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sur 4631 notes
Nouvelle édition 2012 pour le 25ème anniversaire de la parution en France de texte majeur, couronné à l'époque par le Prix Pulitzer, ce beau volume entre les mains m'ouvre les portes d'un univers souvent imaginé - de loin, en rêve, tant de fois objet de mes envies de lecture. Il y a me semble-t-il à la lecture de cet ouvrage un paradoxe à éviter : lire Maus comme un livre nécessaire mais néanmoins dépourvu - a priori - des habits de terreur des ouvrages sur l'holocauste. Comme si ce livre pouvait à un moment entrer dans une catégorie à part des livres sur le sujet. le support est pourtant idéal : à la narration de cette histoire familiale ; à la disance que Spiegelman met entre les personnages (des souris) et la vraie vie, entre son récit et lui-même. Il raconte d'ailleurs dans Metamaus comment ce texte s'est construit des vérités académiques, des vérités exprimées par son père, des vérités non révélées par sa mère. Voilà, ce livre est beau, simplement.
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Un ouvrage que l'on peut classer parmi les incontournables de la BD, un sujet atypique dans l'univers de la bande dessinée mais un classique tout de même désormais, à mettre entre toutes les mains !

J'ai mis du temps à sauter le pas car la bande dessinée est avant tout pour moi, synonyme d'aventure, de bonheur, de gaieté. Et oui, biberonnée à Astérix, Tintin, Spirou et autres Schtroumpfs, il m'est souvent difficile de me lancer dans des univers sombres ou trop réalistes. Je suppose que cela m'a fait repousser cette lecture dont le sujet est l'holocauste, à de multiples reprises. Mais je savais que j'y viendrai un jour.
En apercevant dernièrement Maus, dans ma médiathèque, je me suis souvenue d'interdictions de livres aux USA, au Tennessee notamment. Un électrochoc dans ma tête qui m'a fait prendre conscience de l'importance de cette lecture, peut-être pas l'urgence mais ...
D'ailleurs, l'interdiction de Maus dans les écoles avait eu pour conséquence de le porter en tête des ventes aux USA. Là-bas, ils appellent cela l'effet Streisand. Et bien, cela a fonctionné sur moi également. Découvrons Maus, j'ai envie de dire enfin ....!

Visuel

Un visuel en noir et blanc, très sobre, avec des animaux en guise de personnages.
Des petites souris blanches représentent les juifs. Les nazis sont des chats et les polonais, des cochons. Procédé de mise à distance réussi, ces petits animaux sont rassurants.
Les dessins sont simples.
Pas de paysages, pas de plans larges, ici on se focalise sur les personnages.
Rien ne vient perturber leur histoire. On ne se raccroche ni aux paysages, absents, ni à de jolies couleurs, absentes.
Les personnages se ressemblent tous un peu. On les reconnaît à leurs attitudes ou paroles. Ainsi, nous sommes entièrement tournés vers le récit. La parole prend une place privilégiée. On lit les petites bulles avec beaucoup d'attention et d'intérêt.
Le visuel est donc très réussi car il allège le sujet tout en gardant une solennité. Il porte le récit et lui donne une grande force émotionnelle.

Scénario

J'ai été surprise. Je ne m'attendais pas à cela. L'auteur ne nous plonge pas directement dans l'enfer des camps, comme je m'y attendais.
Non, il y met beaucoup de distance, prend son temps, se met en scène dans le processus de création de la bande dessinée, et amène le sujet avec délicatesse, douceur, remise en question, doutes et même humour. L'histoire s'installe doucement et oscille entre l'écriture du livre, le monde d'aujourd'hui, art Spiegelman venant rendre visite à son père et écouter son histoire et le récit de ce père, plus jeune, du déporté.
Ce scénario ne bouscule pas le lecteur.
Nous observons en premier lieu une relation père-fils dans tout ce qu'il y a de plus banal. Un père vieillissant et un sacré râleur, pour ne pas dire casse-couilles et face à lui un fils compréhensif mais d'une autre époque, qui essaie avec parfois beaucoup de difficulté, d'extirper le récit d'une vie si douloureuse, et si éloignée du présent qu'elle semble irréelle. le fils, entre exaspération, admiration et culpabilité, essaye tout le long d'exhumer les souvenirs de son père, de les classer afin de livrer un récit cohérent et respectueux.
La vie de Vladek, le père, s'emboîte dans cette histoire première et nous vient petit à petit.

Mon avis

Le récit de la déportation, même si il reste le sujet de l'oeuvre, n'est pas non plus l'unique récit. Il y a une mise à distance visuelle avec des personnages anthropomorphes mais aussi scénaristique avec deux récits imbriqués, au présent et au passé, deux temporalités, celle du fils, la nôtre et celle du récit bouleversant du déporté Vladek. Et ce deuxième récit se tisse au fil des pages, d'abord léger, plein d'amour puis de plus en plus sordide. Avec la répression et l'installation du régime nazi, l'oppression devient grandissante pour finir dans le drame et l'horreur absolue.
L'histoire s'installe lentement et nous avons le temps de nous imprégner des personnages. A leurs côtés, nous vivons les premiers questionnements, les premières incompréhensions et le passage de l'incrédulité à la constatation, de la stupeur à la terreur.
Art Spiegelman a réussi à livrer un témoignage doublement émouvant. En se mettant lui-même en scène, il retranscrit également l'émotion d'un fils. Nous avons donc plus qu'un simple témoignage. Nous avons aussi le récit d'un retour, le dur parcours de réinsertion de ceux qui ont vécu l'enfer et l'impact sur leur famille.
Cette oeuvre est remarquable. Un récit retranscrit avec beaucoup de finesse, de sensibilité, et de sincérité qui fait progresser le lecteur au côté des personnages,au coeur des évènements, sans pour autant le brusquer. L'oppression, telle que Vladek et les siens l'ont vécu, sournoise, galopante, incompréhensible, terrassante, meurtrière.
Une bande dessinée, une "simple"bd peut également, avec beaucoup de justesse offrir un témoignage poignant, bouleversant et infiniment respectueux de la mémoire des victimes des camps.

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Info étonnante : un conseil scolaire du Tennessee a voté récemment à l'unanimité pour bannir de l'enseignement le roman graphique « Maus », dont le thème central est l'Holocauste. Selon ce conseil de 10 personnes, il contiendrait des éléments « inappropriés » pour les élèves. Encore une dérive de la « pensée unique » ?

Qui, pourquoi, quelles images « inappropriées » : les censeurs parlent d'une image de femme nue et de huit jurons que ne sauraient lire les jeunes lecteurs de ce chef-d'oeuvre de la bande dessinée moderne (Cachez ce sein …)

J'ai donc relu cet ouvrage pieusement conservé dans ma bibliothèque, publié d'abord dans la revue de BD et d'avant-garde RAW, et qui fut un événement de l'édition, couronné par le prix Pulitzer en 1992, et que j'avais découvert dès sa parution en français, très bien traduit par Judith Ertel.

J'ai bien cherché, je n'ai pas trouvé de femme nue … et les quelques jurons échappés à côté des monceaux de morts dans les camps ou assassinés lors des marches de la mort, quel mauvais procès !

C'est en effet un ouvrage à double lecture.
Au premier degré, c'est le témoignage d'un rescapé de la Shoah, Vladek, recueilli par son fils Art Spiegelman, né en 1948, et qui veut savoir pourquoi sa mère, elle aussi rescapée, s'est suicidée en 1968.

Moi aussi, en 1993, j'ai retranscrit les souvenirs de mes parents et en particulier ceux de mon père, échappé des camps de prisonniers allemands en février 1942 (mais rien à voir avec les camps d'extermination nazis).

Vladek s'est remarié, avec une survivante elle aussi. Mais la vie commune est particulièrement difficile.

Au-delà, c'est la relation complexe entre un fils qui veut comprendre comment, si ce n'est pourquoi, une telle barbarie a existé, et qui constate les stigmates qui continuent à ronger ce survivant, et ont définitivement ravagé ce qui lui reste de vie, conduisant à des réflexes de survie qui l'envahissent jusqu'à l'étouffer littéralement …

C'est peut-être ici la partie la plus émouvante de ce témoignage. L'auteur et dessinateur choisit, ici aussi, la technique narrative anthropomorphe : les juifs sont représentés comme des souris – pas complètement par hasard puisque la propagande nazie assimilait les Juifs à des rats – les Polonais en porcs, les Français en grenouilles (Froggies), les Suédois en rennes, les Allemands nazis en chats, sauvages …

Lorsqu'un Juif ne porte aucun signe distinctif de sa condition (l'étoile) pour « arranger » des transactions avec des non-juifs, il porte un masque de cochon … car rien en fait ne le distingue des Polonais « de souche ».

Il est super malin, ce Vladek. Jamais découragé.
Fort, courageux et amoureux aussi, il va tout faire pour survivre, retrouver sa chère Anja, utiliser tous les ressorts des relations et des réseaux familiaux, apprendre plusieurs métiers, travailler comme un esclave, épargner le moindre bout de pain 'pour l'échanger avec autre chose, se faire bien voir, corrompre les kapos, se sortir de situations désespérées.

Il a de la chance …
Ayant réussi à émigrer aux Etats-Unis – sa connaissance de l'Anglais lui aura été bien utile – enfin, un anglais encore construit à la manière yiddich (excellente traduction !) – il continue à vivre après la guerre comme si tout pourrait venir à nouveau à lui manquer.

En réalité, son fils constate qu'il n'est jamais tout à fait revenu des camps. Et même, qu'il devient absolument insupportable, exigeant, d'une avarice calamiteuse.

Ce livre est un monument. Choquant, c'est évident, et c'est encore peu dire à côté de ce que nous savons de la Shoah, c'est un témoignage circonstancié, précis et précieux. Qu'il ne convienne pas à des enfants trop jeunes, sans doute … mais qui est indispensable à de jeunes gens pour leur rappeler ce qui s'est passé au siècle dernier en Europe, et que certains dénient aujourd'hui.

A noter : en réaction à la décision des écoles du Tennessee – un état républicain depuis toujours – Ryan Higgins, libraire californien, a proposé d'envoyer un exemplaire de Maus à toutes les personnes de cet Etat qui lui en feraient la demande pour leurs enfants : des milliers de demandes lui ont été transmises !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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MAUS c'est dense, intense, sombre et humain à la fois
bref, c'est Costaud.

Une souris verte qui courait dans l'herbe...
On l'attrape par la queue, on la montre à ces messieurs...
LE PROBLEME : elle est juive, monsieur, JUIVE !

Pour ne jamais oublier
à une époque où bien des gens seraient tentés..

Quand le roman graphique remue autant le passé
C'est qu'il a encore de l'avenir !

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Un chef d'oeuvre absolu.

Maus est un monument de la bande dessinée et un monument tout court.

C'est une oeuvre indispensable et un témoignage rare sur l'histoire de l'Europe avant et pendant la seconde guerre mondiale.

Maus est construit à la façon d'un reportage, celui qu'a fait Art Spiegelman en écoutant son père Vladek, juif polonais rescapé des ghettos et des camps de concentration.

Le récit principal porte sur l'histoire de Vladek et de sa famille à partir des années 1930 jusqu'à la fin de la guerre. C'est l'histoire d'une famille juive polonaise qui va peu à peu se déliter au fil de l'avancée de la guerre et des atrocités liées à l'idéologie nazie. C'est un récit de drames terribles, un rappel invitant à ne jamais oublier.

Le choix de la narration à deux époques est très bien réalisé et permet de comprendre en partie la relation père-fils qui s'est construite entre Art et son père, qui est le deuxième sujet de Maus et non moins intéressant que le premier. Les difficultés relationnelles entre Art et son père sont évoquées sans approfondissement particulier, mais il se dégage des pages une certaine émotion, et l'on sent une réelle souffrance pour Art qui porte le poids de l'histoire de sa famille et peine à trouver sa place.

Les dessins sont minutieux et saisissants de réalisme et d'expressivité, malgré le choix de la représentation des humains en fonction de leur origine (souris pour les juifs, chats pour les allemands, cochons pour les polonais), choix que j'ai trouvé d'une grande pertinence et, paradoxalement, donnant un relief particulier aux personnages.

Il faut lire cette BD jusqu'au bout et notamment l'avant-dernière case qui est à mon sens terrible, à la fois source et révélatrice d'une intense douleur pour le père comme pour le fils, peut-être inéluctable.

Je ne pense pas avoir une quelconque légitimité pour critiquer une oeuvre pareille donc je vais m'arrêter là.

Si vous ne retenez qu'une chose, Maus est à lire, vraiment...
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Intégrale que j'ai mis assez longtemps à lire, pas parce qu'il n'est pas bien, non parce que cet enchaînement de malheur est dur à digérer.
L'originalité de personnifier chaque nationalité ou appartenance religieuse par un animal est prodigieuse. le récit en devient plus fluide.
Le fait d'alterner entre les questions au père et le récit est aussi appréciable. il rajoute une surcouche d'humanité dans cette bande dessinée.
Le noir et blanc permet de garder de la tension.
Témoignage poignant qu'il faut absolument lire...
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J'ai refermé le livre... et sûr, celui-ci, je ne l'oublierai pas. Comme beaucoup d'ouvrages qui traitent du nazisme et de l'extermination des juifs, celui-ci est bouleversant. Sa particularité tient dans le fait que c'est une BD : l'approche est différente et remarquable.
A lire absolument.
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Que dire de cette oeuvre? Il faudrait la mettre entre les mains de tous ces gens, de plus en plus nombreux, qui promeuvent des thèses d'exclusion de tous ceux qui ne leur ressemblent pas. Bouleversant d'humanité. Un monument au devoir de mémoire, où les victimes sont dépeintes de façon réaliste; ce ne sont pas des anges, parmi eux, il y avait des traitres, des salauds, mais ce qui leur est arrivé est ignoble et personne, personne, jamais ne devrait avoir vécu cela.
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Art Spiegelman a voulu faire une BD sur son père Vladek, sa vie en Pologne, ses souvenirs de guerre. Ils ne sont pas très proches et Art sait peu de choses sur la vie qu'ont eue ses parents avant la guerre. Vladek lui parle donc de sa rencontre avec Anja sa femme, de la naissance de Richieu son fils décédé, de son incorporation dans l'armée polonaise. Vladek est horriblement marqué par tout ce qu'il a vécu et est parfaitement insupportable à vivre. Son obsession de ne rien gaspiller, de garder son argent pour un avenir incertain le pousse à commettre des choses incompréhensibles pour son fils. Il lui raconte néanmoins ce qu'il a vécu, comment il s'en est sorti en étant à la fois prudent et volontaire avec une foi en l'avenir qui l'a sauvé. Il décrit la Shoah, des choses connues ou moins connues, avec le ton du père, son accent, ses tournures de phrase attendrissantes.
On comprend l'importance de l'entr'aide, de l'argent, la difficulté de prendre des décisions, d'anticiper les directives allemandes toujours plus restrictives, de croire les nouvelles impensables qu'ils commençaient à entendre.
Rien de nouveau pour moi mais le traitement en BD est à la fois plus descriptif et moins insoutenable. de même le fait d'avoir dessiné des animaux est plus supportable et n'empêche pas de faire oeuvre de mémoire. Ce qui est le but recherché. Les allers-retours entre le présent et le passé montrent bien les conséquences dans la vie des rescapés 40 ans plus tard.
A recommander aux jeunes générations.
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Une exposition récente au MAHJ a été consacrée aux 63 planches en noir et blanc que Si Lewen a dédié au début des années 50, à la condamnation du nazisme, assassin et corrupteur de foules. « Maus » m'est d'autant plus facilement revenu en mémoire que Art Spiegelman a présidé à la tenue de cette exposition en éditant les planches de Lewen, dans la librairie du musée, aux côtés de cet ouvrage, des piles de « Maus » figuraient en bonne place. J'ai ressorti ma vieille BD et me suis replongée dans le récit et les dessins de Spiegelman.
« Maus » n'a pas pris une ride. En ces temps de haine ordinaire je dirais même que son impact est plus fort encore. Comme Castro révèle les monuments en les cachant, les dessins de Spiegelman renvoient le lecteur à la réalité historique. Une réalité historique transcendée à travers la fragilité de destins singuliers. le père de Spiegelman n'était pas un héros, simplement un homme parmi des millions d'autres, et au-delà de sa personne l'hommage qui lui est rendu fait justice à l'humanité toute entière.
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