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Jérôme Vidal (Traducteur)
EAN : 9782915547283
110 pages
Editions Amsterdam (14/10/2006)
4/5   8 notes
Résumé :

Voici, pour la première fois en français dans une traduction rigoureuse, accessible à un large public, un des textes de la critique contemporaine et des études postcoloniales les plus discutés dans le monde depuis vingt-cinq ans. Texte problématique et polémique, il a démontré depuis sa première publication, par le nombre de commentaires, de critiques et de recherches qu'il n'a pas cessé de susciter, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Gayatri Chakravorty Spivak a marqué un tournant important dans les sciences sociales, notamment dans le domaine de l'analyse du colonialisme. Elle tente de déconstruire à travers cet essai la division internationale du travail et le capitalisme, en utilisant un niveau de langue soutenu, voire parfois difficile à comprendre.


Malgré cette utilisation de la langue parfois perturbante tellement elle est complexe, on comprend tout de même son engagement afin de mettre en évidence l'impérialisme et les relations de pouvoir et de domination pratiquées par les colonisateurs pendant des décennies, et met en évidence les différences entre les individus colonisés et les subalternes. Ici, l'utilisation du terme subalterne fait référence aux personnes qui n'ont aucun intérêt, aucune voix, et surtout aucune place dans la société : créant alors un vrai processus de marginalisation.

Ce texte s'inscrit dans la continuité de la réflexion de Jacques Derrida, qui développait déjà l'influence considérable de l'ethnocentrisme dans la manière dont les individus élaborent leurs connaissances et leur rapport à l'altérité. Elle va plus loin en questionnant le droit à la parole de ces personnes marginalisées de force, une exclusion géographique visible dans les périphéries mais surtout une exclusion sociale profonde. Cette réflexion nécessite également de s'intéresser à la place des femmes dans ce processus de marginalisation afin de comprendre comment s'établit cette préférence basée sur les caractéristiques de genre. Elle crée des ponts entre différents auteurs et/ou idéologies comme lorsqu'elle s'intéresse à l'oeuvre de Freud, notamment en ce qui concerne les femmes. Mais de manière plus globale, elle s'intéresse à déconstruire l'objectivation de la femme comme objet à protéger, notamment la femme subalterne du tiers monde.

J'ai particulièrement aimé la partie où elle met l'accent sur la façon dont la politique doit contribuer à devenir cet espace de paroles pour tous, sans distinction de genre, d'origine sociale ou d'autres différences prétendument compromettantes pour garantir un équilibre. Pour reprendre les mots de Ranajit Guha, il est temps de laisser la place à "la véritable politique des personnes qui insistent sur leur pleine autonomie". L'identité des êtres humains ne doit pas être l'élément fondateur d'une stratification sociale où les groupes sont séparés mais la preuve d'une diversité qui rend la représentation du monde si belle.

S'il y a une chose que je retiendrais de cette lecture, c'est ce processus et cette forme de conscience de l'altérité. La construction d'une société plus globale, avec l'intensification des échanges, a vraiment inauguré l'application de la création d'une identité marginalisée pour les personnes qui font les tâches ingrates de ce processus.

L'idée d'un "citoyen économique impersonnel" qui n'est considéré que pour sa force de travail fait évidemment écho à la théorie marxiste, mais résonne aussi avec notre réalité. L'exploitation honteuse, cruelle et inhumaine des Ouighours est la preuve alarmante que ce processus de marginalisation est, plus que jamais, toujours extrêmement présent. Non seulement ces personnes n'étaient pas représentées dans les médias traditionnels, mais en plus, les gens voulaient savoir ce qui se passait, car il s'agissait d'une profonde remise en question du respect des droits de l'homme et d'une reconsidération de notre façon de consommer. Pour reprendre l'idée de Spivak, ce manque de représentation dans les médias traditionnels, mais aussi dans les infrastructures, montre bien la lutte des représentations encore très présente en 2021.
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Se demander si les subalternes peuvent parler, c'est se demander pourquoi elles ne le peuvent pas.
En analysant les textes de Foucault, Derrida, Deleuze, l'auteure révèle la violence épistémologique des productions intellectuelles hégémoniques Occidentales. Car en effet, détenteurs du discours, du parler, c'est à la place des minorités qu'ils parlent.
Dans ce contexte, comment se faire entendre? C'est, me semble-t-il, dans ce sens que l'auteure à la fin du livre étudie l'exemple du suicide de Bhuvaneswari Bhaduri en Inde.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
cet essai partira d'une critique des efforts déployés actuellement en Occident pour problématiser le sujet, pour aboutir à la question de la représentation du sujet du Tiers-Monde dans le discours occidental.
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Videos de Gayatri Chakravorty Spivak (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gayatri Chakravorty Spivak
Gayatri Spivak: The Long and Short of Capitalism's Demise.
The short-term work of strikes and sensational displays of worker power will not be enough to dislodge capitalism's grip on our lives, says Professor Gayatri Spivak of Columbia University. These short-term tactics must be paired with the longer-term efforts of education and organization. This educational work, Spivak insists in this video, is "not really the pedagogy of the oppressed, it is indeed the pedagogy of the liberated, because if you do not have training in the practice of freedom, when you win... it will not last.
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