C'est un sacré pari, pour des auteurs polonais, de s'attaquer au ghetto de Varsovie et à l'insurrection des juifs de la ville. Ce n'est pas évident de mener un tel exercice, car nombreux sont ceux qui n'aiment pas que l'on remue le passé en Europe, quel que soit le pays.
Les auteurs le font de manière pudique, avec humilité, tendresse (eh oui) et beaucoup d'intelligence, en dressant un portrait de la jeunesse aux prises avec l'envahisseur nazi. Le lecteur suit quelques jeunes gens, partagés entre ne rien voir, agir, éviter, ignorer, vivre à tout prix... On survole toute la palette des possibles.
Sans oublier l'amour. Oui, l'amour et le mariage en temps de guerre. Quand on est Juif.
Les dessins surprennent un peu au début, mais ils sont tellement forts, prenants, que le trouble initial est vite balayé. Ils conviennent parfaitement au propos, en dégageant une sorte de naïveté doublée de tristesse. Et ils sont renforcés par une mise en page très carrée, austère mais qui punche dans sa simplicité. Simplicité des mots et des dialogues aussi, très ancrés dans le vécu (on s'y voit), simplicité des situations. On assiste au quotidien des habitants. Pas de misérabilisme. Pas de couches et de surcouches de pathos. C'est très bien vu.
J'ajouterai que je l'ai lu avec la B.O. de La Liste de Schindler en fond sonore et que cela a sans doute joué un rôle.
Le premier tome montre les années "avant l'orage"... et il s'arrête à la veille de l'insurrection. L'Histoire est connue, on sait à quoi doivent s'attendre ces jeunes, mais elle s'embellit de cet ouvrage.
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J'ai bien aimé l'atmosphère qui se dégage de cette bd et qui reconstitue à merveille la vie d'un immeuble d'habitants de Varsovie en 1944 peu avant l'insurrection et un an après l'écrasement du ghetto juif.
On suit le quotidien d'un couple, puis un autre et des histoires de personnages secondaires qui se recoupent au sein de cet immeuble. La guerre est une toile de fond tout comme l'insurrection dont on ne saura pas grand chose sur les préparatifs. Cela vient un peu brusquement à la fin de ce premier tome.
Je n'ai pas trop aimé le style graphique assez sombre et parfois imprécis mais qui fait dans la sobriété. Par ailleurs, je me suis véritablement laissé embarqué par ce récit tragique très bien construit. Les décors sont assez funèbres et collent parfaitement à cette histoire basée sur des faits réels car vécus par ce peuple.
On devine que la suite sera poignante avec ces petites gens qui ne souhaitent pas être des héros mais survivre à l'horreur de la guerre.
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Récit d'une rencontre amoureuse, à Varsovie, pendant la seconde guerre mondiale. Les amoureux racontent à deux voix leur rencontre, leur vie, leurs espoirs et l'organisation de la résistance à l'occupant allemand qui terrorise la ville et la population juive. Très beaux et doux dessins malgré le sujet.
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Avec un style graphique assez simple pour les traits et les expressions des personnages, les décors sont travaillés comme des gravures renforçant de ce fait ce sentiment de souvenir qu’on ne peut enlever à tout ce qui entoure les Grandes Guerres.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Marzena Sowa, auteur des Marzi, nous parle ici de la résistance polonaise et de sa fin tragique. Mais comme toujours, le récit est empreint d’une douce sensibilité qui contraste avec les enjeux qu’elle évoque. On retrouve aussi la figure collective de l’immeuble et de ses occupants. La guerre y a suscité une solidarité inespérée mais fragile.
Lire la critique sur le site : Auracan
Premier de deux tomes au style impressionniste d’une grande force d’évocation. Superbe.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Cette romance historique au décor funèbre est poignante de bout en bout et c’est sans aucun doute une des plus belles bandes dessinées de la rentrée.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Gawron et Sowa signent un album sensible dont le fond est aussi émouvant que la forme intéressante. Celui-ci séduira cependant probablement plus facilement les bédéphiles avertis que le lecteur occasionnel. Un petit dossier à caractère historique aurait pu judicieusement le complèter.
Lire la critique sur le site : Auracan
Ce premier volume est très touchant, il nous entraîne dans un aspect de l'histoire qui continue de nous bouleverser et qui laisse entendre un second opus encore plus émouvant ! Néanmoins, la grande force de cet album tient tout de même plus dans le graphisme réaliste et très expressionniste dans la mise en scène [...].
Lire la critique sur le site : Sceneario
Lutek a le hoquet depuis un bon moment.
Les bombes tombent druement, les maisons explosent et Lutek ne fait que hoqueter.
Excédé, il demande à son compagnon de palissade :
- Kazik, j'en peux plus ! Fais-moi peur !
p30
Le droit à l'insurrection n'appartient à personne, ou il appartient à tous.
Découvrez les oeuvres de deux autrices de bande dessinée, Chadia Chaïbi Loueslati & Marzena Sowa, toutes deux invitées au festival Au fil des ailes du 12 au 27 novembre 2021 en région Grand Est.
Hervé Georget, responsable des collections BD à la médiathèque départementale de l'Aube, évoque la manière dont elles libèrent leur parole respective à travers des récits singuliers, marqués par leur propre histoire.