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Critique de Fandol


En pleine pandémie, Sébastien Spitzer m'a plongé dans une épidémie de fièvre jaune, à Memphis, dans le sud des États-Unis, en juillet 1878.
Cet écrivain que j'ai déjà beaucoup apprécié avec Ces rêves qu'on piétine puis le coeur battant du monde, confirme son grand talent avec La fièvre.
Sans ménagement, il débute avec une scène horrible d'une action du Ku-Klux-Klan durant laquelle un nom est prononcé : Keathing.
Ce Keathing est le propriétaire et rédacteur en chef du Memphis Daily, le quotidien local. Je vais le retrouver tout au long du roman dont le personnage principal est une ado de treize ans : Emmy. Malgré ses crises d'épilepsie, elle ne rêve que d'une chose : retrouver son père, Billy Evans, qui a promis de revenir pour son anniversaire : elle va avoir treize ans.
Hélas, cet homme est un escroc, un caméléon habile mais beau. Il sort de prison et Emmy, folle d'espoir, va l'attendre sur le débarcadère car un bateau arrive, le Natchez. Par malheur, la fièvre s'est déclarée à bord et va contaminer toute la ville. Les événements vont s'enchaîner et seront vite dramatiques.
Le troisième personnage important se nomme Anne Cook. Elle est la patronne du bordel, Mansion House, et son surnom, Poppy, signifie coquelicot, sa fleur préférée. Les Noirs ayant été affranchis depuis peu, le racisme fait fureur, encore et toujours. Emmy est traitée de négresse alors qu'elle est métisse. Les policiers, tous Irlandais, sont d'une brutalité incroyable avec les Noirs qui sont employés dans les champs de coton, comme avant.
Les événements se précipitent, la fièvre s'étend, l'affolement aussi. Deux médecins sont sollicités : un charlatan (Fitzgerald) et un compétent mais très âgé, le Docteur Mitchell. Tous les habitants qui le peuvent tentent de fuir la ville à bord d'un train à bestiaux mais sont accueillis à coups de fusil dans la ville voisine.
Ainsi, en contant l'évolution galopante d'une terrible épidémie dont personne ne connaît la cause, Sébastien Spitzer met en lumière les pires travers des humains comme leurs bons côtés : solidarité et dévouement contre cupidité et égoïsme. Pour être au plus juste dans son récit, il s'est abondamment documenté et a même vécu de longs mois à Memphis !
Tout cela donne un roman passionnant, émouvant, éloquent, roman auquel il ajoute une information à mettre en exergue : la découverte du médecin cubain, Juan Carlos Finlay (1833 – 1915), dont la société bien pensante s'est abondamment moquée. C'est lui qui a trouvé le responsable de cette épidémie de fièvre jaune : le moustique ! Pourtant, bien que son nom ait été proposé sept fois pour le Nobel de médecine, jamais il ne l'a obtenu.
Au cours de ma lecture, j'ai tremblé pour Emmy, été ému par le sort des habitants de Memphis. J'ai admiré le courage extraordinaire de T. Brown, ce géant noir créant une milice pour tenter de rétablir l'ordre dans la ville et la préserver des pillards. J'ai apprécié aussi l'évolution de Keathing tout en espérant qu'Anne Cook… mais je vais trop en dire et ce serait dommage de divulgâcher un roman qui fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs de 2 Rives 2021, pour l'instant, mon favori.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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