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sur 137 notes
Le B-29 nommé Enola Gay était le plus gros avion du monde à l'époque.
Il larguera sa bombe le 06 août 1945 au-dessus de Hiroshima : “Cette boule est la chose la plus puissante.. la plus aveuglante… et la plus brûlante jamais créée… depuis que l'homme est sur terre”. 100 000 morts… (Tiens, une phrase courte sans verbe comme dans ce roman !)

Claude Robert Eatherly était le pilote de l'avion de tête mais c'est en qualité de héros repentant qu'il entra dans l'histoire. Sébastien Spitzer lui fait entendre la voix d'Hanaé, une de ses victimes venue exacerber sa culpabilité et déliter sa vie d'homme, de mari et de père.
Nous partageons la descente aux enfers d'un homme que l'Amérique a voulu faire taire en le broyant.

Ce roman est tiré d'une histoire vraie, l'auteur nous disant : “J'ai raturé les dates, secoué quelques détails, maquillé des prénoms , mais dans le fond tout est vrai.”

Sébastien Spitzer sait nous faire vibrer, il nous imprègne d'une situation tragique et absurde et nous fait partager la mauvaise conscience de celui qui fut un héros malgré lui.
Sa narration est scandée par son écriture rythmée qui nous fait nous enfoncer dans la névrose de guerre de ce héros qui dévisse.
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Dans ce roman, l'auteur nous entraîne sur le parcours et les états d'âme du major Claude Eatherly. Nous faisons sa connaissance en décembre 1955 alors qu'il est hospitalisé en psychiatrie, bourré de neuroleptiques et d'électrochocs tandis que son mariage et sa famille sont en train d'exploser. Ensuite flash-back pour comprendre comment il en est arrivé là.

Claude a un parcours militaire hors du commun. Il est le plus jeune fils de la famille Eatherly qui exploite une ferme et mène une vie austère. Lorsque les USA entre en guerre, les fils aînés sont envoyés au front, cités en exemple, ce qui engendre chez lui une certaine frustration.

Il a épousé une jeune femme d'origine italienne, comédienne ce qui est difficile à une époque où les Américains assimilent tous les Italiens, même ceux nés aux USA, à des fascistes, idolâtres de Mussolini et n'hésitent pas à les placer dans des camps avec des Japonais, des Allemands… Et la belle Anna y a échappé grâce à un juge compréhensif.

Claude est pilote et s'entraîne dans le désert pour une mission : dont il ne connaît rien, top secret oblige, et après des heures d'entraînement direction la base de Tinian « un caillou qui affleure au ras de l'eau, aux confins de la mer des Philippines et du Pacifique Nord » où il va faire des missions de reconnaissance : Tokyo, Kyushu Shikoku, un avant-goût de Hiroshima et Nagasaki… Il ronge son frein, car on lui a parlé de larguer une bombe d'un nouveau genre : « le gadget » comme l'appelle le colonel Tibbets…

En plus, ce ne sera même pas lui que l'on va charger de larguer la bombe, ce qui entretient une énorme frustration et des comportements inappropriées pour manifester son mécontentement. Et pourtant, quand les deux bombes auront été lâchées, une voix va venir le hanter : elle s'appelle Hanae et elle est une des victimes…

Notre major souffre d'un syndrome de stress post-traumatique mais en 1945, l'armée n'en a cure et ne se penche même pas sur son état physique et mental, et de surcroît il devient malvenu d'émettre la moindre critique sur le bien-fondé du largage des bombes atomiques pour faire capituler le Japon, car l'ombre du Maccarthysme se profile à l'horizon.

Sébastien Spitzer alterne dans son récit passé et présent pour mieux faire comprendre le couple Eatherly, la difficulté de vivre avec un conjoint « qui entend des voix » et de cohabiter avec les parents de Claude, les exigences des uns et des autres, mais il donne aussi la parole à Hanae qui raconte le drame des irradiations des morts immédiates et des séquelles plus tardives, et on se plaît à penser que c'est la conscience de Claude qui vient le hanter.

L'auteur décrit bien l'ivresse de piloter, le désir de faire plier le Japon en lançant le « gadget » et la frustration de ne pas être désigné pour le faire, ainsi que le dur retour à la vie normale de celui qui est considéré comme un héros, mais personne n'a vraiment envie d'entendre de qu'il a à dire, ce qu'il ressent, le poids de la culpabilité. J'ai été très touchée par le témoignage d'Hanae retranscrit fidèlement par l'auteur.

Mais, je reste un peu sur ma faim probablement parce que le sujet est terrible, surtout dans le contexte actuel de guerre à nos portes alors qu'on sent que tout pourrait arriver… peut-être aussi parce que j'ai adoré « Ces rêves qu'on piétine » et espéré retrouver le même ressenti… J'ai encore « La fièvre » et « Le coeur battant du monde » en attente dans ma PAL.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Reste de la lecture de la revanche des orages une légère déception. J'ai été transporté par le roman de Sébastien Spitzer Ces rêves qu'on piétine , alliage de réalité historique et de fiction émotionnelle. les deux romans étaient du même acabit , La Fièvre et le coeur battant du monde.
Le coeur battant du monde , un titre qui dit tout des livres de Sébastien Spitzer : un événement historique , au plus prés des hommes et des femmes avec une empathie pour ces personnages.
La revanche des orages ne devait pas être d'un autre alliage.
La vie de Claude Eatherly , pilote qui a participé au bombardement d'Hiroshima en 1945.
Il revient en héros aux Etats- Unis. Mais pas lui. Il se replie dans son mutisme , entend des voix.
Sa famille se désintègre tout comme son mental.
C'est cette descente aux enfers que nous raconte Sébastien Spitzer et la magie n'opère pas.
Dans très peu de moments je me suis senti touché par ce pilote et sa famille. le désastre nucléaire a aussi eu raison de ma sensibilité !
Il y a néanmoins des moments de grâce avec Hanae, rescapée d'Hiroshima, voix de ce monde détruit.
Reste une lecture agréable , historique et qui donne à réfléchir sur la faiblesse humaine et ses innombrables conséquences.


Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Un curieux livre, dans la lignée de ce qu'a pu déjà écrire l'auteur, qui mélange la "grande" histoire (les bombes atomiques sur le Japon), un personnage réel et ce qu'on a su de lui (le pilote du bombardier qui a "choisi" Hiroshima), et les rêves et cauchemars qu'il a ou aurait pu faire, rêves d'une des 25 vierges d'Hiroshima. C'est glaçant, superbement écrit, c'est un livre profond, difficile parfois, âpre. On voit tout le désespoir, toute la folie d'un homme dépassé par ce qu'il a vécu, et ce qu'il vit. le personnage de sa femme est tout aussi bouleversant. Je conseille vivement cette lecture, mais n'en attendez pas un moment de détente.
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C'était un lundi, le 06 août 1945. Ce jour là, l'Amérique est victorieuse. Elle plastronne, elle jubile. Elle vient de mettre le point final à la seconde guerre mondiale en jetant Hirohito au tapis.
Et quel point final! Flamboyant, incandescent, luminescent. Un feu d'artifice grandiose comme le monde n'en a jamais vu.
Hiroshima. 75000 morts en un battement de paupières, et 70000 autres les jours qui ont suivi. Une ville pulvérisée par un orage qui n'a pas de nom. Ou plutôt si, qui en a même plusieurs. D'abord le "gadget ", puis le "machin", et enfin "Little boy". Les petits gars basés aux Iles Marshall étaient plein d'inventivité pour qualifier cet engin entouré de mystère et de sécurité.
Et tous rêvaient d'en être, ces fiers pilotes, de tenir le manche du B 29 qui ferait d'eux un héros pour la postérité.
Dans le ciel d'Hiroshima, ce jour là, il y en aura plusieurs, de ces forteresses volantes, oiseaux d'acier de quarante mètres d'envergure.
Un seul entrera dans L Histoire, l'Enola Gay.
C'est ici que Sébastien Spitzer fait un pas de côté pour s'attacher à un autre équipage, celui du Major Claude Eatherly. Lui n'a rien largué. Chargé de vérifier la faisabilité de la cible, il a donné le feu vert. Un simple pouce levé, un Ok, un court message qui allait lui coûter son âme.
C'est son histoire que nous raconte l'auteur, entrant par la petite porte d'une vie ordinaire. Claude vient de la campagne, c'est un "bouseux". Mais il a le génie du vol, et la guerre fait de lui ce pilote chevronné, époux d'une femme superbe, père de deux fils qui attendent le retour au foyer du héros.
Héros, il va l'être plus qu'il ne croit. Un héros repentant qui défraiera les médias et agacera l'État-major.
Claude revient hanté. A son retour, c'est la grande débâcle. Il ne gère plus rien, son couple se noie, et il multiplie les séjours en prison et au dispensaire de Waco où les médecins militaires tentent de le faire redevenir l'incarnation de l'Amérique glorieuse.
Claude entend une voix, celle d'Hannae, l'une des 25 vierges d'Hiroshima, dont le visage ravagé et fondu lui serine sans repos les souffrances indicibles de son peuple.
En ce mois d'août 45, Hiroshima n'était peuplée que de femmes, de vieillards et d'enfants. Mais on le sait, dans "l'arithmétique glaciale des chefs d'état-major, les gosses comptent pour rien."
Le destin singulier de Claude Eatherly qui fît de lui l'icône de la repentance, incarne la folie monstrueuse de ces Prométhée ivres de pouvoir qui volent le feu du soleil pour l'abattre sur les hommes.
"C'était une bombe pour rien. C'était juste pour dire aux russes qu'on était les plus forts, avec la plus grosse bombe."
Des milliers de martyrs pour figurer dans le jeu de qui pisse le plus loin...
On peut sans doute s'agacer du choix de l'auteur de coller si près à l'histoire domestique d'Eatherly. C'est pourtant par ce biais qu'à mon sens, l'absurde se dévoile.
D'un côté, la vie ordinaire d'une famille, et de l'autre la grande Histoire, celle qui s'écrit dans les manuels. Cet interstice offre la possibilité de la réflexion, le juste recul.
"Une bombe pour rien", "la bombe de la paix éternelle. "
Le sénateur McCarthy pouvait s'enorgueillir 10 ans plus tard que l'Amérique était la nation la plus forte. Un nouvel équilibre mondial s'est mis en place, inaugurant la guerre froide, et initiant cette appétence outre-Atlantique à jouer les gendarmes du monde...
Un livre qui invite à se souvenir et qui écrit une plaidoirie du "plus jamais ça " que l'actualité tend à oublier...
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Ce roman est inspiré de l'histoire vraie du major Claude Eatherly, jeune pilote américain, ayant participé au bombardement d'Hiroshima.

Décembre 1955 – Claude Eatherly est interné dans une unité de soins psychiatriques à Waco. Il semble en lutte permanente avec ses fantômes, prisonnier de sa conscience anéantie, combattant la voix d'une jeune femme qui martèle son mental.
Comment en est-il arrivé là ?

Juin 1945 – le major Claude Eatherly s'envole pour le Pacifique, pilote à bord de son B-29, bombardier de l'US Air Force, parti faire la guerre…pour ramener la paix.
Il prendra part à plusieurs missions, marquantes pour l'Histoire, et dramatiques pour lui qui s'en retournera, l'esprit torturé.
Une mission historique leur dit-on, pour ces jeunes gens pressés d'en découdre avec cet empereur que l'on doit faire plier.

Dans le même temps, on suit son épouse Anna avec son fils, restée à la ferme avec les parents de son mari dans le Texas ; une ambiance à la Steinbeck.

Le 509e Composite Group est basé sur une île du Pacifique, les missions s'enchaîneront jusqu'au funeste 6 août… L'atmosphère est chargée de silence, engluée dans une brume épaisse et lourde, comme de la mélasse…
Sous le ciel assombri par la menace de l'orage dévastateur qui s'annonce, une jeune japonaise raconte sa tempête dans le delta de l'Ota, près du château de la Carpe où l'armée nipponne a commencé à fusiller ses traîtres.
Quand soudain, une lumière blanche et aveuglante, un embrasement géant… l'amorce du néant…

[…] C'est sans doute cela, la mort ; quand on ne s'appartient plus ; que l'esprit se découple de tout ce qui nous retient. »

Lorsque, démobilisé, le major Claude Eatherly revient au pays, c'est un homme hanté par une voix entêtante qui l'apostrophe et l'obsède, une ruine mentale entamée.
A jamais rongé, il dérive, passe pour fou, plonge dans les ténèbres du remord.
Déboussolé, il entraîne sa famille avec lui, succession de dégâts collatéraux…
*
Trois voix se font écho et se rejoignent au fil de l'histoire.
Au-delà de la tragédie, des morts, et derrière la vitrine d'un pays fier de ses héros, il y a les dessous politiques, les vétérans qui finissent dans la tristesse et l'oubli, les familles éclatées ; et, ici, les rescapées, ces voix...

C'est un roman sombre autour d'un héros de guerre en perdition, une réflexion sur la gloire et la conscience, le remords.
J'ai trouvé la misère psychologique très prégnante dans ce roman ; et quelques difficultés avec certains personnages et leurs réactions. Néanmoins j'ai accroché avec l'histoire et le style.

J'ai découvert l'auteur avec « Ces rêves qu'on piétine », lu et apprécié, il me reste « le coeur battant du monde » et « La fièvre » dans ma PAL, curieuse de me faire mon avis.
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J'ai fermé ce livre avec une pointe déception, le roman n'étant pas à la hauteur de mes attentes. Il convient de noter que les précédents ouvrages de l'auteur m'avaient transportée, tant par les histoires basées sur des faits réels que par le style de l'auteur.

Or, cette fois, je ne suis pas parvenue à me plonger dans la détresse de Claude Eartherly, ce jeune aviateur américain, héros malgré lui. Rongé par la culpabilité, l'officier de l'aviation sombre peu à peu aux confins de la folie.
De retour au pays, une petite voix s'invite dans ses pensées, une voix fluette qui devient envahissante et invivable. Cette voix n'est autre que celle d'Hanaé et son omniprésence amène Claude à sans cesse repenser à cet acte dont il est incapable de se pardonner.
Dans ces conditions, il lui est impossible de retrouver sa vie d'avant, paisible et heureuse. Son couple vole en éclats, sa relation avec son fils devient tendue et conflictuelle.
En résumé, La revanche des orages met en exergue la descente aux enfers de trois protagonistes, Claude Etherly, le pilote de l'avion en mission de reconnaissance sur Hiroshima, et de deux victimes collatérales directes, sa femme Anna et Hanaé, rescapée.

Malgré la thématique prometteuse, je n'ai pas été convaincue cette fois-ci par l'oeuvre de Sébastien Spitzer que j'affectionne pourtant.
Sûrement en raison d'un style d'écriture trop attendu et sans surprise, typique de la plume de l'auteur, d'une psychologie du personnage de Claude sans doute trop déstabilisante et imprécise et de la présence des voix dans le récit.
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Qu'est-ce qui fait qu'un homme ordinaire, pilote engagé dans la seconde guerre mondiale, devient malgré lui celui qui participe aux vols des B-29 qui ont largué la bombe sur Hiroshima le 6 août 1945. Celui qui dit Donc, c'est bon pour lancer les opérations et le largage de Little Boy.

Claude Eatherly rencontre Anna et tout de suite c'est le coup de foudre entre la belle Italienne actrice et l'apprenti pilote, le futur héros. Claude Eatherly s'est engagé pour faire comme tous les petits gars du Texas, qui veulent venger l'attaque de Pearl Harbor et ne peuvent pas rester au pays sans rien faire. Un mariage et un fils plus tard, le major Eatherly est envoyé sur une base aux confins du Pacifique pour réaliser l'opération la plus importante de l'Histoire. Là, il va piloter un B-29, la plus grosse forteresse volante construite à cette époque.

Pourtant aujourd'hui il sort de l'hôpital psychiatrique où il a subit les traitements les plus terribles pour oublier la voix qui lui rappelle Enola Gay, Hiroshima et la bombe qui a fait des dizaines de milliers de morts sous les nuages. Qui est-il et pourquoi doit-il subir ces traitements... Car il est celui qui entend les voix des jeunes filles perdues, touchées par la bombe, à jamais bannies de leur propre pays tant la peur est grande des conséquences. Cette voix en particulier qui parle et qui raconte ce qu'elle a vu en ce jour qui n'est autre que le début de l'enfer, pour elle qui était vivante au milieu de ombres.

J'ai aimé cette écriture brève, incisive, ce style reconnaissable entre mille d'un auteur que j'apprécie de roman en roman.
J'ai aimé cette façon d'appréhender l'histoire par la petite porte, celle des hommes oubliés, rejetés, blessés, anéantis. Et cette façon de nous montrer comment chez ce héros malgré lui d'une mission qui va le hanter toute sa vie, les remords et les regrets anéantissent sa vie et celle de sa famille. Une fois de plus il a su déterrer l'inconnu, celui dont personne ne parle mais qui pourtant était là, au mauvais endroit au mauvais moment.

https://domiclire.wordpress.com/2023/01/11/la-revanche-des-orages-sebastien-spitzer/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Le roman de cet auteur que j'avais adoré reste Ces rêves qu'on piétine. Pour tous ceux que j'ai lus après, la magie n'a pas opéré. Et celui-ci n'échappe pas à la règle. Pourtant l'auteur encore une fois tente de raconter la grande Histoire à travers la petite. Mais je suis encore un fois restée à côté.
Certes, le sujet est délicat, à vif. L'auteur à quand même le mérite, il faut le reconnaitre, de se flanquer dans des romans qui traitent de sujets extrêmement délicats. Tellement délicats qu'un général on préfère les oublier sous le tapis, comme les miettes d'un festin immérité. Dans le fameux Ces rêves qu'on piétine, il s'était attaqué aux derniers jours de Magda Goebbels. Je rappelle que cette dame avait tué ses 6 enfants avant de se suicider à son tour. Là on parle de bombe atomique. On parle de soldats qui sont envoyés à la guerre, gonflés de leur pouvoir, de leur importance, de leur mission sacrée : sauver le monde des gentils attaqué par les méchants. L'après-guerre est finalement encore plus difficile que la guerre. C'est comme se réveiller après une grosse cuite, avec la tête qui pèse une tonne et se remémorer avec effroi les actions passées sous l'emprise de l'alcool. Pour ma part, je n'ai jamais réussi à lâcher prise ou à boire autant. Les souvenirs s'incrustent dans mon cerveau qui rang tout dans les tiroirs de la mémoire avec la méticulosité d'une jeune mariée dans les années 50.
Là, le après est effroyable. le héros n'en est pas un. le héros est un bourreau. Malgré lui. Vraiment malgré lui ? C'est ça la vraie question qui taraude, qui grignote le nouveau quotidien du soldat revenu au pays. le après, c'est aussi revenir normal. Trop normal. Et puis cette voix dans la tête qui rend dingue. Cette voix qui vient de là-bas. de l'autre côté. Cette voix qui elle n'a plus d'après. Qui ferait tout pour retrouver la vie normale d'avant. Qui passe par la colère, l'envie de vengeance, avec une pointe de désespérance. Tout est inspiré d'une histoire vraie. Celle des 25 vierges d'Hiroshima, survivantes, je ne dirais pas miraculées, aux vues des innombrables souffrances et opérations chirurgicales qui ont découlé des radiations…
Alors oui, je salue la recherche historique et l'hommage ainsi rendu aux morts, ainsi qu'aux survivants et à ceux qui les ont soignés. Mais je n'ai pas accroché avec l'écriture, le rythme.

Faut-il le lire ? Pour l'intérêt historique, je dirais oui. Mais personnellement je n'ai pas été totalement convaincue. En revanche, au risque de me répéter, je recommande vraiment Ces rêves qu'on piétine.
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RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚

J'espère que vous êtes bien accrochés, en partant de faits réels, « La revanche des orages » propose de redécouvrir un moment particulier de l'Histoire : le bombardement d'Hiroshima et ses conséquences sur l'un des pilotes de l'avion qui a largué la bombe….

Tout commence en décembre 1955. le major Claude Robert Eatherly, pilote vétéran de l'armée de l'air, est interné. Il entend des voix. Enfin, une voix plus précisément, celle d'Hanaé, jeune victime de la bombe d'Hiroshima.

« Regarde, pilote. Regarde ce que je suis devenue. Ma joue. Ma peau. Ces craquelures sur mon corps. Mes yeux gonflés. Sens-tu l'odeur de charnier dans la cour ? »

Puis le curseur temporel se déplace, direction l'été 1945. Eatherly et ses hommes s'entraînent dans le Pacifique pour une mission secrète, où un « Gadget » en est le centre. Tu parles d'un gadget, la bombe nucléaire est bien loin d'être un gadget. Mais les pilotes ne le découvriront qu'une fois le « Gadget » largué sur la population d'Hiroshima….

« La revanche des orages » est un récit poignant mettant en avant la vie d'un homme ordinaire qui, bien malgré lui, a été considéré comme un héros…Ce roman oppose le paradoxe du bien et du mal, de la lumière et de l'ombre.

« -Et la deuxième, c'est vous aussi ?

-Nagasaki ?

-Oui

–Non, ce n'est pas moi.

C'était déjà bien assez de coucher le soleil une fois. »

Sa femme, Anna, est son pilier. Leur amour est fort, solide. Elle l'attend. Elle l'idéalise aussi. Anna est une comédienne, lorsqu'elle trouve que sa vie n'est pas tendre, ou qu'elle ne correspond pas tout à fait à ses rêves, elle s'en invente une autre. Et là, dans la solitude de son foyer, elle cristallise son mari. Pour elle c'est un héros, ni plus ni moins. La capitulation du Japon, c'est grâce à lui. Que va-t-il rester de leur couple au retour d'Eatherly ? Car il revient changé, forcément. Mais encore plus à partir du moment où il réalisera les conséquences de son geste. le remord et la mauvaise conscience lui seront chevillés au corps et à l'âme. Hanaé va le harceler, il se replie sur lui-même, avec sa folie.

« Votre famille vous attend. Ils veulent leur héros. Et vous en êtes un vrai ! Allez donc parader. Vous le méritez bien. L'Amérique a besoin de rêver. Elle a besoin de vous Et ne laissez jamais personne prétendre le contraire. N'est-ce pas, major ? »

Le gouvernement sent bien qu'il dérape, qu'il perd le contrôle, et il veut le faire taire. Les électrochocs étaient un moyen bien efficace à l'époque. La médecine est aussi barbare que l'armée…N'oublions pas que dans les années 50, les États-Unis sont en pleine peur rouge. le maccarthysme s'évertue à restreindre l'expression d'opinion. le discours d'Eatherly est gênant à bien des égards.

La plume de Sébastien est brillante, fluide, délicate, saisissante. Les passages relatif à Hanaé sont poignants tout en restant sobres et terriblement sensibles. On ne peut que se questionner sur la pertinence des guerres et de leurs conséquences sur les civils et les soldats. Et au vu de l'actualité brûlante concernant le conflit ukrainien, cela raisonne en nous encore plus.

La lecture est assez addictive, je n'ai pas pu lâcher ce roman avant d'en arriver à la toute fin, trop curieuse de poursuivre l'aventure, de continuer à scruter cette descente aux enfers, avec un peu de voyeurisme malsain, je dois bien l'avouer.

Un passage m'a particulièrement bouleversée, en rapport avec la chaleur émise par les rayonnements de la bombe, imprimant des ombres des corps sur les murs. Je vous le livre ici :

« le docteur Shigetô est allé faire un tour au château de la Carpe. Je lui ai décrit les lieux. L'escalier. La muraille qui m'avait protégée. En ramassant des débris, il a remarqué une tache étalée sur les marches. C'était l'ombre d'une femme incrustée dans la pierre, comme une radiographie aux contours très précis. Il m'a décrit la forme des hanches, l'allure des épaules et ce qui pouvait ressembler à une coupe de cheveux. Au carré. C'était elle, la mère de Seiji. Et à côté, une autre ombre, la mienne. Deux ombres incrustées dans une pierre poreuse. (…)Combien y a-t-il d'ombres imprimées dans la pierre ? »

Un roman historique, un roman d'amour, un roman sur le doute et le bien-fondé d'un acte qui a changé la face du monde. Je vous le conseille chaudement !

#Larevanchedesorages #SébastienSpitzer #AlbinMichel #RentréeLittéraire2022
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