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sur 4647 notes
Je n'avais jamais voulu lire cette BD tant à cause du sujet que du dessin. Et une amie me l'a prêtée et m'a fortement incitée à lire... et elle a eu raison par ce que ce roman graphique est d'une puissance impressionnante tant par la force de l'évocation de la réalité des camps, que de celle de la mémoire, de l'héritage, de la filiation et du lien père fils mais aussi parent vieillissant/ enfant adulte. Et le personnage du père est complexe... à lire vraiment
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Si comme moi, vous pensez déjà (presque) tout savoir sur les horreurs subies par les juifs et tous ceux qui ont été déportés pendant la seconde guerre mondiale. Si vous pensez que tous les nouveaux récits que vous pourrez lire auront un goût de déjà vu et ne feront que reprendre les mêmes éléments déjà maintes fois dits et répétés. Et bien, détrompez-vous ! Cette bande dessinée est parvenue à me surprendre et à m'apprendre encore des détails sur cette période si noire de l'histoire de l'humanité. Mais surtout sa plus grande qualité est d'être touchante d'humanité par le récit de la transmission du père au fils. On suit donc plusieurs personnages à différents moments de leur vie. Il y a tout d'abord Art Spiegelman lui-même qui interroge son père pour qu'il lui fasse le récit de ce qu'il a vécu. Il y a son père qui raconte sa jeunesse mais également les soucis quotidiens auxquels il doit faire face maintenant qu'il est âgé et vit aux Etats-Unis. Et surtout il y a la mère ou plutôt l'ombre de la mère toujours présente mais qui ne peut raconter elle-même sa version des faits puisqu'elle n'est plus là. C'est le passé qui est raconté mais aussi tout le poids qu'il représente et la culpabilité qu'il laisse pour les années qui suivent celles de la guerre.
Une très belle bande dessinée qui traduit la souffrance de ceux qui ont vécu mais également les difficultés à transmettre ce qui s'est passé aux générations futures. Une bande dessinée qui nous rappelle que même en connaissant de nombreux détails sur l'enfer subi par les prisonniers dans les camps, on ne pourra jamais totalement se représenter ce qu'ils ont vécu. La réalité est au-delà des mots et des images, elle réside peut-être simplement dans notre empathie et notre volonté de ne pas oublier.
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J'ai longtemps repoussé le moment de lire cette bande-dessinée, un peu rebutée par le graphisme, et puis, ayant déjà lu énormément de témoignages sur la déportation, j'hésitais à me plonger encore une fois dans les horreurs de la Shoah. Mais quand j'ai pu enfin me lancer, je ne l'ai pas regretté car, dès la première planche, j'ai été happée. En effet, Maus possède une force narrative extraordinaire et la tension monte au fur et à mesure que se déroule le récit du père d'Art Spiegelman. On assiste donc à l'augmentation de la répression, et l'étau se resserre irrémédiablement sur les juifs polonais. Au début, ils arrivent à se débrouiller et survivent notamment grâce au marché noir et à de multiples combines. Certains même travaillent pour les SS et bénéficient donc d'une certaine "protection" qui n'aura qu'un temps. Mais peu à peu, la traque se met en place, les nazis créent des ghettos et entament les rafles. On commence alors à parler d'Auschwitz. Les drames familiaux se mêlent aux événements historiques : les séparations, les décès, les dénonciations, la terreur, les caches, la faim, la dépression de la mère de Art et finalement son suicide. On avance lentement dans le récit, année après année et on assiste, impuissant à la déportation de plus en plus de juifs. Les ghettos sont "liquidés" les uns après les autres et rares sont les survivants qui arrivent à échapper aux nazis.
J'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux à la lecture de ce témoignage poignant et puissant qui est aussi celui d'une relation pas toujours facile entre un fils et son père.
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Une lecture pesante mais instructive. Le thème est si rebattu que j'ai toujours du mal à m'y replonger. Là où réside l'originalité de cette oeuvre, c'est l'anthropomorphisme animalier pour aborder l'horreur de la période.
Chaque entité est incarnée par un animal différent et on sent l'inspiration autobiographique prégnante dans cette histoire tragique et émouvante.
Une des choses qui m'a également semblé ardue, c'est l'agencement des cases, très rapprochées, le foisonnement du texte, il y a énormément à lire pour un support bande-dessinée. Le sens et l'intensité de l'intrigue repose sur le style du texte autant que sur les images. Il est parfois difficile de différencier certains personnages.
La lecture de cette intégrale est harassante aussi bien psychologiquement que physiquement (pour les yeux) mais nécessaire et intéressante du point de vue historique.
Sur un support graphique, j'avais par contre davantage été touchée par l'histoire d'Osamu TEZUKA dans Les 3 Adolf, la faute au caractère très fourni en informations historico-culturelles de ce Maus.
Lecture dure mais qui ne peut laisser indifférent.
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Cette BD m'a été conseillé par une amie. Sachant que je ne rebute pas à lire les évènements de la dernière guerre, elle a pensé que cela m'intéresserait!
Et bien oui! J'ai eu un peu de mal avec le graphisme et le fait que ce soit des animaux....mais pourquoi pas!
Puis au fur et à mesure de la lecture je suis rentée dans cette histoire ou plutôt ces histoires.
Le conflit de générations, les relations entre père et fils, l'époque assez cool des jeunes, être né après la mort d'un premier enfant, le remariage du père...finalement beaucoup de thèmes dans cette histoire sur les camps de concentratuon, la Shoah.
Ayant lu et vu beaucoup sur cette période je n'ai rien appris de nouveau mais j'apprécie le fait de présenter cela d'une manière complètement différente de tout ce qui a déjà été fait.
La BD interpelle une autre tranche de lecteurs et ainsi ils peuvent "savoir".
Je me pose la question de la caricature du père, était-il ainsi? cela était-il necessaire?...Mais les traumatismes peuvent être très puissants.
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J'ai acheté ce livre lorsqu'il a fait polémique aux Etats-Unis en janvier 2022. Son contenu jugé "vulgaire et inapproprié" pour des enfants de 13 ans a été banni par un conseil d'école.

Forcément, quant il s'agit de supprimer un livre du paysage, ça m'intrigue. Je l'ai donc acheté DE SUITE. Je n'en avais jamais entendu parlé. Je ne sais pas si je dois remercier cette polémique, ça serait fort de café quand même.

Un an et demi après l'achat, j'ai ouvert cette BD assez lourde ( J'ai toujours beaucoup de livres qui m'attendent et je dois à regret faire un choix). Les dessins sont sombres, les personnages sont des animaux, le père de l'auteur semble insupportable. Je rentre sans problème dans l'histoire avec ces constats établis dès les premiers feuillets.

Petit à petit, la relation père-fils me fait chavirer. Je suis attendrie. Je suis fascinée par la retranscription assez nette des conversations. On imagine pleinement être dans la même pièce qu'eux. le travail du souvenir est connu pour être fastidieux et douloureux. Je respecte profondément cet auteur qui essaye de raconter des souvenirs auxquels il n'a pas participé. Il a fait de son mieux pour mettre en dessin l'histoire de ses parents.

C'est un travail admirable. J'ai été profondément touché par ce monsieur, par sa vie. Je recommande cette lecture.

Et pour info : Ce n'est pas vulgaire ni inapproprié. LIRE EST NECESSAIRE POUR NE PAS OUBLIER !
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Que dire de plus de chef d'oeuvre ? Qu'il faut le lire ! Que ce devrait être une lecture obligatoire, car on n'a rien compris, l'humanité n'a rien compris de ses erreurs. Cette BD raconte avec une rare sensibilité la persécution subie par les juifs en Pologne. Sur la base des entretiens avec son propre père, rescapé, Art Spiegelman restitue son vécu et sa débrouillardise, le mettant en parallèle avec l'homme qu'il est devenu, petit vieux pingre et difficile à vivre. Après avoir vécu l'indicible, il a fait preuve extraordinaire de résilience. Une BD à lire d'urgence.
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Tout aura déjà été dit sur cet incroyable roman graphique, mais voilà des années que je voulais relire cet ouvrage découvert au collège et c'est enfin chose faite !
Une histoire connue et mille fois racontée, un père qui parle comme Yoda, des souris et des chats… et pourtant, le tout est un chef d'oeuvre qui mérite amplement ses multiples récompenses !

Dans ce roman graphique en noir et blanc, les Juifs sont représentés en souris (« Maus » en allemand), menacées par les chats nazis, eux-mêmes chassés par les chiens américains. Lorsqu'un Juif cache sa religion pour se présenter en Polonais chrétien, il portera alors un masque de cochon. Outre d'être original, le zoomorphisme est utilisé de façon très maligne : permettant de situer les personnages sans explications, il ne nuit en aucune manière au réalisme de l'oeuvre. Sans tomber dans la caricature que ce choix de représentation aurait pu induire, Art Spiegelman montre des gens qui aident et des gens qui font souffrir dans tous les camps, sans réduire le script aux gentilles souris et aux méchants chats.

Des années 1930 à 1945, nous suivons Vladek à travers la Seconde Guerre mondiale. Vie aisée suite à son mariage avec la douce et maladive Anja, puis lente dégringolade jusqu'au camp de concentration. La faim, les combines pour survivre un jour de plus, les amitiés nouées au bon moment, les pertes successives, la peur… Un témoignage personnel qui n'a pas pour objectif de dévoiler la vérité sur cette période, juste une histoire intime absolument terrifiante et bouleversante. (A chaque roman sur 39-45, j'ai une petite pensée du genre « c'est bon, on a déjà tout vu tout lu » et pourtant, à chaque fois, je ne peux pas rester indifférente devant cette atrocité qui semble impensable et qui pourtant ne l'est pas, il suffit de regarder autour de soi…)

Cependant, la narration ne se focalise pas uniquement sur le passé. En effet, Art Spiegelman se montre interviewant son père et présente ainsi tout le contexte dans lequel le roman graphique a été créé. Il parle ainsi de sa relation avec un père extrêmement difficile ou de celle de celui-ci avec sa seconde femme (nous offrant également son point de vue à elle sur leur vie de couple). Il évoque sa position vis-à-vis de l'Holocauste et ses doutes sur sa capacité à évoquer cette abominable époque. Il s'interroge sur sa culpabilité de n'avoir pas vécu les mêmes épreuves que sa famille ou sur la rivalité avec son frère décédé et idéalisé par ses parents.
Ainsi, tandis que, de son anglais malhabile, son père partage ses souvenirs avec son fils – et à travers lui, les lecteurs et lectrices –, Art Spiegelman parle aussi de comment raconter, comment se remémorer. Cette perspective apporte une profondeur supplémentaire, une vraie richesse à ce récit sur la transmission et la mémoire.

En outre, l'auteur n'idéalise pas son père et aborde sans concession ses pires défauts. S'il reconnaît que celui-ci a traversé l'Europe d'Hitler avec une débrouillardise incroyable, un flair quasi infaillible et pas mal de chance, il présente également un vieil homme de très mauvaise foi, égocentrique, radin, paranoïaque et raciste. Si ce dernier trait de caractère est extrêmement choquant pour le lecteur comme pour la femme d'Art qui manifeste sa stupéfaction horrifiée, cela contribue à mon goût au réalisme et à la justesse de l'histoire. Vladek est marqué à jamais et la guerre, les privations, se rappellent à lui chaque jour.

L'ouvrage est dense et bavard : le texte est omniprésent et absolument essentiel. le trait, sombre et minimaliste, correspond parfaitement à l'ambiance dure et froide du récit. de cette sobriété naissent la peur et l'émotion. Si cette succession de petites cases peut effrayer, on se rend rapidement compte que le choix de ce type de dessin est absolument judicieux.

Construit sur une alternance du passé et du présent – coupures appréciables qui permettent de respirer un peu entre deux épisodes toujours plus atroces –, mêlant biographie d'un rescapé et autobiographie d'un fils de survivant, Maus raconte une histoire humaine et inhumaine à la fois, le tout sans pathos ni haine. Une réussite, une oeuvre à ne laisser passer sous aucun prétexte.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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(critique de septembre 2010)
C’est la première fois que j’écris un billet sur une bande dessinée, genre que je connais assez peu. Pour une première, la barre est placée très haut : c’est un récit à la fois juste, sobre, émouvant, tragique mais non dénué d’humour, mis en images de façon remarquable sur un sujet aussi périlleux ! Je n’hésite pas à le comparer au témoignage de Primo Levi « Si c’est un homme » qui m’a beaucoup touché aussi. Une différence cependant : c’est un témoignage de seconde main, puisque retranscrit par le fils d’un rescapé des camps nazis, ce qui ne lui fait rien perdre de sa force. Le personnage du père vieillissant n’est pas très sympathique, et le fils s’interroge aussi, au fil des bulles, sur l’image qu’il transmet de lui, ainsi que sur sa place assez difficile, de deuxième enfant, né après un frère mort dans des circonstances tragiques. Ces rapports familiaux sont le deuxième sujet de cette bande dessinée, et sont tout à fait intéressants aussi.
Une bande dessinée à recommander à tous, afin de ne pas oublier ; elle est d’ailleurs étudiée dans certaines classes de lycée…

Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Récit autobiographique, l'auteur situé dans les années 70 à New York se fait raconter par son père sa vie du début de la seconde guerre mondiale en Pologne, au ghetto en passant par les camps de la mort avec toutes ses horreurs.

Le récit prend le parti original de transformer et caricaturer les différents groupes "nationaux" en animaux : les juifs en souris, les allemands en chat, les polonais en porcs... Ce zoomorphisme offre une lecture forte des relations entre les personnages et symbolise (et caricature) leur trait de caractère.

Art Spiegelman traite des grands sujets de la Shoah: le racisme, la déshumanisation, le devoir de mémoire et l'héritage. Mais il prend le parti de raconter une vérité avec toutes ses horreurs et ses atrocités même celle commise par son père. Comme la scène où celui-ci est raciste envers un américain devant son fils et que celui-ci ne comprend pas après ce qu'il a vécu comme il peut être comme ça.

Art Spiegelman au travers des deux tomes de Maus a révolutionné le roman graphique et fait un chef d'oeuvre du genre qui a insipiré de nombreux autres auteurs comme Persepolis.

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