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3,65

sur 129 notes
Énormément de qualités littéraires dans ce premier roman d'une jeune scénariste nommée Céline Spierer, née à Genève et vivant à New York. J'en avais engagé la lecture sans idée préconçue, avec la réserve de rigueur lorsqu'on se lance dans l'inconnu, je l'ai terminée avec un réel enthousiasme.

Entre New York et l'Europe centrale, le Fil rompu entremêle sur quatre cents pages les fils de plusieurs intrigues déroulées sur plus d'un siècle et bouleversées par les deux guerres mondiales. La construction du roman, méticuleusement élaborée, est ambitieuse et complexe, peut-être un peu trop. Dans cette fiction en forme de vaste puzzle, le risque est de désorienter le lecteur, notamment dans les cent ou cent cinquante premières pages, car l'auteure s'y montre aussi prolixe sur des personnages accessoires et leur vécu profond, que sur les personnages clés de la narration.

Mais finalement, une fois les pièces du puzzle toutes posées, les péripéties, dont certaines dénotent une belle imagination, s'avèrent d'une cohérence absolue.

Le scénario de surface est assez classique. New York, 2015. Une dame âgée d'origine étrangère vit en solitaire, au jour le jour, entourée d'objets qui pourraient raviver une mémoire de plus en plus lointaine. Elle se lie d'amitié avec un jeune voisin, intrigué par les secrets qu'il subodore dans son passé. La sensibilité du jeune homme, ses qualités d'observation et d'écoute lui permettront de reconstituer l'histoire de la vieille dame et de son ascendance.

Son histoire ne manquera pas d'expliciter, dans les toutes dernières pages, le mystère affiché en préambule du livre, celui des six tableaux d'un peintre inconnu, enlevés à prix d'or par un acheteur anonyme lors d'une vente aux enchères. La narration comporte aussi son « côté polar » avec, dans les premières pages, deux meurtres qui ne seront élucidés que bien plus tard.

Le coeur du roman est une sorte de saga, l'histoire de trois femmes d'une même lignée. La première, Katarzyna, une jolie femme blonde aux yeux bleus, quitte toute jeune la Pologne en 1913, secrètement enceinte. A New York, dans le Lower East Side, point de chute des immigrants européens, elle épouse un jeune homme juif brassant des affaires aussi illégales que prospères, et se convertit au judaïsme. Après sa mort brutale, vingt ans plus tard, leur fille Edith fait le chemin inverse et part en Pologne en quête d'un éventuel père biologique. La propre fille de celle-ci, Magda, née à la veille de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie, devra à son apparence physique, qu'elle tient de sa grand-mère, de survivre à Dresde pendant la guerre dans des conditions stupéfiantes.

Trois femmes, trois destinées qui se suivent, mais en rupture, sans rien pour les relier ; trois tempéraments fondamentalement différents, que l'auteure analyse en profondeur avec une finesse subtile. Katarzyna, que l'on ne découvre qu'après sa mort, est une femme secrète et inaccessible. Edith, au caractère sombre et tourmenté, sera brisée par la guerre et l'occupation nazie. Magda, petite fille à la résilience inflexible, s'adaptera à toutes les circonstances, en observant les personnes qui l'entourent d'un même oeil juste, lucide et froid.

Une immersion très bien rendue dans le New York d'avant les années trente et dans les territoires du Troisième Reich. le vocabulaire est riche, la syntaxe légère. La prose de Céline Spierer est très soignée, tant pour s'insérer dans la tête et dans le coeur des personnages, que pour décrire les environnements. Sa qualité littéraire rend le roman très agréable à lire et de plus en plus captivant au fil des pages.

Une construction ambitieuse, une cohérence sans défaut, une écriture ciselée. Cela témoigne, chez l'auteure, de beaucoup de talent et de beaucoup de travail.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Premier de la maison D Ormesson.
Ca n'était pas à lire en ce moment car les passages nazis n'engendrent pas l'allégresse.
Néanmoins, cette jeune auteure mérite les félicitations pour cette oeuvre si bien écrite et qui nous fait voyager entre l'Est et l'Ouest de 1912 à aujourd'hui.
Le fil rouge reste madame Janick, adorable vieille dame qui aura la chance d'avoir la visite un jour d'un jeune ado voisin qui s'attachera à cette belle personne et la conduira sur son dernier chemin.
Ces aller-retour de guerre en guerre, des US à la Pologne, des vies détruites, des histoires d'amour, le basculement d'un pays dans l'horreur, tout est raconté dans la douceur.
Une bien belle oeuvre !


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J'ai emprunté ce livre auprès de ma médiathèque car j'en avais entendu parler par l'une des rares booktubeuses que je suis. Je l'ai vu en rayon, je me suis dit, "tiens, pourquoi pas". Je l'ai donc ouvert sans attente particulière, je savais simplement qu'il était possible que je passe un bon moment. Et quel bon moment j'ai passé!

Passé les trente ou quarante premières pages, qui peuvent sembler complexes et un poil longues, j'ai eu beaucoup de mal à le lâcher.

Une vieille dame cache dans son appartement (je ne trouve pas de verbe plus adéquat) des toiles achetées anonymement aux enchères des années plus tôt. Il s'agit des six seules toiles d'un peintre désormais disparu. Son jeune voisin les trouve "par hasard", la vieille dame décide de lui raconter leur histoire, et par truchement la sienne.

Céline Spierer m'a fait voyager à travers le temps et à travers l'espace, de New York aux plaines enneigées de l'Empire russe, en passant par Berlin et la Pologne; elle m'a conviée à un voyage que je ne suis pas prêt d'oublier, peuplé de rencontres et de personnages parfois attachants, parfois mystérieux, d'autres fois encore remplis de contradictions.

La narration, qui peut paraître déroutante dans sa réalisation de prime abord, est parfaitement maîtrisée, toutes les pièces du puzzle se trouvent à la bonne place. L'écriture est belle, à la fois simple et aérée, sans fioriture mais pourtant soignée. Céline Spierer, dont il s'agit ici du premier roman, sait raconter des histoires, et a su toucher mon coeur de lectrice avec cette histoire dans L Histoire.

Si vous aimez les jolies plumes, si vous aimez L Histoire, si vous aimez les secrets et les sagas sur plusieurs générations, si vous aimez les romans aboutis, ce livre est fait pour vous. Je ne peux que le conseiller.

Lu en juin 2021
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Haute couture romanesque pour un tissu d'histoire cousu en trois générations, Céline Spirer déploie un long fil sur un siècle de tragédies et de reconstructions depuis presque les monts Oural jusqu'à outre-Atlantique.

Ethan, un jeune adolescent new-yorkais vit avec ses soeurs et sa mère avec la tristesse d'avoir vu son père une dernière fois en mangeant une glace sans jamais le revoir. La famille est morose suite à ce départ sans explication, sans aucune nouvelle et la mère sombre souvent dans une mélancolie lugubre, s'il fallait nommer une couleur pour la définir ce serait un gris cendré.

Dans un autre appartement, vit une vielle dame répondant au nom de Janik et ne fréquentant personne. Sa démarche est indécise, ses vêtements inadaptés et pourtant il lui reste une noblesse dans sa façon de bouger, de regarder. Par hasard, Ethan et Madame Janik se rencontrent dans la cour de l'immeuble et pour la première fois un étranger sera invité à franchir le seuil de son appartement, une habitation à l'aspect désordonné mais où sont renfermées dans une pièce close des toiles achetées aux enchères il y a près de quarante ans. Les échanges sont sibyllins mais peu à peu les deux êtres prennent confiance, les confidences vont suivre.

Avec beaucoup de flash back, le lecteur découvre l'existence d'une Katarzyna, originaire de Kalisz en Pologne et réfugiée aux Etats-Unis, au début du XX° siècle, où elle rencontrera un jeune homme ambitieux et peu scrupuleux qui adoptera néanmoins l'enfant qu'elle porte. Une petite fille va naître, Edith, qui cherchera à connaître sa véritable histoire après l'assassinat de sa mère. Mais lorsqu'elle part à la recherche de ses origines dans l'Est de l'Europe, la montée du nazisme devient effroyable avec comme conséquence une guerre dévastatrice. Comment Edith va-t-elle pouvoir s'en sortir et qui est réellement cette Madame Janik ?

Si votre serviteur est loin d'être un amateur des sagas familiales, c'est pourtant avec une attention toute particulière qu'il a avalé ce roman fleuve coulant sur les terres polonaises et allemandes, puis se jetant dans l'Atlantique pour amplifier le récit époustouflant de trois générations prises dans les tourbillons de l'histoire.

Un roman qui surfe sur les sentiments cachés, les blessures inguérissables, le silence des voix et les non-dits des âmes à la fois errantes et emprisonnées par le vécu.

Beaucoup d'émotions également entre la relation qui se forme entre un jeune garçon, d'une grande maturité, et cette dame âgée si craintive et si peu portée aux confessions. Les descriptions des attitudes de deux protagonistes sont si précises et détaillées que ce n'est plus un livre qui est devant vos yeux mais un écran où se déroule une épopée livresque.

Quant à l'écriture, c'est une broderie, des mots piqués sur les fluctuations des destins, un raccommodage minutieux pour réparer tous les fils cassés par les mains destructrices des hommes.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Un titre plein de possibles, je crois d'ailleurs qu'on aurait pu dire les fils rompus. Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans cette histoire coincée dans L Histoire ; malgré ces ruptures, Mme Janik retrace son histoire qui a débuté en plein coeur de la Shoah, du côté allemand et qui s'achève à New York, en 2016.
C'est une histoire en demi-teinte, oscillant entre tendresse et traumatismes de guerre, entre silences pleins d'allusions aux exterminations en masse qui ont permis à des personnes peu scrupuleuses de s'approprier biens et êtres humains au titre de droit du vainqueur !
Tout est écrit sur le même ton, ce qui en fait une lecture plutôt agréable même quand on sait ( on sent) qu'il s'agit de violences.
Céline Spierer a su créer ces liens entre les trois femmes qui étoffent son propos, des prémisses de la 2ème Guerre mondiale jusqu'en 2016, en passant par la Pologne, l'Allemagne et les Etats-Unis. J'ai bien dit liens et non pas fil rompu, car si, de fait, il y a des ruptures dans cette saga, l'auteure nous conduit de main de maître jusqu'à Ethan qui incite Madame Janik à dérouler la bobine.
J'ai beaucoup apprécié ce choix d'écriture qui n'est ni mièvre, ni désorganisé, comme on pourrait le penser à première vue, mais qui laisse le lecteur construire pièce à pièce le puzzle jusqu'au tableau final. C'est une façon de voir cette tranche d'Histoire qui me convient tout à fait.
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Voici un livre fort plaisant et très bien construit!
Tout commence avec un extrait du New York Times ou l'on parle d'une série de tableaux dont les prix se sont envolés lors d'une vente aux enchères de la maison Sotheby's et dont l'acheteur a préféré rester anonyme...
Pour comprendre pourquoi ces tableaux ont ainsi déchainé les passions, il va falloir démêler les fils de l'Histoire... Car c'est bien d'Histoire avec un grand H dont il va être question à travers les destins tourmentés de 3 générations de femmes.
Chaque chapitre est comme une pièce d'un puzzle qu'on vient ajouter et ce n'est vraiment qu'à la toute fin que le tableau final nous apparaît. On sent que tout est parfaitement pensé et maitrisé.
Je ne peux que le recommander.
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Le Fil Rompu est un roman à l'intrigue bien construite qui transporte littéralement le lecteur. Je me suis sentie happée par l'histoire dès les premières lignes. Tout commence avec l'achat de tableaux très onéreux. Et de fil en aiguille, nous voici entrain de découvrir l'histoire de Madame Janik qui se confie à Ethan. C'est donc un récit de vie et une traversée de l'histoire qui nous est livrée. de la période de l'avant-guerre, à l'invasion des nazis, le lecteur voyage littéralement d'un continent à l'autre, suivant des personnages aussi attachants les uns que les autres.
Vous l'aurez compris, ce récit palpitant a su conquérir mon coeur et j'ai littéralement dévoré le roman. Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis : rebondissements, suspens, amour et amitié se mêlent et s'entrechoquent dans un récit tendre et envoûtant.
Les personnages sont très attachants. Madame Janik se dévoile au fil des pages et tout un pan de sa personnalité se met peu à peu à jour. Son amitié avec Ethan est le fil conducteur de tout le roman et c'est au fur et à mesure de leurs rencontres que l'on découvre l'histoire des fameux tableaux. L'amitié entre ces deux êtres que tout opposé est là aussi touchante. Finalement, leur rencontre les aura tous les deux aidé à avancer et tourner la page d'une partie de leur vie.
J'aime profondément les récits de vie et les personnages plein d'humanité. Avec le Fil Rompu, j'ai donc été complètement exaucé. de plus, le style de l'auteure est très agréable. J'ai aimé ses tournures de phrases simples et efficaces ainsi que son écriture délicate.
Bref, c'est un vrai coup de coeur qui mérite 5 plumes.
Lien : https://aufildesplumesblog.w..
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Une belle histoire à l'écriture soignée, qui nous emporte dans sa toile et qui m'a fait passer un très bon moment de lecture.
Ethan est un jeune adolescent timide et réservé, dont la vie chez lui a perdu toutes couleurs depuis le départ brutal de son père. Il observe souvent sa voisine, une vieille dame à la coiffure impeccable mais au manteau trop grand et défraîchi, nourrir les pigeons dans la cour de leur immeuble. Alors qu'un courrier de cette Mme Janik arrive un jour par erreur chez lui, il décide de franchir le seuil de la porte de sa voisine. Très vite, ces deux personnes que tout semble opposer vont se comprendre et se lier.
Le titre du livre, "Le fil rompu", le résume je trouve parfaitement, faisant écho au destin de nos personnages : au fil de la vie qui parfois se rompt brutalement, au fil de la mémoire qui s'étiole le temps passant. Une histoire très riche, nous faisant remonter le temps sur trois générations, qui aborde de nombreux thèmes intéressants. Céline Spierer livre pour moi un très bon premier roman que j'ai beaucoup aimé.
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Trois femmes sur trois générations sont les héroïnes de cette grande histoire dans laquelle Céline SPIERER construit, avec maîtrise et sensibilité, le fil de vies qui ont traversé les deux grandes guerres du XXème siècle.
Juste avant l'invasion de la Pologne par les allemands, Katarzina émigre en 1913 en Amérique alors qu'elle attend un enfant.
En 1943, dans la Pologne occupée, Magda, une petite fille enlevée à sa mère, est adoptée par un couple d'allemands nazis qui l'ont choisie pour son physique aryen.
Dans son immeuble du quartier de Manhattan, la vieille Madame Janik se lance en 2015 dans le récit de son incroyable vie à son jeune voisin Ethan avec qui elle se lie d'amitié.
Des femmes belles et volontaires qui traversent les mers et les guerres pour se forger une place dans le monde et élever leurs enfants. Des destins hors du commun animés par un mélange de volonté et de fragilité que l'amour met à rude épreuve.
Le récit, qui se déroule sur plus d'un siècle, prend sa source avec la vente aux enchères, en 1978, des tableaux d'un peintre polonais, représentant tous une ravissante jeune fille, pour lesquels l'acquéreur inconnu a payé un prix exorbitant.
Dans un délicat et savant puzzle, l'histoire se met en place au fil des pages et les nombreux allers et retour dans le temps, que maîtrise à la perfection l'auteure, éclairent chaque fois un peu plus le fil de cette saga familiale.
Une belle réussite pour ce premier roman de Céline SPIERER qui m'a passionnée et m'a fait vibrer d'émotion.
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Tout aurait dû me plaire dans ce récit de belle facture doté d'une belle écriture, de phrases bien construites, d'une histoire cohérente et de sujets traités intéressants et pourtant, je m'y suis profondément ennuyée. Je me doute que l'auteur a beaucoup travaillé sur le texte, mais je n'ai pas accroché. J'ai cependant poursuivi ma lecture pour découvrir le ou les mystères et avoir pensé au final : tout cela pour ça. D'autant que le dernier retournement de situation ne m'a guère plu.
Il y a, à mon avis, 100 pages de trop, comme dans de nombreux romans actuels. Je sais que les histoires personnelles de chaque protagoniste vont se rejoindre, mais que de digressions sans intérêt. Je suis restée en lisière sans éprouver d'empathie envers les individus. Il y a une véritable atmosphère, mais le récit reste fade et plat. Et puis l'auteur laisse tomber ses personnages sans que l'on sache vraiment ce qu'ils deviennent passant de situations en situations et j'ai trouvé cela désagréable.

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