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EAN : 9782330118341
240 pages
Actes Sud (06/02/2019)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Le grand romancier et homme de théâtre hongrois György Spiró retrace dans ce roman la vie de Maxime Gorki à travers le récit à la première personne de son infirmière et maîtresse, appelée Diavolina, la diablesse. Avec cynisme, humour et perspicacité, elle observe son maître, mais aussi son entourage : H. G. Wells, Romain Rolland, Nina Berberova, Stanislavski, Lénine, Staline, Molotov, Beria, Iagoda...
Loin des stéréotypes des livres d’histoire, leurs faibles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une flânerie impromptue en librairie, ce 25 juillet 2019, m'a réservée une surprise jubilatoire : celle d'un grand romancier et homme de
théâtre hongrois György Spiró, dont j'ignorais jusqu'au nom…

Petit détail agaçant… j'avais rédigé une grande partie
de ma chronique
et elle a disparu…brusquement… sans doute une
mauvaise manipulation
involontaire… Alors j'en reprends la rédaction !!!

La raison de mon choix, hormis cet écrivain
complètement inconnu, ce
fut le sujet central de ce roman : la vie de
Maxime Gorki, de son vrai
nom, Alexis Peshkov….qui m'a convaincue. de plus le stratagème
narratif qui est de faire raconter à la première personne, son infirmière
et maîtresse, appelée Diavolina, la diablesse, est singulièrement
astucieux !! Surtout que cette « diablesse »
n'a pas la langue dans sa poche…

De l'humour, souvent grinçant, une lucidité mordante sur les classes sociales et les abus de tout pouvoir politique !!

Elle fait un portrait des plus contrastés de son maître,
entre vénération
et observations sans indulgence de ses travers et ridicules !!

Elle fait d'ailleurs de même, avec son entourage : H. G. Wells, Romain
Rolland, Nina Berberova, Stanislavski, Lénine,
Staline, Molotov, Beria,
Iagoda...
« Ironiquement, c'est une femme du peuple qui observe ceux qui
prétendent le diriger en son nom, par la conception et la tentative de
réalisation d'une “dictature du prolétariat”. »

Comme l'encyclopédie Universalis débute la notice de Maxime Gorki,
celle-ci résume parfaitement mon sentiment
à la lecture de ce portrait
qui s'annule et s'oppose à chaque instant : "Gorki est un phénomène
littéraire, politique et philosophique complexe"...


Une lecture aussi passionnante qu'explosive…qui nous apprend mille choses sur l'histoire et la littérature russe…Il faut juste faire un effort initial , et même constant car il y a surabondance de personnages politiques et culturels… heureusement, un index des noms propres ainsi que de leur principal statut est précisé, à la fin du texte. Nous avons le plus souvent l'impression de nous trouver dans des espaces surpeuplés…un entourage
envahissant, parasite, omniprésent...


Cette découverte a été un vrai bonheur… et je suis quelque peu triste qu'il n'y ait que deux seules critiques de cet ouvrage…depuis sa parution, il y a six mois !!

Il mérite d'être conseillé à tous les passionnés de littérature russe,d'histoire, et bien sûr, pour les curieux de Maxime Gorki…dont j'ai lu très jeune son autobiographie d'autodidacte, et d'enfant pauvre… Fresque personnelle qui m'avait marquée !

»Enfance », « En gagnant mon pain », « Mes Universités », sans oublier
l'incontournable classique, « La Mère »…lu des années plus tard !

J'ai appris beaucoup sur Gorki, célébrité des Lettres, proche du pouvoir, mais aussi se battant pour faire libérer des dissidents, des intellectuels… Editeur, ayant beaucoup oeuvré pour lancer des auteurs en qui il avait foi, comme Isaac Babel….Rédacteur de revues…
Pour ma part, j'ai découvert par cette lecture que Gorki s'est battu avec acharnement pour un grand nombre d'écrivains dont Andreï Platonov, dont j'ignorais jusqu'au nom !!!

« Quant aux écrivains, à part Akmatova, Pasternak, Mandelstam et Pilniak, ils venaient presque tous, notamment Boulgakov et Platonov qu'Alexis [Gorki] considérait comme les meilleurs, dont il essayait de placer les oeuvres en Occident, et qu'il défendait constamment aux yeux de Staline. Au bout de quatre ans (Isaac) Babel a obtenu grâce à lui un passeport pour Paris, où il a dit aux émigrés que Gorki était l'homme le plus important d'Union soviétique après Staline". (p. 154) »

Voulant clarifier la réalité de cet auteur, Maxime Gorki, j'ai été faire quelques recherches sur Universalis...et je me rends compte que notre écrivain, György Spiro...n'a pas abusé du romanesque... même si en lisant ce texte explosif, qui mêle moult protagonistes, les contradictions les plus folles sur Gorki... nous avons un mal fou à le cerner, à le saisir...à s'y retrouver !

Attachant, brillant, travailleur, aidant et entretenant les uns et les autres...soutenant les écrivains dissidents, servile envers Staline...

Osons un mauvais jeu de mots, mais celui-ci est irrésistible....Gorki fait songer un cocktail Molotov !!!
[Molotov - Viatcheeslav Mikhaïlovitch, 1890-1986.... Homme d'état et diplomate soviétique, membre du politburo de 1926 à 1957 ]

Un livre d'une grande richesse...foisonnant historiquement, et littérairement...très attachant et subtil... car on ressent vivement de la part de l'auteur, une admiration réelle pour Gorki autant qu'une exaspération certaine, par moments. Dans un régime aussi fou, Gorki a passé sa vie à louvoyer pour se sauver mais aussi protéger ses amis , écrivains et artistes... Et je termine ce très long billet par une "anecdote" qui représenta l'un des dilemmes constants de l'écrivain russe: la dernière lettre de Gorki à Staline était destiné à défendre le compositeur , Chostakovitch... mais finalement, après moult hésitations, il avait renoncé de peur
de lui porter
préjudice...Chostakovitch eu la vie sauve, mais Meyerhold et Isaac Babel , des amis de longue date de Gorki, furent assassinés !

Un régime terrifiant, un pouvoir totalement arbitraire... Alors,il est complexe , même quasiment impossible de juger les contradictions et retournements d'un individu dans un tel contexte broyant les individus, à l'aveugle !

Une immense reconnaissance, toujours , aux éditions Actes Sud qui nous permettent de lire cet auteur hongrois, extrêmement talentueux et percutant !



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[*** extrait dans Universalis

"Gorki est un phénomène littéraire, politique et philosophique complexe :autodidacte sacré père des lettres soviétiques, militant bolchevique émigré
après la révolution, vagabond anarchisant devenu porte-parole de Staline...
« Canonisé » de son vivant, accusé après la fin de l'U.R.S.S. d'avoir été le chantre du goulag, l'homme intéresse plus que l'oeuvre, qui fournit pourtant,dès les premiers récits, la clé de ces contradictions. Gorki – « l'Amer » : ce nom de plume, choisi en 1892, traduit bien la source et le but de toute l'activité de l'écrivain. Celui qui a connu dès son enfance une réalité sordide et cruelle aspire à la transfigurer par la raison, la volonté et le travail, à créer « une vie plus belle et plus humaine ». Dût-il pour cela mentir, ou semer des illusions. Gorki est l'un des bâtisseurs, et l'une des victimes, de l'utopie communiste du XXe siècle ]

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C'est bon, vous êtes prêt ? Vous avez bien respiré ? Voilà, si vous décidez de vous plonger dans Diavolina de l'auteur hongrois György Spiro, sachez que vous n'aurez aucune possibilité de faire de pause (le livre est constitué d'un unique chapitre) et que vous allez être précipité dans un maelström de sentiments et de péripéties impliquant un nombre de personnages considérable (une centaine d'après l'index en fin d'ouvrage) lesquels apparaissent et disparaissent sans que vous ayez parfois eu le temps de faire connaissance. Malgré sa relative minceur (230 pages), Diavolina est bourré d'informations autour de la vie de la susdite, entrée comme domestique au service du grand écrivain Maxime Gorki et devenue au fil des années sa fidèle confidente, voire sa douce amie, quoique l'auteur laisse planer le mystère sur ce sujet. Si la relation entre la femme du peuple et son célèbre maître constitue la chair du livre, c'est aussi la vie intellectuelle et politique de l'URSS de l'époque stalinienne qui nous est contée vue par Diavolina qui n'est dupe de rien et surtout pas de la comédie du pouvoir qui serait grotesque si elle n'était pas aussi tragique car jonchée de cadavres. Les femmes de Gorki, les amitiés de Gorki, les méandres de la vie publique de Gorki, les relations avec les écrivains étrangers de Gorki (de Wells à Malraux), la maladie et la mort de Gorki : tout est décrit par le menu une Diavolina ironique au regard acéré. Un roman qui aurait pu être passionnant mais qui exige une attention de tous les instants et finit par être sacrément étouffe-chrétien, enfin plutôt orthodoxe vu le contexte. Un livre que l'on termine avec le sentiment du devoir accompli et content de passer à autre chose d'un peu moins roboratif.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Quelle vie que celle de Maxime Gorki, celui qui affronta Lénine et Staline et, pourrait-on dire, quelle mort ! A travers les confidences de celle qui fut sa soignante et une de ses maîtresses, passe tout un monde livré aux affres du Bolchévisme...On y réussit, on y trahit, on y aime, on y meurt, on y survit....Du grand art. Très belles évocations de l'écrivain mais aussi de son fils alcoolique, de Staline et des suppliciés (célèbres ou non) du régime...
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La vie de Maxime Gorki dans les interstices de ses dissimulations, face aux pièges et autres manipulations staliniennes. Dans une étourdissante cohortes de présences et de haines, sous le regard rieur et juste de celle qui fut sa domestique puis son infirmière, György Spiró fait défiler toute la première moitié du siècle soviétique. Entre exil doré, vanité des protestations et assentiments tacites contre les massacres et purges, Diavolina offre une image saisissante de cette vie intellectuelle.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LaCroix
22 mars 2019
Les souvenirs ébouriffants de la confidente de Maxime Gorki, inventés par un écrivain hongrois pour railler l’horreur soviétique. C’est du joli !
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les gardiens étaient d'anciens gardes blancs, c'étaient donc aussi des prisonniers. Ils détenaient le pouvoir à l'intérieur du camp, puisque la discipline et le maniement des armes étaient leur métier. Les tchékistes [Commissaires du peuple ] étaient obligés de s'allier avec ces gros bonnets, parce qu'ils n'étaient pas assez nombreux. (p. 137)
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Quant aux écrivains, à part Akmatova, Pasternak, Mandelstam et Pilniak, ils venaient presque tous, notamment Boulgakov et Platonov qu'Alexis [Gorki] considérait comme les meilleurs, dont il essayait de placer les oeuvres en Occident, et qu'il défendait constamment aux yeux de Staline. Au bout de quatre ans (Isaac) Babel a obtenu grâce à lui un passeport pour Paris, où il a dit aux émigrés que Gorki était l'homme le plus important d'Union soviétique après Staline. (p. 154)
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Le soir, Alexis était requinqué, son meilleur remède était la compagnie des gens. Il parlait comme s'il était en pleine santé, pendant des heures (...)Il charmait tous ceux qui entendaient pour la première fois les histoires qu'il avait déjà écrites en partie, mais qui, racontées de vive voix, contenaient moins de morale et plus d'aventures. Il a toujours eu l'âme crispée en écrivant, mais pendant cinquante ans, il s'est forcé à écrire tous les jours, que Dieu a faits. ; c'était aussi une maladie car, en réalité, son genre en lui, c'était la causerie, les paroles qui volent sans conséquence, et s'il fallait écrire, c'était tout au plus un article léger dans un quotidien. Il n'aurait pas dû écrire de romans , ni de pièces. (p. 71)
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(...) et les émigrés russes de Prague lui [ Gorki ] rendaient la vie impossible de la même manière que ceux de Berlin, alors il s'est tourné à nouveau vers l'Italie. Mussolini a demandé à l'ambassadeur soviétique sur quoi travaillait Gorki à ce moment-là. L'ambassadeur a répondu qu'il écrivait ses mémoires. Un homme qui écrit ses mémoires n'est plus dangereux, a dit Mussolini, et il a donné son autorisation. (p. 62)
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(...) de sorte que Maxime [fils de Gorki ] devait traduire les lettres de son père en allemand ou en français. Il n'est pas bon qu'un fils traduise les pensées de son père au lieu de forger ses propres opinions. (p. 84)
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