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EAN : 9782702180778
336 pages
Calmann-Lévy (06/01/2021)
3.96/5   136 notes
Résumé :
Paul est amer. Son travail à la Poste est répétitif, il vit seul et il considère que ses traits d'une laideur accablante sont une entrave à son bonheur. Pourtant, lorsque Mylène emménage sur le même palier, Paul se sent renaître et, amoureux, multiplie les attentions à l'égard de la jeune femme qu'il finit par séduire, pour une seule et unique nuit.
Lorsqu'elle l'éconduit, Paul craque.
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Critiques, Analyses et Avis (106) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 136 notes
Ce premier roman choisit un angle très original et osé pour aborder la question des violences faites aux femmes : donner à entendre la voix de Paul, l'homme violent, dans la peau duquel le lecteur glisse, dans son ressenti, ses failles et ses souffrances. Sans fard. Et c'est terriblement dérangeant d'être plongé dans la tête de ce mal-aimé, mal-heureux, devenant mal-traitant.

Dès les premières pages, cet homme ordinaire et laid met mal à l'aise. Il observe pathologiquement les femmes qui lui plaisent, les épient, prend des notes sur son carnet, accumule rancoeurs et rancunes, rage et hargne. Jusqu'à ce que tout bascule. Il vrille suite au rejet d'une femme qui l'obsède à en crever. Jusqu'à la rencontre avec Angélique. L'engrenage de la violence se met en place. Bénédicte Soymier décortique remarquablement cette spirale, disséquée au millimètre. Paul, piégé par ses failles émotionnelles et ses pulsions violentes, Angélique par sa volonté qu'enfin une histoire d'amour fonctionne, à la fois naïve et lucide dès les prémisses de l'inacceptable.

Benédicte Soymier est une écrivaine, c'est évident lorsqu'on lit ses phrases courtes, hachées, percutantes. le style est vif, précis, rythmé. Les mots se précipitent et happent comme dans un thriller, créant une véritable tension narrative née de l'urgence de la situation.

Les deux premiers tiers du roman sont formidables et glaçants. Je suis moins convaincue par le dernier tiers, sur l'après, que j'ai trouvé trop explicatif, trop psychologisant. Même si je comprends le volonté ou le besoin d'ouvrir une fenêtre vers la lumière, la rédemption et la résilience, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est justement de suivre Paul, ses actes bruts juste entrecoupés de quelques indices sur son passé, j'ai aimé que l'imagination du lecteur ait toute latitude à s'exprimer. du coup, il m'a semblé que la force du récit retombait voire glissait vers quelque chose d'un peu "moralisateur".

Malgré ces quelques réserves, ce roman marque l'entrée en littérature réussie d'une auteure incontestablement à suivre.

Lu dans le cadre du collectif 68 première fois
https://68premieresfois.wordpress.com/
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Paul n'est pas beau.
Ni beau ni gentil.
Paul ne s'aime pas.
Et en veut à la terre entière.
Angélique n'est ni belle ni moche.
Elle s'assume. Elle et ses rondeurs.
Elle n'a jamais eu de chance en amour.
Peut-on s'aimer quand on est deux cabossés de la vie ?
Peut-on sortir la tête d'une enfance pourrie ?
Peut-on ne pas réitérer les traumas du passé ?
Est-ce que ça coule dans les gênes la violence ? La poisse ? La misère ?

C'est un roman écrit d'une main de maître, par une femme qui ne triche pas et dissèque l'origine de la violence par tous ses pores. C'est un roman saisissant de douleur, de fatalité, qui crie l'horreur d'hier qui s'insinue jusqu'à aujourd'hui, n'a jamais rien lâché. Il y a une telle acuité et précision dans l'autopsie de cette violence que c'en est saisissant d'effroi.
De l'écriture, pleine en peu de mots, des phrases aiguisées, directes, sans fioriture et pourtant chargées d'émotions à l'histoire édifiante, ce premier roman se lit d'une traite, en apnée, sans pouvoir reprendre son souffle.
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Il est minable. Pas beau, mal fringué. Et ce n'est pas un délit de sale gueule, car en plus il a ce petit quelque chose malsain qui vous met mal à l'aise. Impossible de déceler la moindre parcelle de beauté intérieure. Conséquence logique : il est seul, dans un appartement confortable d'où il peut fantasmer en regardant la belle Mylène sa voisine. L'idylle sera de courte durée, Mylène comprend vite son erreur. Par contre, Angélique, sa collègue semble une proie plus facile. Seule avec un enfant , elle cède à la demande de Paul. Et emménage avec lui.

Le duo victime-prédateur est parfaitement restitué. Chacun reproduisant un fonctionnement délétère, calqué sur des schémas qui font partie de leur histoire personnelle. On déteste le type, et on a juste envie de secouer la demoiselle pour lui ouvrir les yeux.

La narration est menée avec une maîtrise remarquable. Des phrases courtes qui illustrent bien le fonctionnement impulsif et à court terme de cet homme gouverné par ses pulsions.

Le scénario est bien rodé, et reproduit avec fidélité ce fonctionnement prédateur-proie, promis dès les premiers échanges à une issue délétère, avec une violence qui s'auto-alimente et un cercle vicieux dont il est difficile de rompre l'enchaînement. Les remords sont des vérités brèves qui l'instant d'un « plus jamais » annihilent toute volonté de s'extraire de cet enfer quotidien.

Premier roman abouti, dont on aimerait que les personnages ne soient que des caricatures.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Paul est un personnage singulier, dont l'enfance a été marquée par un père violent, alcoolique et une mère du même style. Il n'y a jamais eu d'amour dans cette famille. Étant l'aîné, tout jeune il a décidé de s'interposer pour protéger les plus petits, prenant les coups à leur place.

Il n'est pas beau, pour ne pas dire qu'il est moche, il ne s'aime pas et se comporte de manière bizarre avec les femmes qui croisent sa route. La première dont on fait la connaissance est Mylène. Elle a emménagé dans le même immeuble, fragile car elle vient de divorcer. Il la trouve belle, en tombe amoureux, mais pas de « la bonne manière » : il l'épie vers les boîtes aux lettres pour faire semblant d'être là par hasard, l'invite à prendre un verre et la fait parler, parler d'elle bien sûr, lui ne raconte jamais rien.

Il se fait tout un roman sur cet amour qu'il croit partagé, mais, Mylène a pris ses distances. Il va fantasmer sur « la nuit d'amour », la seule nuit, qu'ils ont passé ensemble. Un autre homme finit par entrer dans la vie de la jolie voisine. Après l'amour fantasmé, place à la colère et à la haine.

Qu'à cela ne tienne, il repart en chasse et tombe sur Angélique, qui travaille à la Poste comme lui. Cette fois-ci c'est la bonne, sûrement ! d'ailleurs, elle est jolie, mais rondelette, différente de Mylène.

Angélique est la proie idéale : elle a été harcelée moralement et physiquement à l'école, à cause de son poids, elle est devenue une fille facile en pensant pouvoir être aimée… Elle est coquette, se maquille, s'habille de manière trop courte au goût de Paul. Elle a eu un enfant qu'elle élève toute seule.

Le piège est en place : Paul a une victime sous la main, et l'étau va se resserre quand angélique emménage chez lui. La maltraitance s'installe insidieusement au début, d'abord les petites phrases blessantes sur le physique, puis sur les capacités intellectuelles, puis viennent les coups… jusqu'où cela pourra-t-il aller et y -t-il une possibilité de prise de conscience et donc de prise en charge ? Mais ne divulgâchons pas…

Je n'ai pas lu beaucoup de romans sur le thème de la violence conjugale, cela fait la une des journaux, tous les jours et c'est encore pire depuis les confinements, mais celui-ci me tentait car écrit par une infirmière sur des bases bien concrètes. En fait, l'écriture est belle et lapidaire quand il s'agit de récrire la fameuse scène (la pire, car il y en a eu plusieurs) ; comme un commentateur sportif décrirait un combat de boxe, direct du gauche ou du droit, uppercut ou autre.

J'ai bien aimé la façon dont le récit est structuré: l'auteure raconte l'histoire, la faits et gestes de Paul et en italiques, elle nous propose ce que Paul se dit à lui-même, interprète ce qu'il a fait ou dit.

C'est injuste et douloureux, chaque jour, chaque heure, cette laideur portée en fardeau, la peau, une silhouette, des pieds à la figure, incongrue, elle pique et modèle l'humeur et les certitudes. Évidemment, Paul, la souffrance n'appartient qu'aux moches !

Je n'ai pas découvert ce titre par hasard, je suis abonnée au blog de Bénédicte Soymier depuis pas mal de temps, donc je connais assez bien sa plume, sa manière d'analyser les livres dont elle parle, et le titre de ce roman m'a tout de suite interpelée. Et pourtant, je redoutais un peu cette lecture car ces derniers temps, j'ai besoin de sujets plus légers que d'habitude, je choisis des livres qui me plairaient en temps normal et qui soudain me paraissent trop pesants quand je m'y attaque, ma PAL est encore plus débordante, plus éclectique que jamais.

J'ai beaucoup aimé ce roman et son titre lourd de signification et j'espère vous avoir, prouvé qu'il fallait le lire… c'est le premier roman de Bénédicte Soymier et c'est un coup de maître.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Levy qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#LeMalépris #NetGalleyFrance
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Paul, ce mal-épris, s'y prend mal avec les femmes. Il n'y peut rien, il a beau faire, il est moche, d'après lui y a que les beaux qui ont droit à l'amour. Paul est frustré. Travail routinier, vie solitaire, enfance malheureuse. Il n'a pas été aimé, il est laid au-dehors, et en-dedans ce ne sera guère plus brillant. Quand Mylène emménage sur le même palier, Paul en tombe amoureux illico, et entreprend de séduire la jolie jeune femme. Il pensait avoir fait le plus difficile, le râteau est d'autant plus cruel.
Désespéré, Paul se rabat sur Angélique, une nouvelle collègue. Pas super-jolie, pas super à l'aise dans son corps tout en rondeurs qui attire les regards des mâles, pas super confiante en elle. La proie idéale.
Parce que cette fois, il n'est pas question d'amour, mais d'obsession, de possession, de manque à combler. Paul la veut, il l'aura.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée, Angélique le sait parfaitement, pourtant elle cède. Besoin d'affection, de sécurité, de ne plus être seule entre sa mère et son petit garçon, peu importe la raison. Après tout, peut-être que Paul sera quand même quelqu'un de bien, si elle arrive à s'en faire aimer.
Mais non. Il se met à régenter sa vie, à être verbalement désagréable, odieux. Il sait que ce n'est pas bien, qu'il n'a pas le droit de se comporter comme ça, mais il n'arrivera pas à éviter le drame.

Sur le thème de l'emprise et de la violence conjugale, l'auteure nous immerge dans l'esprit tourmenté d'un homme mal dans sa tête et dans son corps. A son idée fixe que sa laideur est la cause de son malheur, se superpose la question de savoir si on est capable d'aimer quand on ne l'a pas été dans l'enfance.
Si le personnage de Paul ne provoque aucune empathie, celui d'Angélique est plus attachant, même si je n'ai pas arrêté de me demander pourquoi elle se laissait piéger. Manipulation d'un côté, soumission de l'autre, il n'y a en tout cas pas d'amour véritable dans cette histoire.
Malgré un style trop haché pour moi, un premier roman plutôt réussi, qui dérange et interpelle.
En partenariat avec les Editions Calmann-Lévy via Netgalley.
#LeMalépris #NetGalleyFrance
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
— Nous sommes voisins depuis trois mois, permettez-moi de vous offrir un verre de vin… ou autre chose… J’habite en face… enfin, vous le savez… si vous le voulez bien…

L’audace de l’homme la stupéfie. Mylène est prise de court, elle hésite puis accepte – un petit oui timide dont elle ne revient pas. Elle ne sait pas dire non, quelle tarte ! Trop discrète, toujours accommodante, elle se laisse faire, pour ne pas fâcher ou ne pas vexer, elle consent et s’adapte, même avec ce gars dont elle ne connaît pas le nom, un voisin moche et collant qu’elle préférerait éviter. Elle a accepté et peste de se voir si sotte quand elle voudrait prétendre à plus de détermination. L’épisode la contrarie. Elle partagera le verre, discutera par politesse puis se carapatera rapidement.
Résignée, elle le suit, sourire plaqué sur les lèvres, aussi raide et potiche qu’une miss France en gala. Il lui trouve belle allure et se sent gauche. Ses mains sont moites, il est fébrile et ses pas sont chancelants – toujours ce corps traître, sans charme ni élégance, toujours cette carcasse qu’il traîne comme un boulet – regarde-moi, Mylène, regarde-moi au-delà de mon apparence. Si elle pouvait l’entendre. Mais il se tait. Comme chaque fois. Il glisse la clé dans la serrure et l’invite à entrer.
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INCIPIT
Paul n’est pas beau.
Petit, maigre, le cheveu terne et rare, le nez long, il présente un physique ingrat que n’arrangent pas des tenues démodées, portées étriquées, du pantalon de velours côtelé, toujours beige ou gris, aux chemises de fin coton d’Égypte plaquées sur son torse. Le dos droit et les épaules tendues, il affiche une raideur malingre malgré des foulées allongées, l’allure cocasse, et des gestes si maniérés qu’il en est agaçant. Il est sec, c’est son aspect, sec et austère comme il aime le paraître ; ça le protège. Paul est souvent mal à l’aise. Ni hautain ni pédant, juste mal à l’aise.
Il sourit peu, gêné par des dents mal plantées, une incisive penchée vers l’autre et cette canine mal soignée lorsqu’il avait dix ans, dont l’émail maintenant jauni tire sur l’ocre, entre le brun et le cognac. Sourire illumine pourtant son regard, le plus beau du monde, d’un bleu limpide presque gris, parsemé de paillettes d’or, vif et brillant, dont il module l’effet selon l’inspiration. Il en joue, plisse ou déplisse l’œil en mesure, rodé et appliqué, il compose et parvient à séduire lorsque la chance s’invite. Alors il ramasse. Il cueille, récolte et se goinfre des miettes laissées par eux, les beaux, ceux qu’il déteste ; ces beaux qui obtiennent avant lui, sans effort ou mérite, parce que leurs corps sont longs et leurs traits harmonieux, parce qu’ils ont des fossettes et des mèches travaillées, du vent, du rien, de l’apparence sans véritable fond. C’est injuste et douloureux, chaque jour, chaque heure, cette laideur portée en fardeau, la peau, une silhouette, des pieds à la figure, incongrue, elle pique et modèle l’humeur et les certitudes. Évidemment, Paul, la souffrance n’appartient qu’aux moches ! Comment imaginer qu’il puisse en être autrement lorsque le quotidien résonne des rires et des insultes ? T’as vu l’autre avec sa face de raie, cette sale gueule, va te cacher, va crever, avec ta tronche, y a qu’ça à faire, hé, le minable… L’épreuve des cours d’école, de la rue, des transports – des coups ramassés dans l’ego jusqu’à croire en ces mots.
La blessure est profonde.
Paul encaisse.
Et se brise.
***
Paul travaille à la Poste. Il gère l’agence d’une commune de sept mille habitants, connaît sa tâche et l’exécute avec zèle. La répétition le rassure ; le bureau vers la grande vitrine, ses crayons à droite, les imprimés à gauche. Le bon employé s’applique, soucieux du client, apprécié de ses collègues et décrit comme serviable. Il s’efforce d’être aimable, du mieux qu’il peut, salue, discute, évoque la pluie et le beau temps puis ravale sa colère face aux regards qui le heurtent, ces airs condescendants et les chuchotements, il est laid, mal habillé. Il entend. Se tait. Les déteste. L’exaspération monte et des plaques apparaissent sur ses bras et ses cuisses, il frotte, se gratte, s’agite, la tension le submerge, les gens l’ennuient. Ils se plaignent. De la météo, des impôts, des salaires, du coût de la vie, du travail et des patrons. Des plaintes, encore et toujours. Ils râlent. La vie les écorche, disent-ils, mais lui, que la vie lui fait-elle ? Pour peu, il irait s’installer sur une île déserte, loin de ces cons et des vacheries de l’existence. Parfois même, il voudrait que tout s’arrête. Ne plus rien entendre. Ne plus rien voir. S’il avait du courage… mais ce n’est pas si facile. Alors il tient, s’adapte et reste. Il rentre chez lui, rue des Glycines, et se console dans le luxe d’un confort auquel il consacre son temps, un cocon, meublé avec soin, où il a préféré la qualité du bois massif aux kits bon marché, sans lésiner sur la dépense, et opté pour des matières nobles. Il est en vogue : du beau, du riche, du moderne.

Son appartement, un trois pièces au quatrième et dernier étage, se situe dans une petite résidence de standing entourée d’un parc et de nombreuses allées en gravier blanc. Les lieux sont calmes et, depuis dix ans, Paul s’y sent bien. Il connaît ses voisins, ne les côtoie pas, mais les apprécie. Tant que chacun reste chez soi, tout va bien.
En face vivent un jeune couple et leurs jumeaux âgés de quelques mois. Ils sont bruyants, le soir, quand se mêlent aux pleurs les jappements du teckel ; ça marche, ça court, ça crie, les portes claquent. Ils sont à cran, mais Paul sourit dans son refuge, heureux de percevoir la vie parce que, même s’il est un vieux garçon de quarante-cinq ans qui affectionne l’ordre et le silence, Paul aime le concept de la famille ; ce remue-ménage, les éclats et les sanglots, les rires aussi qui tintent à ses oreilles comme ceux d’Émilie ou de Rachel, ses sœurs, lorsqu’elles étaient petites, quand les parents les laissaient seuls, le père au bistrot, la mère « on ne sait où ». Quand il gérait leur quotidien, leur subsistance et l’essentiel, mouchait la morve et nettoyait les culs, lui, l’aîné de la fratrie – deux sœurs, un frère –, responsabilisé trop tôt. Il s’en souvient sans s’attarder, à quoi bon ? Le pathos, les plaintes et les reproches ne riment à rien, ne réparent pas et ne rendent pas. N’a plus de sens que son présent, les visites de ses « petits », comme il les appelle encore, même si les corps sont grands, chacun marqué de traces, par la crasse et la misère, et cette loyauté à la con, ce silence imposé, perfide et délétère, qu’ils n’ont jamais rompu. Ils se souviennent mais tous se taisent. Paul les reçoit, le soir ou le week-end, avec ou sans enfants, pour un repas ou un café, quelques heures partagées auxquelles il tient plus que tout.
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Il a oublié le parfum de l'amour, les frissons et l'envie, il ne sait plus, ni dans son corps, ni dans sa tête, ça lui échappe, mais il devine - la boule serrée sous son sternum, gonflée ou dégonflée au rythme des rencontres, la moiteur de ses paumes, les doigts gourds, frottés sur ses cuisses, et son cœur qui palpite, pressions, rétractions, le pouls heurté, au cou et aux poignets, qui file sous les tissus et pulse jusqu'en oreilles.
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Si tout pouvait être vrai, la tendresse, les baisers, si l’on pouvait s’aimer vraiment, sur un regard ou une caresse, les yeux clos pour ne plus rien savoir.
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Elle regrette d'avoir choisi cette robe rouge. Elle l'a enfilée trop vite, pressée par son fils malade et la course jusque chez sa mère. Voilà qu'on la regarde tandis qu'elle tire sur le tissu, encore et encore, espérant l'allonger. Si elle pouvait leur dire qu'elle n'est pas ce que leurs yeux leur renvoient, qu'une jupe n'est pas une permission, qu'ils la blessent.
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Video de Bénédicte Soymier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bénédicte Soymier
L'auteure Bénédicte Soymier présente son premier roman "Le Mal-épris" et répond aux questions d'Olivier Gallais, libraire à la Librairie Idéale à Paris. Une présentation organisée avec Page des Libraires.
Réalisation Anna Pitoun
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