sans que cela laisse une blessure ouverte. on peut vouloir fermer les yeux, se forcer à la joie, elle demeure en soi cette trahison. On la porte comme une cicatrice sur la figure.... Lorsqu'il allait mal, c'était à cause de toi et de ta mère. Il ne pouvait pas me le dire, mais encore moins me faire de reproche de sa décision, mais il en souffrait.
page 265.
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La route est vide et aussi loin que porte ma vue, je suis seul. Ce vide me purifie. Il me le fallait. J'ai besoin d'être ainsi pour te parler encore, Lazare. Bientôt, ta voix se fera chuchotement, j'en oublierai le timbre. Ton visage et ta silhouette se fondront dans une grisaille plus opaque que celle qui régnait dans le tunnel. Je ne t'entendrai plus. Je ne te verrai plus.
mon ami.
page 148.
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Je ne peux oublier que mon père a limousiné à Lyon pendant dix-huit ans, neuf mois par an. Depuis que je suis né, il a vécu dans cette ville plus longtemps qu'aux Bois d'en Haut. Son regard a vu ce que je vois maintenant. Ses souliers se sont posés où se posent mes pas. Je vais au long de rues qu'il a arpentées. Chaque fois que je franchis le pont de la Guillotière, je pense à lui. L'autre jour, en traversant Bellecour, je me suis souvenu qu'il me disait aimer flâner là les dimanches après-midi. Je me suis arrêté et j'ai regardé les passants.
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Le ventre noué, Camille ne parle pas. Lyon a mauvaise réputation. Le danger est partout sur les chantiers. Les maisons sont plus hautes qu'à Paris. A la Croix-Rousse, pour recevoir les métiers à tisser, les étages ont quatre mètres sous plafond. A cause des pentes, les immeubles atteignent parfois sept niveaux, sans échafaudages pour des questions d'économie. Mais le plus dur, c'est le pisé, mélange de mâchefer et de chaux grasse qu'il faut hisser à l'épaule par des échelles branlantes.
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