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EAN : 9782234090606
200 pages
Stock (17/02/2021)
4.26/5   17 notes
Résumé :
« On ne peut pas inventer les photos qui n'existent pas, on ne peut pas boucher les trous de la mémoire. Non il n'y a rien pour ça. Je pourrais inventer ces images dans un roman mais rien qu'à y penser cela sonne creux, faux, comme un théâtre de pacotille, avec trop de couleurs et de bruit et de mauvais acteurs. Je sais bien, non je sens, que tout cela est à jamais perdu, car on ne peut créer à partir de rien. […] L’histoire aurait dû s’écrire ainsi, ce serait mon é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Comment se crée une légitimité lorsque tout porte à croire que l'on existe pas, puisqu'exister c'est s'identifier dans le regard des autres ? Ce sont les autres qui vous inscrivent dans une histoire, une lignée.

Or l'ironie du sort a voulu que cette demande obsessionnelle d'une reconnaissance de son père (même si elle existait sur les papiers) s'adressait à un homme connu et même célèbre pour l'aide qu'il pouvait apporter à un grand nombre d'enfants de tous âges et spécialement les ados, puisqu'il s'agit du Doc de fun radio !

Le premier combat et non des moindres fut celui du nom de famille , utilisé depuis toujours en pratique mais ignoré des services administratifs : quête laborieuse, course d'obstacle ressentie comme injuste :

« Pourquoi mes parents n'ont-ils pas, une fois leur longue guerre judiciaire achevée, régler les choses ? Pourquoi est-ce à moi de me battre une nouvelle fois pour porter ce nom officiellement ? Pourquoi dans cette famille rien n'est simple ? »

L'accueil dans la famille recomposée, les innombrables attentes d'un père qui ne vient pas, l'absence d'échanges, les questions sans réponses, émaillent cette enfance presque fantomatique. Mais l'enfant puis l'homme sont pugnaces et plutôt que d'abandonner cette lutte, Valentin cherche à comprendre. En s'interrogeant sur les racines de ce problème de communication massif, que ne laissent pourtant pas apparaitre les interventions radiophoniques du célèbre Doc ! Et ce qu'il découvre dans l'histoire familiale peut expliquer les choses.

Ce qui est très fort, dans ce livre, c'est la détermination, non pour pardonner, mais pour que le cours de l'histoire familiale se modifie. Pour que les erreurs soient reconnues mais surtout pour que le lien se fasse malgré les impasses relationnelles. le père fut absent, soit. C'est cette absence qui contribue à la reconstruction.

« Il m'a construit de son absence ; il n'existait pas, alors je l'ai écrit. C'est parce qu'il n'existait pas que j'écris. Malgré lui, il m'a appris à faire cesser le silence, à ne plus « fermer sa gueule ».

Magnifique combat d'un fils, qui s'est obstiné à se faire une place dans sa famille.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je n'aime pas particulièrement en littérature les fils de.

Ils m'agacent.

Pourtant, ici, en l'occurrence, c'est un fils sans. Qui devra faire avec.

Valentin Spitz, dans ce roman, cesse de se cacher derrière des héros de papier et se livre, comme on grandit au fil des pages.

C'est le roman d'un homme, droit dans ses bottes, qui se raconte et retrouve l'enfant qu'il fut au hasard d'un roman bouleversant tant il est sincère.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui attend son papa, icone des années 90 sur les ondes des radios libres. le Doc. C'est l'histoire d'un homme qui se construira sans mémoire et qui apprendra pourtant à aimer cet homme qui lui a donné la vie.

C'est l'histoire d'un chemin parcouru, de cailloux semés sur ces route pavées de belles prétentions, qu'il devra finir par ramasser pour trouver sa propre voie.

C'est une voix, en littérature, que j'écoute déjà depuis plusieurs ouvrages, et qui chaque fois, me touche par la justesse des mots.

Sans en faire trop, Valentin Spitz entrouvre ces portes, entre enfance cabossée et vie d'homme, sans qu'on ne puisse jamais lui lâcher la main.

Un coup de coeur, un roman courageux, délicat et percutant. Un roman, comme les pièces éparpillées d'un puzzle.

En littérature, rien ne me touche plus que cette forme de sincérité absolue, coûte que coûte. Sans masque. Sans effet de style. Juste pour se dire. Pour ne pas se taire. Sans misérabilisme lacrymal. Sans fausse impudeur.

C'est une histoire vraie, c'est une histoire réinventée, celle d'un fils sans papa, celle d'un homme qui pardonne, qui avance, et qui aime, pour avoir un nom. Une quête d'identité. Forte et fragile.

Merci Valentin de livrer ainsi un si beau roman. Celui d'une quête intime et universelle à la fois.

Merci pour le coeur, le vrai et pour la beauté de cette vérité là.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Un fils sans mémoire décrit en détail la relation entre deux hommes qu'unissent des liens de paternité complexes. Alors que le fils s'apprête à devenir père, il affronte ce qu'il a toujours fui. le silence. La présence absente. L'absente présence. le père est une star de la médecine. Il anime une émission de radio dans les années 90. Il est présent partout. le doc conseille, le doc écoute. le doc parle beaucoup. À tous. Sauf à lui. Fils d'abord non reconnu. Fils auquel il s'impose par la suite. La toute-puissance paternelle qui exprime une vérité : les cordonniers sont les plus mal chaussés. Parce qu'à la lecture de ce récit romancé, on peut facilement vérifier l'adage.

Face à ce père, le fils peine à trouver les mots qui se bloquent et laissent place à de longs silences. Une chose m'a frappée : alors qu'il est totalement absent de l'intimité de son fils, le père est présent partout. Dans les émissions qu'il écoute, sur les plateaux des programmes télévisés qu'il regarde. Et tout à coup, surgit cette vérité qui dépasse la situation biographique décrite. À l'âge où l'on se cherche, où l'on cherche une identité, entre l'enfance et l'âge adulte, la figure de nos parents, quoiqu'omniprésente semble souvent nous échapper. Et c'est à ce moment précis que Valentin Spitz réussit son pari. Peu importe la relation personnelle qu'il entretient avec son père, s'il aime manger des crevettes, jouer à la pétanque, peu importe s'il est vraiment allé dans ce mas provençal, emprunté les grands boulevards, peu importe ses activités, peu importe la réalité vécue, le récit prend une dimension cathartique qui dit une vérité. Celle d'un père qui parle mais n'écoute pas, et celle d'un fils qui passe son temps à écouter sans pouvoir parler.

Clé de voute du récit, la chasse au nom. Valentin doit se marier. Il veut changer de nom et adopter celui de son père. Véritable fil d'Ariane, la quête du nom permet l'ouverture du dialogue. Et la réhabilitation de la parole. À travers la verbalisation du patronyme, c'est toute la question de la filiation qui est en jeu. Une question épineuse et complexe qui anime la littérature depuis l'antiquité, peut-être parce qu'elle révèle une aporie encore plus profonde, celle de l'identité. de ce point de vue, j'ai trouvé la forme du récit au service du fond.

Un fils sans mémoire est un récit fragmentaire. Valentin Spitz navigue entre les événements, les époques et maintient un rythme, un souffle. C'est une forme très étonnante, parce qu'elle permet au lecteur, à la lectrice de se laisser imprégner, de se reposer, tout en avançant. de ces petits fragments, l'auteur construit petit à petit l'image d'ensemble, sans jamais nous perdre.

Rien ici n'est linéaire, tout comme le sont nos souvenirs qui s'éparpillent. Tout comme le sont aussi les relations qui s'émiettent et se brisent. Résultat, Valentin nous offre une composition haletante qui nous maintient éveillé, comme la confidence que nous ferait un ami, un soir, autour d'une bière. Et c'est peut-être là toute la magie du « je ». Parvenir à dire sa vérité dans une introspection romanesque parce qu'universelle.

En résumé, un récit salvateur qui saura séduire par sa sincérité, sa pudeur et son honnêteté.
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L'absence. L'absence d'un père, pourtant père fantasmé par de nombreux adolescents des années 90... Premier roman de Valentin Spitz publié sous le patronyme paternel. Quelle belle écriture émouvante et fluide. Un vrai bel hommage à son père tout en arrivant à écrire ce qu'ils n'ont pas su se dire. Très beau.
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Il y a quelques jours, je suis tombée sur ces mots de Cécile Coulon* : "Je crois que c'est en grande partie cela le grand malheur des origines : savoir d'où l'on vient sans savoir où l'on va". de quoi ouvrir des abîmes de réflexion, quelle que soit la situation personnelle et familiale de celui qui la lit. Encore plus lorsque justement, on ne sait pas tout à fait d'où l'on vient. Lorsque les origines sont aussi floues que la photo qui orne la couverture du livre de Valentin Spitz, dont l'écriture semble destinée à faire la mise au point qui rendra l'ensemble plus net. Explorer le versant paternel comme on escalade une montagne en sachant qu'une fois arrivé au sommet, l'horizon sera dégagé, et l'avenir plus serein.

"Je veux dire que mes parents se sont aimés et tant pis si je n'étais pas là pour le voir. Imaginer, c'est vivre, et, écrire, n'est-ce pas parfois mieux que la vie ?"

C'est l'histoire d'un manque, d'une absence, d'autant plus cruelle qu'elle n'est pas totale. le père de Valentin est célèbre sur l'antenne de Fun Radio dans les années 90. le Doc conseille à l'antenne des centaines d'adolescents. On le trouve super, tendance, sympa. Mais pour Valentin, il n'est qu'une ombre, un silence, une douleur. Où va se nicher la genèse de l'écrivain... dans ces premiers carnets remplis pendant les longues heures d'attente des rendez-vous avec son père lorsque, un peu plus tard, la justice lui ordonnera d'assumer "un week-end sur deux". Des histoires inventées où le sort du père est souvent réglé de manière sanglante. Dans les lettres échangées avec sa cousine aussi. Pendant des années, Valentin va courir après ce père fantôme, jusqu'à orienter son parcours professionnel pour partager enfin quelque chose avec lui. Il y aura des moments de désespoir, de colère, mais toujours une volonté de comprendre. de connaître enfin ce versant paternel qui le constitue. Et toute l'histoire qui va avec, symbolisée par ce patronyme que Valentin s'est approprié sans en avoir légalement le droit et pour lequel il livrera une autre bataille, encouragé par son père. "Savoir d'où l'on vient", remonter le fil du temps, des guerres et des exils, débrouiller les fils de l'Histoire et des histoires. Pour enfin se tenir sur ses deux pieds. Bien équilibré. Capable à son tour d'accueillir un enfant et de lui transmettre une histoire complète.

J'ai dévoré ce récit émouvant et lumineux, qui est aussi un hommage à la mère de l'auteur, à celles et à ceux que cette quête a mis sur son chemin, à cette famille un peu plus que recomposée avec ses multiples ramifications de demi-frères et soeurs. Un récit dans lequel passe le bonheur d'un enfant aimé, celui des étés à Saint-Tropez, le souvenir de Juliette **. Un récit qui ne juge jamais, ne condamne personne mais cherche à se mettre à la hauteur des sentiments des uns et des autres. Pour l'auteur, c'est certainement une libération, la possibilité de se connecter entièrement au présent et de regarder vers l'avenir avec une nouvelle sérénité.

"(...) car rien de ce qui a existé ne peut exister à nouveau et que là réside la cruauté du réel. Notre regard d'adulte sur les territoires de l'enfance les abîme, les enrhume ; la nostalgie n'est qu'une chimère qui nous empêche de vivre. Nous écrivons pour ne pas être emportés avec elle".

* Texte de Cécile Coulon paru dans Zadig le Mag #8 "Est-on de l'endroit où on naît ?"

** cf Juliette de Saint-Tropez, roman de Valentin Spitz paru en mai 2018
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
(...) car rien de ce qui a existé ne peut exister à nouveau et que là réside la cruauté du réel. Notre regard d'adulte sur les territoires de l'enfance les abîme, les enrhume ; la nostalgie n'est qu'une chimère qui nous empêche de vivre. Nous écrivons pour ne pas être emportés avec elle.
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C’est étrange ce phénomène que suscite l’écriture : soit on vous en veut de trop en dire, car on se reconnaît dans vos personnages, on vous traite d’impudique, voire d’exhibitionniste ; soit on vous en veut car on n’a pas « son » personnage dans le roman, car on « n’existe pas ». Auprès de ceux qui nous aiment, on a toujours tort quand on est écrivain.
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Je lui ai raconté que, lorsque j’étais enfant, ma gorge se nouait. Les mots ne sortaient plus, je m’étouffais. Il suffisait que j’aie à entendre la voix de mon père au téléphone pour que l’angoisse m’envahisse. […] A l’école, quand je devais prendre la parole, ou au sport, partout, j’étais hanté par une conviction inaltérable : le monde ne m’aimait pas. Je ne valais pas assez pour être reconnu de lui. Ma sensibilité était si exacerbée que le moindre mot, le moindre geste me faisaient vaciller. Pendant des années, j’avais combattu cette violence intérieure.
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Ce livre, je ne voulais pas l’écrire, pourtant au moment de le conclure je mesure à quel point il m’a libéré de ce que j’étais et m’a permis de devenir qui je suis.
N’est-ce pas cela au fond, écrire ?
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Avec mon père, à l'inverse, nous sommes une famille sans images. Pas de photo au parc devant le toboggan, pas de photos de vacances.
Aucune photo de gâteau ou d'anniversaire ensemble. Jamais.
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Vidéo de Valentin Spitz
« Hier encore, un père m'appelle, désemparé, faisant état de la “gravité” de la situation avec son fils… Bien souvent, cependant, je remarque qu'une simple discussion suffit à calmer ce qui a motivé l'appel : l'angoisse et la culpabilité de ne pas être les parents qu'il “faudrait” être. Ils souhaiteraient que je le leur dise quoi faire pour être de “bons” parents, voire des parents parfaits, c'est-à-dire : bienveillants, à l'écoute, drôles, toujours calmes… Ce qui ne correspond en rien aux êtres humains que nous sommes, avec des hauts et des bas. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que nos enfants ne doivent plus aller voir de psy, je sais combien ce peut être utile. Mais plutôt de souligner que, dans bien des situations, la meilleure manière de ne pas avoir à les y emmener, c'est de chercher dans sa famille les ressources nécessaires pour s'en sortir et, bien entendu, de s'écouter et de savoir s'occuper de soi. Alors, on essaie ? » Pour le psychothérapeute Valentin Spitz, l'essentiel est donc de remettre les parents au centre du jeu : les spécialistes les plus avisés de leur enfant, ce sont eux-mêmes. Ce livre, fondé sur dix cas réels, offre ainsi, en dix épisodes, des ficelles pour dédramatiser, et avancer.
En savoir plus : https://bit.ly/3ekZojd
Où nous trouver ? Facebook : https://www.facebook.com/lecherchemidi.editeur Twitter : https://twitter.com/lecherchemidi/ Instagram : https://instagram.com/cherchemidiediteur
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