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EAN : 9782358870290
254 pages
La manufacture de livres (20/10/2011)
2.7/5   5 notes
Résumé :
"J'ai bousculé les vieux pour mieux fouiller la maison, terroriser et ne pas risquer d'être surpris. Naturellement, je hurlais - c'est la consigne, la logique : on doit hurler. C'est à ce moment-là qu'elle est partie en courant. Les gars se sont alors mis en position sur la lisière, doucement, en prenant bien leur temps, comme à la foire. J'ai vu une traceuse ricocher sur le petit corps et grimper en chandelle vers le ciel, comme une âme assoiffée de Dieu. Elle avai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Et la mort se trimballe partout avec des allures de chien qui cherche son maître..."

La mort, Spaggiari l'a vue de près quand il a "fait" la guerre d'Indochine.

Engagé à dix-sept ans chez les paras, il a connu le pire de l'homme qui se révèle dans ces conditions extrèmes que créé la guerre.

"Faut pas rire avec les barbares" propose les points de vue alternés de plusieurs personnages, c'est l'occasion de présenter parfois les mêmes faits sous différents angles.

Les engagés connaissent les horreurs de la guerre, combattants amis ou ennemis tués ou blessés, mais aussi "dommages collatéraux" chez les populations locales.

Mais la guerre, ce n'est pas que des combats, c'est aussi l'attente et le temps libre, ici souvent consacré à des combines : vols de matériel militaire, traffic de devises.
Et des parenthèses où le soldat s'offre l'oubli de l'opium, de l'alcool ou des filles.

Le livre de Spaggiari est cru, d'une crudité qui peut choquer, d'autant que l'auteur s'autorise des termes et des prises de positions qui seraient aujourd'hui jugées politiquement incorrectes.

Quant à la plume de Spaggiari est, selon les personnages, gouailleuse et argotique ou plus "littéraire".

Quoi qu'il en soit, cette oeuvre, mélant fiction et souvenirs vécus et probablement cathartique, a le mérite d'être d'une absolue franchise.

Que peut on attendre de mieux d'un témoignage aussi fort et frontal ?
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Pour qui connaît Albert Spaggiari, on aura à l'esprit à l'évocation de ce fameux nom un pied de nez magistral aux forces de l'ordre au travers du rocambolesque « casse du siècle » de 1976 à Nice. le message laissé sur le mur des coffres dévalisés par Spaggiari peut interpeller, l'auteur de « Faut pas rire avec les barbares » avait en effet inscrit aux murs : « Ni armes, ni violence et sans haine ».Quand on le met en miroir avec ce livre, on se dit qu'Albert Spaggiari, tissant sa légende de cambrioleur rejetant la violence, sait toutefois fort bien la décrire.

Le personnage, haut en couleur, ne fut pas qu'un malfaiteur renommé. Il maniait certes le chalumeau, mais aussi la plume, et a retranscrit dans ce livre une histoire du conflit indochinois particulièrement forte, où la violence, la description de faits qui font toute l'horreur de la guerre, sont racontés avec un certain cynisme, une forme de provocation, qui secoue parfois (souvent serait plus juste) le lecteur -un peu comme l'explosion d'une grenade défensive dans un abri confiné...

Le procédé narratif est particulièrement réussi, l'auteur fait parler à la première personne tous ses personnage. Bert, Riton, Romain, Borde et autres, se sont tous engagés sous le béret rouge dans la guerre d'Indochine : qui comme un gladiateur espérant trouver dans la gloire du combat fortune et affranchissement, qui à la recherche de la meilleure combine pour vivre comme un prince les pieds dans la boue, qui comme un enfant perdu dans le monde des Guerriers, pleurant sur sa faiblesse...

Tous ces hommes ont en commun d'avoir fait le choix de la grande bascule. Gredins ou bandits, mauvaises graines d'une société honnie ou rejetons puînés de familles confites, tous sont unis par la loi du pépin. Celui auquel est accroché leur destin en sautant de l'avion, et tous ceux qu'ils retrouveront en arrivant au sol...

Âmes sensibles, s'abstenir. Car il est vraiment question de « barbares ». Spaggiari, qui connut l'Indochine, décrit des scènes terribles, dont il se sert pour alimenter les réflexions intérieures de tous ses personnages. J'ai ressenti parfois la même amertume qu'à la lecture de Sniper, de Nikolai Lilin (ex-militaire russe relatant son expérience de la guerre de Tchétchénie).

On en prend donc plein les dents, et on espère secrètement que les lignes écrites sont pour l'essentiel sorties de l'imagination de l'auteur, et que son expérience du conflit reste moins sauvage que son récit. C'est à espérer, mais la guerre étant ce qu'elle est là, le ballet des crimes entourant tout « emballement de l'Histoire », donne toujours le vertige. le lecteur non-averti se prendra donc une claque, une sévère, de celles qui font danser les molaires.

Dies Irae (jours de colère), la Prose des Morts, telle est la conclusion de Spaggiari, qui a écrit ici un Requiem pour les barbares...
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Y a la connerie instructive, celle diluée dans la chance, celle qui part en fumée, et aussi celle qui se transforme en coup de pot. Si on y ajoute l'inattention, l'inobservation des règlements, le besoin de se distinguer, la flemme, l'insouciance, on a au complet le stock des conneries qui, la première ou la millième fois, conduisent à la défaite ou à la mort.
J'allais en oublier une, la pire de toutes, qui ne pardonne jamais: la frousse panique. Chez les débutants ou chez les primaires, elle devient presque toujours collective.
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Bert n'est plus dans le poste. Normal, si de toute la journée personne ne l'a affranchi. Ce qui n'est pas normal, c'est qu'il ait emporté les rations K.
Enfin, il nous rejoint le lendemain matin, avec une gueule de bois dans sa musette. Cheuvreux, fou de rage à cause des rations, lui a filé une pêche dans sa grande gueule et trente jours de gnouf. Comme, en opération, on ne fait pas de prison, tous les jours Bert creuse des trous et, une nuit sur deux, il monte la garde à cent mètres devant les barbelés, avec seulement une grenade comme copain. On appelle cette garde: "petite sonnette" ou "tombeau" selon les dangers du coin. Ici, ce serait plutôt "tombeau".
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Sont beaux, les rats, ici. Bonne taille moyenne: bouteille d'un litre. Tout pelés, avec des yeux ronds et vicelards comme ceux d'une poupée. Et malins, avec ça. Au début, pour les tirer, on cachait tout simplement le pétard sous la chemise; maintenant, ils se sont passés le mot; pour les approcher, il faut presque présenter un certificat de non-violence et de bonne conduite.
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Dans mon pays, les femmes naissent putains. Et qu’elles passent la ligne ou pas, qu’elles fassent payer ou qu’elles fassent crédit, elles cherchent toujours à prendre plus qu’elles ne donnent. Qu’elles soient jeunes, neuves et bien dressées, n’importe, il nous faut continuer à nous battre parce qu’il y a toujours un tordu pour leur parler d’égalité des sexes, de liberté dans l’amour, du prix de ce qu’elles donnent et autres fariboles. Ici, il n’y a pas tous ces risques. À chacun sa place.
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Ce deuxième saut, c'est le "saut du pipi", le saut de la peur. Après lui, ça va mieux, surtout si on s'est bien pénétré de l'idée qu'il n'y a qu'un mort tous les trois quatre mille sauts et que, souvent, ce mort n'existerait pas sans la connerie de quelqu'un.
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Video de Albert Spaggiari (3) Voir plusAjouter une vidéo

Procès égoutiers de Nice
Avant l'ouverture du procès des complices d'Albert SPAGGIARI dans le hold-up de la société générale de Nice, récapitulatif de l'affaire dite du "gang des égoutiers". Les gangsters avaient réussi à pénétrer dans la salle des coffres de la banque en passant par les égouts. le cerveau du gang, Albert SPAGGIARI s'est évadé et n'a jamais été retrouvé.
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