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Critique de emmyne


Cet album, édité par Casterman, regroupe les planches dessinées par Art Spiegelman publiées dans la presse en 2003 -2004 ( le journal allemand Die Zeit, Courrier International et l'anglais The Independant ) ayant pour sujet les attaques sur les tours du World Trade Center à New-York en septembre 2001. Très engagés, parce que très critiques vis-à-vis de la politique guerrière du président G.W. Bush à la suite des attentats, ces dessins furent d'abord refusés par la presse américaine.

Impressionnante BD.

L'objet livre en premier lieu : grand format, entièrement cartonné, presque chacune des 38 pages en double page est à lire en hauteur en tournant l'album d'un quart de tour.

La lecture confirme, c'est du lourd.

Comme dans l'indispensable Maus, récompensé du Prix Pulitzer, Art Spiegelman se met en scène. On y retrouve la force du propos qui mêle histoire familiale - l'auteur est new-yorkais et sa fille était scolarisée dans un établissement situé aux pieds des tours - émotions et réflexions personnelles à une vision sociale acérée. Les bouleversements et les conséquences des attentats sur les comportements et mentalités de la population américaine sont rendus avec un humour tragique, tout en auto-dérision. Comme dans Maus, l'artiste utilise autant les mots que les images pour exprimer un traumatisme. Ou plutôt des traumatismes parce que la guerre qui s'ensuivit contre l'Irak le remplit d'horreur - " Terrorisé tant par al Qaïda que par son propre gouvernement " -.

Un pamphlet. Les planches expriment avec virulence son désarroi, son angoisse et sa colère - "J'ai cru perdre la vie le 11 septembre...J'ai perdu la raison peu après, et finalement, j'ai perdu tout ce qui me restait en foi de l'Amérique quand cette cabale s'est déclenchée " -. Les termes, les sarcasmes, dont il use pour qualifier le président Bush, sa politique " coloniale " relayée par les médias - "rédemption, préemption " - et le patriotisme exacerbé de ses compatriotes sont d'une violence au-delà de la caricature.

" - Mais fallait-il vraiment que ce soit des drapeaux américains cocardiers qui émergent des braises du Ground Zero ? " [ on voit alors le personnages qui plonge à terre façon autruche, se cachant la tête sous le drapeau étoilé ] - Je devrais me sentir en sécurité la-dessous, mais - bon sang ! - j'y vois rien ! "

- " Je revois encore très nettement les horreurs de Ground Zero le 11 septembre...2002. J'ai vu, de mes yeux vu, le bombardement d'objets kitsch en vente ce jour-là..."

Art Spielgelman mêle aussi les genres et les formats de la BD, utilisant différentes techniques. Je ne suis pas suffisamment compétente pour en écrire l'exposé. Il y a des montages photographiques, de l'infographie, des effets de tons vintage, des strips, des affiches, des bandes verticales, l'ensemble est d'une extrême densité, percutant. le style des anciens comics sont à l'honneur, pique culturelle en parodie autant qu'en hommage. La reprise de ces références que je ne maîtrise pas, notamment la (re)connaissance des héros, n'a absolument pas gêné ma lecture puisque c'est la forme et l'esprit de la BD qui délivrent le message. Puis, justement, l'album se clôt sur une double-page de texte, évidemment intitulée le supplément illustré, dans laquelle Art Spiegelman revient sur la naissance de la BD de presse au début du siècle, racontant l'historique de ces suppléments et présentant les personnages récurrents que l'on découvre sur les sept planches qui suivent.

Impressionnée.

Art Spiegelman a été, de 1992 à 2002, dessinateur et journaliste pour le New Yorker qui publia, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, cette couverture noire.


Lien : http://www.lire-et-merveille..
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