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Patrice Duvic (Éditeur scientifique)
EAN : 9782266005838
Pocket (09/09/1998)
4.04/5   28 notes
Résumé :
Anthologie présentée par Patrice Duvic.
Né en 1940 à New York, Norman Spinrad est depuis les années soixante l'un des plus représentatifs et l'un des plus originaux des auteurs de la Nouvelle Vague américaine. Surtout connu en France pour deux romans étonnants : Jack Barron et l'Eternité et Rêve de fer, dont la publication fit l'effet d'une bombe dans le monde de la science-fiction, Norman Spinrad reste avant tout pour les critiques américains « l'un des meil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est un recueil de 12 nouvelles écrites entre 1963 et 1977, donc forcément inégales, variées et partant dans diverses directions. Ce que je reproche souvent aux nouvelles, c'est de n'être que l'émanation d'une seule idée, souvent les personnages ne sont pas très approfondis et en général la fin est attendue et un peu abrupte. Mais je dois avouer que Spinrad s'en sort plutôt bien, avec des chutes originales et un rythme attrayant.

Il y a un élément récurent tout au long de ce livre, les drogues ou autres éléments altérant la conscience, genre hypnose. Seul 3 nouvelles ne font pas appel à ce procédé :
- « Black out », histoire d'apparition d'OVNIs, avec une chute qui nous donne l'envie d'envisager une suite, la plus récente du recueil et, totalement dans l'esprit nouvelle, c'est une référence à l'adaptation radiophonique de « La guerre des mondes » de HG Wells par Orson Wells, une totale réussite.
- « Souvenir de famille » un space opéra qui me laissera sans doute moins de souvenirs, une des moins originales à mon goût, .
- « La beauté de la chose » nouvelle post-apocalyptique qui est dans l'esprit du « continent perdu » en moins approfondi et moins réussi. Ici aussi les Etats Unis sont dans un état de délabrement, et les japonnais viennent racheter les monuments.

Ensuite il y a des nouvelles ou les drogues ou autres paradis artificiels sont les éléments centraux de l'histoire :
- « Subjectivité » ou on envoie une expédition interplanétaire composée de camés,
- « Les anges du cancer », il a osé écrire un récit plutôt humoristique sur le cancer,
- « Le grand flash », là il s'agit plutôt d'hypnose, et de Rock...
- « Nulle part où aller » peut-être la plus camée des histoires, au début j'ai été un peu agacé par ce récit qui est presque un véritable catalogue de substances hallucinogènes et autres, mais la chute m'a scotché,
- « l'herbe du temps », une herbe a été ramenée d'une autre planète, ses effets altèrent la conception du temps, le temps est alors perçu dans sa globalité, « Le langage est inadéquat. Ce que je vous ai révélé est une semi-vérité inévitable. Tous les actes que j'accomplis durant mon existence de cent dix ans se produisent simultanément. Mais même cela ne donne qu'une faible idée de la vérité, car « simultanément » veut dire « en même temps » et le « temps » tel que vous le concevez n'a aucun rapport avec ma vie. ». Sans doute ma préférée, ici Spinrad essaie d'avoir une perception différente de ce qu'il nous est possible de concevoir, ce n'est pas sans rappeler « Abattoir 5 » de Kurt Vonnegut que j'ai adoré.
- « Tous les sons de l'arc en ciel », ici aussi Spinrad s'essai à concevoir une perception différente en mélangeant les sens (écouter les images, sentir les sons etc...), on est plutôt dans quelque chose qui s'apparenterait à de l'hypnose, ce n'est pas un récit d'anticipation, une histoire vraiment originale, une perception expérimentale qui vaut le détour.

Il y a une nouvelle un peu à part :
- « Le dernier hurrah de la horde d'or », c'est plus un délire du genre « Le livre sans nom » de Anonyme, mais je l'ai trouvée trop désordonnée, fouillis, un délire que j'ai eu du mal à suivre. J'ai eu l'impression ici que la drogue, c'était Spinrad qui l'avait consommée. Seule véritable déception du recueil.

Et enfin, la nouvelle la plus longue, c'est plutôt même un roman court
- « Le continent perdu » : XIIIe siècle, les Etats-Unis sont un pays dévasté par la pollution, appauvri, dépeuplé, contraint de tirer ses revenus du tourisme. Un groupe d'africains va visiter le New-York dévasté. A travers cette ambiance post-apocalyptique, lourde, Spinrad va toucher toute une série de questionnements sur notre propre société, le racisme, en le retournant des africains contre les blancs américains, la pollution, l'évolution des civilisations, la décadence de la société et des individus... Les descriptions, dans un aussi court roman, sont d'une précision et d'une efficacité tout en restant concises et limités à l'essentiel, ce qui rend le propos plus direct et son effet plus efficace. On visualise vraiment bien le New York dévasté.
La brièveté de cette histoire n'empêche pas la complexité des sentiments à la lecture et nous atteint par la force de son impact.

Dans l'ensemble, c'est un recueil de nouvelles de bonne tenue, avec même de très bons moments comme « Le continent perdu », « L'herbe du temps », « Black out ».
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Selon Spinrad « la Science Fiction est l'ensemble de ce qui est publié sous l'appellation Science Fiction », cette boutade résume la grande diversité du genre et s'applique volontiers à l'oeuvre de cet auteur qui est très variée. Variété de ton : burlesque, dramatique parodique, philosophique… Et grande variété de thèmes : policier, poétique, descriptif, social…
Spinrad comme Brunner est membre d'une nouvelle vague de la S.F (du moins pour l'époque) qui se définie comme étant de la « Spéculative Fiction », pour citer l'auteur lui-même : « une vision kaléidoscopique de la réalité, qui est comme notre époque en perpétuelle évolution de conscience avec un ancrage actuel ». En d'autres termes, la Spéculative Fiction explore la réalité multiple de notre époque. Nous retrouvons cette vision dans « les solariens ». Cette notion de perception multiple d'une même réalité se retrouve bien évidement dans l'usage des drogues auquel Spinrad fait souvent référence. Ces changement de perception provoque un changement de conscience des choses et c'est à coup sûr un des buts recherchés tant par les auteurs que les lecteurs.
Pour Spinrad la multi-réalité succède à l'âge de raison (période victorienne) et trouve ses racines dans les schismes sociaux dont il a été témoin, entre les désoeuvrées du Bronx et les nouveaux capitalistes du « Struggle for life » (deux perceptions radicalement différentes d'une même société). Dans "les solariens" et le continent perdu, il remet en cause la technologie comme solution aux problèmes (comme Brunner dans « tous à Zanzibar »). La solution c'est une nouvelle approche sociale, un autre état de conscience, bref une autre vision des choses. Cette remise en cause de la Technologie est en rupture avec l'âge d'or de la S.F.
En sa qualité de contestataire utopiste Spinrad va chercher à créer un nouveau style de conscience chez ses lecteurs, quelque chose de l'ordre de l'expérience psychologique personnelle par la poésie et des images très évocatrices ce qui est très différent du discours des médias (je pense à Jack Barron) et des politiques.
Une des difficultés de la multiplication des points de vues et de pouvoir faire avancer un récit sans multiplier les redondances autours d'un même événement. C'est cette multiplication qui rend difficilement abordable la lecture de Norman Spinrad et de Brunner pour les novices.

Après cette longue introduction, je vais vous parler de ces nouvelles :
Dans certaines comme « subjectivité » (dans laquelle les personnages vivent reclus pris au piège de leurs Hallucinations) ou encore « les anges du cancer » et « les sons de l'Arc en Ciel » Norman Spinrad nous montre à quel point nous sommes prisonnier de notre subjectivité (C'est-à-dire de nos perceptions, et par conséquent de notre conscience limitée) et à quel point nous avons besoins de nous en extraire (ce qui ne se fait pas sans douleur). Parfois par l'usage des drogues (il n'y a qu'à voir comment souffrent les personnages atteints de lucidité)
D'autres abordent un volet plus social (comme « le dernier des romanis » ou encore « le continent perdu » Il nous indique à quel point nous sommes ici prisonnier de nos schémas sociaux et comportementaux et a quel point nous pouvons être perturbés lorsque ses derniers sont bouleversés. Spinrad s'attaque également à nos croyances religieuses (« nulle part où aller » et à la manipulation des masses (« dans le grand flash » ou « black out »)

Au final de chacune de ces nouvelles nous restons sur notre faim, c'est presque à chaque fois au lecteur de trancher, d'imaginer, de choisir une fin. Comme si l'avis et la réalité de l'auteur n'étaient pas finalement supérieurs aux nôtres.

Lien : http://sfsarthe.blog.free.fr
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Je termine celui-ci sans grand enthousiasme. Bien que Spinard ait une plume très fluide, ses thèmes très, trop contemporains, ne me rejoignent que très peu. Toutefois, une nouvelle m'a vraiment marqué et vaut à elle seule le détour : le Continent perdu. Dans ce texte futuriste et postapocalyptique, un guide touristique américain fait visiter les ruines de l'Amérique de l'âge de l'espace à de riches africains, dominant maintenant le monde. le texte est nostalgique avec de bons personnages et un déroulement fort intéressant (ils vont explorer les ruines du métro ou vivotent les survivants dégénèrés des habitants de NY) le tout en une douce critique de la société américaine. Bref, une vraie réussite qui vaut à elle seule le détour j'ai trouvé.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le langage est inadéquat. Ce que je vous ai révélé est une semi-vérité inévitable. Tous les actes que j’accomplis durant mon existence de cent dix ans se produisent simultanément. Mais même cela ne donne qu’une faible idée de la vérité, car « simultanément » veut dire « en même temps » et le « temps » tel que vous le concevez n’a aucun rapport avec ma vie.
[L’HERBE DU TEMPS]
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Comme nous filions à travers un fantastique et flamboyant coucher de soleil orange et pourpre pour retrouver Milford et l'Amérique moderne, pâle réplique de la civilisation africaine, nichées dans les interstices d'un continent fait de ruines inimaginables, je me retournai. Au dessous de nous, le fleuve était une mer de flammes et, derrière, l'astre embrasait le paysage. Le Dôme Fuller scintillait sous ses rayons, gigantesque diamant serti sur la tombe d'une race qui avait conquis la Lune, qui avait transformé l'atmosphère en un somptueux et mortel poison, qui avait couvert tout un continent de ruines suscitant la terreur respectueuse du monde moderne, qui avait évoqué un démon par le truchement de circuits électroniques et qui avait fini par se déchirer de ses propres mains.
"Continent perdu"
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— Bon Dieu, est-ce que tu penses que ce sont vraiment des monstres avec plein de tentacules, et qu’ils sont en train d’arracher les bikinis en nickel des Terriennes ?
— Rien ne permet d’affirmer qu’ils soient hétérosexuels. Non ?
[BLACK-OUT]
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"C'est agréable" reprit-il, et ses sourcils dessinèrent un jeu de courbes qui, prises comme partie de l'ensemble auquel appartenait aussi le mouvement de ses lèvres contre ses dents, trahissait clairement de désir de faire à la fille don de son énergie pour combler le vide qui était en elle.

Nulle part où aller, p 225, in Le livre d'or de la science fiction
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Dans un article consacré à la science-fiction, "les Ménestrels du changement", Norman Spinrad se déclarait l'auteur de la seule définition viable du genre : "La Science-Fiction est l'ensemble de ce qui est publié sous le nom de science-fiction."
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Avec Valérie Mangin, Vincent Bontems, Norman Spinrad et Colin Pahlisch
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