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EAN : 9782072865541
112 pages
Gallimard (09/07/2020)
4/5   5 notes
Résumé :
La vie est une seule et grande question, qui attend de nous plus et mieux que des réponses ponctuelles, Elle attend cette unique réponse que toutes les autres nous cachent en nous leurrant. C'est sur et autour de ce thème que l'auteur a constitué cet ensemble de poèmes en vers ou versets et en prose de haute tenue. La beauté calme et ce qui la fonde, l'intensité de l'instant, les premières fois, la rencontre et l'approche de l'autre, la naissance chaque jour à la vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est toujours difficile d"écrire un billet sur un recueil de poésie. C'est un peu par hasard, que j'ai choisi ce livre. Je l'ai ouvert et les poésies de Jean-Marc Sourdillon, auteur que je ne connaissais pas, m'ont apporté du bonheur et de la sérénité. Ses poèmes sur la nature, la découverte, la vie dans son ensemble. J'ai trouvé ces textes délicats et pleins de grâce.
Un bon moment de lecture, je vous le conseille.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Gare Saint-Lazare

Tant d’espace et tant de gens ! Juillet était si clair.
Sous la verrière un vaste oiseau, ses deux ailes déployées.
La lumière était très blanche et la chaleur suffocante.
Un piano distillait avec lenteur ses gouttes de menthe ou de citron dans cette touffeur.
Je marchais vite, comme eux habillé de blanc.
J’écartais mentalement les bras au-dessus de tous ces gens et je planais, je glissais, je virais.
Je caressais au passage leurs visages, j’accompagnais leurs épaules, j’éprouvais sensiblement le fil qui partant de moi me reliait à eux et venant d’eux les reliait à moi.
Je connaissais leur faiblesse,
Je savais ce qui leur faisait gravir les escaliers en courant et où se trouvait la réserve de clarté dissimulée dans leurs yeux pensifs.
C’était, oui, comme si je les avais aimés, chacun deux, depuis leur naissance, que je pouvais à leur insu veiller sur eux alors que dans les faits, c’était eux, leurs tremblements, leurs yeux ouverts, qui me protégeaient avant tout de moi-même et de mes impossibilités.
C’était, c’était comme si nous étions tous des rescapés, ou simplement des êtres vivants, des voyageurs en attente de renaître ou de naître tout à fait, placés là, assis, debout, au bord des quais, devant les panneaux, guettant chacun son jour au milieu des leurres.
Et puis, ce fut ce couple d’adolescents, chacun tirant sa valise derrière soi et se disant au revoir dans le hall de la gare pour la dernière fois. Les yeux écarquillés du garçon disaient dans la sorte de silence luminescent qui les entouraient : je suis là, je suis complètement là, jamais je ne serai plus pleinement là que je ne le suis à cette instant. Pour toi.
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LA JOURNÉE

Aujourd'hui j'ai décidé de ne rien faire, de me laisser aller au gré de la journée.
Je m'efforcerai de rester calme, disponible à l'instant, poreux à ce qui pourrait arriver.
Je poserai tranquillement le pied sur son courant. Je reposerai allongé les bras en croix dans le fond de sa barque.
J'interviendrai le moins possible.
Je ne répondrai aux sollicitations qu'avec légèreté sans me poser de questions, sans faire obstacle pour ne pas altérer la limpidité de l'élan,
pour que s'accomplisse non pas avec moi ni en moi mais à travers moi une fois au moins dans ma vie la pure action de naitre qui ne dépend pas de soi.
Je n'accueillerai que les événements qui m'en apportent la nouvelle
et par où se signalent à la fois la présence du monde autour et le mouvement de la vie qui advient.
J'en sortirai neuf et vivant, comme lavé par une eau très froide.
Devenu peut-être plus réel, j'irai au milieu des trains et des villes aussi transparent aussi amoureux d'elle que le torrent dans la montagne.
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Rivières

Vu à travers le cadre en bois de la fenêtre, le dos scintillant de la rivière, plus étincelant, plus frissonnant que toutes les lumières du ciel.

Ainsi va, légère, l'existence, quelque chose comme une chanson, comme une danse, elle descend de la montagne à cheval, un carillon, une ritournelle, la vie se donnant sans cesse des nouvelles d'elle-même.

Et toi, de l'autre côté, le dos dans la lumière comme si elle te faisait des ailes, te voilà, cheveux défaits, un peu comme une crinière, descendue tout droit de la montagne avec ton sourire et quelque chose à me dire à travers le cadre en moi de la mémoire ouverte.
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Jour transparent

Je voudrais faire tenir la journée
dans un verre.
Elle y serait comme une eau glacée
transpercée par la lumière.

Je serai ce verre
uniquement ce verre
effaçant jusqu'à la main
qui le tient.

Un oiseau vidé
de tout ce qui n’est pas son vol
jusqu’à son chant qui le retient.

Sans souvenir, sans pouvoir, sans projet,
juste peut-être (et encore !) une buée à sa surface
ou la plume d'un duvet
à cause de la fragilité de tout, une ultime trace
dans la mort de plus en plus transparente
pour les yeux, s’ils existent,
de celui ou celle, là-bas dans l’espace,
qui cherche à naître,
encore et encore.
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Parler -

Je suis l'homme qui porte une chaise. Une chaise pour qu'on s'assoie, chacun portant sa soif, et qu'on se mette à parler,
chacun pour soi pour étancher sa soif ou à ceux qui ne sont pas soi et qui eux aussi ont soif
assis debout couchés, chacun portant sa soif et son souci, et qui n'ont que ça, la parole et une chaise pour vaincre ce souci,
pour faire servir leur soif à autre chose qu'elle, autre chose qui libère et qui désaltère et qui n'est ni dans le monde ni dans le besoin que nous avons de lui.
Ainsi va la caresse au-delà du geste dans l'espace qu'elle crée, ainsi vont le geste esquissé la parole adressée le chevreuil assoiffé.
Je suis l'homme qui parle assis sur une chaise et porteur d'une caresse, d'une soif inapaisée, elle aussi aile, elle aussi caresse.
Je suis l'homme qui porte sa soif, sa parole et son souci.
Je suis l'homme qui parle et qui survient dans sa parole, l'homme qui porte son sourire et sa naissance dans sa parole.

(extrait de "La déhiscence") - p. 20
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