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EAN : 978B008LT8ESC
P. j oswald (30/11/-1)
3.81/5   8 notes
Résumé :
WOLE SOYINKA est né au Nigeria en 1934. Il poursuit ses études, commencées à l'Université d'Ibadan, à l'Université de Leeds, puis effectue un long séjour au Royal Court Theatre de Londres. Il revient au Nigeria, devenu indépendant, en 1960. Sa ferme volonté de dénoncer l'oppression politique dans ses oeuvres et de la combattre dans ses actes l'a conduit par deux fois dans les prisons fédérales dont il est sorti en 1969 après deux ans d'emprisonnement. A la fois acte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Wole Soyinka, le premier africain à avoir été couronné par le prix Nobel de littérature, s'est avant tout voulu homme de théâtre. Directeur de compagnie de théâtre, acteur occasionnellement, metteur en scène, il a avant tout écrit des pièces. Il n'a jamais voulu dissocier son oeuvre d'écrivain de l'action politique, et le théâtre lui fournit un outil pour transmettre sa vision des choses, y compris à un public qui n'a pas forcément accès à l'écrit. le théâtre est le moyen pour essayer de « percer la croûte épaisse de l'habitude qui étouffe les âmes et leur tendre le miroir de la nudité originelle. » Sa formation, en partie effectuée à Londres, lui donne à la fois une maîtrise de la culture occidentale et africaine. A partir de cette base, il tente de trouver des moyens de création des formes qui lui soient propres, et de produire une oeuvre qui mette en évidence les traits fondamentaux de l'univers culturel africain.

Les trois courtes pièces rassemblées dans ce livre ont été écrites entre 1958 et 1960, au début de la carrière de Wole Soyinka. C'est une première étape de sa création. Elles ont été traduites en français seulement dans les années 70 du vingtième siècle.

Les gens du marais

Nous sommes dans un village du Nigéria. Un vieux couple, Alou et Makouri, se livrent à leurs activités habituelles, mais Alou est nerveuse. Un de leurs deux fils, Igouézou, est revenu de la ville où les deux frères se sont installés. Il est allé voir ses champs ravagés par une inondation, et ne revient pas. Alou se fait du soucis pour ses deux enfants, qui se sont éloignés et dont elle ignore la vie actuelle. Un mendiant aveugle se présente, accueilli par le couple, même si le moment est mal choisi. le Kadiye, un prêtre vient pour se faire raser, mais il préfère revenir plus tard pour que le rasage s'effectue par la main plus sûre du jeune Igouézou. Ce dernier revient, amer et désespéré, et livre quelques bribes sur la vie à la ville, tout en remettant en cause certaines traditions.

Une petite pièce, qui dépeint la vie quotidienne dans un village, difficile, avec le poids des traditions, mais aussi le mirage de la vie en ville, et aussi la dissolution des liens familiaux qu'elle entraîne.


Un sang fort

Eman un étranger au village y travaille comme médecin. Il est aidée par Sunma, une villageoise. Cette dernière veut absolument qu'Eman parte juste avant les célébrations du nouvel an. Il refuse. Les célébrations se préparent, et elles ont une composante cruelle dans laquelle un bouc émissaire prend sur lui tous les pêchés d'une année des habitants. Dans ce village, c'est toujours un étranger qui assume de gré ou de force ce rôle. Cette année cela doit être Ifada, un simple d'esprit recueilli dans ce but. Mais les choses ne se passent pas comme prévues.

Un récit cruel, avec un aspect suspens, une montée en puissance de la violence et de la peur. Très impressionnant.


Les tribulations de Frère Jéro

Le personnage du titre est un prédicateur qui essaie de rassembler autour de lui une communauté de fidèles, qui le feraient vivre avec leurs dons. Parmi eux se trouve Tchoumé, garçon de courses dans l'administration. Pour son malheur, il est marié à une femme querelleuse, Amopé, que Jéro lui interdit de maltraiter. Mais Amopé, qui se livre au commerce, a vendu des produits à Jéro qu'il n'a pas payé. Elle se fait donc amener par Tchoumé, qui ignore de la maison de qui il s'agit, devant sa case pour obtenir son dû, de gré ou de force.

La pièce est avant tout comique, la portrait d'Amopé, de ses relations avec Tchoumé a tout particulièrement un grand potentiel de faire rire. En arrière fond d'autres dimensions s'y ajoutent comme celui de la manipulation par la religion, de la crédulité, des rapports hommes-femmes. Et un aspect plus politique avec l'apparition d'un député que Jéro prend dans ses filets.

Ces trois pièces, sur des registres différents, donnent un aperçu du talent et de l'ambition de Wole Soyinka. Elles se basent toutes les trois sur les personnages ordinaires, que l'on croise tous les jours, auxquelles les spectateurs doivent pouvoir facilement s'identifier. Mais en même temps, elles posent des questions, sur la tradition et la modernité, sur le poids des croyances, sur la façon dont les religion manipulent et abusent les gens trop crédules. Les questions politiques, dans lesquelles Wole Soyinka s'est fortement engagé ne sont pas vraiment présentes dans ces récits, sauf complètement à l'arrière plan. Cela viendra dans ses oeuvres suivantes.

Challenge Théâtre 2017-2018
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
EMAN. Pourquoi persistez-vous à vous rendre malheureuse ?
SUNMA. Parce que vous ne voulez pas m'écouter. Et vous, pourquoi persistez-vous à rester ici, où on ne veut pas de vous ?
EMAN. Ce n'est pas vrai.
SUNMA. Si. Vous gaspillez votre vie avec des gens qui ne souhaitent qu'une chose, c'est que vous cessiez de vous mêler de leurs affaires.
EMAN. Vous ne savez pas ce que vous dites.
SUNMA. Vous croyez qu'ils vous aiment ? Vous croyez qu'ils se soucient de ce que vous - ou moi - nous faisons pour eux ?

Un sang fort
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JÉRO. [...] La prochaine qui va venir est ma plus fidèle pénitente. Elle désire des enfants, elle est donc particulièrement fervente. Du moins c'est ce qu'on pourrait croire. Et pourtant, même au milieu de ses délires de mortification, elle remarque tout ce qui se passe autour d'elle. À propos, je ferais mieux de retourner m'occuper de la prière. Elle va encore me dire que j'ai l'esprit ailleurs.

Les tribulations de Frère Jéro
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IGOUÉZOU, lentement, et d'une voix écœurée. Pourquoi êtes-vous si gras, Kadiye ?
Le batteur ouvre de grands yeux, hésite, et sort en courant. Le serviteur se rapproche de la porte.
MAKOURI, frappant sa tête de ses doigts. Que le ciel pardonne ce qui s'est dit ici ce soir ! Que la terre rejette la folie des paroles de mon fils !
IGOUÉZOU. Vous écrasez la terre sous votre poids, Kadiye. Vous l'étouffez dans les anneaux d'un serpent.


Les gens des marais
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Je me demande vraiment si je suis bien d'ici. Je les connais, ils ont le mal en eux ; moi, pas. Du plus vieux au plus petit, ils sont tous pétris d'un esprit malsain et méchant, auquel je suis en effet étrangère.
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Je choisis librement d'être votre esclave. Je me donne volontairement. Je me suis donné sans poser de questions. Mais je dois connaître qui je sers, alors je ne mesurerai pas mon travail.
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Vidéo de Wole Soyinka
Wole Soyinka – Un siècle d'écrivains (France 3, 1996) L'émission « Un siècle d'écrivains », numéro 60, diffusée sur France 3, le 21 février 1996, et réalisée par Abdelkrim Djaad et Ahmed Rachedi.
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