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Critique de sebthoja


Sébastien Spitzer prend le pouls d'un monde encore palpitant des premiers soubresauts de la révolution industrielle, à travers la fresque historique et sociale pleine de vigueur d'une ville où tout peut arriver dans les années 1850 : Londres, vibrante capitale du monde.

Au bout de Brick Lane se trouve un faubourg que l'on surnomme l'"Abîme" : l'East End. À cette heure d'affluence, une femme, rousse aux cheveux courts pour éviter d'avoir à se les laver, tente de se frayer un passage parmi la foule d'ouvriers. Louvoyant à travers les mains libidineuses de la sortie d'usine, elle contourne un bloc de houille érigé en totem, «  coeur sec et froid d'un monde nouveau sans coeur  », dans la fureur des bas-fonds de Londres, capitale du charbon qui transforme le monde à l'allure de ses locomotives, répandant mécanisation et marchandisation à une vitesse industrielle, et tissant le long d'un réseau de chemin de fer, comme la toile d'une araignée qui distribue ses profits à quelques-uns, et sa misère à beaucoup d'autres : « le coeur battant du monde ».

Charlotte, jeune fille aux cheveux trop ras, n'aura pas fui la famine de son Irlande natale pour mourir étouffée par la pauvreté. Elle devra se battre sans compter : son homme, parti tenter sa chance au rêve new-yorkais, la laissera enceinte d'un enfant qui n'aura même pas le temps de respirer. Voler, se prostituer, l'argent n'aura pour elle qu'une valeur, celle de la survie. Pour elle et pour l'enfant illégitime qu'on lui a confié, après son bébé mort-né. Freddy, dont l'identité devra être cachée, sera un des secrets les mieux gardés de la future Union soviétique, fils jamais reconnu de Karl Marx lui-même, que nous suivrons complotant un soulèvement accompagné d'Engels. Mais pour Freddy, la révolution se fera dans l'action ou ne se fera pas.

« La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres. »

Londres est «  la ville monde immonde  », à la couleur de suie et à l'odeur de sueur. le récit constitut un portrait saisissant et sans concession d'une capitale en pleine ébullition industrielle. Après un premier roman très remarqué, Ces rêves qu'on piétine, qui évoquait Magda Goebbels, Sébastien Spitzer nous offre une fresque historique aux accents mélodramatiques «  au coeur même du coeur battant du monde capitaliste  ».
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