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Citations sur Le Printemps russe, tome 1 (5)

Autrefois, tout le monde aimait l’Amérique. L’Amérique a sauvé l‘Europe de gens très méchants. L’Amérique a pardonné à ses ennemis et a reconstruit les pays dévastés avec son propre argent. Et puis les Américains ont fait la plus merveilleuse des choses, Bob : nous sommes les premiers à être allés sur la Lune. On nous aimait, on nous admirait, nous étions la lumière du monde.
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La politique ! La politique politicienne ! Pourquoi ne pouvait-on pas laisser les gens libres de faire ce qu’ils voulaient ?
On l’avait assurément laissé faire ce qu’il voulait durant la phase de conception du projet Icare. Ian Bannister était un ingénieur compétent qui dirigeait son équipe de façon strictement pragmatique, il appréciait l’exigence que Jerry avait de la luge orbitale et ce dernier était heureux comme un poisson dans l’eau.
La politique politicienne n’avait pas pointé le nez avant la fin de la phase de recherche, quand le prototype de remorqueur spatial avait été déclaré prêt pour la production et l’équipe de conception dispersée.
Une grande fête avait été organisée dans l’atelier du Bourget pour célébrer l’achèvement du projet. Le bar était dressé sur des tréteaux devant le prototype, le champagne coulait à flots, on avait porté de nombreux toasts au fruit de leur long labeur et tout le monde était un peu parti quand Nicola Brandusi avait pris la parole pour les remercier du travail accompli et annoncer leurs nouvelles affectations.
Bannister était promu directeur de projet adjoint de l’équipe de conception préliminaire d’Espaceville. Kurt Froehner était chargé de superviser la mise au point du dernier étage du réservoir des fusées Energia. Brizot se voyait confier les systèmes de manœuvre et Constantine le collier d’arrimage du réservoir.
Jerry attendait avec une impatience croissante que Brandusi en arrive à lui. Tous ceux de l’équipe, jusqu’au dernier, semblaient avoir obtenu un poste intéressant sur le projet Espaceville ou les citernes de ravitaillement, et ils le méritaient bien. Mais qu’allait-il lui rester ?
« Alain Parmentier a été nommé ingénieur en chef des essais au sol des systèmes de guidage et de propulsion du projet Icare et Jerry Reed sera son adjoint, promotion assortie d’une augmentation de 500 écus par mois… »
Cet affront avait été annoncé avec un sourire béat, comme s’il s’agissait d’un morceau de choix. Jerry en était resté bouche bée tandis que Brandusi passait en vitesse au suivant de sa liste.
Les essais au sol ! Tester du matériel existant ! Ce n’était pas juste ! C’était une insulte ! Il était concepteur, pas simple technicien du contrôle de qualité ! Sans lui, les systèmes de guidage et de propulsion n’existeraient même pas !
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« Vous avez pris connaissance des termes de l’amendement à la Loi sur la sécurité nationale, Mr. Reed ?
– Non. Je ne suis pas juriste et je ne m’intéresse pas à la politique. »
Coldwater tapa autre chose sur son ordinateur. « Selon nos renseignements, vous avez reçu une proposition officielle d’emploi de la part de l’Agence spatiale européenne…
– Comment avez-vous trouvé ça ? laissa échapper Jerry qui le regretta aussitôt.
– Ce n’est pas du ressort de mon service, Mr. Reed, déclara Coldwater d’un ton hésitant. Niez-vous la chose ? »
Jerry réfléchit un instant. Manifestement, ils étaient au courant de tout, jusqu’au montant du salaire et aux avantages en nature. Il ne servait à rien de chercher à jouer au plus fin, pas plus, d’ailleurs, que de leur faciliter le travail.
« Non, dit-il. Est-ce un crime ?
– Pas tant que vous n’avez pas accepté. Étant donné que vous avez eu connaissance d’un projet militaire de moyenne sécurité, il vous est interdit par la Loi sur la sécurité nationale d’accepter un emploi en dehors des États-Unis ou dans une entreprise étrangère opérant sur le territoire national. Si vous agissiez ainsi, vous pourriez être accusé d’espionnage et poursuivi en conséquence. L’ESA vous ayant fait une telle proposition, vous êtes requis de signer une déclaration sous serment comme quoi vous n’allez pas accepter si vous voulez conserver un passeport américain valide. »
Il chercha dans un tiroir, en sortit un document qu’il fit glisser vers Jerry, puis prit un stylo-bille dans sa poche intérieure et le posa à côté du papier.
« Et si je refuse de signer ?
– Je me verrai alors dans l’obligation d’exiger que vous me remettiez votre passeport.
– Et si je ne le fais pas ? »
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L’inévitable, bien entendu, finit par arriver.
L’armée de l’air étudia avec attention le projet avant de passer au stade du prototype et un petit futé pigea ce qui se tramait. Un lundi, par un petit matin blême, la patrouille de contrôle des urines débarqua en force et fit pisser tout le monde dans des éprouvettes.
De tels contrôles surprise n’étaient pas totalement inhabituels, mais quand ils prirent des échantillons sanguins pour corroborer le moindre soupçon d’infraction aux règlements antidrogues, tout le monde comprit que le pot aux roses était découvert.
L’analyse d’urine de Rob se révéla négative, mais on trouva dans son sang des traces infinitésimales de tétrahydrocannabinol, ce qui n’aurait peut-être pas suffi à l’écarter à vie du programme, s’il avait choisi de contester son licenciement devant les tribunaux. De sorte que, plutôt que d’essayer de le coincer directement, les autorités militaires employèrent des moyens détournés.
Elles abandonnèrent le projet P.F.A., avant le stade du prototype, ce qui coûta un paquet à Rockwell, puis elles laissèrent clairement entendre que les chances qu’avait Rockwell de décrocher le programme de remplacement étaient quasiment nulles tant que Rob Post émargeait chez eux. Qui plus est, il ne devait pas lui être permis de démissionner, il fallait qu’il soit proprement viré pour mauvaise gestion des fonds de l’armée.
Ce que firent sans grande réticence les dirigeants de Rockwell quand ils eurent calculé ce que leur avait coûté l’abandon de la P.F.A. Rob Post fut lourdé en fanfare et Rockwell obtint le contrat de la luge orbitale.
Rob, comme en avaient décidé les militaires, ne travailla plus jamais pour le Programme, du moins directement. Il gagnait précairement, sinon pauvrement, sa vie comme consultant technique pour divers projets extérieurs au Programme, grâce à ses nombreuses relations dans la communauté scientifique californienne. En même temps, il organisait ces soirées à peu près tous les mois, pour entretenir, triste et désespéré, ses relations avec ceux qui, comme Jerry, travaillaient toujours pour le Programme.
Ou pour ce qu’il en restait.
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L’Amérique devenait le pays du tiers-monde le mieux défendu de la Terre et ses plus brillants citoyens se prêtaient au jeu en pissant dans des bouteilles, tandis que les Russes vendaient leurs Antonov, allaient sur Mars et que la Communauté européenne rêvait d’hôtels de luxe en orbite géostationnaire.
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