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sur 377 notes
Sébastien Spitzer prend le pouls d'un monde encore palpitant des premiers soubresauts de la révolution industrielle, à travers la fresque historique et sociale pleine de vigueur d'une ville où tout peut arriver dans les années 1850 : Londres, vibrante capitale du monde.

Au bout de Brick Lane se trouve un faubourg que l'on surnomme l'"Abîme" : l'East End. À cette heure d'affluence, une femme, rousse aux cheveux courts pour éviter d'avoir à se les laver, tente de se frayer un passage parmi la foule d'ouvriers. Louvoyant à travers les mains libidineuses de la sortie d'usine, elle contourne un bloc de houille érigé en totem, «  coeur sec et froid d'un monde nouveau sans coeur  », dans la fureur des bas-fonds de Londres, capitale du charbon qui transforme le monde à l'allure de ses locomotives, répandant mécanisation et marchandisation à une vitesse industrielle, et tissant le long d'un réseau de chemin de fer, comme la toile d'une araignée qui distribue ses profits à quelques-uns, et sa misère à beaucoup d'autres : « le coeur battant du monde ».

Charlotte, jeune fille aux cheveux trop ras, n'aura pas fui la famine de son Irlande natale pour mourir étouffée par la pauvreté. Elle devra se battre sans compter : son homme, parti tenter sa chance au rêve new-yorkais, la laissera enceinte d'un enfant qui n'aura même pas le temps de respirer. Voler, se prostituer, l'argent n'aura pour elle qu'une valeur, celle de la survie. Pour elle et pour l'enfant illégitime qu'on lui a confié, après son bébé mort-né. Freddy, dont l'identité devra être cachée, sera un des secrets les mieux gardés de la future Union soviétique, fils jamais reconnu de Karl Marx lui-même, que nous suivrons complotant un soulèvement accompagné d'Engels. Mais pour Freddy, la révolution se fera dans l'action ou ne se fera pas.

« La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres. »

Londres est «  la ville monde immonde  », à la couleur de suie et à l'odeur de sueur. le récit constitut un portrait saisissant et sans concession d'une capitale en pleine ébullition industrielle. Après un premier roman très remarqué, Ces rêves qu'on piétine, qui évoquait Magda Goebbels, Sébastien Spitzer nous offre une fresque historique aux accents mélodramatiques «  au coeur même du coeur battant du monde capitaliste  ».
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Londres, 1851 : Charlotte jeune immigrée irlandaise qui a fui la famine vient d'être agressée. Elle est secourue par le Docteur Malte, soigneur des laissés-pour-compte, qui pratique des avortements en secret et la recueille. Au même moment, naît Freddy, cet enfant illégitime qu'a Karl Marx avec sa bonne et dont il ne veut pas assurer la paternité. À la demande d'Engels, ami de Marx, le médecin se charge de récupérer l'enfant et c'est Charlotte qui va l'élever.
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer, après son excellent Ces rêves qu'on piétine qui dévoilait l'étonnante histoire de Magda Goebbels, se penche, cette fois sur le destin du fils caché de Karl Marx. C'est donc au coeur de l'Angleterre victorienne que se situe l'intrigue. L'auteur, nous raconte avec brio et un suspense maintenu de bout en bout, la vie plus que mouvementée de ce garçon. Il nous décrit également de manière remarquable Karl Marx, en pleine fondation, avec Engels de l'Internationale communiste. Comment Engels, grâce à ses usines, peut financer le train de vie de l'auteur du Capital. Les portraits de ces deux hommes, tous deux exilés d'Allemagne, révolutionnaires mais bourgeois, sont vraiment réussis.
Mais, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est le contexte historique, cette période de l'histoire britannique où une Angleterre industrielle maîtresse du charbon, le plus grand empire colonial du monde dans ces années 1860, veut dominer le monde. Sébastien Spitzer nous plonge au coeur de la vie des petites gens et la manière impitoyable qu'utilisent les plus chanceux pour exploiter les plus faibles. Cette misère provoque de nombreuses insurrections, misère aggravée par la crise du coton bloqué en Amérique par la guerre de sécession. Les Irlandais sont d'autant plus touchés, que, nombre d'entre eux se sont engagés auprès des Yankees avec promesse de se voir attribuer une terre, promesse qui ne sera pas tenue... D'où la violente répression anglaise lors des révoltes des fénians, ces nationalistes irlandais, à leur retour.
C'est une magnifique fresque sociale, bien que très noire qui est brossée dans ce roman avec, en son coeur, la présence de ces deux hommes qui bien que profitant de ce système capitaliste n'ont qu'un rêve : le faire tomber !
C'est une histoire romanesque des plus passionnantes que nous livre Sébastien Spitzer avec, au départ, un fait réel qui se déroule dans un contexte historique réel.
Un livre passionnant, fascinant et très enrichissant.
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Le coeur battant du monde est une gigantesque fresque dans laquelle le talent de l'auteur réussit à lier personnages et événements réels à la fiction. Indispensable pour raconter et surtout pour intéresser et captiver le lecteur.

Comme avec Magda Goebbels, dans son premier livre, Ces rêves qu'on piétine, Sébastien Spitzer redonne vie à des personnages disparus en nous plongeant dans leur quotidien. J'ai ainsi apprécié de découvrir qualités et défauts de Karl Marx, le Maure, et de Friedrich Engels, le riche industriel qui pouvait pratiquer la chasse à courre avec des lords puis pousser ses ouvrières à se révolter tout en les traitant bien mieux que tous ses collègues.
Surtout, il y a ce héros du livre, Freddy, le fils de Karl Marx, né d'une nuit d'amour avec la bonne. C'est lui, enfant, que l'on peut imaginer voir sur la couverture du livre, confronté à la misère, à la faim, dans ce Londres du XIXe siècle si bien décrit dans ce livre comme l'avait fait Charles Dickens.
Je me suis attaché à Charlotte, une Irlandaise, personnage fictif si généreux malgré tout ce qu'elle subit, puis à Lydia, sortie de la misère par Engels. Elle se révolte contre sa couardise et son suivisme, cédant toujours aux volontés de la femme du Maure, Johanna von Westphalen, une Allemande comme son mari et Engels, en rupture avec la noblesse rhénane dont elle est issue.
C'est vrai que j'ai eu du mal à voir derrière le Maure ce Karl Marx, l'auteur du Capital, oeuvre fondamentale dont on parle depuis si longtemps. L'auteur explique bien ce surnom dû à son apparence physique mais ce n'est pas évident, surtout après avoir vu le Jeune Karl Marx, l'excellent film de Raoul Peck dont August Diehl joue le rôle principal. En cours de lecture, les images du film me revenaient en mémoire car le réalisateur était très bien documenté.
Dans le coeur battant du monde, j'ai beaucoup apprécié le tableau fait par l'auteur de l'industrie anglaise, où ce coton venu d'Amérique, obtenu grâce au travail et au sang des esclaves, donne du travail aux enfants comme aux adultes dans des conditions effroyables. La guerre de Sécession aussi est vue sous un angle plutôt réaliste, loin des clichés qui classent les bons d'un côté et les méchants de l'autre.
Enfin, le combat des Irlandais pour l'indépendance m'a passionné. Tant de violence, tous ces morts, toutes ces souffrances qui sont encore loin de leur épilogue en 1867, cela m'a beaucoup touché.

Une nouvelle fois, Sébastien Spitzer prouve qu'il sait raconter, après s'être énormément documenté. Surtout, il n'hésite pas à citer les lectures qui l'ont inspiré, ce que j'apprécie beaucoup à la fin d'un roman de ce style.

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Lorsque l'on s'attache au misérable quotidien de Charlotte , enceinte d'un enfant dont le père est parti tenter sa chance en Amérique, traitant son infortune dans les bas-fonds de Londres, on est loin d'imaginer que l'histoire nous conduira dans l'intimité de deux géants de l'histoire du 19è siècle, à savoir Marx dit le Maure et son allié (mais après lecture, peut-on parler d'alliance, tant la nature de leur relation est peu claire), Engels.

C'est sur l'existence d'un fils caché du rédacteur du Capital que Sébastien Spitzer construit le récit. La naissance clandestine, les premières années près de celle qui fut sa mère de substitution, la pauvreté, même si tout cela est sorti de l'imagination de l'auteur, puisque l'on sait peu de choses du bâtard, dont les instances officielles ont longtemps réussi à cacher la réalité, pour ne pas ternir l'image du géniteur.

Et pourtant, elle n'est pas reluisante cette image : si Marx défend sur le papier l'opprimé , il semble pourtant éprouver à son égard le plus profond mépris, dans sa vie de tous les jours. Et son train de vie financé par Engels aurait pu être à l'origine d'une dissonance cognitive dont il ne semble pas souffrir.

Le contexte historique est passionnant : c'est l'époque où le commerce florissant du coton, importé des Amériques, fait vivre (ou plutôt survivre) le peuple des ouvriers dont le maigre salaire parvient à peine à les nourrir, dans des conditions d'insalubrité qui tuent avant l'âge.
La situation s'aggrave encore lorsque la Guerre de Sécession ruine l'importation de la précieuse matière première.

L'écriture est vivante, faite de phrases courtes et le plus souvent au présent. L'incursion de la petite histoire dans la grande Histoire a toujours un effet très positif sur l'intérêt et suscite l'envie de poursuivre la lecture sans répit.


Très beau second roman, qui confirme le talent de l'auteur .

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Dans les bas-fonds du Londres du milieu du 19ème siècle, un nourrisson est recueilli et adopté par Charlotte, jeune Irlandaise chassée de son pays par la famine. L'enfant s'appelle Freddy. Il ne découvrira que bien plus tard qu'il est le fils naturel de Karl Marx, lui aussi réfugié dans la capitale anglaise après avoir été refoulé de Prusse et de Paris. Pendant que le père rédige le Capital tout en maintenant des habitudes bourgeoises aux crochets de son ami, le riche industriel Engels, Freddy grandit dans la misère, participe aux soulèvements populaires lors de la crise du coton provoquée par la guerre de Sécession américaine, et se retrouve aux côtés des nationalistes irlandais par dévotion pour sa mère adoptive.


Karl Marx a bien eu un fils naturel, Frederick, né en 1851 d'une relation avec la bonne de la famille, et reconnu par Friedrich Engels. A partir de ce fait réel, l'auteur a librement imaginé la vie de Freddy et de sa nourrice, en faisant les personnages principaux d'une vaste fresque historique où tout, à part eux, est véridique.


On y découvre ainsi l'essor de l'industrie du coton en Angleterre et la misère ouvrière qui provoque de plus en plus d'insurrections, l'impact de la guerre de Sécession américaine sur l'économie anglaise, le sort des Irlandais après la Grande Famine et la déception de ceux qui se sont engagés auprès des Yankees dans l'espoir de se voir attribuer une terre, l'action des fenians et la violente répression anglaise…, mais surtout, en un contrepoint saisissant, les portraits étonnants de deux personnages déconcertants : Karl Marx et Engels, révolutionnaires bourgeois aux multiples contradictions.


Renforcé par le style d'écriture aux phrases courtes et sèches, le suspense autour du sort de Freddy est constant et maintient éveillé l'intérêt du lecteur du début à la fin de cette petite histoire enchâssée dans la grande, construite de manière crédible et passionnante à partir d'un fait méconnu, dans un foisonnement historique qui permet de saisir l'étonnante saveur des personnages de Marx et d'Engels. Un très bon moment de lecture, mêlant utilement l'intérêt à l'agrément.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La couverture et cet enfant.

Il y a quelque chose qui m'appelle. Tout de suite.

J'ai débuté ce livre et ne l'ai jamais lâché jusqu'à la dernière page.

Nous sommes à Londres dans les années 1860. Nous partons à la rencontre de personnages hautement romanesques, à la Dickens, et tellement attachants qu'on ne peut se résoudre à les quitter. Si certain des héros de ce livre sont purement fictifs, d'autres ont réellement existé.

A travers le destin du fils caché d'un certain Karl Marx, nous rencontrerons Charlotte, cette mère de substitution qui m'a ému tout au long du livre, un personnage de femme forte et fragile à la fois. Une héroïne. Une vraie. A elle-seule, elle justifie la découverte de l'ouvrage.

Ce livre se lit d'une belle traite. Un souffle romanesque comme je les aime emporte en permanence le lecteur vers le chapitre suivant, vers la suite d'une belle épopée.

Un roman sur la différence, sur des personnages pas si manichéens qu'on pourrait le croire au premier abord. Un roman qui nous plonge tête la première dans une époque, où les avancées techniques se font au détriment de ces hommes et de ces femmes qui se tuent littéralement à la tâche.

Sébastien Spitzer est un conteur moderne. Humaniste et passionnant. Je suis complètement sous le charme. Il nous offre un roman palpitant et tellement passionnant que vous ne le lâcherez pas. Entre vérités historiques et rebondissements romanesques, le plaisir est là à chaque instant.

Un livre qui se lit comme on palpite. Un coeur battant. Ce coeur qui bat à la lecture de cette histoire passionnante. de ce monde qui se bat là dans les poitrines de ceux qui veulent changer les choses, de ceux qui se résignent. de ceux qui se débattent de toutes leurs forces.

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Marx et Engels ont fait leur apparition pendant mes années - lycée et j'avoue que je ne pensais pas les retrouver un jour au coeur d'une de mes lectures , belle lecture , du reste . Ce sont donc de " vieux amis " si l'on considère que mon bac date de...1971 , il y a donc tout juste 50 ans ...(Attendez , je recompte , oui , hélas , le " compte est bon ") .Vous comprendrez aisément que je les avais " un peu " perdus de vue depuis tout ce temps . Je ne sais du reste plus si les excellents profs qui nous faisaient cours nous les présentaient aussi bien que Sébastien Spitzer , mais accordons leur le mérite de nous en avoir suffisamment bien parlé pour , qu'au moins , nous sachions encore aujourd'hui , de qui il s'agissait .
Voilà donc ces deux personnages " historiques " présents et bien présents dans ce Londres de 1851 , capitale d'un empire à la puissance reconnue et incontestable . Premier plongeon dans ce Londres cher à Dickens , une capitale enviée comme un formidable Eldorado pour des populations , irlandaises , notamment , chassées impitoyablement de leurs terres misérables vers une ville cosmopolite , certes , mais dévoreuse de main d'oeuvre méprisée, surexploitée , condamnée au pire pour survivre .Un décor saisissant puisque c'est dans ce milieu qu'évolueront la plupart de nos personnages . Parmi eux , Freddy , bâtard de Karl Marx , rien que ça. Nous allons avec lui traverser toute une époque , prendre les armes avec les opprimés irlandais , non pas pour chercher à atteindre le Graal , non , mais tout simplement revendiquer le droit de vivre libre et dans la dignité.... Vaste et éternel sujet .
C'est un roman qui se dévore de part l'intérêt du propos qu'il développe et la qualité de l'écriture . Si on s'appuie sur les " remerciements " exposés à la fin , on ne peut faire moins que reconnaître à l'auteur un travail de recherche sérieux et étayé ce qui n'est pas anodin et , ma foi , très bien inséré dans un récit qui est donc didactique tout en étant plaisant et très vivant . Ce fut donc pour moi un ( encore ...) très bon moment de lecture , passionnant et instructif . Une très " bonne pioche ".
Je me dis que mes profs de l'époque n'auraient sans doute pas omis de nous " signaler " ce bouquin et , qu'en élèves respectueux de leur savoir , nous n'aurions pas manqué de nous y reporter . Après tout , il n'est jamais trop tard pour bien faire , non ? Tout de même, qu'est- ce que ça aurait été bien d'avoir de " tels outils pédagogiques " en complément de ces cours magistraux parfois indigestes , surtout en tout début d'après- midi . Revenir en arrière ? Impossible . J'ai demandé à mon médecin , oh , pas grand chose , des broutilles ....20 ans ....Vu son exclamation ironique , je n'ai pas osé demander... 50 ans . Après , si vous avez un docteur Guéritou qui , lui , relève le défi, soyez sympa , faites - moi signe ...
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Ma première rencontre avec Sébastien Spitzer est un véritable coup de coeur.
Il me tardait de découvrir cet auteur dont la sensibilité et l'érudition m'attiraient.

Dans le coeur battant du monde, il part d'un fait réel mais méconnu et ranime des périodes et des faits historiques qu'il agrémente de sa vision de la société et de la psyché humaine.

Dans les bas-fonds de Londres où règnent la misère au coeur de la révolution industrielle, nous découvrons la face cachée de Karl Marx à travers son fil caché, Freddy.

Avec une résonnance sur sa propre histoire de vie, Spitzer, qui n'a pas connu son père, creuse entre autres la question de comment un garçon peut devenir un homme sans un modèle masculin.

L'immense travail de recherche et de documentation disparaît dans le texte par la magie de la romance.
En écrivain humaniste et curieux, Il écrit là où perception intime et ampleur du monde se rejoignent, tel un géographe voyageur qui rend les lieux accessibles physiquement grâce à la justesse de sa langue poétique et rythmée.

Nous vivons les grands chamboulements de l'époque tels la cause indépendantiste irlandaise, à travers les yeux des personnages, dont certains sont à eux-seuls un sujet de récit.
Des personnages réels, Karl Marx et Engels sont mêlés dans les lignes de ce roman qui construit les parallèles entre leur vie et leur oeuvre et le monde qui les entourait.
On découvre leur rapport à l'argent et le paradoxe de la puissance de l'argent et des causes qu'il défendaient.

On passe un moment passionnant avec Sébastien Spitzer qui fait ce qu'il adore : à travers L Histoire, raconter et comprendre les grands hommes comme ils sont, décrypter leur face cachée et leur complexité en dehors de leur oeuvre.


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J'aurais pu décerner cinq étoiles comme un palace à ce roman pas lisse, pénétrant la misère de pauvres gosses rongés par la crasse du Londres de Dickens pourri jusqu'à l'os.
J'aurais dû décrocher cinq étoiles du firmament pour le courage de Charlotte qui n'a pu être maman mais qui tendrement élèvera celui d'un autre finalement.
Mais je n'y suis pas parvenu. Vraisemblablement pas à cause de l'écriture de M. Spitzer truffée de bons mots dans une foule de méchants maux mais plutôt par trop de facilités aux rencontres improbables et peut-être par trop de phrases rutilantes qui rendraient presque la crasse propre et la pauvreté factice.

L'illégitime Freddy est donc banni par son géniteur Karl Marx aidé par Engels son ami qui l'assistera toute sa vie durant.
Je ne vous dévoilerai rien de plus que ne le fait déjà la bien bavarde quatrième de couv' mais laisser moi m'indigner à la découverte d'un Karl Marx boursicoteur, spéculateur, marié à une baronne qui de surcroit fait un enfant à son employée de maison. Ça ne vous choque pas !?
Ce même Karl Marx vit aux crochets de Engels « Gentleman révolutionnaire. » patron d'une entreprise de filature à l'aube de la « crise du coton » générée en partie à cause de la guerre de sécession qui fait rage.
Je suis persuadé que l'auteur, nécessairement bien documenté n'a pas avancé par hasard ces allégations qui ont entaché le « capital » sympathie de ces personnages d'un autre temps qui personnifiaient à mes yeux la lutte d'un peuple usé et abusé par une colossale fracture sociale.

Et Freddy dans tout ça ? N'imaginez pas que Karl Marx attaque, ce sera son allemand de beau-frère qui se chargera des basses-oeuvres qui déchaineront les intrigues au coeur de ce livre en m'entrainant autant dans la lutte armée des irlandais exploités et asservis que dans les méandres de liaisons amoureuses passionnées, impossibles, exploitées et asservies.

Les faiblesses du coeur battant du monde et ses contradictions. A qui se fier !


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L'histoire se situe à Londres dans l' East End à partir de 1851, dans un milieu extrêmement pauvre et violent.
Charlotte, venue d'Irlande, est sauvée par le docteur Malte qui lui amène un enfant à garder et à nourrir.
C'est Freddy, le fils caché de Karl Marx surnommé le Maure en raison de sa peau foncée et de ses cheveux noirs.
Cet individu a eu Freddy avec sa servante et son ami Engels aide à cacher son fils dont Marx n'a que faire d'ailleurs.
Charlotte va le prendre en charge, allant même jusqu'à se prostituer pour le nourrir. Entre Freddy et elle, naît un beau climat de confiance et de protection mutuelles car Freddy va grandir et c'est bientôt lui qui aidera aussi Charlotte.
Il est très débrouillard et courageux.
En 1863, Freddy et Charlotte se retrouvent à Manchester, encore plus pauvre que Londres. Les industries de coton se portent mal à cause de la guerre de Sécession aux Etats-Unis .
L'accent est mis sur la richesse des industriels et l'extrême pauvreté des travailleurs.
Engels, riche industriel, joue le rôle d'homme riche mais il rêve secrètement que le capitalisme soit détruit.
C'est pour cette raison qu'il encourage Marx à écrire son livre "Le Capital" et le nourrit ainsi que sa famille.
Sébastien Spitzer nous décrit Marx comme un individu pas intéressant dut tout. Il défend des idées d'égalité entre les hommes mais aime vivre dans le luxe.
Un personnage pas du tout en accord avec ses idées somme toute.
Un très beau roman historique avec beaucoup d'ironie, d'actions, structuré de façon à ce que je ne me sois pas ennuyée un seul moment, avec une très belle plume en plus.
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