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Critique de lalistedemafa


Il faut être sincère ...le graphisme n'a rien d'attirant, l'album paraît sombre, en gribouillis, les personnages des petites souris ne sont pas des plus beaux quand on y jette le 1er coup d'oeil. J'ai tenu à lire cet album d,abord pour les éloges que j'ai lu à son propos mais passé quelques pages...j'ai tout oublié et je me suis retrouvé entre New York et L'Europe de L'Est des années 30-40.

Et là, je ne l'ai plus lâché. Il est vrai que Maus n'est pas un album qui se lit par ci, par là...par à coup! c'est une oeuvre qui nous habite. A près de 300 pages, c'est avec Vladek que nous sommes; nous écoutons son histoire. une histoire que nous connaissons mais qui nous laisse tout de même sans voix, qui nous secoue à l'intérieur, une histoire que j'ai lu en tremblotant parfois. elle fait froid dans le dos. Une histoire qui a fait travaillé ma mémoire. Une histoire pour ne pas oublier la souffrance d'un peuple, la souffrance de tous ces peuples qui ont vécu des atrocités.

Vladek a épousé Anja, issue d'une famille riche, il auront un fils: Richieu. Vladek se décrit comme un homme assez débrouillard et Anja comme une femme douce et intellectuelle. La guerre va séparer cette famille et ils seront déportés à Auschwitz et Birkenau tandis que leur fils mourra, tué par sa tante qui refuse d'être déportée.



Ce qui frappe dans cette lecture, de prime abord, c'est le choix d'un album comme média pour un récit aussi lourd puis le choix de personnages animaux. Au fur à mesure de ma lecture, le choix de la souris pour les juifs et le chat pour les Nazis a pris toute sa pertinence. J'ai été impressionnée par ce récit rempli de courage, d'inventivité, de persévérance.

Le personnage de Vladek est impressionnant, il s'est "organisé" (ce mot a pris une nouvelle signification pour moi) dans les camps de concentration de manière incroyable. Il a fait preuve d'une persévérance presque à tout épreuve. Mais nous réalisons au fur et à mesure qu'il paye encore sa survie. Il porte en lui, indélébile (comme ses numéros qui les ont marqué dans les camps), les traces de la guerre et des camps. Son avarice, sa manie de conserver de ne pas gaspiller, frise l'obsession. Art, second fils de Vladek et auteur de l'album, est pris entre une personnalité qu'il abhorre et un père qu'il aime. C'est émouvant de voir leur relation et triste de percevoir la colère qui habite Art et la solitude de Vladek suite au suicide de la mère, Anja. Il y a une telle incompréhension entre Art et ce père, avare, nerveux et raciste. le récit des années de guerre semble être le seul point qui les rallie...le seul moment où ils ne se disputent pas! C'est triste.

la structure narrative est excellente, nous nous laissons porter par ce récit lentement avec des allers-retour si fluide que nous devenons triste à voir le peu de pages qui reste. Puis tout d'un coup, j'ai réalisé que j'étais emportée par l'histoire... ces petites souris sont devenues plus expressives, le tracé de crayon plus clair et j'ai compris que Spiegelman a été ingénieux dans son choix...c'est alors que j'ai porté plus attention aux graphismes et que je l'aimé. J'ai aimé que parfois certaines images du passé étaient incluses dans le présent. Par exemple, lorsqu'Vladek évoque les Juifs pendus qui avait essayé de tuer des allemands à Auschwitz. Leurs jambes apparaissent dans les bois( à la place des branches d'arbres) alors que Vladek et Art sont dans la voiture en Floride. C'est un procédé qui fait penser à des flashback et révèlent avec finesse comment Vladek le vit. Son passé envahit son présent à chaque jour!

Les réflexions autour de ma lecture sont infinies: la question de la mémoire collective, comment la préserver? Peut on réellement comprendre les faits qui se sont déroulés dans cette période? Comment une personne peut aller aussi loin dans la violence, le massacre et une autre aussi loin dans la survie? Mais c'est aussi un devoir de mémoire pour les souffrances de tous les peuples comme ceux de l'esclavage, par exemple. Je me suis souvenue d'une commémoration pour la fin de l'esclavage lors d'un séjour Martinique qui m'avait tant appris sur le commerce triangulaire, la vie dans les plantations. La souffrance de tout un peuple, la violence d'un autre. C'est encore ça, la puissance de Maus: cette capacité de nous interpeller au plus profond de nous même, de ne pas oublier que la vie, c'est le devoir de tous! C'est ce que j'ai ressenti, moi!



Art Spiegelman signe une oeuvre très intime, il partage son histoire, sa mémoire et c'est poignant. C'est terrible même! Il y a tant à dire sur cet album. Je pense que le mieux, est encore de le lire!

C'est une lecture que je recommande ABSOLUMENT!!!!!!

Lien : http://lalistedemafa.over-bl..
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