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sur 366 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En pleine pandémie, Sébastien Spitzer m'a plongé dans une épidémie de fièvre jaune, à Memphis, dans le sud des États-Unis, en juillet 1878.
Cet écrivain que j'ai déjà beaucoup apprécié avec Ces rêves qu'on piétine puis le coeur battant du monde, confirme son grand talent avec La fièvre.
Sans ménagement, il débute avec une scène horrible d'une action du Ku-Klux-Klan durant laquelle un nom est prononcé : Keathing.
Ce Keathing est le propriétaire et rédacteur en chef du Memphis Daily, le quotidien local. Je vais le retrouver tout au long du roman dont le personnage principal est une ado de treize ans : Emmy. Malgré ses crises d'épilepsie, elle ne rêve que d'une chose : retrouver son père, Billy Evans, qui a promis de revenir pour son anniversaire : elle va avoir treize ans.
Hélas, cet homme est un escroc, un caméléon habile mais beau. Il sort de prison et Emmy, folle d'espoir, va l'attendre sur le débarcadère car un bateau arrive, le Natchez. Par malheur, la fièvre s'est déclarée à bord et va contaminer toute la ville. Les événements vont s'enchaîner et seront vite dramatiques.
Le troisième personnage important se nomme Anne Cook. Elle est la patronne du bordel, Mansion House, et son surnom, Poppy, signifie coquelicot, sa fleur préférée. Les Noirs ayant été affranchis depuis peu, le racisme fait fureur, encore et toujours. Emmy est traitée de négresse alors qu'elle est métisse. Les policiers, tous Irlandais, sont d'une brutalité incroyable avec les Noirs qui sont employés dans les champs de coton, comme avant.
Les événements se précipitent, la fièvre s'étend, l'affolement aussi. Deux médecins sont sollicités : un charlatan (Fitzgerald) et un compétent mais très âgé, le Docteur Mitchell. Tous les habitants qui le peuvent tentent de fuir la ville à bord d'un train à bestiaux mais sont accueillis à coups de fusil dans la ville voisine.
Ainsi, en contant l'évolution galopante d'une terrible épidémie dont personne ne connaît la cause, Sébastien Spitzer met en lumière les pires travers des humains comme leurs bons côtés : solidarité et dévouement contre cupidité et égoïsme. Pour être au plus juste dans son récit, il s'est abondamment documenté et a même vécu de longs mois à Memphis !
Tout cela donne un roman passionnant, émouvant, éloquent, roman auquel il ajoute une information à mettre en exergue : la découverte du médecin cubain, Juan Carlos Finlay (1833 – 1915), dont la société bien pensante s'est abondamment moquée. C'est lui qui a trouvé le responsable de cette épidémie de fièvre jaune : le moustique ! Pourtant, bien que son nom ait été proposé sept fois pour le Nobel de médecine, jamais il ne l'a obtenu.
Au cours de ma lecture, j'ai tremblé pour Emmy, été ému par le sort des habitants de Memphis. J'ai admiré le courage extraordinaire de T. Brown, ce géant noir créant une milice pour tenter de rétablir l'ordre dans la ville et la préserver des pillards. J'ai apprécié aussi l'évolution de Keathing tout en espérant qu'Anne Cook… mais je vais trop en dire et ce serait dommage de divulgâcher un roman qui fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs de 2 Rives 2021, pour l'instant, mon favori.

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Un vrai coup de coeur pour La fièvre, troisième roman de Sébastien Spitzer, après le coeur battant du monde et Ces rêves qu'on piétine que j'avais beaucoup appréciés.
Le roman démarre avec une scène terrible où un homme est maintenu face contre terre, pour être ligoté puis pendu. Il s'agit d'un noir et ses tortionnaires font partie du Ku Klux Klan.
Rapidement, nous allons faire connaissance avec les principaux personnages du roman. Nous sommes à Memphis, début juillet 1878, et une partie de la ville s'apprête à célébrer le jour de l'Indépendance.
Emmy dont la mère est noire et aveugle est impatiente et fébrile car ce 4 juillet est aussi celui de son anniversaire, elle a treize ans. Son père Billy Evans qu'elle n'a jamais vu, va arriver par le vapeur, elle en est sûre, il le lui a promis dans la seule lettre qu'il lui a adressée en treize ans.
Quand le bateau va arriver, immense déception car les passagers commençant juste à descendre vont bientôt devoir remonter, poussés par les policiers, car un des passagers est décédé de la fièvre et le navire doit être placé en quarantaine.
Anne Cook, elle, tient la maison close, Mansion House, la plus luxueuse de la ville et a prévu un bal costumé pour ce soir.
Keathing, proche du Ku Klux Klan, patron du Memphis Daily surveille la sortie des cinq mille exemplaires du journal.
Quant à T. Brown, ce géant noir, ancien esclave, il est le chef d'orchestre de la fanfare qui s'apprête à défiler. Lui et Keathing sont bien sûr ennemis intimes.
Mais voilà qu'un repris de justice, Billy Evans, justement, vient s'écrouler en plein jour au milieu de la rue, en sortant du bordel. Ce sera le début d'une terrible épidémie, une fièvre mystérieuse que personne ne savait encore soigner, ne sachant pas non plus comment elle était transmise. Beaucoup d'habitants vont rapidement fuir la ville tandis que l'on assiste à une hécatombe et que les pillards débarquent. C'est dans ces circonstances que nos personnages vont révéler leur véritable personnalité et se comporter soit en héros, soit en lâches.
Face à cette terrible réalité, à cet événement hors du commun que représente cette épidémie meurtrière, certains vont faire preuve d'un immense courage, de solidarité et se mettre entièrement au service des malades se comportant en véritables héros, alors que d'autres, terrassés par la peur réagiront comme des lâches.
On est presque incrédule en voyant à quel point, dans ces moments critiques, leurs regards sur le monde a changé du tout au tout et souvent pour le meilleur. Comment ne pas être ébloui par l'exemplarité de certains comportements ? Et comment ne pas faire le parallèle avec la pandémie actuelle ?
Ce roman passionnant, est inspiré d'un fait historique, la fièvre jaune qui sévit en 1878, à Memphis et dévasta cette ville en quelques mois, faisant plus de cinq mille morts.
N'oublions pas que l'abolition de l'esclavage ne date que de 1865 et dans cette ville du sud des États-Unis, le racisme est encore très virulent en 1878 et Sébastien Spitzer fait remarquablement revivre cette époque. Si les noirs sont théoriquement libres, ils sont encore très loin de vivre à égalité avec les blancs, ils en restent les serviteurs.
La fièvre, ce roman dans lequel un événement de l'Histoire est rattrapé par la réalité est une magnifique leçon de courage, d'amour et de solidarité.
C'est un bouquin qui m'a véritablement emportée et bouleversée. Les personnages resteront pour moi inoubliables. Certains ont réellement existé, l'auteur dédie d'ailleurs son roman entre autres « à la mémoire de Raphaël T. Brown qui a sauvé sa ville ».
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Le thème n'est pas nouveau, même si les événements récents lui ont conféré une actualité brulante!

Brûlante comme cette fièvre qui fait des ravages à Memphis, à la fin du dix-neuvième siècle : l'épidémie tue, et elle provoque dans son sillage les comportements de survie qui se font fi de toute considération empathique ou, au contraire inspirent des vocations de dévouement risqué. La maladie révèle le meilleur comme le pire.

C'est une petite fille qui se démarque au coeur de ce récit. Emmy, onze ans, métisse, épileptique, à la recherche du père qu'elle idéalise à l'aune du portrait flatteur que sa mère en fait. Cette quête va être profondément détournée au fil des événements, et Emmy se retrouvera avec Keathing, le blanc du Sud dans toute sa spendeur, et Anna Cook, patronne du bordel local, réaffecté au gré des besoins, au coeur de la tourmente pour tenter de sauver quelques victimes atteintes par le fléau.

C'est une superbe évocation, racontée de façon très vivante, à un rythme soutenu, qui n'est pas sans rappeler le style de Ces rêves qu'on piétine. Impossible de s'ennuyer une seconde en suivant le périple désespéré d'Emmy.
C'est aussi un document qui retrace la vie dans le Sud des EtatsUnis alors que le KKK sévit pour appliquer ses propres règles pour un simulacre de justice. Ce sont des épisodes qui font mal, et c'est d'ailleurs par une scène atroce que débute le roman. Cependant si le racisme est abordé constamment dans ces pages, il n'est est pas le thème principal. C'est plutôt une sociologie des moments de crise, et si ces comportements n'ont pas disparu avec le temps, on constate malgré tout les progrès des instances qui nous gouvernent pour limiter les dégâts.

L'auteur fait la preuve avec ce troisième roman, de ses talents de conteur qui sait traduire en un roman séduisant la somme de ses recherches bibliographiques.

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En 1878, dans un Sud américain qui n'a pas encore digéré la victoire des Yankees et l'abolition de l'esclavage, plusieurs cas de fièvre jaune sont confirmés à Memphis. Prise de panique, la population tente massivement de fuir, prenant littéralement d'assaut le dernier train en partance. Les habitants restés dans la ville désertée, désormais coupée du monde et livrée à la violence et au pillage, tâchent, avec les moyens du bord, de faire face à l'hécatombe. Tandis qu'une milice composée d'hommes noirs prend la défense des lieux, et que la maquerelle Annie Cook transforme sa maison close en hôpital, l'ardent suprémaciste blanc Keathing, patron du journal local, est amené à réviser ses convictions racistes et moralistes.


Ecrit par coïncidence juste avant la pandémie du Coronavirus qui lui donne une résonance toute particulière, ce roman s'inspire des épidémies de fièvre jaune qui, par trois fois, ont frappé la ville de Memphis dans les années 1870, alors qu'on ignorait la responsabilité du moustique dans la propagation de cette maladie mortelle. Rythmé par des phrases courtes et crépitantes, le récit est haletant. Il entraîne sans répit le lecteur dans l'impitoyable succession d'évènements à laquelle doivent faire face les personnages.


Pour ces derniers, cette terrible crise devient l'occasion de profondes transformations, Blancs et Noirs se retrouvant pour une fois à égalité face à l'adversité. Soudain, la valeur d'hommes noirs s'affiche en pleine lumière au travers de leur courage et de leur détermination, tout comme la vaillance et les qualités humaines de femmes dites de mauvaise vie – ces autres esclaves, cette fois du commerce des corps -, quand quantité de gens bien pensants, à commencer par la rigide mère supérieure du couvent de la ville, s'illustrent par leur lâche irresponsabilité.


Preuve que, souvent, seules les crises savent enfanter le changement, cette histoire qui renverse les rôles établis est une jolie démonstration de l'inanité des préjugés et de la gravité des intolérances, souvent cachées derrière des principes de morale autorisant la bonne conscience. Coup de coeur.

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« La Fièvre » qui vient de paraître chez Albin Michel est le troisième roman de Sébastien Spitzer. Un auteur incontournable en cette rentrée littéraire. le récit se déroule à Memphis, dans l'État du Tennessee aux États-Unis entre juillet et septembre 1878. Cette ville était la capitale du coton d'Amérique et tout passait par la Bourse du Coton érigée sur Front Street. Une épidémie de fièvre jaune décima la ville cette année là, et Sébastien Spitzer bâti son histoire autour de cet événement. En pleine pandémie de Covid19, on ne peut-être qu'impressionné par l'écho qui résonne en nous de cette épidémie, près du fleuve Mississippi, à Memphis. A cette époque, on ignorait tout du vecteur de la transmission de la maladie à savoir le moustique. Les moyens employés pour contrer la maladie sont empiriques, aussi beaucoup d'habitants choisissent de fuir la ville, l'auteur décrivant avec son talent habituel, cette confusion extraordinaire à Memphis avec par exemple la prise d'assaut du train quittant la ville, les bousculades, les morts. A Memphis, tout n'est alors que mort et désolation face à ce fléau de la fièvre jaune. La toile de fond historique est passionnante car nous sommes une dizaine d'années seulement après la fin de la terrible Guerre de Sécession (1861-1865) opposant le Nord au Sud confédérés. Car l'autre thématique très importante de « Fièvre » c'est le racisme et la question noire à Memphis où rien n'a changé pour les habitants noirs malgré le XIIIe Amendement de la Constitution Américaine de Lincoln qui abolit définitivement l'esclavage en 1865 : "Ni esclavage, ni servitude involontaire, n'existeront aux États-Unis, ni dans aucun lieu soumis à leur juridiction". Les revendications des Noirs à Memphis sur le droit de vote entraînent des violences abominables en 1866, où les quartiers noirs sont mis à sac : maisons brûlées, femmes violées et une quarantaine de personnes noirs assassinées. Malgré l'abolition, rien n'a vraiment changé pour les Noirs. La scène d'ouverture du livre plante d'ailleurs le décor et nous immerge dans l'horreur d'une exécution punitive d'un homme noir affranchi, pendu à un arbre par cinq membres du Ku Klux Klan. Les esprits sont marqués d'entrée. Sébastien Spitzer dans son roman va s'intéresser aux destins de trois personnages confrontés à cette épidémie de fièvre jaune. Parmi eux, Keathing, membre actif du KKK, dirige un journal local. Il regrette le Sud d'avant la Guerre de Sécession, raciste et esclavagiste. Il a de la haine contre tout ce qui se rapproche de près ou de loin aux idées progressistes d'alors. Sa femme est partie à New York avec ses deux enfants. Il est cocu, autant de raisons de haïr le monde. Nous retrouvons également la jeune Emmy, métisse de 13 ans qui attend le retour de prison de son père Billy coupable d'une arnaque à l'assurance. Ce qu'elle apprendra bientôt, c'est que son père, la veille de la revoir, est l'une des premières victimes de la fièvre alors qu'il passait la nuit dans un bordel dirigé par Mme Cook, Anne de son prénom, tenancière de douze filles, femme à poigne mais avec un grand coeur. La mère d'Emmy s'appelle Emilia. Elle cuisine et sert la famille James, des Blancs. Ces quelques semaines dans une ville vidée de ses habitants et abandonnés aux pilleurs, c'est le barbier des faubourgs, T. Brown et ses quelques miliciens qui vont assurer la sécurité et la subsistance des rares habitants restés. T. Brown commandait le régiment des Zouaves du temps de l'occupation yankee de la ville pendant la Guerre de Sécession. T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d'homme libre. Anne Cook va transformer sa maison close en hôpital de fortune, révélant une part d'elle même qu'on ne pouvait deviner de prime abord. La jeune Emmy, Anne Cook, Keathing, T. Brown, Kerenn la prostituée au grand coeur, Fitzgerald et sa lâcheté, toute cette galerie de personnages va évoluer au cours du récit, entre compromission mais aussi espérance, pardon, émancipation, amitié, amour. Sébastien Spitzer en formidable portraitiste saisit l'instantané d'une époque, d'une ville avec ce don d'écriture toujours aussi impressionnant. « Fièvre » ne nous perd jamais, la narration est très fluide et le contexte historique rend l'ensemble passionnant à suivre. C'est une confirmation de plus du talent de cet auteur. Un des jolis romans à ne pas manquer en cette rentrée littéraire.
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Je viens de terminer ce magnifique et poignant roman. Sur fond d'épidémie de fièvre jaune à Memphis à la fin du 19e siècle. Des personnages vont se remettre en question face à la mort et à la violence qui les entourent. La tenancière du bordel, le rédacteur et propriétaire du journal local, une petite fille qui attend le retour de son père et beaucoup d'autres qui rendent ce récit attachant au point de ne pas pouvoir le lâcher. Les situations comme les sentiments sont magnifiquement décrits.
Une excellente surprise.
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Après «  le coeur battant du monde » et «  Ces rêves qu'on piétine » , deux ouvrages appréciés , voici un roman inspiré d'une histoire vraie , pas de commentaire superflu vu le nombre de billets.....

Et pourtant ...

Un livre passionnant , intéressant , riche, instructif et palpitant qui relate d'une façon équilibrée une tragédie survenue à Memphis en juillet 1878 : une fièvre inconnue sèmera la terreur et le chaos , modifiera le destin d'Anne Cook, Reine du vice et d'un Bordel fermé : Mansion Cook, cette femme le transformera en hôpital , Keathing , directeur du journal local, raciste et proche du Kü Ku Klan' , R. T Brown , ancien esclave et milicien au service de sa ville, enfin Emmy: singulière , attachante rejetée toute entière par les Noirs et les Blancs , petite fille métisse , considérée comme le fruit d'une union séditieuse....

Tout y est , montée de l'épidémie , panique, peur , fuite , violence générée par cette situation dramatique : rôdeurs , pillages , fuyards, squatteurs , miséreux vagabonds , loqueteux , sacrifiés pendus ( voir le 1 er chapitre et le racisme du Sud ) malgré le vote des lois....


L'histoire captivante de bout en bout sonde l'âme humaine , par delà le Bien et le Mal, interroge sur la notion de morale et de racisme , génère, dévoile , révèle de surprenants héros autant que d'insoupçonnables lâches !

Dans un style descriptif, sans misérabilisme, des dialogues intelligents ,comme pris sur le vif, en 37 chapitres courts, l'auteur maîtrise son sujet : il s'est installé à Memphis quelque temps, il n'a rien inventé «  Toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au - dessous de la vérité » écrivait Balzac .

«  Tout ricochait en elle. La lumière . La mort. La rivière et sa mère . le boyau des marais . le roulis de la charrette qui faisait craquer les pierres . L'insupportable chant de cette femme inconnue » .

«  À Mansion House on se jouait des fièvres du samedi soir, des licences débridées , de toutes les lubricité . Ici , chez Madame Cook, on soigne Une Autre Fièvre , celle qui terrasse et qui tue » ,..

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*****

En 1878, personne n'aurait pu prédire la catastrophe que Menphis allait vivre. Personne n'aurait pu imaginer non plus qu'une tenancière de bordel, un journaliste raciste, une jeune métisse et un ancien esclave allaient unir leur force pour survivre. La fièvre frappe la ville, isolant les habitants qui n'ont pas fui. Face à leurs peurs, leurs doutes, leurs préjugés, ils vont découvrir ce que sont la solidarité, la compassion et le don de soi...

Troisième roman de Sébastien Spitzer, La fièvre se lit d'une traite. Rattrapé par la réalité, cette fiction, basée sur des faits réels, nous plonge dans une lente descente aux enfers.

Une fièvre meurtrière vient de toucher Billy Evans. Quand il tombe, en pleine rue, chacun est loin de se douter que l'histoire ne fait que commencer.
Il revient de 10 ans d'absence, alors que sa fille Emmy n'ose plus croire à son retour. Il se réfugie pour cette première nuit chez Anne Cook, la femme coquelicot. Elle tient le bordel de la ville, une maison respectée et respectable.
Keathing, le responsable du journal, alerte un peu trop abruptement des morts qui se multiplient et c'est la fuite...

Mais une fois les portes fermées, ne restent plus que la solidarité pour tenter de survivre à cette terrible maladie. Serait-ce notre avenir ? Saurons-nous aussi nous remettre en question ? Même si les propos de ce roman ne sont pas là, on est en droit de se poser ces questions...

Un roman coup de coeur... Une écriture parfaite et des personnages attachants... Un moment de lecture comme on les souhaiterait tout le temps... Bref, si vous ne l'avez pas encore eu entre les mains, foncez !!
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Une ville américaine ravagée par la fièvre.

Memphis, Tennessee. le roman commence abruptement par un lynchage, car en plus d'avoir à faire face à une épidémie, le coeur de la ville est rongé par la gangrène du Klu Klux Kan depuis que la fin de la Guerre de Sécession a donné des droits aux Noirs.

La fièvre arrive par le fleuve, le Mississippi qui traverse la ville. On sait qu'il y a eu des morts plus au sud. L'annonce de la maladie déclenche des réactions diverses : les élus qui taisent d'abord la chose pour éviter de mettre à mal l'économie, puis, lorsque l'épidémie devient publique, la fuite, le sauve-qui-peut sans pitié où on peut écraser son voisin pour avoir une place dans le train. Mais à côté, on aura aussi des solidarités, un groupe de Noirs méprisés qui formera une milice pour repousser les pillards.

Pour lutter contre le fléau, la médecine de la fin du 19e siècle : pas d'analyse de laboratoire pour identifier la maladie, on ne connait pas le mode de transmission, il n'y a pas vraiment de remèdes. La ville décimée comptera des milliers de morts (et perdra même son statut de ville, ajoute Wikipédia).

Des personnages forts : une petite fille dont le père est en prison, une tenancière de bordel qui cache une âme charitable, un éditeur de journal pour qui la maladie sera un « chemin de Damas » qui changera ses convictions.

Un puissant roman d'Histoire américaine par un auteur français qui choisit de raconter des gens plutôt que de rassembler un pavé de détails historiques.
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États-unis, 4 juillet 1878, Emmy a treize ans aujourd'hui. Elle se fait une joie de rencontrer enfin son père après des années d'attente. Elle vit à Memphis avec sa mère aveugle. Elle espère que son père leur a préparé la surprise d'une nouvelle vie. Pendant qu'elle se prépare, les premiers cas de malade d'une fièvre méconnue se déclarent. Notamment, le cas d'un homme Billy qui sort d'une maison close complètement nu et meurt en pleine rue. C'est la panique dans la ville après les premiers cas... même si cette fièvre est déjà connue de la population, la violence des symptômes mène la ville au chaos.
Nous allons suivre Anne Cook, propriétaire de la maison Close, Emmy et Keathing journaliste proche du Ku Klux Klan. Comment chacun, avec sa morale, vivra cet épisode d'une grande violence ?
Un roman qui se dévore en quelques heures, on tourne les pages sans s'en rendre compte. L'histoire s'enchaîne logiquement. Les personnalités sont minutieusement étudiées en fonction des intérêts ou du passé de chacun.
Un contexte et une ambiance parfaitement décrits, l'écriture de Sébastien Spitzer est toujours d'un très grand réalisme.

Déçue que le livre n'ait pas fait quelques pages de plus !
Merci aux éditions Albin Michel.
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